Posts Tagged ‘chien’
Dans la rivière (Kuroyanagi Shoha)
Posted by arbrealettres sur 13 Mai 2024
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Avec les mains brûlées (Tristan Cabral)
Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024
Illustration: Nébuleuse de l’Aigle Piliers de la Création
Avec les mains brûlées
Je ne suis pas d’ici
Je viens des nébuleuses
J’incise les époques
Et je joue sur les places
Des musiques douloureuses
Des chiens perdus hurlent dans l’Atlantique
Je commence un voyage
Avec les mains brulées
Et je finirai bien
Par faire de mon visage
Une île intraduisible.
(Tristan Cabral)
Editions: Chemins de Plume
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À présent (Cees Nooteboom)
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2024
Illustration: Max Neumann
À présent le silence est
le reste de la distance
sans souvenir
pas de vie.
Je n’entends plus
mes pas,
ce qui m’entoure
est caché.
J’avance à l’aveugle, pâle chien
dans le froid. Ce doit être ici,
ici je dis adieu à mon moi
et lentement ne deviens
personne.
(Cees Nooteboom)
Traduction: du néerlandais par Philippe Noble
Editions: Actes Sud
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Être berger (Vénus Khoury-Ghata)
Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024
Illustration: Castanheira Amilcar
Être berger nécessite une parenté de sang avec un loup
des liens avec un brin d’orge ou de luzerne
on échange un fromage contre un bâton
un ballot de laine contre un calendrier
une brebis pleine contre une fille vierge
on apprend l’ignorance aux plantes savantes
l’addition au chien
et au feu de ne pas ronfler en présence des visiteurs
(Vénus Khoury-Ghata)
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard
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Départ pour le front (Nakamura Kusatao)
Posted by arbrealettres sur 8 avril 2024
Départ pour le front
Dans la neige profonde
Il n’y a qu’un chien assis.
(Nakamura Kusatao)
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Un enfant précoce (René Guy Cadou)
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024
Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule
Le plus beau poème
Elle n’avait pas appris l’orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs
Elle ne disait rien de l’amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
« Et maintenant cherche ta vie. »
(René Guy Cadou)
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Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes? (Moon Chung-hee)
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024
Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?
Cette fille travaillait bien à l’école
et excellait aussi dans ses activités personnelles
Sortie du lycée elle a réussi sans peine
au concours d’entrée à l’université mais où est-elle maintenant?
Fait-elle bouillir la soupe aux pommes de terre?
Après l’avoir préparée pendant trois heures avec l’os
s’exposant à la vapeur chaude devant la cuisinière à gaz
sera-t-elle heureuse le soir de regarder son mari
avaler de bon appétit cette soupe pendant quinze minutes?
Après avoir terminé la vaisselle aide-t-elle ses enfants à faire leurs devoirs?
Ou bien erre-t-elle encore dans la rue froide
à la recherche d’une embauche dans une société?
Dans un gymnase où l’on élit les candidats d’un parti politique
vêtue d’un hanbok les décore-t-elle de rubans?
Leur offre-t-elle des bouquets de fleurs?
Embauchée par bonheur, assise dans un coin d’un grand bureau
elle répondra aimablement au téléphone et servira quelquefois le thé
Est-elle devenue femme d’un médecin, femme d’un professeur ou bien infirmière?
Peut-être apprend-elle à chanter dans un centre culturel d’où elle part à la hâte avant que son mari rentre le soir
Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?
Dans cette forêt de hauts buildings, ne devenant ni députées ni ministres ni médecins
ni professeures ni femmes d’affaires ni cadres d’une Société
rejetées de-ci de-là comme un gland tombé dans le repas du chien
errent-elles encore sans pouvoir se faire valoir?
Sans pouvoir prendre part au monde grand et large
sont-elles confinées dans la cuisine et la chambre?
Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?
(Moon Chung-hee)
Recueil: Celle qui mangeait le riz froid
Editions: Bruno Doucey
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Il arriva… (Françoise Favretto)
Posted by arbrealettres sur 23 mars 2024
Il arriva que des femmes s’unirent, parlèrent.
Semblable et semblable.
Nos petites à faire craquer le cadre (murs, plancher, toiture)
s’en allèrent courir avec les bêtes du champ ou celles des rues.
Elles jouèrent et nous laissèrent parler,
tandis que les pères étaient en voyage forcé
et nous écrivaient malgré leur âge des lettres d’amour
que nos filles déchiraient,
gardant les timbres pour s’en décorer les joues, bien sûr.
Nous nous sommes mises à parler,
avec la peau, avec la gorge,
et nous attirions toutes les bêtes domestiques :
les chiens, les chats qui nous aimaient.
Claude, elle, avait rassemblé tous ses tableaux dans ses yeux,
afin de ne plus avoir à parler.
Il en sortait parfois, qui venaient nous illustrer.
Nous n’avions plus d’amies depuis des années.
Il faisait assez chaud pour en créer.
Le soleil nous reprit,
trouvant le sens des femmes, vapeurs, fumées.
Elles décidèrent de s’installer sur la terre pourtant,
entre les cailloux, les chardons, se mêler, se planter.
Quand un vent se leva alors dans leur feuillage.
(Françoise Favretto)
Editions: Bruno Doucey
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Chanson Éternelle (Brigitte Fontaine)
Posted by arbrealettres sur 18 mars 2024
Je veux être aimée pour moi-même
Et non pas pour mes ornements
Je veux être adorée quand même
Sans cheveux, sans chair et sans gants
Belle dans le simple appareil
D’une fille arrachée au sommeil
Eternelle éternelle
Avec des habits, c’est facile
Avec des bijoux, des fourrures
J’aime ce qui est difficile
Je veux être aimée sans parure
Je veux être aimée pour ma peau
Et non pas pour des peaux de bêtes
Aimée pour la soie de mon dos
Et non pour les soies qui me vêtent
Belle dans le simple appareil
D’une fille arrachée au sommeil
Eternelle éternelle
Avec des cheveux c’est facile
On peut se cacher derrière eux
J’aime ce qui est difficile
Je veux être aimée sans cheveux
Je veux être aimée pour mon crâne
Pour mon petit os pariétal
Je veux que les hommes se damnent
Pour mon charmant occipital
Belle dans le simple appareil
D’une fille arrachée au sommeil
Eternelle éternelle
Avec des chairs c’est trop facile
C’est vulgaire et c’est malhonnête
J’aime ce qui est difficile
Je veux qu’on aime mon squelette
Je veux être aimée pour le pire
Je veux être aimée pour mes os
Je veux que les hommes délirent
Comme des chiens sentimentaux
Belle dans le simple appareil
D’une fille arrachée au sommeil
Eternelle éternelle Eternelle éternelle…
(Brigitte Fontaine)
Posted in poésie | Tagué: (Brigitte Fontaine), adorer, aimer, appareil, arracher, éternel, bête, beau, bijou, chair, chanson, charmant, cheveu, chien, crâne, délirer, difficile, dos, facile, fille, fourrure, gant, habit, homme, malhonnête, moi-même, occipital, ornement, os, pariétal, parure, peau, pire, se cacher, se damner, sentimental, simple, soie, sommeil, squelette, vêtir, vulgaire | Leave a Comment »
L’EMPIRE DES SENS (Jacques Higelin)
Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024
L’EMPIRE DES SENS
je te renifle comme un chien
je te hume sous les aisselles
je te respire comme un parfum
je te sens, mal ou bien
je te regarde venir de loin
je te vois comme tu me vois
je te reluque de travers
je te fixe avec effroi
je te bois avec ivresse
je te suce comme une proie
je te croque avec paresse
je te lèche comme un gros chat
je te caresse du bout des doigts
je te serre avec rudesse
je t’enlace de mes bras
je t’étrangle avec tendresse
je t’écoute avec patience
et je t’entends sans te voir
je te reçois avec aisance
je te perçois dans le noir
Bienvenue à toi
qui t’es perdue
dans l’empire
de mes sens.
(Jacques Higelin)
Editions: Pauvert
Posted in poésie | Tagué: (Jacques Higelin), aisance, aisselle, écouter, bien, bienvenu, boire, bout, bras, caresser, chat, chien, croquer, de travers, doigt, effroi, empire, enlacer, entendre, fixer, gros, humer, ivresse, lécher, loin, mal, noir, paresse, parfum, patience, percevoir, proie, recevoir, regarder, reluquer, renifler, respirer, rudesse, s'étrangler, se perdre, sens, sentir, serrer, sucer, tendresse, venir, voir | Leave a Comment »