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Posts Tagged ‘grand-père’

CORBEAUX, RONDEAUX (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2024




    
CORBEAUX, RONDEAUX

Quand la ville n’était déjà plus
Un combat a commencé autour du cimetière
C’était la veille de Pâques
Avec les croix en bois sur les tombes d’à peine hier

Ils ont sorti leurs fleurs de papier —

Rouges, bleu ciel, néon,
Salades, oranges, framboises

Des familles joyeuses se sont versées de la horilka
Et pour les défunts, droit sur les tombes
Qui en demandaient encore plus, encore, et encore
Et les leurs ont continué de verser

Le carnaval cavalcade, cavalcade le carnaval
Jusqu’au moment où le gendre saute sur une mine
Près de la tombe de la belle-mère
Et que regardant fixement le ciel, le vieux grand-père

Se retrouve sans cieux
Un homme enveloppé explose de son verre
La clôture de la tombe de sa femme
Les éclats tombent à ses pieds
Comme la grêle des nuages d’orage

Le jour de Pâques est arrivé
Et sur la tombe d’Anna Andriivna Ravenova
Trône non pas un tombeau, mais un corbeau
Et au-dessus du caveau familial des Kolesnyk
Où gisent Maria Viktorivna, Pylyp Vasylovytch

Et Mykola Pylypovytch
Trônent les roues rondes d’un blindé

Qui sont-ils pour moi, ces roues et corbeaux ?

Qui sont-ils ? Déjà oublié

2015

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin
Editions: des femmes

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DE VIEILLESSE (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2024




    
DE VIEILLESSE

Grand-père et grand-mère sont morts
Sont morts le même jour
La même heure
La même minute —
On a dit que c’était de vieillesse

Est crevé leur coq
Leur chèvre et chien
(Le chaton n’était pas à la maison)
Et on a dit que c’était de vieillesse

S’est écroulée leur maison
La grange s’est muée en ruine
Et la cave a été recouverte de terre
On a dit que c’était de vieillesse s’ils s’étaient écroulés

Leurs enfants sont venus, enterrer le grand-père et la grand-mère

Olya était enceinte
Serhiy était ivre
Sonya, elle, avait trois petites années

Et eux aussi ils sont morts
Et on a dit que c’était de vieillesse

Le vent froid fend les feuilles jaunes
Et en a recouvert grand-père, grand-mère, Olya, Serhiy, Sonya

Morts de vieillesses

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin)
Editions: des femmes

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L’araignée compte sur ses doigts (Maurice Fombeure)

Posted by arbrealettres sur 9 décembre 2023


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Le grand-père est à la fenêtre
Assis sur les genoux du chat.
Les oies jouent de la trompette
L’araignée compte sur ses doigts…

(Maurice Fombeure)

 

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Jamais content (Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Jamais content

Elle me dit que j’ pleure tout le temps
Que j’ suis comme un tout p’tit enfant
Qu’aime plus ses jeux, sa vie, sa maman
Elle dit que j’ pleure tout le temps
Que j’ suis carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content

Déjà mes parents, dans le temps
Voulaient que j’aille faire le charmant
Chez des amis d’ mon grand-père
Des pharmaciens, des notaires
Qui me trouvaient carrément vulgaire
Très ordinaire
Carrément vulgaire
Très ordinaire

Puis on m’a enrôlé d’office
À Pau, dans les parachutistes
Ils voulaient que j’ tombe des avions
Accroché à un champignon
Je leur ai carrément dit Non
Pas beau, l’avion
Carrément dit Non
Pas beau, l’avion

Je me suis sauvé en Angleterre
J’ faisais le frenchman, super lover
Je me teignais les cheveux, les sourcils
Pour être plus brun, pour faire viril
Carrément débile
J’trouve pas mon style
Carrément débile
J’trouve pas mon style

J’ai chopé la mélancolie
En faisant des chansons sur mon lit
Une commande pour chanteur pas bien
Fallait que j’dise France Américain
Ça m’a carrément miné
Tout dégoûté
Carrément miné
Tout dégoûté

Promoteurs, ils voulaient, canailles
Que j’ fasse dessous d’ table, homme de paille
Construire des tours de carton bleu
Pour que les petits garçons mettent leurs jeux
J’y ai carrément mis le feu
Bien fait pour eux
Carrément mis le feu
Bien fait pour eux

Elle me dit que j’ pleure tout le temps
Que j’ suis comme un tout p’tit enfant
Qu’aime plus ses jeux, sa vie, sa maman
Elle dit que j’ pleure tout le temps
Que je suis
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content (jamais content)
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content (jamais content)
(Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant)

(Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

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TRAIT POUR TRAIT (Pittau & Gervais)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2022



Illustration: Pittau & Gervais
    
TRAIT POUR TRAIT

On m’a dit que je ressemblais
À mon grand-père

On m’a dit que je ressemblais
À ma grand-mère

On m’a dit que je ressemblais
À mon oncle

On m’a dit que je ressemblais
À ma tante

On m’a dit que je ressemblais
À mon frère

On m’a dit que je ressemblais
À ma maman

On m’a dit que je ressemblais
À mon grand-père

On m’a dit que je ressemblais
À mon papa

Mais quand je me suis
Regardé dans la glace
J’ai vu que je me ressemblais
Comme une goutte d’eau

(Pittau & Gervais)

 

Recueil: Un dragon dans la tête
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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À petits pas (Claude Haller)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2022




Illustration: Gabriel Lefebvre
    
À petits pas

Trois petits pas
Dans le corridor
C’est le chat
C’est le chat
Trois petits pas
Dans le corridor
C’est le chat aux prunelles d’or

Trois petits pas
Derrière la grille
C’est ma fille
C’est ma fille
Trois petits pas
Derrière la grille
C’est ma fille dont les yeux briller

Trois petits pas
Près du fauteuil
C’est grand-père
C’est grand-père
Trois petits pas
Près du fauteuil
C’est grand-père qui se recueille

(Claude Haller)

Recueil: Poèmes du petit matin
Traduction:
Editions: Hachette

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UN NOM FAUFILÉ DE SILENCES (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2020



    
UN NOM FAUFILÉ DE SILENCES

avec le bout de ma langue j’allaitais les fautes.
ZEYNEP KOYLU

I
Le hennissement d’un cheval
déchire la housse du sommeil,
réajuste les images
et le tilleul bréhaigne frémit.
Le maçon, un homme sans visage,
décharge des briques crues et des pierres
devant la porte branlante.
Le muret et le four ancien
reviennent à leurs places
et moi, fillette de cinq ans,
je cours autour de la claie et je pleure
pendant que le cochon mord à belles dents
ma poupée de chiffon,
l’unique,

comme toutes les amours uniques
que le temps disjoint,
comme s’il voulait vérifier
l’endurance du cœur.
Personne ne m’entend.
Les araignées tissent des voiles de mariée
sur le poirier en fleur,
le maçon, impassible, taille
des pierres pour une nouvelle maison
dans laquelle il n’entrera pas.
Si je l’avais appelé,
si j’avais dit grand-père,
aurait-il entendu le sang ?

II
Je n’ai jamais prononcé à haute voix
son nom
que j’apprenais d’une photo,
clouée sur une poutre au grenier.
Les silences de mon père,
les oiseaux de l’accusation
dans les yeux de maman
à cause d’un péché d’autrui
rongeant le sang de la descendance.
Le sommeil rend des mots oubliés
et m’apprend les mantras de la nuit
que la vie passe sous silence.
Son nom est un chaton apeuré
enfoui sous le lit de ma langue.
Je l’épelle en sourdine
avec la persistance de quelqu’un
qui ne veut pas se réveiller
avant de réécrire le songe
de sa vie.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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Dans la chambre du grand-père (Madeleine Ley)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2020



Dans la chambre du grand-père
il y avait un coquillage
qui soupirait et chantait
comme le vent de la mer.

Dans la chambre du grand-père
il y avait un petit coffre
en bois luisant jaune clair,
qu’il rapporta de ses voyages
et que lui seul savait ouvrir.

Il y avait deux Japonais
en ivoire, sous un globe;
et tout au fond d’un tiroir,
dans son écrin de velours vert,
– bijou poli par les vagues –
la pipe en écume de mer!

(Madeleine Ley)

Illustration: Christian Lloveras

 

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Nostalgie (Roger-Pol Droit)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2019




    
Nostalgie

Je me souviens
De la baleine qui se cache à l’eau
De la rivière
Qui suit son cours
Sans sortir de son lit

Du grand-père
Qui n’était pas vitrier
Et de zéro plus zéro
Égale la tête à toto

C’était classe
Élémentaire
Laïc
Républicain
Amusant
Tu veux du Zan?

C’était il y a très
Très longtemps
Poil aux dents

(Roger-Pol Droit)

 

Recueil: Où sont les ânes au Mali
Traduction:
Editions: Seuil

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LE CHATEAU-CHAGRIN (Norge)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2018



LE CHATEAU-CHAGRIN

Mon grand-père, quand il passait devant le Château-Chagrin,
ôtait toujours sa casquette.
Une casquette de reps écru que le valet Numance blanchissait tous les lundis.
Je n’ai jamais su pourquoi bon-papa saluait.
Sur son lit de mort, il me dit:
Petit, quand tu passeras devant le Château-Chagrin,
promets-moi d’enlever ta casquette.
— Oui, bon-papa, et je dirai la même chose à mon fils.

(Norge)


Illustration: ArbreaPhotos

 

 

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