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Posts Tagged ‘bienvenu’

L’EMPIRE DES SENS (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024




    
L’EMPIRE DES SENS

je te renifle comme un chien
je te hume sous les aisselles
je te respire comme un parfum
je te sens, mal ou bien

je te regarde venir de loin
je te vois comme tu me vois
je te reluque de travers
je te fixe avec effroi

je te bois avec ivresse
je te suce comme une proie
je te croque avec paresse
je te lèche comme un gros chat

je te caresse du bout des doigts
je te serre avec rudesse
je t’enlace de mes bras
je t’étrangle avec tendresse

je t’écoute avec patience
et je t’entends sans te voir
je te reçois avec aisance
je te perçois dans le noir

Bienvenue à toi
qui t’es perdue
dans l’empire
de mes sens.

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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À UN PERCE-NEIGE (William Wordsworth)

Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2023




    
À UN PERCE-NEIGE

Fleur solitaire ourlée de neiges, blanche ainsi
Qu’elles mais plus hardie, à nouveau je te vois
Le front penché, tel l’hôte qu’on n’attendait pas,
Qui craint de déranger. Bien que l’orage ici

S’abatte sur les champs, descendu des sommets,
Et le soleil levant jour après jour harcèle ;
Tu es la bienvenue, tel l’ami dont le zèle
Vainc la promesse ! Et bientôt, de son oeil bleu, Mai

Contemplera ces bords qu’inonde la clarté
Des jonquilles serrées diffusant leurs odeurs
Au gré du mol vent d’ouest, de ses joyeux compères.

Mais je n’oublierai pas ta modeste beauté,
Chaste fleur, du Printemps hardi avant-coureur,
A l’écoute, pensif, des années passagères.

***

TO A SNOWDROP

Lone Flower, hemmed in with snows, and white as they
But hardier far, once more I see thee bend
Thy forehead as if fearful to offend,
Like an unbidden guest. Though day by day

Storms, sallying from the mountain-tops, waylay
The rising sun, and on the plains descend;
Yet art thou welcome, welcome as a friend
Whose zeal outruns his promise ! Blue-eyed May

Shall soon behold this border thickly set
With bright jonquils, their odours lavishing
On the soft west-wind and his frolic peers;

Nor will I then thy modest grace forget,
Chaste Snowdrop, venturous harbinger of Spring,
And pensive monitor of fleeting years !

(William Wordsworth)

Recueil: Poèmes
Traduction: François-René Daillie
Editions: Gallimard

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AU COUCOU (William Wordsworth)

Posted by arbrealettres sur 25 octobre 2023




    
AU COUCOU

Je t’entends, je t’entends partout,
Joyeux Revenant qui m’enchantes !
T’appellerai-je Oiseau, Coucou,
Ou simple Voix errante ?

Allongé dans l’herbe j’entends
Voler ton double cri
De butte en butte, en même temps
Tout près et loin d’ici.

Bien qu’au Vallon seul tu racontes
Le soleil et les fleurs,
À moi tu apportes un conte
De visionnaires heures.

Trois fois bienvenu, Printanier
Chéri ! bien que pour moi
Pas oiseau mais objet caché,
Un mystère, une voix,

La même que dans mon enfance
J’écoutais ; celle qui
Me faisait fouiller en tous sens
Ciel, arbres et taillis.

Bien souvent à ta poursuivance
Je courais bois et prés ;
Tu étais amour, espérance,
Jamais vu, toujours désiré.

Je puis me coucher dans la plaine
Pour t’écouter encor;
Et, t’écoutant, faire que vienne
À nouveau l’Âge d’or.

Oiseau béni ! sur cette terre
Où nous marchons, tu dois
— Sur elle, féerique et légère
— Être vraiment chez Toi !

***

TO THE CUCKOO

O blithe New-comer! I have heard,
I hear thee and rejoice.
O Cuckoo ! shall I call thee Bird,
Or but a wandering Voice ?

While I am lying on the grass
Thy twofold shout I hear;
From hill to hill it seems to pass
At once far off, and near.

Though babbling only to the Vale,
Of sunshine and of flowers,
Thou bringest unto me a tale
Of visionary hours.

Thrice welcome, darling of the Spring!
Even yet thou art to me
No bird, but an invisible thing,
A voice, a mystery;

The same whom in my schoolboy days
I listened to ; that Cry
Which made me look a thousand ways
In bush, and tree, and sky.

To seek thee did I often rove
Through woods and on the green ;
And thou wert still a hope, a love;
Still longed for, never seen.

And I can listen to thee yet;
Can lie upon the plain
And listen, till I do beget
That golden time again.

O blessed Bird ! the earth we pace
Again appears to be
An unsubstantial, faery place;
That is fit home for Thee !

(William Wordsworth)

Recueil: Poèmes
Traduction: François-René Daillie
Editions: Gallimard

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À l’ancienne (Claude Haller)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2022



Illustration: Dianne Dengel 
    
À l’ancienne

Une petite vieille
Sur son bâton noueux
Clopinait merveille
Près de son petit vieux

Ils allaient se faire
Au coin de l’avenue
Un petit bol d’air
Qu’était le bienvenu

Puis rentraient chez eux
Le coeur plein de soleil
Un fil d’or en leurs doux yeux
Allumait rose vermeil

Et le soir en s’endormant
Ces deux chers petits vieux
Pour un rien s’alarmant
Avaient l’air presque heureux
Tout étonnés ma foi
D’être encore deux

(Claude Haller)

Recueil: Poèmes du petit matin
Traduction:
Editions: Hachette

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La fille venue d’ailleurs (Friedrich Schiller)

Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2022



La fille venue d’ailleurs

Jadis dans une vallée, chez de pauvres bergers,
Paraissait, dès l’année nouvelle
Et les premiers babils des alouettes,
Une fille, merveilleuse et belle.

Elle n’était point de la vallée,
On ne savait d’où elle venait,
Et, dès qu’elle avait pris congé,
Bien vite on reperdait sa trace.

L’approcher rendait bienheureux
Et tous les coeurs se dilataient,
Mais une dignité, une sorte de grandeur
Empêchaient qu’on fût familier.

Elle apportait des fleurs, des fruits
Mûris dans une autre campagne,
Sous le soleil d’un autre ciel,
Dans une nature plus heureuse.

Et faisait un don à chacun,
À l’un des fruits, des fleurs à l’autre,
Jeune homme ou vieillard marchant mal,
Chacun rentrait chez lui comblé.

Tout hôte était le bienvenu,
Mais quand venaient des amoureux,
Ils avaient la meilleure offrande,
La plus belle fleur était pour eux.

***

Das madchen aus der fremde

In einem Tal bei armen Hirten
Erschien mit jedem jungen Jahr,
Sobald die ersten Lerchen schwirrten,
Ein Mädchen, schön und wunderbar.

Sie war nicht in dem Tal geboren,
Man wusste nicht, woher sie kam,
Und schnell war ihre Spur verloren,
Sobald das Mädchen Abschied nahm.

Beseligend war ihre Nähe,
Und aile Herzen wurden weit,
Doch eine Würde, eine Höhe
Entfernte die Vertraulichkeit.

Sie brachte Blumen mit und Früchte,
Gereift auf einer andern Flur,
In einem andern Sonnenlichte,
In einer glücklichern Natur.

Und teilte jedem eine gabe,
Dem Früchte, jenem Blumen aus,
Der Jüngling und der Greis am Stabe,
Ein jeder ging beschenkt nach Haus.

Willkommen waren aile Gäste,
Doch nahte sich ein liebend Paar,
Dem reichte sie der Gaben beste,
Der Blumen ailerschönste dar.

(Friedrich Schiller)


Illustration: Edvard Munch

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Bienvenu sur la crête (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2021


 

Revenu sur la crête, le château n’y était plus.
Mais tu étais là, toi. Tu es donc là,
debout dans les pierres.
Le réseau de rubis brille à travers la blancheur.
La houle figée ne s’épandra pas.
Durs regards qui dévorez l’ombre et le jour.

Ecoute la végétation de la rivière,
que lisse chaque flot calme
dans la patience vie du fond,
la bergamote et les grands marronniers.

Si je ne t’attends plus, n’aie pas peur de ton visage.

(André Frénaud)

 

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Le lys pur (Hâfez Shirâzi)(Hafiz)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2020



    

Le lys pur

Le jardin invite au bonheur,
à l’agréable compagnie.
bienvenue, ô saison des fleurs !
Voici le temps des beuveries.
a brise du matin apporte
ses doux effluves à chacun.
Oh oui ! Oh oui ! Comme elle est douce,
l’odeur du souffle protecteur !
La peine est éclose la rose
qu’elle chante un chant du départ :
Gémis donc, pauvre rossignol,
car ton cri nous va droit au cœur.
Voici, oiseau mélodieux,
pour toi une bonne nouvelle :
En amour, il faut bien gémir
toute la nuit, ô triste amant !
Le bonheur ne s’achète pas
au bazar du monde, ici-bas :
Il se trouve dans les façons
des voyous, des mauvais garçons.
Au lys pur j’ai entendu dire
— de ses lèvres à mon oreille
Qu’il ne faut pas être chargé,
dans le monde, ce vieux couvent.

O Hâfez, le renoncement
est le vrai chemin du bonheur.
Il faut bien te garder de croire
que la vie des mondains soit bonne

***

(Hâfez Shirâzi)(Hafiz)

 

Recueil: L’amour, l’amant, l’aimé
Traduction: Vincent-Masour Monteil
Editions: Actes Sud

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Ma France à moi (Pierre Perret)

Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2020




    
Ma France à moi
(Poème épique en 70 vers)

I
Ma France à moi elle est joyeuse
Elle dit bonjour et comment allez-vous
Mais elle sait dire non elle est frondeuse
On ne la f’ra jamais mettre à genoux
Ma France à moi celle que j’adore
Celle qui chantait le chant des partisans
Celle des Klarsfeld celle de Senghor
Celle de Prévert et la France des paysans
France de Stendhal Chamfort Molière
France de Balzac La Fontaine et Victor
Des frères Lumière d’Apollinaire
D’Alfred Jarry des chants de Maldoror
Ma France à moi qu’avant tout j’aime
C’est celle de la liberté d’expression
Les mots d’amour voire les blasphèmes
Sont l’essentiel de ma respiration

II
France de Matisse Monet Soulages
France de Desproges et des tweets de Pivot
France de Coluche France du partage
France de Daumier Gotlib et Picasso
Ma France à moi peut-êt’ croyante
Mais a parfaitement le droit d’être athée
Bible ou Coran si ça lui chante
Elle dit pardon c’est pas ma tasse de thé
Ma France à moi elle est gourmande
D’accordéon de jazz et de Verdi
Elle chérit ses enfants d’légende
Ceux du Vel’ d’hiv’ et ceux du paradis
L’obscurantisme d’un autre âge
Les fanatismes elle en a fait son deuil
Aucun racisme aucun clivage
Ne sont bienv’nus sur sa terre d’accueil

III
Nos femmes en France embrassent et dansent
Libres d’aimer d’faire valser les textos
Z’apprécient guère qu’on les tabasse
Ni d’êt’ voilées ce n’sont pas des bateaux
Eh oui ma France adore ses femmes
Les Barbara Colette Marie Curie
Les De Beauvoir celles qui s’enflamment
Lucie Aubrac Simone Veil Adjani
Ma France de Jaurès fût compagne
Et des savants des chercheurs elle raffole
Jules Ferry Pasteur Charlemagne
C’est grâce à eux qu’on va tous à l’école
Bien sûr ma France elle est laïque
De penser libre et libre de parole
C’est la France de la république
Les religions s’apprenn’ pas à l’école

IV
Cette France que certains haïssez
A ceux qui l’aiment il vous faut la laisser
Cette chanson libre jaillie d’mon cœur
J’aim’rais qu’les écoliers l’apprenn’ par cœur
Car cette Franc’-là tel est mon vœu
Je souhait’ qu’elle soit demain leur France à eux

Car ma France à moi
Elle est comme ça !

(Pierre Perret)

Parole et musique : Pierre Perret – © Éditions Adèle – 2018

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Sous le corset d’étain des rivières surprises (Jean Rousselot)

Posted by arbrealettres sur 24 août 2019



Sous le corset d’étain des rivières surprises
Sur nos corps ennemis la nuit que nous faisons
Dans le secret du vent éclaté sur nos têtes
La Parole bienvenue retourne à sa naissance.

(Jean Rousselot)

Illustration: Salvador Dali

 

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Il n’en fallait pas davantage (Hölderlin)

Posted by arbrealettres sur 16 Mai 2018



Mais si un jour
il m’est donné de réussir
ce que j’ai de sacré dans le cœur,
le poème,
sois alors bienvenu,
ô calme du royaume des ombres…
Un jour, j’aurai vécu
comme vivent les dieux.

Il n’en fallait pas davantage.

(Hölderlin)

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