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Posts Tagged ‘maladie’

NOCTURNE (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2024



Illustration: William Blake
    
NOCTURNE

Le soleil descend â l’Ouest,
L’étoile du soir brille,
Les oiseaux font silence en leur nid
Et moi aussi je cherche mon gîte.
La lune, comme une fleur
Dans le grand buisson du ciel,
Se dresse au-dessus de la nuit
Et sourit, dans une silencieuse extase.

Adieu vertes prairies, adieu joyeux bosquets
Où les troupeaux ont folâtré,
Où les agneaux broutaient.
Les pieds des anges brillants glissent sans bruit,
Invisibles ils répandent sans cesse
Bienfaits et joie
Sur chaque bouton, sur chaque fleur
Dans chaque poitrine endormie.

Ils se penchent sur chaque nid sans souci
Où les oiseaux sont chaudement pelotonnés
Et visitent les tanières des bêtes
Pour toutes les préserver du mal.
S’ils découvrent quelque souffrance
Qui aurait dû être engourdie,
Ils versent le sommeil sur cette tête
Et s’assoient près de cette couche.

Quand les loups et les tigres hurlent de faim,
Ils sont pleins de pitié et pleurent,
Cherchant à éloigner cet ardent désir
Et à les écarter des brebis.
Mais s’ils bondissent, terribles,
Les anges attentifs
Accueillent les douces victimes
Pour leur ouvrir de nouveaux mondes.

C’est là que verseront des larmes d’or
Les yeux vermeils du lion
Qui aura pitié des faibles plaintes
Et tournera autour du troupeau
Et dira : « Sa douceur chasse la colère
Et sa santé
Chasse la maladie
De notre immortelle lumière. »

Et près de toi, bêlant agneau,
Je peux m’étendre et dormir
Ou penser à Celui qui porta ton nom
Et paître avec toi et pleurer.
Car, purifiée dans la rivière de vie
Ma crinière à jamais éblouissante
Resplendira comme l’or,
Pendant que je veillerai sur le troupeau.

***

Night

The sun descending in the west,
The evening star does shine;
The birds are silent in their nest.
And I must seek for mine.
The moon, like a flower
In heaven’s high bower,
With silent delight
Sits and smiles on the night.

Farewell, green fields and happy grove,
Where flocks have took delight:
Where lambs have nibbled, silent move
The feet of angels bright;
Unseen they pour blessing
And joy without ceasing
On each bud and blossom,
And each sleeping bosom.

They look in every thoughtless nest
Where birds are cover’d warm;
They visit caves of every beast,
To keep them all from harm:
If they see any weeping
That should have been sleeping,
They pour sleep on their head,
And sit down by their bed.

When wolves and tigers howl for prey,
They pitying stand and weep,
Seeking to drive their thirst away
And keep them from the sheep.
But, if they rush dreadful,
The angels, most heedful,
Receive each mild spirit,
New worlds to inherit.

And there the lion’s ruddy eyes
Shall flow with tears of gold:
And pitying the tender cries,
And walking round the fold:
Saying,  Wrath, by His meekness,
And, by His health, sickness,
Are driven away
From our immortal day.

And now beside thee, bleating lamb,
I can lie down and sleep,
Or think on Him who bore thy name,
Graze after thee, and weep.
For, wash’d in life’s river,
My bright mane for ever
Shall shine like the gold
As I guard o’er the fold.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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RUINE (Jean-Pierre Duprey)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2024




    
RUINE

La ruine a manqué la maison
D’une pierre qui
N’est retombée dans le salon
Qu’après le cri.

La ruine a manqué le salon
Où s’entretient la famille défunte.
Les grands-parents prêchent le pardon
Pour la branche éteinte.

Et le cousin mort à Sainte-Anne
Cherche son esprit sur un âne
Galopant par les champs d’avoine
Que sema la maladie feinte.

(Jean-Pierre Duprey)

 

Recueil: LA FIN et LA MANIÈRE
Editions: SOLEIL NOIR

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Assis seul dans la nuit d’automne (Wang Wei)

Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2023



Illustration
    
Assis seul dans la nuit d’automne

Je pleure, seul assis, les mèches de mes tempes
A la salle vide bientôt la deuxième veille.
Les fruits de la montagne tombent à la pluie,
L’insecte ami de l’herbe chante sous la lampe.

Les cheveux blancs s’avèrent immuables;
Le métal jaune ne se peut fabriquer…
Pour éliminer la vieillesse et la maladie,
Il n’est que d’imiter le sans-naissance.

(Wang Wei)

Recueil:Les saisons bleues
Traduction: Patrick Carré
Editions: Phébus

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Nous, les exilés (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 31 Mai 2023



    

Nous, les exilés
qui vivons à coups de calmants.
Notre patrie est devenue Facebook
cela nous ouvre le ciel
fermé devant nos visages aux frontières.

Nous, les exilés,
nous dormons en serrant contre nous
notre téléphone mobile.
Sous les lumières
des écrans de nos ordinateurs
nous nous assoupissons pleins de tristesse
et nous réveillons pleins d’espoir.

Nous, les exilés,
rôdons autour de nos maisons lointaines
comme les amoureuses rôdent
autour des prisons,
espérant apercevoir l’ombre
de leurs amants.

Nous, les exilés, nous sommes malades
d’une maladie incurable

Aimer une patrie
mise à mort.

(Maram al-Masri)

Recueil: Elle va nue la liberté
Editions: Bruno Doucey

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Aimer être amoureux (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2023



 

Illustration: Raymond Peynet
    
Aimer être amoureux

On chante trop l’amour souffrance,
la passion qui peut engendrer maladie et destruction de soi…

Comme il est doux d’être amoureux,
plein d’espoir et d’ouverture à cet autre
qui me charme et m’emmène dans un monde nouveau,
que je vais désormais partager avec lui.

Les joies de l’état amoureux sont toujours à ma disposition
quand je sais les vivre avec légèreté.

(Pascale Senk)

Recueil: Un haïku chaque jour
Editions: Points

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Pourtant j’ai souvent la sensation (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023



Illustration: Edvard Munch
    
Pourtant j’ai souvent
la sensation que je dois
éprouver cette angoisse —
elle m’est nécessaire
— et que je ne pourrais pas
vivre sans — Souvent
je ressens aussi que la maladie
a été nécessaire — Dans
les périodes sans angoisse
et sans maladie je me suis
senti comme un bateau
voguant par vent violent —
mais sans gouvernail
— et me suis demandé vers où?
où vais-je échouer ?

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

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Il n’est pas rare que je me plonge dans un livre de haïkus (Thierry Cazals)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2023



    

Il n’est pas rare que je me plonge dans un livre de haïkus
quand je traverse des événements rudes et âpres :
décès d’un proche, maladie, creux de la vague…

Se frotter à la beauté abrupte et sans apprêt du haïku
aide à affronter les épreuves de la vie,
ces moments où la réalité semble se dérober sous nos pas.

Dans ces instants-là,
tous les ornements de la littérature tape-à-l’oeil
sonnent creux et faux.

On a soif d’authenticité, de dénuement,
de simplicité radicale.

Ce n’est pas par de mièvres flonflons
que l’on soigne le vague à l’âme ou la mélancolie,
mais par le silence sec des déserts
et l’eau glacée des torrents.

(Thierry Cazals)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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L’un bouge et voyage (Bernard Perroy)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2023



Illustration: Rachid Koraïchi
    
L’un bouge et voyage
en évitant
les profondeurs de son coeur…

L’autre, tenu par les ravages
de la maladie,
va où l’événement le désinstalle,
l’immobilise…

Un autre encore
parcourt le monde entier
tout en sachant demeurer
dans le silence azuré de son coeur…

L’enfant, lui,
d’une bille,
accède à tous les rivages…

(Bernard Perroy)

 

Recueil: Une gorgée d’azur
Traduction:
Editions: Al Manar

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Cette petite chose (Florence Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



florence Noel [800x600]

cette petite chose
modelée de cendres et
de désirs
ce reste
coincé en travers de
ma voix
qui troue mon chant
et mes ailes
brusquant la chute
en plein vol

ce n’est qu’une lancinance
une maladie
ma poésie

(Florence Noël)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Illustration

 

 

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Le langage est en nous comme un organe vital (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2022



Le langage est en nous comme un organe vital
et c’est avec tristesse que j’ai entendu cet ingénieur,
trop affairé pour aller chercher ses enfants à l’école ou pour jouer avec eux,
prétexter d’un « simple problème de logistique »
— comme si je lui découvrais soudain une maladie mortelle.

(Christian Bobin)

 

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