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Posts Tagged ‘ornement’

Chanson Éternelle (Brigitte Fontaine)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2024




    
Chanson Éternelle

Je veux être aimée pour moi-même
Et non pas pour mes ornements
Je veux être adorée quand même
Sans cheveux, sans chair et sans gants

Belle dans le simple appareil
D’une fille arrachée au sommeil
Eternelle éternelle

Avec des habits, c’est facile
Avec des bijoux, des fourrures
J’aime ce qui est difficile
Je veux être aimée sans parure
Je veux être aimée pour ma peau
Et non pas pour des peaux de bêtes
Aimée pour la soie de mon dos

Et non pour les soies qui me vêtent

Belle dans le simple appareil
D’une fille arrachée au sommeil
Eternelle éternelle

Avec des cheveux c’est facile
On peut se cacher derrière eux
J’aime ce qui est difficile
Je veux être aimée sans cheveux
Je veux être aimée pour mon crâne
Pour mon petit os pariétal
Je veux que les hommes se damnent
Pour mon charmant occipital

Belle dans le simple appareil
D’une fille arrachée au sommeil
Eternelle éternelle

Avec des chairs c’est trop facile
C’est vulgaire et c’est malhonnête
J’aime ce qui est difficile
Je veux qu’on aime mon squelette
Je veux être aimée pour le pire
Je veux être aimée pour mes os
Je veux que les hommes délirent
Comme des chiens sentimentaux

Belle dans le simple appareil
D’une fille arrachée au sommeil
Eternelle éternelle Eternelle éternelle…

(Brigitte Fontaine)

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La traversée sensible (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 17 décembre 2023




    
La traversée sensible

S’inventer un soleil
Renaître aux larmes
Dire l’oeil de l’ornement
Risquer tous ses vaisseaux.

Assiéger l’espérance
Savoir ce que l’on aime :
Le non d’entre les oui,
Le oui d’entre les non.

Rompre enfin l’écorce !

L’univers supplantera nos enclos.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Il n’est pas rare que je me plonge dans un livre de haïkus (Thierry Cazals)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2023



    

Il n’est pas rare que je me plonge dans un livre de haïkus
quand je traverse des événements rudes et âpres :
décès d’un proche, maladie, creux de la vague…

Se frotter à la beauté abrupte et sans apprêt du haïku
aide à affronter les épreuves de la vie,
ces moments où la réalité semble se dérober sous nos pas.

Dans ces instants-là,
tous les ornements de la littérature tape-à-l’oeil
sonnent creux et faux.

On a soif d’authenticité, de dénuement,
de simplicité radicale.

Ce n’est pas par de mièvres flonflons
que l’on soigne le vague à l’âme ou la mélancolie,
mais par le silence sec des déserts
et l’eau glacée des torrents.

(Thierry Cazals)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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Je campe dans tes chevelures (Hubert Juin)

Posted by arbrealettres sur 27 Mai 2021



 

Alexander Sigov  (17) [1280x768]

Je campe dans tes chevelures
Le chant se plie à tes pieds et prie
Le bec de tes seins m’ouvre
Voici des fontaines des renards pris aux cris
Alors tu danses Tatouée Cristal nu
Je n’irai jamais plus avant que ta nuit
Pour moi tu inventes les siècles les batailles les épopées les légendes
Tu fais l’Histoire obscène
Tu chevauches l’envers des mots

Je te veux lente peureuse un peu lourde d’ornements ôtés
Je t’ai logée dans le creux des arbres où rien ne vient
que l’air craintif le péché et la salsepareille

(Hubert Juin)

Illustration: Alexander Sigov

 

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Cactus (J.J. Grandville)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2021



Cactus

Toute mon histoire sur la terre se résume dans ces seuls mots:
J’ai eu froid.
Il m’est impossible de vivre dans ces régions
où il tombe de la neige, où il gèle,
où l’on est sans cesse assailli par la pluie, les vents et les giboulées.

Si j’étais restée sous les tropiques,
je n’aurais pas trop le droit de me plaindre;
mais j’ai fait la sottise de suivre un botaniste en Europe,
et je suis perdues de rhumatismes.

On a beau vivre dans une serre,
on est toujours victime de quelque traître vent coulis.
Et puis cette chaleur factice me donnait la migraine
ou des pesanteurs de tête insupportables.

Mon sang, d’un rouge si vif, ne circulait plus;
mon front alourdi retombait sur ma poitrine;
et il me semblait, dans l’espèce d’hallucination où j’étais,
qu’une main invisible m’avait transformée en portière,
et que je serrais amoureusement un poêle dans mes bras,
ainsi que maintes fois je l’avais vu faire
l’hiver dans la loge de notre hôtel.

Comme je regrettais la douce et tiède température
des pays où nous sommes nées, nous autres fleurs!
comme je m’ennuyais sur les cheminées,
sur les consoles de marbre où je servais d’ornement!

(J.J. Grandville)

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LE PRINTEMPS (Friedrich Hölderlin)

Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2020




    
LE PRINTEMPS

Le soleil retourne à de nouvelles joies,
Le jour apparaît avec des rayons, comme la floraison,
L ‘ornement de la Nature se révèle à soi dans les coeurs,
Comme se sont élevés chant et mélodies.

Le monde nouveau vient du fond des vallées,
Et sereine est l’heure matinale au printemps,
Depuis les hauteurs brille le jour, la vie du soir
Est donnée aussi à la contemplation du sens intérieur.

***

DER FRÜHLING

Die Sonne kehrt zu neuen Freuden wieder, Der
Tag erscheint mit Strahlen, wie die Blüte, Die
Zierde der Natur erscheint sich dem Gemüte,
Als wie entstanden sind Gesang und Lieder.

Die neue Welt ist aus der Tale Grunde,
Und heiter ist des Frühlings Morgenstunde,
Aus Höhen glänzt der Tag, des Abends Leben
Ist der Betrachtung auch des innern Sinns gegeben.

(Friedrich Hölderlin)

 

Recueil: Derniers poèmes
Traduction: Jean-Pierre Burgart
Editions: William Blake and Co.

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Que l’attache sacrée se rompe (Pierre Oster)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2019



 

Illustration: René Magritte
    
Que l’attache sacrée se rompe,
et le langage paraît être un ornement du néant.
Réapprendre la réalité par coeur.

(Pierre Oster)

 

Recueil: Paysage du Tout
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le pli (Jacques Chessex)

Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2019



Illustration: Elisa Fantozzi
    
Le pli

Ô pli rose

dans tes pentes de nacre j’ose
Poser ma bouche à ta lèvre
Et fouir dans ta moire rose

Toi soie rose

si la vaste mort m’échoit
Qu’au moins ta gloire me noie
A l’odeur épaisse j’ose
Manger le miel et le sel
La figue et la mer morose

du piège bel
Ourlet où je me repose

Ô pli chose

d’ornement et de secret
Pour l’averse dans le val rose
Pluie lente épaisse dose
Quand jamais la mort m’échoit avant elle
Que j’y perde dans la soie

Ô pli rose

La figue et le songe de la mer
avant la mort
La fin du jeu même pas amer

(Jacques Chessex)

 

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Mon âme, soeur des soirs, amante du silence (Jean de la Ville de Mirmont)

Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2019



Toi qui te connais mal et que les autres n’aiment
Qu’en de vains ornements qui ne sont pas toi-même,
Afin que ta beauté natale ne se fane,
Mon âme, pare-toi comme une courtisane.

Lorsque reviendra l’ombre et que tu seras nue,
Seule devant la nuit qui t’aura reconnue
Et loin de la cité dont la rumeur t’offense,
Tu te retrouveras pareille à ton enfance,

Mon âme, soeur des soirs, amante du silence.

(Jean de la Ville de Mirmont)

Illustration

 

 

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Nostre Aurore vermeille (Vincent Voiture)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2019



 

Leon-Francois Comerre  lune  rl

Nostre Aurore vermeille

Nostre Aurore vermeille
Sommeille,
Qu’on se taise à l’entour,
Et qu’on ne la resveille
Que pour donner le jour.

Vostre beauté divine,
Assassine
Nos coeurs par ses beaux yeux,
C’est la belle Lucine,
Le chef-d’oeuvre des Cieux.

En vous, belle Julie,
S’allie
La Grâce et la bonté,
Et la Vertu remplie
D’attraits et de beauté.

Vous estes accomplie,
Julie,
Plus belle que le jour,
Et chacun vous publie
L’ornement de la Cour.

La beauté d’Angélique
Est unique,
Et ses yeux nos vainqueurs,
Ont un secret magique
Pour gagner tous les coeurs.

(Vincent Voiture)

Illustration: Leon-Francois Comerre

 

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