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Poésie

Posts Tagged ‘tache’

Pour moi c’était la plus grande liberté (Alberto Giacometti)

Posted by arbrealettres sur 25 avril 2023



Illustration: Joan Miró
    
Pour moi c’était la plus grande liberté.
Quelque chose de plus aérien, de plus dégagé, de plus léger
que tout ce que j’avais jamais vu.

En un sens, c’était absolument parfait.
Miro ne pouvait pas poser un point sans le faire tomber juste.
Il était si véritablement peintre
qu’il lui suffisait de laisser trois taches de couleurs sur la toile
pour qu’elle existe et soit un tableau.

(Alberto Giacometti)

Recueil: Miró oeuvre

Editions: Maeght

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DONNEZ-MOI LE MOINS CHER (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023



Illustration: Paul Klee
    
DONNEZ-MOI LE MOINS CHER

Donnez-moi le moins cher
le plus simple
entre les choses de ce monde.

Un dessin qui apporte la pluie à l’oeil,
une simple structure linéaire.

La main archaïque et tachée
d’un ancien
dans la mienne
cela m’importe,

une vraie main
comme un testament.

La substance de la lumière,
la vraie substance de la connaissance,
ce que nous croyons savoir,
ce que nous savons peut-être,

le plus simple.

Donnez-moi le moins cher,
le plus simple
entre les choses de ce monde.

***

DENME LO MAS BARATO

Denme lo más barato lo más simple
entre las cosas de este mundo.

Un dibujo que trae la lluvia al ojo,
una sencilla estructura lineal.

La mano arcaica y manchada
de un anciano
dentro de la mía
eso me importa,

una mano verdadera
como un testamento.

La substancia de la luz,
la verdadera substancia del conocimiento,
lo que creemos saber,
lo que quizás sabemos,

lo más simple.

Denme lo más barato,
lo más simple
entre las cosas de este mundo.

(Henrique Huaco)

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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Retouche à l’auteur (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023


jane-austen-ecrivain-litterature-feminine

son livre est devenu la maison des autres

mais ce clou au mur d’un corridor
cette ombre au tournant du rideau
la tache en demi-lune laissée par son front
sur la porte des chagrins
lui seul les voit

(Daniel Boulanger)

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LA CINQUIÈME SAISON (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2022




    
LA CINQUIÈME SAISON

S’il faut nommer le ciel je commence par toi
Je reconnais tes mains à la forme du toit

L’été je dors dans la grange de tes épaules
Les hirondelles de ta poitrine me frôlent

Dressées contre ma joue les tiges de ton sang
Le rideau de ta chevelure qui descend

Je te cache pour moi dans la ruche des flammes
Reine du feu parmi les frelons noirs des âmes

Par l’automne épargnés tes yeux sont toujours verts
Les fleuves continuent de passer au travers

Ton souffle achève au loin le clapotis des plaines
On ne sait plus si c’est le soir ou ton haleine

En hiver tu secoues la neige de ton front
Tu es la tache lumineuse du plafond

Et je ferme au-delà des mers le paysage
Avec les hautes falaises de ton visage

L’étrave du printemps glisse entre tes genoux
Lentement le soleil s’est approché de nous

Tu traverses la nuit plus douce que la lampe
Tes doigts frêles battant les vitres de ma tempe

Je partage avec toi la cinquième saison
La fleur la branche et l’aile au bord de la maison

Les grands espaces bleus qui cernent ma jeunesse
Sur le mur le dernier reflet d’une caresse.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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À l’ombre des pins et des cyprès (Pan Qi Yu)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
À l’ombre des pins et des cyprès

La sagesse reçue des Anciens
M’accorda une vie humaine.
Elle m’invita, pauvre créature, jusqu’au palais
À tenir un humble rang dans le quartier des femmes.
J’ai joui de la grâce profuse du saint souverain,
Recueillant la faveur radieuse du soleil et de la lune.
Les rais brûlants de l’astre pourpre posés sur moi,
Je reçus la haute bénédiction dans le Pavillon de Zeng Shen.
Abandonnée à l’espoir de jours heureux,
Je délaçais mon souffle, éveillée comme endormie.
Mais les décrets du Ciel — qui pourra jamais les infléchir ?
Avant de les savoir, le soleil voilait sa lumière
Et me laissait déjà dans l’ombre du soir.
Je gardais la bonté du roi qui demeurait mon seul asile
Et mes fautes ne me conduisirent pas à l’exil.
J’ai servi l’impératrice douairière dans le palais d’orient
Et pris ma place parmi les suivantes de la Confiance éternelle.
J’aidais à laver les rideaux, à balayer le sol souillé
Et ma tâche se poursuit ainsi jusqu’au terme mortel.
Alors mes os trouveront repos au pied de la colline.
Et l’ombre vacillante des pins et des cyprès couvrira ma tombe.

(Pan Qi Yu)
(1er siècle avant J.-C.)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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La douceur des femmes n’est rien, au regard de ta douceur (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022



La douceur des femmes n’est rien,
au regard de ta douceur.
Leur coeur ressemble à du ciel bleu,
mais quand on le prend dans nos mains,
nos mains sont aussitôt tâchées de noir.

(Christian Bobin)

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La grâce se paie toujours au prix fort (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Il y a quelque chose de terrible dans chaque vie.
Il y a, dans le fond de chaque vie,
une chose terriblement lourde, dure et âpre.
Comme un dépôt, un plomb, une tache.

Un dépôt de tristesse, un plomb de tristesse, une tache de tristesse.
À part les saints et quelques chiens errants,
nous sommes tous plus ou moins contaminés par la maladie de la tristesse.
Plus ou moins. Même dans nos fêtes elle peut se voir.

La joie est la matière la plus rare dans ce monde.
Elle n’a rien à voir avec l’euphorie, l’optimisme ou l’enthousiasme.
Elle n’est pas un sentiment. Tous nos sentiments sont soupçonnables.
La joie ne vient pas du dedans,
elle surgit du dehors — une chose de rien, circulante, aérienne, volante.

On lui accorde beaucoup moins de crédit qu’à la tristesse qui, elle,
fait valoir ses antécédents, son poids, sa profondeur.
La joie n’a aucun antécédent, aucun poids, aucune profondeur.
Elle est toute en commencements, en envols, en vibrations d’alouette.

C’est la chose la plus précieuse et la plus pauvre du monde.
Il n’y a guère que les enfants pour la voir. Les enfants, les saints, les chiens errants.
Et toi. Tu l’attrapes au vol, tu la redonnes aussitôt, il n’y a rien d’autre à en faire.
Et tu ris, tu ne sais que rire devant tant de richesse donnée, reçue.

Tu as pourtant affaire, comme chacun, à cette chose terrible dans ta vie,
à cette ombre terriblement lourde, dure, âpre.
Tu lui fais place comme au reste.
Tu ouvres la porte à la tristesse si aimablement qu’elle en est perdue,
qu’elle en perd ses manières sombres et qu’on ne la reconnaît plus.

La grâce se paie toujours au prix fort.
Une joie infinie ne va pas sans un courage également infini.
Dans tes rires c’est ton courage que j’entendais:
un amour de la vie si puissant que même la vie ne pouvait plus l’assombrir.

(Christian Bobin)

 

 

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Là où j’avais amassé un gros tas de feuilles mortes (Hamid Tibouchi)

Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2022



Là où j’avais amassé un gros tas
de feuilles mortes une petite tache
orange sautillante
un rouge-gorge qui se nourrit

(Hamid Tibouchi)

 

 

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Les extraterrestres arrivent (Margaret Atwood)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2022



Illustration
    
Les extraterrestres arrivent.
Ce sont des poulpes ultra-intelligents
qui parlent en taches d’encre.
Ils veulent que nous soyons gentils entre nous,
dans le monde entier. Une grande première.
Ou sinon. Sinon quoi ?
Est-ce un signe d’espoir ?
Qu’en pensez-vous ?

(Margaret Atwood)

Recueil:Poèmes tardifs
Traduction: Christine Évain & Bruno Doucey
Editions: Pavillons

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HISTOIRE D’AMOUR (Joseph Paul Schneider)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2022




    
HISTOIRE D’AMOUR

Je te retrouve sur mes sentiers comme au premier jour, tache
rouge d’un manteau sous les frondaisons d’un parc.

Le temps a coulé sous les arbres. J’ai aimé le pays de
tes yeux. Ta main dans la mienne nous avons libéré la peur.

Entre tes seins je regarde le soleil se briser sur un mur blanc
au lit duquel bat une source secrète.

Eblouissante douceur du silence.

(Joseph Paul Schneider)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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