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Poésie

Posts Tagged ‘dehors’

Toute ma vie pour apprendre (Jeanne Benameur)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2023




    
toute ma vie pour apprendre
que la seule frontière est cette peau
fragile, vivante, une peau d’humain
entre dedans et dehors elle respire
entre nous et les autres, un souffle
il n’y a pas d’autre frontière.

Ne faire confiance qu’à cette merveille vivante
qui nous protège sans nous isoler on dit sauver
sa peau et on a raison
il n’y a rien d’autre à sauver

juste notre peau.

(Jeanne Benameur)

Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Editions: Bruno Doucey

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Au coeur de la nuit (Bernard Perroy)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2023




    
Au coeur de la nuit,
parmi ses feux, ses silences,
laisse aller le message,
la mémoire vive frémir…

Laisse venir à toi
ces espaces frangés d’or
ces saveurs, ces inflexions,
les mots, les rythmes,
l’eau et le sang,
l’intime écoulement d’azur
des écrits et des contes…

Page après page,
l’oreille écoute

au-dehors,
au-dedans,

l’écoulement
de la vie

pour croire
encore

à plus grand
que soi…

(Bernard Perroy)

 

Recueil: Une gorgée d’azur
Traduction:
Editions: Al Manar

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Rien ne cesse (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023



Illustration  
    
Rien ne cesse rien n’est les morts ne sont pas morts
Les vivants s’imaginent vivre
Un acte continue où l’on ne peut le suivre
Rien n’est dedans rien n’est dehors.

Rien ne pèse tout pèse et notre marche lourde
Est légère dans le sommeil
Aveugles sont nos yeux et nos oreilles sourdes
Dans un monde au rêve pareil.

D’autres formes sont là que jadis accumule
Avec celles du lendemain
Et ce que notre temps par un mensonge annule
Reste dans son avare main.

Tout combine un seul bloc que le temps nous débite
Peu à peu morceau par morceau.
Le bâton se brise dans l’eau
Et l’immobilité se vante d’aller vite.

Or parfois dans le rêve ou par quelque ressort
Qui l’étrange machine embrouille
L’invisibilité de sa cachette sort
Comme la Vénus d’une fouille.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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SOLEIL DE MES VINGT ANS… (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2023



Illustration: Alexis Leborgne
    
SOLEIL DE MES VINGT ANS…

Soleil de mes vingt ans vous offensez mes ombres
Par vos jeux indiscrets
Car d’un temple inconnu je déchiffre les nombres
Et les calculs secrets.

Du sommeil de l’amour j’avais chanté l’étude.
Son flux et son reflux
Peuplaient et dépeuplaient l’île de solitude
Où je n’habite plus.

Vers un lieu sous-marin environné de pieuvres
Dans mon sommeil parti
Mon regard de noyé observe de mes œuvres
Le navire englouti.

J’avais pour vous rêvé, navire, des voyages
Toutes voiles dehors…
Et voilà maintenant qu’algues et coquillages
Recouvrent vos trésors.

Vitesse enivrez-vous je vous cède la place
Passez votre chemin
Votre orgueilleuse gloire étant que je vous fasse
Un signe de la main.

Passez m’éclaboussant de boue et de lumière.
Je ne le ferai pas.
Je vous laisse à vos buts. Le mien c’est la manière
Dont je pose mes pas.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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Bien au chaud (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



Bien au chaud, le chat derrière la vitre
guette un pigeon qui dehors fait le beau
Le danger viendra de l’espace libre
où ne brillera ni regard ni croc

Que dans nos dos soient fermées les fenêtres
si nous risquons l’amour sur les façades
oiseaux roucouleurs et poètes
gibier de ciel et d’embuscade…

(Robert Mallet)

Illustration

 

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Les corridors où dort Anne qu’on adore (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



Marie-Noëlle Dérobert  petite fille dort 75

Les corridors où dort Anne qu’on adore

La petite Anne, quand elle dort,
Où s’en va-t-elle ?
Est-elle dedans, est-elle dehors,
Et que fait-elle ?

Pendant la récré du sommeil,
A pas de loup,
Entre la Terre et le soleil,
Anne est partout.

Les pieds nus et à tire-d’aile
Anne va faire
Les quatre cent coups dans le ciel
Anne s’affaire.

La petite Anne, quand elle dort,
Qui donc est-elle ?
Qui dort ? Qui court par-dessus bord ?
Une autre, et elle.

L’autre dort et a des ailes,
Anne dans son lit, Anne dans le ciel.

(Claude Roy)

Illustration: Marie-Noëlle Dérobert

 

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La forme de ma pensée (Lokenath Bhattacharya)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2022




    
La forme de ma pensée

Cette chambre est fermée de tous côtés.
Cependant, un éclair l’a traversée.
Il me semble du moins en avoir aperçu un.
Ou est-ce la merveilleuse réalité
que nous percevons de l’endroit où nous sommes ?
Cet éclair, est-il désormais
ailleurs, hors d’ici ?

Est-ce chose possible ?
Il n’y a en ce lieu aucun passage.
Et les vitres des fenêtres sont couvertes d’épais rideaux.
Cela ne fut-il qu’une intime illusion?
Cet éclair, n’est-il passé qu’en moi?

Ce malentendu entre dedans et dehors
m’a fait entendre un grondement violent.
Pendant qu’en ce vide obscur
la respiration est à peine sensible,
un silence imperturbable demeure
couché et endormi à mes pieds sur lui : un couvre-pied.

Ce frémissement, qui a parcouru coins et recoins de ce lieu,
a provoqué dans les forêts environnantes un cri de douleur soudain,
audible jusqu’à cette chambre si bien fermée,
cri apparu pour s’éteindre aussitôt, sans disparaître pour autant.

Les rayons, qui pénétrèrent et lacérèrent cet instant fragile,
se sont enfuis et s’enfuient encore,
vers le haut et le bas, le nord, le sud.
S’agit-il du vaste ciel où je me tiens assis maintenant?
Quelle étrange vision pour mes yeux clos !

Mon siège tourne, et en tournant
m’entraîne dans une orbite circulaire,
planète au mouvement semblable
à des milliers d’autres en cet espace infini.

Est-ce donc ainsi la forme de ma pensée,
ainsi ce monde :
un royaume céleste dans la chambre ?

***

(Lokenath Bhattacharya)

Traduction de l’auteur et de Marc Blanchet

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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9 HEURES EN MARS (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022



Illustration
    
9 HEURES EN MARS

Mais revoici la cuisine et son train
d’ombres cassées par la fine lumière
de mars. Le chat dort sur le frigo,
l’âme enfoncée jusqu’aux yeux

dans le gant du soleil. Dehors
le disque de la terre entre les pépiements
semble s’être arrêté : il est 9 heures.
Les prés sèchent leurs plaies

sous le drap bleu. Longue est l’attente,
et de quoi ? si rien ne manque apparemment,
pas le moindre rayon à la barre
des collines, pour maintenir à flot

ton frêle esquif dans le courant des jours.

(Guy Goffette)

 

Recueil: Le pêcheur d’eau
Traduction:
Editions: Gallimard

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PRES DE L’EAU (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022




PRES DE L’EAU

Avant que l’eau ne bouille tristement
elle tressaille en son étendue
dans le soir de couleur

et mains et vêtements
de celle qui la surveille
et timbre de sa voix

sont juste ceux des pauvres
tels qu’en image on les figure
dans les paysages de neige.

Derrière le papier de tenture
l’insecte pourtant meurt réfugié
la terre tourne et reverdit

dehors à la clarté dernière
on démolit de vieilles murailles
qu’entourent ronces et ciguës

de lourds chapelets de pierres tombent
des chevaux se cabrent et hennissent
pour peupler de bruits l’univers.

(Jean Follain)

 

 

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Temps noir (Henri-Frédéric Blanc)

Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2022


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Dehors il fait mauvais,
dedans il fait méchant.

(Henri-Frédéric Blanc)

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