Paysage antique
Haut soleil. La plaine dort.
Rien ne bouge.
Entre les rochers, Echo épie.
(Octavio Paz)
Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2024
Paysage antique
Haut soleil. La plaine dort.
Rien ne bouge.
Entre les rochers, Echo épie.
(Octavio Paz)
Posted in poésie | Tagué: (Octavio Paz), antique, écho, épier, bouger, dormir, paysage, plaine, rocher, soleil | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2024
Illustration: ArbreaPhotos
Je lisais. Que lisais-je ? Oh ! le vieux livre austère,
Le poème éternel ! — La Bible ? — Non, la terre.
Platon, tous les matins, quand revit le ciel bleu,
Lisait les vers d’Homère, et moi les fleurs de Dieu.
J’épelle les buissons, les brins d’herbe, les sources ;
Et je n’ai pas besoin d’emporter dans mes courses
Mon livre sous mon bras, car je l’ai sous mes pieds.
Je m’en vais devant moi dans les lieux non frayés,
Et j’étudie à fond le texte, et je me penche,
Cherchant à déchiffrer la corolle et la branche.
Donc, courbé, — c’est ainsi qu’en marchant je traduis
La lumière en idée, en syllabes les bruits, —
J’étais en train de lire un champ, page fleurie.
Je fus interrompu dans cette rêverie ;
Un doux martinet noir avec un ventre blanc
Me parlait ; il disait : « Ô pauvre homme, tremblant
Entre le doute morne et la foi qui délivre,
Je t’approuve. Il est bon de lire dans ce livre.
Lis toujours, lis sans cesse, ô penseur agité,
Et que les champs profonds t’emplissent de clarté !
Il est sain de toujours feuilleter la nature,
Car c’est la grande lettre et la grande écriture ;
Car la terre, cantique où nous nous abîmons,
A pour versets les bois et pour strophes les monts !
Lis. Il n’est rien dans tout ce que peut sonder l’homme
Qui, bien questionné par l’âme, ne se nomme.
Médite. Tout est plein de jour, même la nuit ;
Et tout ce qui travaille, éclaire, aime ou détruit,
A des rayons : la roue au dur moyeu, l’étoile,
La fleur, et l’araignée au centre de sa toile.
Rends-toi compte de Dieu. Comprendre, c’est aimer.
Les plaines où le ciel aide l’herbe à germer,
L’eau, les prés, sont autant de phrases où le sage
Voit serpenter des sens qu’il saisit au passage.
Marche au vrai. Le réel, c’est le juste, vois-tu ;
Et voir la vérité, c’est trouver la vertu.
Bien lire l’univers, c’est bien lire la vie.
Le monde est l’oeuvre où rien ne ment et ne dévie,
Et dont les mots sacrés répandent de l’encens.
L’homme injuste est celui qui fait des contre-sens.
Oui, la création tout entière, les choses,
Les êtres, les rapports, les éléments, les causes,
Rameaux dont le ciel clair perce le réseau noir,
L’arabesque des bois sur les cuivres du soir,
La bête, le rocher, l’épi d’or, l’aile peinte,
Tout cet ensemble obscur, végétation sainte,
Compose en se croisant ce chiffre énorme : DIEU.
L’éternel est écrit dans ce qui dure peu ;
Toute l’immensité, sombre, bleue, étoilée,
Traverse l’humble fleur, du penseur contemplée ;
On voit les champs, mais c’est de Dieu qu’on s’éblouit.
Le lys que tu comprends en toi s’épanouit ;
Les roses que tu lis s’ajoutent à ton âme.
Les fleurs chastes, d’où sort une invisible flamme,
Sont les conseils que Dieu sème sur le chemin ;
C’est l’âme qui les doit cueillir, et non la main.
Ainsi tu fais ; aussi l’aube est sur ton front sombre ;
Aussi tu deviens bon, juste et sage; et dans l’ombre
Tu reprends la candeur sublime du berceau. »
Je répondis : « Hélas ! tu te trompes, oiseau.
Ma chair, faite de cendre, à chaque instant succombe ;
Mon âme ne sera blanche que dans la tombe ;
Car l’homme, quoi qu’il fasse, est aveugle ou méchant. »
Et je continuai la lecture du champ.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), abîmer, agité, aider, aile, aimer, approuver, arabesque, aube, austère, aveuglé, à fond, âme, éclairer, écrire, écriture, élément, épeler, épi, éternel, étoile, étudier, être, bête, berceau, besoin, bible, blanc, bleu, bois, bon, branche, bras, brin, bruit, buisson, candeur, cantique, cause, cendre, chair, champ, chaste, chemin, chercher, ciel, clarté, comprendre, conseil, contempler, continuer, contre-sens, corolle, courbe, course, création, cueillir, cuivre, déchiffrer, délivrer, détruire, dévier, devenir, Dieu, doute, dur, durer, eau, emplir, emporter, encens, ensemble, feuilleter, flamme, fleur, fleuri, foi, frayer, front, germer, hélas, herbe, homme, humble, idée, immensité, injuste, instant, interrompre, invisible, jour, juste, lecture, lettre, lieu, lire, livre, lumière, lys, main, marcher, martinet, matin, méchant, méditer, mentir, monde, mont, morne, mot, moyeu, nature, noir, nuit, oeuvre, ombre, or, parler, passage, pauvre, peindre, penseur, percer, peu, phrase, pied, plaine, poème, pré, profond, questionner, rameau, rapport, rayon, réel, répandre, réseau, rêverie, reprendre, revivre, rocher, rose, roue, s'ajouter, s'éblouir, s'épanouir, sacré, sage, sain, saint, saisir, sans cesse, se nommer, se pencher, se tromper, semer, sens, serpenter, sombre, sonder, source, strophe, sublime, succomber, syllabe, texte, tombe, traduire, travailler, traverser, trembler, trouver, univers, végétation, vérité, ventre, vers, verset, vertu, vieux, voir, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 avril 2024
Une encre noire
décide de ce code encore mince
Mémoire indemne du monde
Un rocher, un menhir, un dock
Chimie endormie d’un derrick énorme
Indien Cherokee, orchidée de Chine
Une commode de cèdre,
Une odeur de cire, d’écorce, de cumin
(Georges Perec)
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Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024
Aucun amant n’a osé…
Aucun amant n’a osé approcher
cet endroit extrême d’où tu me touches.
Dedans dehors, amour, je sens la houle
et je deviens dune et grève et rocher.
Sable et souvenir de demain, mains braves du risque,
miroir de l’ombre de l’hier qui t’a ourdie
hôte de moi, lierre.
Je vis en toi, tes gestes et abordages.
Tu vis en moi, vas dans le clos commun
— eau aux aguets des échos de la terre
qui lave au sel les traces de la guerre —.
Sens-tu le vent qui sonde, coeur à jeun,
les quais lointains où mon orgueil se perd?
Montant en toi, la mer et moi font un.
(Maria-Mercè Marçal)
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Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024
LE VENT
Le vent
ça brasse de l’air
ça fait danser les feuilles mortes
ça fait claquer les portes
et baisser les paupières
Le vent ça donne des ailes
à ceux qui traînent la patte
ça ramène des nouvelles
de la Terre de Feu aux Carpates
Le vent ça vous matraque
juste ce qu’il faut derrière l’oreille
Ça fait voler les châles
ça fait gonfler les voiles
ça fait danser les flammes
et ça plaque les volants des robes
sur les cuisses des femmes…
ça fait chanter les morts
et vibrer les étoiles
Le vent ça hurle dehors
ça hurle dans la nuit
ça murmure sous les portes
et puis ça pousse des cris
Le vent ça affole les cerveaux
ça bouscule les poivrots
ça retourne les bagnoles
Le vent
ça enflamme les crinières
ça gicle dans l’ornière
ça souffle dans les crânes
Le vent ça sculpte les rochers
ça couche les champs de blé
ça décoiffe les beautés
Le vent ça claque les étendards
ça déchire les drapeaux
ça balaie les remparts
Le vent ça vous plaque contre un mur
ça vous lèche la figure
comme un grand chien joyeux.
Le vent
qui fait tourner la Terre
et tourner la poussière autour de tes pieds nus
Le vent
qui souffle dans ma tête
me chante un air de fête un air de liberté
Le vent
Emportera mes restes
balaiera la poussière
de mes os sur la terre
où j’ai dansé
mortel
parmi les ombres
entre les flammes
autour du feu qui crache
sur le ciel étoilé
des milliards d’étincelles
Vendredi 30 décembre 1994, à Calvi
Un soir de grand vent, la nuit, dans la citadelle.
En repensant aux feux de la Saint-Jean.
(Jacques Higelin)
Posted in poésie | Tagué: (Jacques Higelin), affoler, aile, air, étendard, étincelle, étoile, bagnole, baisser, balayer, beauté, blé, bousculer, brasser, cerveau, champ, chanter, châle, chien, ciel, claquer, coucher, cracher, crâne, cri, crinière, cuisse, danser, déchirer, décoiffer, dehors, derrière, donner, drapeau, emporter, enflammer, fête, femme, feu, feuille morte, figure, flamme, gicler, gonfler, hurler, joyeux, lécher, liberté, matraquer, milliard, mort, mortel, mur, murmurer, nouvelle, nu, nuit, ombre, oreille, ornière, os, patte, paupière, pied, plaquer, poivrot, porte, pousser, poussière, ramener, rempart, reste, retourner, robe, rocher, sculpter, souffler, terre, tourner, traîner, vent, vibrer, voile, volant, voler | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 mars 2024
Illustration: Vincent Van Gogh
LA HOULE
Je suis la houle qui porte le voilier
le grain de chair de poule
que l’amour a planté
Le regard assoiffé et le baiser fougueux
qui fait monter le feu
aux joues de l’innocence
Le rocher de l’enfance usé par le torrent
et le drapeau de la colère
déchiré par le vent
(Jacques Higelin)
Posted in poésie | Tagué: (Jacques Higelin), amour, assoiffé, baiser, chair, colère, déchirer, drapeau, enfance, feu, fougueux, grain, houle, innocence, joue, monter, planter, porter, poule, regard, rocher, torrent, user, vent, voilier | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024
Mon bien-aimé élève la voix,
il me dit:
«Lève-toi, ma bien-aimée,
ma belle, viens.
Car voilà l’hiver passé,
c’en est fini des pluies, elles ont disparu.
Sur notre terre, les fleurs se montrent.
La saison vient des gais refrains,
le roucoulement de la tourterelle se fait entendre
sur notre terre.
Le figuier forme ses premiers fruits
et les vignes en fleur exhalent leur parfum.
Lève-toi, ma bien-aimée,
ma belle, viens!
Ma colombe, cachée au creux des rochers,
en des retraites escarpées,
montre-moi ton visage,
fais-moi entendre ta voix.»
(Mahmoud Darwich)
Recueil: Quand on n’a que l’amour
Editions: Bruno Doucey
Posted in poésie | Tagué: (Mahmoud Darwich), élever, belle, bien-aimé, caché, colombe, creux, disparaître, entendre, escarpé, exhaler, figuier, finir, fleur, fruit, gai, hiver, montrer, parfum, pluie, refrain, retraite, rocher, roucoulement, saison, se lever, se montrer, terre, tourterelle, venir, vigne, visage, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2024
Ils restent silencieux
assis de longues heures sur un rocher
à regarder le long de leur bec
si un fou se présente
ils lui font une petite place
sans en faire tout un plat
quand ils partent pêcher
ils laissent des mouettes leur monter sur le dos
et profiter de l’aubaine
puis, sans dire un mot
ils retournent à leur rocher où,
tranquillement, ils s’installent pour la nuit.
***
IN PRAISE OF PELICANS
They make no noise
just sit long hours on a rock looking down their nose
if a gannet cornes along
they give the guy room
without making a song and dance about it
when they go out fishing
they let gulls clamber over
them and join in the act
never saying a word
they make back then for their rock
until finally, with no fuss at all, they call it a day.
(Kenneth White)
Posted in poésie | Tagué: (Kenneth White), assis, aubaine, éloge, bec, dire, dos, fou, heure, laisser, long, monter, mot, mouette, nuit, partir, pélican, pêcher, place, plat, profiter, regarder, rester, retourner, rocher, s'installer, se présenter, silencieux, tranquille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2024
SOUVENIRS DE LA RIVIÈRE DES INDIENS
palétuviers
aux racines tressées et sinueuses
crabes aux pinces rouges
guettant entre les rochers
héron bleu, héron vert !
et le chuintement de la proue
qui progressait lentement
à travers les ombres.
***
MEMORIES OF INDIAN RIVER
Mangrove trees
with tressed and sworling roots
red-clawed crabs
staring from the rocks
blue heron, green heron !
and the slickering sound of the prow
as it nosed its way slowly
up through the shadows.
(Kenneth White)
Posted in poésie | Tagué: (Kenneth White), à travers, bleu, chuintement, crabe, guetter, héron, indien, lentement, ombre, palétuvier, pince, progresser, proue, racine, rivière, rocher, rouge, sinueux, souvenir, tresser, vert | Leave a Comment »