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Poésie

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L’enfant, le tilleul et le moineau (Tristan Cabral)

Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024



Illustration: Aron Wiesenfeld
    
L’enfant, le tilleul et le moineau

L’été, il court dans les avoines,
Un moineau le conduit ;
L’hiver, il dort au creux d’un arbre,
Le moineau le nourrit,

Le tilleul le protège.
Ce tilleul ne perd jamais une de ses feuilles ;
Le moineau ne perd jamais l’un de ses chants ;
Cet enfant a été chassé de l’école,

L’instituteur n’aimait ni les enfants, ni les tilleuls, ni les moineaux !

(Tristan Cabral)

Recueil: Poèmes à dire
Editions: Chemins de Plume

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Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes? (Moon Chung-hee)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024




    
Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?

Cette fille travaillait bien à l’école
et excellait aussi dans ses activités personnelles
Sortie du lycée elle a réussi sans peine
au concours d’entrée à l’université mais où est-elle maintenant?

Fait-elle bouillir la soupe aux pommes de terre?
Après l’avoir préparée pendant trois heures avec l’os
s’exposant à la vapeur chaude devant la cuisinière à gaz
sera-t-elle heureuse le soir de regarder son mari
avaler de bon appétit cette soupe pendant quinze minutes?
Après avoir terminé la vaisselle aide-t-elle ses enfants à faire leurs devoirs?

Ou bien erre-t-elle encore dans la rue froide
à la recherche d’une embauche dans une société?
Dans un gymnase où l’on élit les candidats d’un parti politique
vêtue d’un hanbok les décore-t-elle de rubans?
Leur offre-t-elle des bouquets de fleurs?
Embauchée par bonheur, assise dans un coin d’un grand bureau
elle répondra aimablement au téléphone et servira quelquefois le thé
Est-elle devenue femme d’un médecin, femme d’un professeur ou bien infirmière?
Peut-être apprend-elle à chanter dans un centre culturel d’où elle part à la hâte avant que son mari rentre le soir

Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?
Dans cette forêt de hauts buildings, ne devenant ni députées ni ministres ni médecins
ni professeures ni femmes d’affaires ni cadres d’une Société
rejetées de-ci de-là comme un gland tombé dans le repas du chien
errent-elles encore sans pouvoir se faire valoir?
Sans pouvoir prendre part au monde grand et large
sont-elles confinées dans la cuisine et la chambre?

Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?

(Moon Chung-hee)
Recueil: Celle qui mangeait le riz froid

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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Discours d’ouverture du Congrès littéraire international – 7 juin 1878 (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2024




    
Discours d’ouverture du Congrès littéraire international – 7 juin 1878

[…]

Ah ! la lumière !
la lumière toujours !
la lumière partout !

Le besoin de tout c’est la lumière.
La lumière est dans le livre.
Ouvrez le livre tout grand.
Laissez-le rayonner, laissez-le faire.

Qui que vous soyez
qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser,
mettez des livres partout ;
enseignez, montrez, démontrez ;
multipliez les écoles ;
les écoles sont les points lumineux de la civilisation.

Vous avez soin de vos villes,
vous voulez être en sûreté dans vos demeures,
vous êtes préoccupés de ce péril, laisser la rue obscure ;
songez à ce péril plus grand encore, laisser obscur l’esprit humain.

Les intelligences sont des routes ouvertes ;
elles ont des allants et venants,
elles ont des visiteurs, bien ou mal intentionnés,
elles peuvent avoir des passants funestes ;
une mauvaise pensée est identique à un voleur de nuit,
l’âme a des malfaiteurs ; faites le jour partout ;

ne laissez pas dans l’intelligence humaine
de ces coins ténébreux où peut se blottir la superstition,
où peut se cacher l’erreur, où peut s’embusquer le mensonge.

L’ignorance est un crépuscule ; le mal y rôde.
Songez à l’éclairage des rues, soit ;
mais songez aussi, songez surtout,
à l’éclairage des esprits.

[…]

(Victor Hugo)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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La balle (Ishikawa Takuboku)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2024




    
La balle
que j’ai lancée sur le toit de l’école
qu’est-elle devenue

(Ishikawa Takuboku)

Recueil: Ceux que l’on oublie difficilement Précédé de Fumées
Traduction: du japonais par Alain Gouvret, Pascal Hervieu, Yasuko Kudaka et Gérard Pfister
Editions: Arfuyen

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IL DIT QUE TOUT IRA BIEN (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2024




    
IL DIT QUE TOUT IRA BIEN

Il dit : les bombes ont détruit ton école
Il dit : la nourriture disparaît, l’argent manque
Il dit : l’aide humanitaire dans les camions blancs est notre unique salut
Il dit : l’aide humanitaire vient de voler en éclats

Il n’y a plus d’école
Comment ça, plus d’école ?
Elle est vide, trouée ou il n’en reste plus rien ?
Qu’est devenue ma photo, accrochée au tableau d’honneur ?
Qu’est devenue ma maîtresse, qui faisait la classe ?

Il dit : ta photo ? qui a besoin de ta photo ?
Il dit : ton école a fondu, cet hiver est trop brûlant
Il dit : je n’ai pas vu ta maîtresse et ne me demande pas d’aller voir
Il dit : j’ai vu ta marraine, elle n’est plus de ce monde

Fuyez
Laissez tout tomber et fuyez
Abandonnez la maison, la cave et les confitures d’abricots
Les chrysanthèmes roses dans la véranda
Abattez les chiens, pour leur éviter de souffrir
Abandonnez cette terre, quittez-la

Il dit : arrête tes bêtises, tous les jours nous en jetons de la terre sur les cercueils
Il dit : tout ira bien, le salut est proche
Il dit : l’aide humanitaire est déjà en route

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin
Editions: des femmes

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LE BON MOMENT (Carl Norac)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2024




    
LE BON MOMENT

Le temps passe sans que personne
ne lui demande de passer.
On croit que ce qu’il préfère,
ce sont les siècles, les millénaires.

Mais quand le temps
s’abandonne un instant,
quand le temps prend son temps
ou rêve d’en perdre un peu,
il arrive qu’il dise, à toute vitesse,
comme un enfant qui court,
en retard pour l’école : – Pour moi qui suis le temps,
qui vais de par le monde,
rien n’est plus beau
qu’une seconde…

(Carl Norac)

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… J’ai dix ans (Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2023




    
… J’ai dix ans

Je sais qu’c’est pas vrai mais j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j’ai dix ans
Ça paraît bizarre mais

… Si tu m’crois pas, hé
Tar’ ta gueule à la récré

… J’ai dix ans
Je vais a l’école et j’entends
De belles paroles doucement
Moi je rigole, cerf-volant
Je rêve, je vole

… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré

… Le mercredi je m’balade
Une paille dans ma limonade
Je vais embêter les quilles à la vanille
Et les gars en chocolat

… J’ai dix ans
Je vis dans des sphères où les grands
N’ont rien à faire, j’vois souvent
Dans des montgolfières, des géants
Et des petits hommes verts

… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… J’ai dix ans
Des billes plein les poches, j’ai dix ans
Les filles c’est des cloches, j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans

… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Bien caché dans ma cabane
Je suis l’roi d’la sarbacane
J’envoie des chewing-gums mâchés à tous les vents
J’ai des prix chez le marchand
… J’ai dix ans
Je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j’ai dix ans
Ça paraît bizarre mais

… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Si tu m’crois pas
T’ar ta gueule
À la récré
T’ar ta gueule

(Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

 

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Poète ! (William Wordsworth)

Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2023



Illustration
    
Poète ! — Il n’ose, ayant mis son coeur à l’école,
Sans l’appui du bâton que l’Art lui a fourré
En main, faire un seul pas — et doit rire ou pleurer
Uniquement selon précepte ou protocole.

Prends pour Art la Nature, et la vie pour ta soif!
Laisse donc le poltron s’abreuver au marais,
De peur, quand le Critique grave et froid l’aurait Tué,
que le Mépris ne fit son épitaphe.

La fleur des prés, comment, si petite et jolie,
Peut-elle oser s’ouvrir? Parce que libre elle est
Jusques à la racine et, par là même, hardie ;

De même la grandeur de l’arbre en la forêt
N’a point pour cause une mise en moule formelle
Mais sa vitalité divine personnelle.

***

A Poet ! — He hath put his heart to school,
Nor dares to move unpropped upon the staff
Which Art hath lodged within his hand — must laugh
By precept only, and shed tears by rule.

Thy Art be Nature; the live current quaff,
And let the groveller sip his stagnant pool,
In fear that else, when Critics grave and cool
Have killed him, Scorn should write his epitaph.

How does the Meadow flower its bloom unfold ?
Because the lovely little flower is free
Down to its root, and, in that freedom, bold;

And so the grandeur of the Forest-tree
Comes not by casting in a formal mould,
But from its own divine vitality.

(William Wordsworth)

Recueil: Poèmes
Traduction: François-René Daillie
Editions: Gallimard

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Je ne savais pas ce que veulent dire (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 8 août 2023




    
Je ne savais pas ce que veulent dire
L’absence le mourir
Les mains vides subitement
Sur l’oiseau qui s’envole
Amère amère école
Mon coeur est vieux à l’instant
Tout est prêté comme le chant
Du rossignol

(Anne Perrier)

 

Recueil: Anne Perrier
Editions: Seghers

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Mes quartiers d’hiver (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2023




    
Mes quartiers d’hiver

Lorsque le jour viendra de mes quartiers d’hiver,
Je mettrai tout mon or au fond de ma valise
Et puis je m’en irai, sans rien sous ma chemise,
Vers un très vieux couvent au milieu du désert,
Et quand j’arriverai devant le monastère
Ma valise et mon or, tout aura disparu,
Ma chemise sera déchirée par les pierres ;
Si Dieu m’assiste un peu, j’arriverai tout nu…

Si ma chance veut bien, la porte s’ouvrira
Et l’on me donnera peut-être un bol de soupe.
Je m’agenouillerai pour la prière en groupe,
Je me relèverai en disant : « Me voilà,
C’est moi… Je n’ai jamais vécu que de paroles,
Et si je viens chez vous, c’est qu’on n’y parle pas.
Je ne demande rien que d’être à votre école
Et je travaillerai pour payer mes repas ».

On me fera couper ma barbe et mes cheveux,
On me fera choisir une robe de bure,
Le calme se lira bientôt sur ma figure,
Et j’irai vers l’enfance et je deviendrai vieux.
Je me fabriquerai des Bon Dieu de fortune,
Un Paradis superbe et j’y croirai très fort.
Je me promènerai le soir au clair de lune
En prenant, peu à peu, la couleur du décor.

Je recommencerai ma vie rien que pour moi,
À reculons j’irai vers mon adolescence,
Je retrouverai bien les routes du silence,
Les chemins du Seigneur ou de la Belle au Bois.
Le bonheur ne sera qu’une habitude à prendre,
Les rides me viendront mais j’aurai les yeux clairs,
Je n’aurai rien à dire et plus rien à comprendre
Lorsque le jour viendra de mes quartiers d’hiver.

(Bernard Dimey)

Recueil: Le milieu de la nuit
Editions: Christian Pirot

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