Mon coeur est comme un oiseau qui chantonne
Depuis son nid de roseaux frais;
Mon coeur est comme un pommier verdoyant,
Fléchissant sous les fruits épais;
Mon coeur est comme une coque arc-en-Ciel
Qui danse au fond de la marée;
Mon coeur est plus joyeux encore,
Car mon amour vient me chercher.
Qu’on me tisse un fideau de soie, de plumes,
De vair, teínté de violet vif,
Qu’on y brode colombes et grenades,
Et les cent yeux d’un paon oisif,
Qu’y perlent des pompons d’or et d’argent,
Des fleurs de lys, des feuilles d’if.
C’est la naissance de ma vie,
Car mon amour vient aujourd’hui.
(Christina Rossetti)
Recueil: Goblin Market and Other Poems
Traduction: de l’anglais par Clémentine Beauvais
Editions: Penguin Classics
Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle
J’ai la fureur d’aimer. Mon cœur si faible est fou.
N’importe quand, n’importe quel et n’importe où,
Qu’un éclair de beauté, de vertu, de vaillance
Luise, il s’y précipite, il y vole, il s’y lance,
Et, le temps d’une étreinte, il embrasse cent fois
L’être ou l’objet qu’il a poursuivi de son choix;
Puis, quand l’illusion a replié son aile,
Il revient triste et seul bien souvent, mais fidèle,
Et laissant aux ingrats quelque chose de lui,
Sang ou chair. Mais, sans plus mourir dans son ennui,
Il embarque aussitôt pour l’île des Chimères
Et n’en apporte rien que des larmes amères
Qu’il savoure, et d’affreux désespoirs d’un instant,
Puis rembarque. – Il est brusque et volontaire tant
Qu’en ses courses dans les infinis il arrive,
Navigateur têtu, qu’il va droit à la rive,
Sans plus s’inquiéter que s’il n’existait pas
De l’écueil proche qui met son esquif à bas.
Mais lui, fait de l’écueil un tremplin et dirige
Sa nage vers le bord. L’y voilà. Le prodige
Serait qu’il n’eût pas fait avidement le tour,
Du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au jour,
Et le tour et le tour encor du promontoire,
Et rien ! Pas d’arbres ni d’herbes, pas d’eau pour boire,
La faim, la soif, et les yeux brûlés du soleil,
Et nul vestige humain, et pas un cœur pareil !
Non pas à lui, – jamais il n’aura son semblable –
Mais un cœur d’homme, un cœur vivant, un cœur palpable,
Fût-il faux, fût-il lâche, un cœur ! quoi, pas un cœur !
Il attendra, sans rien perdre de sa vigueur
Que la fièvre soutient et l’amour encourage,
Qu’un bateau montre un bout de mât dans ce parage,
Et fera des signaux qui seront aperçus,
Tel il raisonne. Et puis fiez-vous là-dessus ! –
Un jour il restera non vu, l’étrange apôtre.
Mais que lui fait la mort, sinon celle d’un autre ?
Ah, ses morts ! Ah, ses morts, mais il est plus mort qu’eux !
Quelque fibre toujours de son esprit fougueux
Vit dans leur fosse et puise une tristesse douce;
Il les aime comme un oiseau son nid de mousse;
Leur mémoire est son cher oreiller, il y dort,
Il rêve d’eux, les voit, cause avec et n’en sort
Plein d’eux que pour encor quelque effrayante affaire.
J’ai la fureur d’aimer. Qu’y faire ? Ah, laisser faire!
L’ombre qui va d’arbre en arbre
brûle les feuilles basses de septembre
suivie du ciel au halètement de bête
et toutes les vies sans espoir attendent
les deux notes tranquilles
de l’oiseau qui ne veut que le nid des autres
— Et que veut dire « toves » ?
— Eh bien ! les toves sont quelque chose comme des blaireaux…
quelque chose comme des lézards…
et quelque chose comme des tire-bouchons.
— Ils doivent être bien bizarres.
— Ils le sont, dit Humpty Dumpty ;
ils font leurs nids sous les cadrans solaires
et se nourrissent de fromage.
[…]
Il était grilheure ; les slictueux toves
Sur l’alloinde gyraient et vriblaient ;
Tout flivoreux étaient les borogoves
Les vergons fourgus bourniflaient.
***
Twas brillig, and the slithy toves
Did gyre and gimble in the wabe;
All mimsy were the borogoves,
And the mome raths outgrabe.
(Lewis Carroll)
Recueil: Alice au pays des merveilles A travers le miroir
Traduction:
Editions:
Une lumière, acropole au sommet de mes songes,
ayant lui s’éboula, les bêtes m’ont repris
dans le tourbillon de leurs serres froides
et me creusent en nouveau nid
pour que j’y puisse à loisir irrité
cuver ma cendre
et soudain m’éclairer à ma réalité,
avant de retomber par l’épaisseur si lente.
(André Frénaud)
Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard
Derrière chez moi, devinez ce qu’il y a ?
Derrière chez moi, devinez ce qu’il y a ?
Il y a un arbre, le plus bel arbre,
Arbre du bois, petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et sur cet arbre, devinez ce qu’il y a ?
Et sur cet arbre, devinez ce qu’il y a ?
Il y a une branche, la plus belle branche,
Branche sur l’arbre, arbre du bois,
Petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et sur cette branche, devinez ce qu’il y a ?
Et sur cette branche, devinez ce qu’il y a ?
Il y a une feuille, la plus belle feuille,
Feuille sur la branche, branche sur l’arbre,
Arbre du bois, petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et sur cette feuille, devinez ce qu’il y a ?
Et sur cette feuille, devinez ce qu’il y a ?
Il y a un nid, le plus beau nid,
Nid sur la feuille, feuille sur la branche,
Branche sur l’arbre, arbre du bois,
Petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et dans ce nid, devinez ce qu’il y a ?
Et dans ce nid, devinez ce qu’il y a ?
Il y a une aile, la plus belle aile,
Aile sur le nid, nid sur la feuille,
Feuille sur la branche, branche sur l’arbre,
Arbre du bois, petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et sur cette aile, devinez ce qu’il y a ?
Et sur cette aile, devinez ce qu’il y a ?
Il y a une plume, la plus belle plume,
Plume sur l’aile, aile sur le nid,
Nid sur la feuille, feuille sur la branche,
Branche sur l’arbre, arbre du bois,
Petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et sur cette plume, devinez ce qu’il y a ?
Et sur cette plume, devinez ce qu’il y a ?
Il y a un poêle, le plus beau poêle,
poêle sur la plume, plume sur l’aile,
Aile sur le nid, nid sur la feuille,
Feuille sur la branche, branche sur l’arbre,
Arbre du bois, petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et dans ce poêle, devinez ce qu’il y a ?
Et dans ce poêle, devinez ce qu’il y a ?
Il y a un feu, le plus beau feu,
Feu sur la poêle, poêle sur la plume,
Plume sur l’aile, aile sur le nid,
Nid sur la feuille, feuille sur la branche,
Branche sur l’arbre, arbre du bois,
Petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et dans ce feu, devinez ce qu’il y a ?
Et dans ce feu, devinez ce qu’il y a ?
Il y a un arbre, le plus bel arbre,
Arbre du bois, petit bois derrière chez moi.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la lon la.
Et la lon la, lon lère et la lon la.
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette