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Poésie

Posts Tagged ‘poil’

Source (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2022



 


    
Source

À la chatte grise qui sans rien dire à personne
s’est trouvée un jour pleine, la très douce outre duveteuse
puis après soixante jours a mis bas en ronronnant
deux tigrés et deux noir et blanc
qui se collent à ses tétines roses
et boivent en fermant les yeux et pétrissant ses poils
la source de toute vie qui nourrit toutes les bouches
je demande protection…

(Claude Roy)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Sensations (Hippolyte Taine)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Sensations

Des cils roides et longs, antennes hérissées,
Font sentinelle autour de son nez frémissant ;
Et le plus léger bruit qui le frôle en passant
Élargit sur son front ses oreilles dressées.

Quand la nuit a brouillé les formes effacées,
Il voit ; le monde noir à son regard perçant
Ouvre ses profondeurs ; il distingue, il pressent ;
Ses sens plus acérés aiguisent ses pensées.

Des craquements de feu courent sur son poil roux ;
Tout le long de sa moelle un tressaillement doux
Conduit l’émotion en son âme inquiète.

Les poils de son museau vibrent à l’unisson,
Et sa queue éloquente a le divin frisson,
Comme une lyre l’or aux mains d’un grand poète.

(Hippolyte Taine)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Le Petit Chat (Edmond Rostand)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Le Petit Chat

C’est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s’assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.

Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu’on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.

Quand il s’amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m’accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d’abord de son nez délicat il le flaire,
La frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l’on entend, pendant qu’il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu’il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l’air étonné d’avoir déjà fini.
Et comme il s’aperçoit qu’il s’est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.

Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l’air d’un manchon ;
Alors, pour l’intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d’une ficelle invisible, un bouchon.

Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d’abord
Tient suspendue en l’air sa patte repliée,
Puis l’abat, et saisit le bouchon, et le mord.

Je tire la ficelle, alors, sans qu’il le voie,
Et le bouchon s’éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu’il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.

Mais dès que je lui dis : « Il faut que je travaille,
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant ! »
Il s’assied… Et j’entends, pendant que j’écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu’il fait en se léchant.

(Edmond Rostand)

Recueil: Les Musardises
Traduction:
Editions:

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Frissons (Émile Nelligan)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2022




    
Frissons

Aux becs de gaz éteints, la nuit, en la maison,
Ils prolongent souvent des plaintes éternelles;
Et sans que nous puissions dans leurs glauques prunelles
En sonder la sinistre et mystique raison.

Parfois, leur dos aussi secoue un long frisson;
Leur poil vif se hérisse à des jets d’étincelles
Vers les minuits affreux d’horloges solennelles
Qu’il écoutent sonner de bizarre façon.

(Émile Nelligan)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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La Rue (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022




    
La Rue

Deux vieilles causent à l’angle d’un mur,
elles font des gestes avec leurs mains sèches à mitaines noires,
un petit chat blanc frotte en ronronnant son beau poil luisant
à leurs jupes rêches et on voit branler leurs mentons pointus.

Une femme attend vers la laiterie,
une autre à la fontaine où son seau se remplit;
des laveuses lavent le linge:
elles rient, le seau grince,
on entend leurs rires et grincer le seau
dans le bruit de l’eau;
des hommes entrent boire à La Croix Fédérale,
le pasteur passe, le régent;
et les petites filles rentrent de l’école
avec leurs cheveux moussus de soleil
et leurs mollets maigres.

(Charles-Ferdinand Ramuz)

Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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Justement rien (James Sacré)

Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2022




    
Justement rien
comme un coeur pas plus
comme une bouteille deux trois mots
quèque chose comme
Quoi dans ?
çа bouge quand même
poème tout comme
dis, touche-le,
un coeur qu’aurait du poil.

(James Sacré)

Recueil: Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles (Comme)
Traduction:
Editions: Le Castor Astral & Le Noroît

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Nous vivions nu-pieds (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2021



 

loutre

Nous vivions nu-pieds, tête nue,
l’âme et le coeur à l’avenant,
en compagnie des bêtes de plume et de poil…

Un geai, une loutre,
l’un fuyant par les arbres,
l’autre s’enfonçant dans le gouffre de l’étang,
c’étaient nos demi-dieux.

(Franz Hellens)

 

 

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ASSECHEMENT DE LA PLAIE (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2021


 


Emil Nolde  sunset [1280x768] 

ASSECHEMENT DE LA PLAIE

La lune raboteuse ne palpait que des choses mûres
la lune radoteuse n’entend plus le chuchotement

Le soleil a peur des sources rouies des yeux
le soleil s’apure au sommeil des évanouis

Le feu a fait bombance dans les poils et les cuisses
le feu a fait sa part il se lèche les cendres

La terre a récuré tout ce qui reluisait
La terre s’est requinquée et sourit d’une mousse

L’eau molletonnée s’empâtait de graisses chaudes
l’eau se mire ne rougit plus glisse flâne

Le vent a bien flairé que ce n’était pas propre
il va jette les graines le vent oublie les noms.

(André Frénaud)

Illustration: Emil Nolde

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N’ÉTRANGLEZ PAS LES SINGES (Gérard Mordillat)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2021



Illustration
    
N’ÉTRANGLEZ PAS LES SINGES

N’étranglez pas les singes
Ils me regardent
Leurs bras sont maigres comme les miens
Leur souffrance jumelle
Je suis gibbon de mot en mot
Chimpanzé, orang-outang, gorille
Macaque, babouin electrodisé
Bonobo
Pauvre poilu au cul pelé
Je suis l’encagé vif
Le mangeur de bananes
Le branleur grimaçant
Qui singe sa mort
Qui singe sa vie
Qui ne vaut pas une cacahuète
Pas un pet de ouistiti…
Homme noir
Homme blanc
N’étranglez pas les singes aux yeux verts
Ça m’arrache les poils du coeur
Ça m’arrache le sang du ventre

(Gérard Mordillat)

 

Recueil: Le linceul du vieux monde
Traduction:
Editions: Le temps qu’il fait

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DÉSERT DE L’ARIZONA (Paol Keineg)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2020



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DÉSERT DE L’ARIZONA

Nuit d’épines et de menthe
Des plantes en laine de couteau
Aux longs poils sous le ventre
Du froid de l’herbe des épines
L’aveu de la lune et des étoiles
On ne peut pas tout comprendre.

(Paol Keineg)

Illustration

 

 

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