Posted by arbrealettres sur 22 mai 2023

COEUR DE PIERRE
Comme un quartz donnant le tempo
Coeur de pierre bat froidement
Sans le recours de son cerveau
Il cogne mécaniquement.
Depuis si longtemps sans amour
Coeur de pierre bat froidement
Désespéré de tous ces jours
Au vide proche du néant.
Depuis si longtemps sans amour
Tout son être reste en sommeil
Désespéré de tous ces jours
À tous les autres jours pareils.
Tel un loir hibernant l’hiver
Coeur de pierre bat froidement
Son âme souffre ce calvaire
Un vide proche du néant.
(Michel Collatti)
Recueil: Anthologie poétique 2019 volume 2
Editions: Flammes Vives
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Posted in poésie | Tagué: (Michel Collatti), amour, âme, être, battre, calvaire, cerveau, coeur, cogner, désespéré, donner, froidement, hiberner, hiver, jour, loir, longtemps, mécaniquement, néant, pareil, pierre, proche, quartz, recours, rester, sommeil, souffrir, tempo, vide | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 mai 2023

PETIT MATIN
Je te reconnaîtrai aux algues de la mer
au sel de tes cheveux aux herbes de tes mains
Je te reconnaîtrai au profond des paupières
je fermerai les yeux tu me prendras la main
Je te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus
sur les sentiers brûlants d’odeurs et de soleil
les cheveux ruisselants sur tes épaules nues
et les seins ombragés des palmes du sommeil
Je laisserai alors s’envoler les oiseaux
les oiseaux long-courriers qui traversent les mers
Les étoiles aux vents courberont leurs fuseaux
les oiseaux très pressés fuiront dans le ciel clair.
(Claude Roy)
Recueil: Claude Roy Poésies
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), algue, épaule, étoile, brûlant, cheveux, ciel, clair, courber, fermer, fuir, fuseau, herbe, long-courrier, main, matin, mer, nu, odeur, oiseau, ombrage, palme, paupière, pied nu, prendre, pressé, profond, reconnaître, ruisseler, s'envoler, sein, sel, sentier, soleil, sommeil, traverser, venir, vent, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023

Je dois maintenant
désormais je dois
serrer mes lignes
que nul n’en sorte.
Ne plus refuser
le nom et sa voix
ne pas recouvrir
la pierre reverdie.
Loi des heures
passant noircies,
la parole amputée
l’art du silence.
Et la peur d’arracher
un mot au marbre
un soupir à l’ombre
un cheveu au sommeil.
(Jean Todrani)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Todrani), amputer, arracher, art, cheveu, désormais, devoir, heure, ligne, Loi, maintenant, marbre, mot, noircir, nom, nul, ombre, parole, passer, peur, pierre, recouvrir, refuser, reverdir, serrer, silence, sommeil, sortir, soupir, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 avril 2023

Illustration
Nous sommes venus pour le sommeil
nous sommes venus pour le songe.
Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai que nous soyons venus
sur la terre pour vivre.
Nous ne serons bientôt qu’herbe de reverdie :
nos coeurs reverdiront, ouvriront leurs corolles :
oh notre corps est une fleur et fleurit et se fane.
traduit du Nahuátl
(Angel Maria Garibay)
Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud
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Posted by arbrealettres sur 2 avril 2023
Illustration: Edvard Munch
À la maison, ma tante
mon frère et mes soeurs
croient que la mort n’est que sommeil —
que mon père voit et entend —
Qu’il se promène
dans la splendeur et la joie là-haut.
Qu’ils le retrouveront dans quelque temps —
Je ne peux rien faire d’autre
que de laisser libre cours à mon chagrin
dans le jour qui pointe
et le jour qui décline
Je reste assis solitaire
avec des millions de souvenirs…
autant de millions de poignards
qui me déchirent le coeur —
et mes plaies sont béantes
(Edvard Munch)
Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais
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Posted in poésie | Tagué: (Edvard Munch), béant, chagrin, coeur, cours, croire, déchirer, décliner, entendre, faire, frère, joie, jour, laisser, là-haut, libre, maison, million, mort, oie, père, plaie, poignard, pointer, quelque temps, rester, rien, se promener, se retrouver, soeur, solitaire, sommeil, souvenir, splendeur, tante, voir | 4 Comments »
Posted by arbrealettres sur 28 mars 2023

Illustration: David Caspar Friedrich
ASCENSION
Partout neige, glace alentour,
Pentes courant vers des abîmes.
Là-bas, rêveur, plus blanc toujours,
Le royaume des hautes cimes.
J’avance un pied, puis l’autre pied
Sur le roc d’où la neige en couche
Croule et je vais vers les glaciers,
Mon court brûle-gueule à la bouche
Peut-être dans le bleu pâli
Dont la lune teinte la glace,
Loin de tout, le sommeil, l’oubli
Et la douce paix ont leur place.
***
AUFSTIEG
Und ringsum Schnee und Gletschereis
Und steile Berge Wand an Wand,
Dahinter traumhaft weit und weiß
Das tief verschneite Oberland.
Und langsam setz ich Schuh
um Schuh Auf Fels und schneeverwehten Grund
Und wandere den Gletschern zu,
Die kurze Pfeife schräg im Mund.
Vielleicht daß dort fern aller Welt
Im blauen Licht von Eis und Mond
Der süße Friede, der mir fehlt,
Und Schlummer und Vergessen wohnt
(Hermann Hesse)
Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti
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Posted in poésie | Tagué: (Hermann Hesse), abîme, alentour, aller, ascension, avancer, blanc, bleu, bouche, cime, couché, courir, court, doux, glace, glacier, là-bas, Loi, lune, neige, oubli, paix, partout, pâlir, pente, pied, place, rêveur, roc, royaume, sommeil, teinter, toujours, vrouler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023
passage de l’odeur
entre la table et le fruit
entre l’oeil et la main
attente qui revient
aube entre deux sommeils
ô ma perle sans fil
(Daniel Boulanger)
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Posted by arbrealettres sur 9 mars 2023

ô homme ! prends garde !
que dit minuit profond ?
« j’ai dormi, j’ai dormi, —
« d’un profond sommeil je me suis éveillé : —
« le monde est profond,
« et plus profond que ne pensait le jour
« profonde est sa douleur, —
« la joie plus profonde que la peine.
« la douleur dit : passe et finis !
« mais toute joie veut l’éternité,
« — veut la profonde éternité ! »
(Frédéric Nietzsche)
Illustration: Alain Chayer
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Frédéric Nietzsche), éternité, dormir, douleur, finir, homme, joie, minuit, passer, prendre garde, profonde, s'éveiller, sommeil | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 3 mars 2023
Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS
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Posted in haïku, poésie | Tagué: (Pascale Senk), calme, chat, lit, moi, près, sommeil, virgule | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023

Gabriela Mistral
CHOSES
A Max Daireaux.
J’aime les choses jamais eues,
avec celles que je n’ai plus.
Je palpe une eau silencieuse,
étale sur des prés frileux,
frissonnant sans la moindre brise,
dans un clos qui fut mon enclos.
Je la vois comme la voyais,
une étrange pensée me vient
et je joue, lente, avec cette eau,
comme avec poisson ou mystère.
Je pense au lieu où j’ai laissé
des pas joyeux que je n’ai plus
et sur le seuil, vois une plaie,
pleine de mousse et de silence.
Je cherche un vers que j’ai perdu
et que m’avait dit à sept ans
une femme faisant le pain,
dont je vois la bouche bénie.
Un parfum défait en rafales
m’apporte bonheur quand il vient,
si ténu qu’il n’est pas parfum,
et c’est l’odeur des amandiers.
Il redonne enfance à mes sens,
je lui cherche un nom et ne trouve
et flaire l’air et les villages,
en quête d’amandiers absents.
J’entends tout près une rivière;
je l’entends depuis quarante ans :
c’est le murmure de mon sang,
ou quelque rythme à moi donné;
ou bien l’Elqui de mon enfance,
que je remonte et passe à gué,
jamais perdu, coeur contre coeur,
nous allons comme deux enfants.
Lorsque je rêve de mes Andes,
j’avance par des défilés
où me parvient un sifflement,
presque une conjuration.
Je vois à ras de Pacifique
mon archipel violet sombre,
avec l’île qui m’a laissé
une âcre odeur d’alcyon mort.
Un dos, un dos grave et paisible
au bout du rêve que je fais
marque la fin de mon chemin;
je m’y repose quand j’arrive.
Tronc d’arbre mort ou bien mon père
est ce vague dos couleur cendre;
je ne l’interroge ni trouble,
je me couche à côté et dors.
J’aime une pierre d’Oaxaca
ou Guatemala; j’en approche;
fixe et rouge, elle me ressemble;
la crevasse en expire un souffle.
Dans son sommeil, je la vois nue,
et ne sais pourquoi la retourne.
Je ne l’ai pas eue peut-être :
c’est mon sépulcre que je vois.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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