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Poésie

Posts Tagged ‘cahier’

Intérieur (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024




Intérieur

Pensées en guerre
veulent briser mon front

Par des chemins d’oiseaux
avance l’écriture

La main pense à voix haute
le mot en convie un autre

Sur la feuille où j’écris
vont et viennent les êtres que je vois

Le livre et le cahier
replient les ailes et reposent

On a déjà allumé les lampes
comme un lit l’heure s’ouvre et se ferme

Les bas rouges et le visage clair
vous entrez toi et la nuit

***

Interior

Pensamientos en guerra
quieren romper mi frente

Por caminos de pájaros
avanza la escritura

La mano piensa en voz alfa
una palabra llama a otra

En la hoja en que escribo
van y vienen los seres que veo

El libro y el cuaderno
repliegan las alas y reposan

Ya encendieron las lámparas
la hora se abre y cierra como un lecho

Con medias rojas y cara pálida
entran tú y la noche

(Octavio Paz)

Illustration: Giuseppe de Nittis

 

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Illumination (Nadia Anjuman)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024




    
Illumination

Voici la nuit : la poésie illumine mes instants
Voici l’exaltation qui peigne mes cordes vocales
Quel est ce feu, merveille étrange, qui m’abreuve?
Voici que le parfum de l’âme embaume le corps de mes rêves

Je ne sais de quelle montagne, de quel sommet d’espoir
Voici que souffle une brise nouvelle sur la saison de ma fin
Du halo de lumière me vient une transparence, luminescence
Voici que n’ont plus d’autre désir mes larmes et mes soupirs

Les étincelles de mes plaintes font une poussière d’étoiles
Voici que la colombe de mes prières fait son nid dans l’empyrée
Mes larmes incontrôlées sur les lignes de mon livre
Voici qu’elles tombent, goutte à goutte, vois-tu ô mon Dieu

De mes paroles dans un cahier, de mes mots tumultueux
Voici que gronde une tourmente, fruit de mon silence obstiné
Aube, chère aube, ne déchire pas la soie imaginaire
Voici que je suis plus heureuse la nuit, quand la poésie illumine mes instants

(Nadia Anjuman)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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Pluie douce du matin (Jean-Pierre Hamblente)

Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2022



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Pluie douce du matin
L’encre noire du cahier
S’est mise à pleurer

(Jean-Pierre Hamblente)

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Il était un petit homme (Francis Blanche)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022




Il était un petit homme
tout habillé de gris
qui s’appelait l’automne
et revenait sans bruit
dans la nuit
semant devant lui
des feuilles jaunies
et des chansons de pluie …

J’aime l’automne j’aime l’automne
et ses souvenirs de jadis

L’odeur des tabliers
de la rentrée des classes
parfum du tissu neuf
et des cartables bruns
et des plumiers de cuir
et des marrons qu’on casse
Odeur de l’encre fraîche
sur les premiers bons points.

Visages inconnus
des nouveaux camarades
Mystère des cahiers
que l’on ouvre en tremblant
Et les jeudis d’octobre
aux courtes promenades
La nuit tombe trop tôt
pour les petis enfants…

Mais si on retrouve au fond d’une poche
un peu de sable de l’été
c’est bien que ce jour-là quand on est un gosse
que l’on apprend à regretter

Il était un petit homme
tout habillé de blanc
qui courait sur la plage
derrière un cerf-volant
palpitant
courait sous le ciel courait follement
après son âme d’enfant
qui s’envolait qui s’envolait
qui s’envolait
dans le vent…

(Francis Blanche)

Illustration

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J’ai écrit ces textes (Gaëlle Josse)

Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2022




    
J’ai écrit ces textes dans des carnets, des cahiers,
sur des pages volantes, des agendas, des tickets, des listes,
des enveloppes, des marque-pages ou dans mon téléphone ;
je les ai écrits dans les gares, les trains, les hôtels,
les cafés, chez moi, dans le métro, en ville et en d’autres lieux.

La poésie demeure pour moi comme une apparition, une attention portée à l’infime,
comme le surgissement d’un éclat fugace au coeur de nos vies.
L’éclosion d’invisibles soleils.

Peut-être, à cet instant-là, les mots peuvent-ils saisir quelque chose de ce jaillissement.
Elle est le regard nu, débarrassé de ce qui pèse, de ce qui encombre,
elle est le retour à la source, la lumière qui s’at-tarde sur un mur,
le frémissement qui parcourt un visage, la chaleur d’un corps aimé,
elle est le mot que l’on attend et qui nous sauvera peut-être.

J’ai eu envie de vous offrir aujourd’hui
cette moisson de mots cueillis jour après jour,
qu’ils aient été d’orage ou d’allégresse.

Mais vivants.
Vivants, oui, et vibrants, toujours.

(Gaëlle Josse)

Recueil: et recoudre le soleil
Traduction:
Editions:NOTAB/LIA

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Objets (Mireille Gaglio)

Posted by arbrealettres sur 20 juin 2021



Objets

C’était un vieux sac d’écolier
Tout éventré, oublié,
D’où quelques cahiers bâillaient…
Mais c’est mon vieux cartable,
Là, sous la table
Dans le grenier !

C’est en rangeant que je l’ai retrouvé,
Et avec lui une bouffée de mon passé :
La fraîcheur du lever,
La main de Papa sur mon visage,
Disant : »Réveille-toi, il est tard,
Tu vas être en retard ! »
C’est tout mon plus jeune âge…

Comme il a l’air désuet
Ce vieil objet !
Mais que de secrets,
Que de souvenirs écoulés,
Que d’orages !
C’est toute une page…
Des odeurs et des senteurs,
Des bonheurs, des malheurs,
Des joies et des solitudes,
Des contraintes et des habitudes …

Tout est là, dans ce vieux sac abandonné !

(Mireille Gaglio)

Illustration

 

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LA BOUCHE (Luc Decaunes)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2021



 

LA BOUCHE

Sur les bancs de l’école où tu n’as rien appris
C’est la chanson d’un avril endormi
Qui surprenait ta tête entrebâillée
Quand la neige des fleurs te remontait aux tempes
Comme un vol d’oiseaux fous dans l’azur du dimanche

C’est le chant d’un enfant que tu n’as pas connu
Ses mains avides ses pieds nus
Son mystère aux lèvres d’abeilles
Et ce grand rire clair qui lui mangeait les lèvres
Quand le soir rougeoyait aux vitres de la classe
Comme un poing renversé dans le sang des charrues

Sur les bancs de l’école avais-tu d’autres yeux
Pour menacer la vie aux griffes roses
Pour épier la fumée des images
Les beaux cahiers tachés du sang des livres
Et le monde à l’envers dans cette voix du maître
Qui faisait à ton coeur d’invisibles promesses

Avais-tu d’autres yeux pour convaincre ton rêve
Pour épouser les mots déconcertés
Au milieu des clameurs qui te brûlaient la tête
Quand tu ne savais plus ce que parler veut dire
A force d’oublier ta manière de vivre
Sur les bancs de l’école où tu n’as rien appris…

(Luc Decaunes)

Illustration: Robert Doisneau

 

 

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Je voudrais, dans un petit cahier (Pascal Commère)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2020


 

Je voudrais, dans un petit cahier — est-ce que vraiment
sur ses pages cassées, dans les coins jaunes
comme la sciure un peu, je voudrais — non pas dire
mais plutôt approcher, très lentement. Quand un feu prend
on voit la fumée, d’abord, et tout près d’un ruisseau
ou pas très loin, et la couleur derrière
dans les terres rouges, les villages. Et surtout,
dire à peine le chuchotement de l’eau qu’on cueille,
qui ne dort pas, sans esquinter jamais rosière.
Dans un petit cahier, sans bruit, je voudrais.

(Pascal Commère)

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Rien de plus dur (Werner Lambersy)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2020



Rien de plus dur que
Les noix
De muscade du passé

Mais la râpe du temps
Est en inox
Alors
Pour aimer encore un
Peu

On feuillette
Les cahiers d’écoliers

Les brouillons
Et les livres d’images
Défraîchis
Où la vie a griffonné
Sur la peau

Pour passer
L’examen de savoir
Si l’âme avait
Autre chose à proposer

Un serment de mots
Par exemple

Un billet aller-simple
Pour ailleurs
N’importe où à deux

(Werner Lambersy)

Illustration: Lauri Blank

 

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La couverture (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2019


La couverture du cahier
bleu pâle figure
un château féodal
sur le ciel d’orage de l’image
on a dessiné la Mort tenant sa faux
des feuilles tombées
cachent le sentier
à maisons livides
dans l’une on entend
crier Dieu merci.

(Jean Follain)

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