Posts Tagged ‘souvenir’
Posted by arbrealettres sur 21 Mai 2024
Le temps nous use, il faut partir vers d’autres horizons.
Les rosiers défleuris gomment le jour,
une tristesse presque douce pend aux arbres immobiles,
un chat descend d’un mur sans savoir où aller,
quelqu’un, derrière sa fenêtre, tente de réunir les ombres que sa solitude,
sa lente et lourde solitude, a jetées n’importe où,
comme des mots de trop, des gestes vains; des linges sales.
Elles portaient, ces ombres, en leur légèreté,
le souvenir des roses et des amours enfuies.
Il nous use, le temps.
Les autres horizons ne sont que les regards de ceux qu’on délaissa.
(Richard Rognet)
Recueil: Élégies pour le temps de vivre suivi de Dans les méandres des saisons
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 21 Mai 2024
Illustration: Pascal Baudot
Il reste toujours quelque chose des amours
mortes ou perdues, un regard sur les prés,
sur une fleur qui penche vers le soir,
sur les montagnes qui émergent après
les brumes du matin, il reste toujours,
sous nos paupières, des rêves inachevés,
des souvenirs de neiges ou d’étoiles
filantes comptées dans les nuits d’août,
il reste aussi quelques fenêtres entrouvertes
sur les averses d’été qui sentent si bon
qu’on se sent proche d’un nouvel amour,
d’un amour tranquille et brûlant à la fois,
qui tremblerait à la lisière du temps
comme un dernier sourire, avant de s’en aller.
(Richard Rognet)
Recueil: Élégies pour le temps de vivre suivi de Dans les méandres des saisons
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 21 Mai 2024
L’herbe est paisible.
Un sourire se balance à travers les branches,
un sourire où tu reconnais,
dans les replis de la lumière,
l’empreinte d’un amour autrefois délaissé.
L’herbe a la grâce
du temps qui passe
avec l’innocence du silence
ou la patience de l’espoir.
Mais l’amour est resté loin de toi,
et les caresses qui te manquent,
c’est à l’herbe que tu les demandes,
à l’herbe où le matin chuchote
entre la fluidité de l’air
et celle du souvenir.
(Richard Rognet)
Recueil: Élégies pour le temps de vivre suivi de Dans les méandres des saisons
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024
La dame de l’automne
La dame de l’automne écrase les feuilles mortes
Dans l’allée des souvenirs :
C’était ici ou là… le vent passe et emporte
Les feuilles de nos désirs.
O vent, emporte aussi mon cœur : il est si lourd !
La dame de l’automne cueille des chrysanthèmes
Dans le jardin sans soleil :
C’est là que fleurissaient les roses pâles que j’aime,
Les roses pâles au cœur vermeil.
O soleil, feras-tu fleurir encore mes roses ?
La dame de l’automne tremble comme un oiseau
Dans l’air incertain du soir :
C’était ici ou là, et le ciel était beau
Et nos yeux remplis d’espoir.
O ciel, as-tu encore des étoiles et des songes ?
La dame de l’automne a laissé son jardin
Tout dépeuplé par l’automne :
C’était là… Nos cœurs eurent des moments divins…
Le vent passe et je frissonne…
O vent qui passe, emporte mon cœur : il est si lourd !
(Rémy de Gourmont)
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Posted by arbrealettres sur 5 Mai 2024
LES OISELETS DE MON PAYS
Les oiselets de mon pays,
en Bretagne, je les ai entendus.
Ce chant, il me semble bien,
je l’entendais jadis,
je ne peux m’y tromper,
dans ma douce Champagne.
Ils m’ont mis en de si douces pensées
que j’ai entrepris mon chant
dans l’espoir de la récompense
qu’Amour m’a toujours promise.
En cette longue attente, je languis
mais je ne me plains pas.
Je perds le goût des rires et des jeux
car celui que torturent les affres de l’amour,
rien d’autre ne le soucie.
Mon corps et mon visage
se tendent si souvent sous l’effet de l’angoisse
que j’en parais stupide.
Si d’autres trahissent l’Amour,
je n’ai jamais été l’un des leurs.
D’un baiser ma douce et noble dame
s’est emparée de mon coeur.
Quelle folie de m’abandonner ainsi
pour celle qui me tourmente !
Mais, hélas ! il m’a quitté
sans que je m’en aperçoive.
Elle me l’a pris si doucement,
un seul soupir l’a emporté vers elle.
Mon désir me fascine à me rendre fou
mais elle n’aura jamais pitié de moi.
Le souvenir remonte en moi
d’un baiser dont j’ai l’impression
à tout moment, ô trahison !
qu’il se pose à nouveau sur mes lèvres.
Dieu ! quand elle l’accepta, ce baiser,
que ne me suis-je protégé contre ma mort !
Elle sait bien que je me tue
en cette longue attente
qui me mine et me défait.
J’en perds les rires et les jeux
et je meurs de mon désir.
Amour me fait trop souvent cher payer
les joies qu’il me donne.
Hélas ! je n’ose aller vers ma dame
car, en me faisant paraître ridicule,
les faux amants causent ma perte.
Je meurs quand je les vois lui parler,
à elle en qui personne ne peut relever
la moindre hypocrisie.
(Gace Brulé)
Recueil:
Traduction: André Mary
Editions:
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Posted by arbrealettres sur 29 avril 2024
Paysages
Impossible souvenir.
L’espace projeté
arrête
le temps.
Quand cette vache
a-t-elle fait trois pas?
À quelle époque
appartiennent ces haies d’arbres?
Ces deux corbeaux sur le vert lumineux du champ?
(Brigitte Baumié)
Recueil: paysages intermittents
Editions: La Boucherie littéraire
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Posted by arbrealettres sur 23 avril 2024
Illustration: Max Neumann
À présent le silence est
le reste de la distance
sans souvenir
pas de vie.
Je n’entends plus
mes pas,
ce qui m’entoure
est caché.
J’avance à l’aveugle, pâle chien
dans le froid. Ce doit être ici,
ici je dis adieu à mon moi
et lentement ne deviens
personne.
(Cees Nooteboom)
Recueil: L’oeil du moine suivi de Adieu
Traduction: du néerlandais par Philippe Noble
Editions: Actes Sud
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Posted by arbrealettres sur 21 avril 2024
AU BORD DE LA MER
Les immeubles aux façades carrelées
Sont les salles de bains de la mer
Des enfants dégringolent en grappes
Tandis que le soleil ajuste sur les murs sa toilette de lumières
Les élégantes de la promenade se mirent avant le déjeuner
Quand il pleut ce sont de gros navires de faïence
Qui grincent et ruissellent de partout
La mer leur jette ses paquets de sel sur la tête
Le linge claque et les haubans sifflent
Les gamins boudent contre le carreau
Les jolies dames boivent du thé chinois
En croquant des biscuits secs
Les immeubles du bord de mer
Sont le souvenir d’un voyage
Qui n’a jamais eu lieu.
(Jean-Michel Maulpoix)
Recueil: Rue des fleurs
Editions: Mercure de France
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Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024
Ce que le regard attend
toujours
se dérobe
et c’est peut-être
un sommeil très ancien
qui vient
le souvenir d’une étreinte
ou d’un baiser
cette part inflammable de soi
qui relance le corps
une chose et son ombre
qui se dissolvent dans la lumière
et font basculer l’instant
comme une plume tombe
dans cette peur intime
soumise à la poussière
(Christophe Manon)
Recueil: Provisoires
Editions: NOUS
Posted in poésie | Tagué: (Christophe Manon), ancien, attendre, étreinte, baiser, basculer, chose, corps, inflammable, instant, intime, lumière, ombre, part, peur, peut-être, plume, poussière, regard, relancer, se dérober, se dissoudre, sommeil, soumettre, souvenir, tomber, toujours, venir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024
Illustration
L’arbre est une leçon de présence,
une leçon sans précédent,
où s’unissent comme en une dimension,
en un temps, un exemple différents,
les questions du souvenir
et les questions de l’oubli.
La chanson par contre
est toujours une forme de l’absence,
Un écho de la poussière qui se lève
au lieu de la parole qui n’existe pas.
Mais la présence n’est pas la seule magie :
magie est aussi l’absence.
C’est pourquoi l’arbre et la chanson
seront toujours ensemble,
bien que l’hiver abatte les paroles et les feuilles.
(Roberto Juarroz)
Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Roberto Juarroz), abattre, absence, arbre, écho, chanson, différent, dimension, ensemble, exemple, exister, feuille, forme, hiver, leçon, lieu, magie, oubli, par contre, parole, poussière, précédent, présence, question, s'unir, se lever, seul, souvenir, temps, touhours, toujours | Leave a Comment »