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Posts Tagged ‘sommet’

CEHOTOSAKVTES (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024




    
CEHOTOSAKVTES

On dit que deux femmes adorées chantèrent cette chanson
lorsque leur groupe arriva sur la Piste des Larmes.
L’une alla se placer vers l’avant du cortège,
et l’autre vers l’arrière, avec les petits enfants.
Lorsque quelqu’un flanchait,
elles chantaient cette chanson pour l’aider à tenir.

Cehotosakvtes
Chenaorakvtes Momis komet
Awatchken ohapeyakares hvlwen

Ne fatigue pas.
Ne perds pas courage. Sois déterminé.
Viens. Ensemble allons vers le sommet.

***

CEHOTOSAKVTES

It is said that two beloved women sang this song
as their band came over on the Trail of Tears.
One woman walked near the front of the people,
and the other walked near the back with the small children.
When anyone faltered, they would sing this song to hold them up.

Cehotosakvtes
Chenaorakvtes Momis komet
Awatchken ohapeyakares hvlwen

Do not get tired.
Don’t be discouraged. Be determined.
Come. Together let’s go toward the highest place.

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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Illumination (Nadia Anjuman)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024




    
Illumination

Voici la nuit : la poésie illumine mes instants
Voici l’exaltation qui peigne mes cordes vocales
Quel est ce feu, merveille étrange, qui m’abreuve?
Voici que le parfum de l’âme embaume le corps de mes rêves

Je ne sais de quelle montagne, de quel sommet d’espoir
Voici que souffle une brise nouvelle sur la saison de ma fin
Du halo de lumière me vient une transparence, luminescence
Voici que n’ont plus d’autre désir mes larmes et mes soupirs

Les étincelles de mes plaintes font une poussière d’étoiles
Voici que la colombe de mes prières fait son nid dans l’empyrée
Mes larmes incontrôlées sur les lignes de mon livre
Voici qu’elles tombent, goutte à goutte, vois-tu ô mon Dieu

De mes paroles dans un cahier, de mes mots tumultueux
Voici que gronde une tourmente, fruit de mon silence obstiné
Aube, chère aube, ne déchire pas la soie imaginaire
Voici que je suis plus heureuse la nuit, quand la poésie illumine mes instants

(Nadia Anjuman)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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Monté au sommet d’une montagne (Ishikawa Takuboku)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2024



Illustration: Caspar David Friedrich
    
Monté au sommet d’une montagne
sans raison aucune j’ai agité mon chapeau
avant de redescendre

(Ishikawa Takuboku)

Recueil: Une poignée de sable
Traduction: du japonais par Yves-Marie Allioux
Editions: Philippe Picquier

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Le fantôme (Jean Orizet)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2023




    
Le fantôme

Mon enfant se niche dans l’herbe
pour y chercher un magicien.

Il plonge au secret de la mer
pour chanter avec les sirènes.

Il escalade les sommets là
où des fées tissent le temps.

Quand il se réveille à la fin
un doux fantôme le surveille.

(Jean Orizet)

Recueil: La peau bleue des rêves
Editions: Le Cherche Midi

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Que n’es-tu las, mon désir (Joachim Du Bellay)

Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2023



Illustration: Jacqueline Lamba  
    
Que n’es-tu las, mon désir, de tant suivre
Celle qui est tant gaillarde à la fuite ?
Ne la vois-tu devant ma lente suite
Des lacs d’amour voler franche, et libre ?

Ce faux espoir, dont la douceur m’enivre,
Tout en un point m’arrête, et puis m’incite,
Me pousse en haut, et puis me précipite,
Me fait mourir, et puis me fait revivre.

Ainsi courant de sommet en sommet
Avec Amour, je ne pense jamais,
Fol désir mien, à te hausser la bride.

Bien m’as-tu donc mis en proie au danger,
Si je ne puis à mon gré te ranger,
Et si j’ai pris un aveugle pour guide.

(Joachim Du Bellay)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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SÉRÉNITÉ (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2023




    
SÉRÉNITÉ

Mes sommets étaient à ma taille
J’ai roulé dans tous mes ravins
Et je suis bien certain que ma vie est banale
Mes amours ont poussé dans un jardin commun
Mes vérités et mes erreurs
J’ai pu les peser comme on pèse
Le blé qui double le soleil
Ou bien celui qui manque aux granges
J’ai donné à ma soif l’ombre d’un gouffre lourd
J’ai donné à ma joie de comprendre la forme
D’une jarre parfaite.

(Paul Eluard)

Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey

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ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (V) (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2023




    
ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (V)

V

De la douleur du fond des larmes
Surgissait un oiseau sans ailes
Puis sortait une barque vide.

*

D’une main tenant une main confiante
Tombaient des semences
Rayonnait une seule fleur.

*

Le sang dessinait un cœur
Le cœur dessinait ton corps
Ton corps épousait mon cœur.

*

Il y a des mendiants des plaintes des aumônes
Il y a des secrets des mensonges des traîtres
Et plus près et plus loin il y a nos aveux.

*

Un tout petit visage au sommet d’un grand corps
Un corps réduit à rien par un ardent visage
L’amour est plus léger que le désir d’aimer.

*

Donner à boire et donner à manger
À ces enfants que nous imaginons
Qui n’ont que nous comme fortune.

*

Quand le soleil l’amour équilibre nos armes
Nous pouvons nous voir vivre
Notre sève s’enflamme dans notre miroir.

(Paul Eluard)

Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey

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À UN PERCE-NEIGE (William Wordsworth)

Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2023




    
À UN PERCE-NEIGE

Fleur solitaire ourlée de neiges, blanche ainsi
Qu’elles mais plus hardie, à nouveau je te vois
Le front penché, tel l’hôte qu’on n’attendait pas,
Qui craint de déranger. Bien que l’orage ici

S’abatte sur les champs, descendu des sommets,
Et le soleil levant jour après jour harcèle ;
Tu es la bienvenue, tel l’ami dont le zèle
Vainc la promesse ! Et bientôt, de son oeil bleu, Mai

Contemplera ces bords qu’inonde la clarté
Des jonquilles serrées diffusant leurs odeurs
Au gré du mol vent d’ouest, de ses joyeux compères.

Mais je n’oublierai pas ta modeste beauté,
Chaste fleur, du Printemps hardi avant-coureur,
A l’écoute, pensif, des années passagères.

***

TO A SNOWDROP

Lone Flower, hemmed in with snows, and white as they
But hardier far, once more I see thee bend
Thy forehead as if fearful to offend,
Like an unbidden guest. Though day by day

Storms, sallying from the mountain-tops, waylay
The rising sun, and on the plains descend;
Yet art thou welcome, welcome as a friend
Whose zeal outruns his promise ! Blue-eyed May

Shall soon behold this border thickly set
With bright jonquils, their odours lavishing
On the soft west-wind and his frolic peers;

Nor will I then thy modest grace forget,
Chaste Snowdrop, venturous harbinger of Spring,
And pensive monitor of fleeting years !

(William Wordsworth)

Recueil: Poèmes
Traduction: François-René Daillie
Editions: Gallimard

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Feu de joie ou de neige (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2023



Illustration: Gilbert Garcin
    
Feu de joie ou de neige

J’ai trouvé et je cherche
M’abandonnant à un autre abandon
Je cherche où je suis

Une musique creuse pour moi
Le ciel qui se perd
Au-delà de ce que j’ai trouvé

En soudaine solitude je cherche
Le cantique qui ne me laisse jamais seul
Dans le lointain écho de mes chansons d’amour

*

Tandis que j’écris j’improvise
Ce qui me pousse dans le dos
Ce qui ravive le tempo

Sur la partition qui n’est pas à déchiffrer
Mais à garder en inquiétude
Je m’entends par surprise

Avec la lumière que j’ai trouvée
Avec la soif que je cherche
J’improvise et la cible et la flèche

*

La voix qui m’appartient
Ne peut être mienne
Qu’autant qu’elle ne s’écoute pas

Elle ne vaut que par le secret
Qui la dépossède
Et souffle sur un feu de joie ou de neige

À elle de saisir le poème à la gorge
Afin que reste à demeure
L’envol qui ne doit pas mourir

*

Je cherche et j’ai trouvé
Toujours plus loin que moi
La rive qui échappe au Gange et à la Yamuna

La rive de la beauté conquise
Où les bûchers s’effacent
Sans tomber dans l’oubli

De la Sarasvatî je remonte le cours
En signe d’allégeance
À l’immense sursaut qui me tient exhaussé

*

Ce n’est plus dans l’ordinaire des choses
Je reste à portée du dernier camp de base
Sommet encore et encore à gravir sur la page

(André Velter)

Recueil: Trafiquer dans l’infini
Editions: Gallimard

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DIMANCHE APRÈS-MIDI (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2023



Illustration: Paul Delvaux
    
DIMANCHE APRÈS-MIDI

S’enlaçaient les domaines voûtés d’une aurore grise
dans un pays gris, sans passions, timide.

S’enlaçaient les cieux implacables,
les mers interdites, les terres stériles,

S’enlaçaient les galops inlassables de chevaux maigres,
les rues où les voitures ne passaient plus, les chiens et les chats mourants,

S’auréolaient de pâleur charmante les femmes,
les enfants et les malades aux sens limpides,

S’auréolaient les apparences,
les jours sans fin, jours sans lumière, les nuits absurdes,

S’auréolait l’espoir d’une neige définitive,
marquant au front la haine,

S’épaississaient les astres, s’amincissaient les lèvres,
s’élargissaient les fronts comme des tables inutiles,

Se courbaient les sommets accessibles,
s’adoucissaient les plus fades tourments,
se plaisait la nature à ne jouer qu’un rôle,

Dans ces domaines confondus
où même les larmes n’avaient plus que des miroirs boueux,
dans ce pays éternel qui mêlait les pays futurs,
dans ce pays où le soleil allait secouer ses cendres.

(Paul Eluard)

Recueil: Paul Eluard par Louis Parrot
Editions: Seghers

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