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Posts Tagged ‘engendrer’

UN ARBRE EMPOISONNÉ (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Illustration: William Blake
    
UN ARBRE EMPOISONNÉ

J’en voulais à mon ami :
Je dis mon courroux, et mon courroux prit fin.
J’en voulais à mon ennemi ;
Je ne le dis point, mon courroux grandit.

Et je l’arrosai en tremblant,
Nuit et matin, de mes larmes,
Et je l’ensoleillai de sourires,
De douces ruses trompeuses,

Et il grandit nuit et jour
Jusqu’à ce qu’il engendrât une pomme éclatante,
Et mon ennemi la vit briller
Et il sut qu’elle était mienne,

Et dans mon jardin il se glissa
Quand la nuit eut volé le pôle,
Au matin, joyeux, je vis
Mon ennemi étendu mort sous l’arbre.

***

A Poison Tree

I was angry with my friend;
I told my wrath, my wrath did end.
I was angry with my foe:
I told it not, my wrath did grow.

And I waterd it in fears,
Night & morning with my tears:
And I sunned it with smiles,
And with soft deceitful wiles.

And it grew both day and night.
Till it bore an apple bright.
And my foe beheld it shine,
And he knew that it was mine.

And into my garden stole,
When the night had veild the pole;
In the morning glad I see;
My foe outstretched beneath the tree.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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BORD (José Ángel Valente)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2023




    
BORD

Ton corps descend
lentement vers mon désir.
Viens.
N’arrive pas.
Bord
où deux mouvements
engendrent la véloce quiétude du centre.

(José Ángel Valente)

Recueil: Trois leçons de ténèbres suivi de Mandorle et de L’éclat
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Gallimard

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 » Quelqu’un qui a vu quelque chose  » (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2023



 

 Mozart

 » Quelqu’un qui a vu quelque chose  » :
c’est ainsi que l’on pourrait désigner aussi bien les saints que les génies.
Le plus délicat est ensuite de s’accorder sur ce qui a été « vu ».

Thérèse d’Avila donne à son éblouissement
un nom qui a la vertu de faire crier les sots et les doctes :  » Dieu « .

Quant à Mozart, s’il est difficile de dire ce que précisément il a vu,
il s’agit assurément d’une chose qui engendre puissance, gaieté et compassion.

(Christian Bobin)

Découvert chez la boucheaoreilles ici

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JEUNESSE ENGENDRE LA JEUNESSE (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 8 novembre 2023



Illustration: Maria Amaral
    
JEUNESSE ENGENDRE LA JEUNESSE

J’ai été comme un enfant
Et comme un homme
J’ai conjugué passionnément
Le verbe être et ma jeunesse
Avec le désir d’être homme

On se veut quand on est jeune
Un petit homme
Je me voudrais un grand enfant
Plus fort et plus juste qu’un homme
Et plus lucide qu’un enfant

Jeunesse force fraternelle
Le sang répète le printemps
L’aurore apparaît à tout âge
À tout âge s’ouvre la porte
Étincelante du courage

Comme un dialogue d’amoureux
Le cœur n’a qu’une seule bouche.

(Paul Eluard)

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LA COULEUR DE MES LARMES (Jérôme Bories-Azeau)

Posted by arbrealettres sur 21 Mai 2023




    
LA COULEUR DE MES LARMES

Je pleure des larmes sèches à mon coeur qui se meurt.
Ces flammes qui me lèchent ont du sang la saveur.
Je ne sais ce qui pêche et il n’est point de leurre.
La nuit me paraît fraîche, j’ai des envies d’ailleurs.

Je pleure des larmes noires en mon coeur évanoui.
Drapé dans mon peignoir, je cherche en vain l’oubli.
Les souvenirs, ce soir, me poussent á l’insomnie.
Je n’ai plus mal à boire face aux maux de la vie.

Je pleure des larmes vaines au son de mes douleurs.
Entravé par ces chaînes, j’ai le mal des fleurs.
Ce manque que je traîne atténue leurs couleurs.
Elle a quitté ma scène, engendrant la tumeur.

Je pleure des larmes grises aux sentiments passés.
Ces flammes qui attisent amertume et regrets.
Cet amour infini que je n’ai embrassé
Qu’au début de ma vie et qui s’est envolé.

Je pleure des larmes chaudes comme ses câlins,
Ses regards d’affection, ses sourires, nos matins.
Sa lune a disparu, elle était de satin.
Évanouie sa clarté, interrupteur éteint.

Je pleure des larmes blanches au vide immaculé.
Ces flammes sont des lames aux dents trop aiguisées.
Ce désert de tendresse à jamais irrigué
Des sanglots de l’amour qu’on n’a pu se donner.

(Jérôme Bories-Azeau)

Recueil: Anthologie poétique 2019 volume 2
Editions: Flammes Vives

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LA, LE BONHEUR S’EVEILLE (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2023




    
LÀ, LE BONHEUR S’ÉVEILLE

Si l’on peut découvrir et tel un virtuose
Le lever du soleil au joli mois de Juin
Chanter le vif éclat d’une première rose
Et par brise odorante un frais parfum de foin
La plus simple des fleurs reine de fantaisie
Tout comme les oiseaux engendre poésie
Là le bonheur s’éveille à la paix de ce lieu
Tel un présent offert par la grâce de Dieu
— Quand refleuri la plaine et qu’un grillon se pose
Sur un trèfle incarnat — y promener mes yeux
Aussi grands que mon coeur devient divine pause
Nul charme ne saurait rendre plus merveilleux.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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Aimer être amoureux (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2023



 

Illustration: Raymond Peynet
    
Aimer être amoureux

On chante trop l’amour souffrance,
la passion qui peut engendrer maladie et destruction de soi…

Comme il est doux d’être amoureux,
plein d’espoir et d’ouverture à cet autre
qui me charme et m’emmène dans un monde nouveau,
que je vais désormais partager avec lui.

Les joies de l’état amoureux sont toujours à ma disposition
quand je sais les vivre avec légèreté.

(Pascale Senk)

Recueil: Un haïku chaque jour
Editions: Points

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MÉMORIAL DE TLATELOLCO (Rosario Castellanos)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2023



Massacre de Tlatelolco
    
MÉMORIAL DE TLATELOLCO

L’obscurité engendre la violence
et la violence veut l’obscurité
pour se coaguler en crime.

C’est pourquoi le Deux Octobre patienta jusqu’à la nuit
afin que nul ne vît la main qui avait saisi
l’arme, mais seulement l’éclair.

Et dans cette lumière brève et livide, qui ? Qui est celui qui tue ?
Qui sont ceux qui agonisent et ceux qui meurent ?
Ceux qui fuient nu-pieds ?
Ceux qui vont tomber au fond d’une prison ?
Ceux qui vont pourrir à l’hôpital ?
Ceux qui restent muets à jamais d’épouvante ?

Qui ? Lesquels ? Personne. Le lendemain, personne.
La place à l’aube était bien balayée ; les journaux
donnaient comme information principale
le temps qu’il faisait.
Télévision, radio ou cinéma,
pas de changement de programme,
pas de flash spécial, pas de minute
de silence pendant le banquet.
(Le banquet continua.)

Ne cherche pas ce qui n’est pas : des traces, des cadavres
Tout a été donné en offrande à une divinité :
la Dévoreuse d’Excréments.

Ne consulte pas les archives : il n’y a eu aucun rapport.

Hélas, la violence veut l’obscurité
parce que l’obscurité engendre le rêve
et nous pouvons dormir en rêvant que nous rêvons.

Mais il y a une plaie que je touche : ma mémoire.
Elle a mal donc c’est vrai. Elle saigne à sang.
Si je dis qu’elle est mienne, je trahis tous les autres.

Je me souviens, nous nous souvenons.

C’est notre façon d’aider le jour à se lever
sur tant de consciences souillées,
sur un texte de colère, sur une grille ouverte,
sur le visage derrière l’impunité du masque.

Je me souviens, nous nous souviendrons
jusqu’à ce que la justice vienne parmi nous.

(Rosario Castellanos)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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Sonnet III (Louise Labé)

Posted by arbrealettres sur 28 juin 2022



Illustration: Domenico Ghirlandaio

Louise Labé
    
Sonnet III

Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumières
A engendrer de moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !

Ô cruautés, ô duretés inhumaines,
Piteux regards des célestes lumières,
Du cœur transi ô passions premières,
Estimez-vous croître encore mes peines ?

Qu’encor Amour sur moi son arc essaie,
Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards,
Qu’il se dépite, et pis qu’il pourra fasse :

Car je suis tant navrée en toutes parts
Que plus en moi une nouvelle plaie,
Pour m’empirer, ne pourrait trouver place.

(Louise Labé)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Oeuvres poétiques
Traduction:
Editions: Gallimard

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Que dit-il (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2020



des mots plus vaillants
luttent s’imposent se nouent
donnent consistance
à ce qu’il leur faut
engendrer

la main entre en action
transcrit le poème
qui lui est dicté

que dit-il

(Charles Juliet)

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