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Poésie

Posts Tagged ‘délicat’

Elle vit dans la cité (Jim Morrison)

Posted by arbrealettres sur 27 avril 2024




    
Elle vit dans la cité
sous la mer
Prisonnière des pirates
prisonnière des rêves
je veux être avec elle
je veux qu’elle voie
Les choses que j’ai créées
coquillages qui saignent
Semences délicates
d’impossibles cuirassés

La libellule voltige
tremblante et taquine
Les herbes folles et ses ailes
sont terriblement en colère

***

She lives in the city
under the sea
Prisoner of pirates
prisoner of dreams
I want to be with her
want her to see
The things I’ve created
sea-shells that bleed
Sensitive seeds
of impossible warships

Dragon fly hovers
& wavers & teases
The weeds & his wings
are in terrible fury

(Jim Morrison)

Recueil: La nuit américaine
Traduction: de l’anglais (Etats-Unis) par Patricia Devaux
Editions: Christian Bourgois

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Oiseaux délicats (Hubert Haddad)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2024




    
Oiseaux délicats
âmes des grands dinosaures
muées en aigrettes

(Hubert Haddad)

Recueil: Les Haïkus du peintre d’éventail
Editions: Zulma

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LA CRÉATURE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2024




    
LA CRÉATURE

Pain trempé dans le vin
aimé du taciturne
et qu’apporte
la créature
à délicats tendons
à courbes de lumière
vivante en cet espace
aux roues abandonnées
aux outils délabrés
où la matière
s’épuise et rêve.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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Le chat et les rats (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024



Illustration: Grandville
    
Le chat et les rats

Un angora que sa maîtresse
Nourrissait de mets délicats
Ne faisait plus la guerre aux rats ;
Et les rats, connaissant sa bonté, sa paresse,
Allaient, trottaient partout, et ne se gênaient pas.

Un jour, dans un grenier retiré, solitaire,
Où notre chat dormait après un bon festin,
Plusieurs rats viennent dans le grain
Prendre leur repas ordinaire.

L’angora ne bougeait. Alors mes étourdis
Pensent qu’ils lui font peur ; l’orateur de la troupe
Parle des chats avec mépris.
On applaudit fort, on s’attroupe,

On le proclame général.
Grimpé sur un boisseau qui sert de tribunal :
Braves amis, dit-il, courons à la vengeance.
De ce grain désormais nous devons être las,
Jurons de ne manger désormais que des chats :
On les dit excellents, nous en ferons bombance.

À ces mots, partageant son belliqueux transport,
Chaque nouveau guerrier sur l’angora s’élance,
Et réveille le chat qui dort.
Celui-ci, comme on croit, dans sa juste colère,
Couche bientôt sur la poussière
Général, tribuns et soldats.
Il ne s’échappa que deux rats

Qui disaient, en fuyant bien vite à leur tanière :
Il ne faut point pousser à bout
L’ennemi le plus débonnaire ;
On perd ce que l’on tient quand on veut gagner tout.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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 » Quelqu’un qui a vu quelque chose  » (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2023



 

 Mozart

 » Quelqu’un qui a vu quelque chose  » :
c’est ainsi que l’on pourrait désigner aussi bien les saints que les génies.
Le plus délicat est ensuite de s’accorder sur ce qui a été « vu ».

Thérèse d’Avila donne à son éblouissement
un nom qui a la vertu de faire crier les sots et les doctes :  » Dieu « .

Quant à Mozart, s’il est difficile de dire ce que précisément il a vu,
il s’agit assurément d’une chose qui engendre puissance, gaieté et compassion.

(Christian Bobin)

Découvert chez la boucheaoreilles ici

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Le tournesol (Ceija Stojka)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2023




    
Le tournesol est la fleur du Rom.
Elle le nourrit, elle est la vie.
Et les femmes se parent de lui.
Il a la couleur du soleil.
Enfants, au printemps nous avons mangé ses feuilles
Jaunes délicates et à l’automne ses pépins.
Il était important pour le Rom.
Plus important que la rose,
Parce que la rose nous fait pleurer.
Le tournesol, lui, nous fait rire.

***

Die sonnenblume ist die blume des rom.
Sie gibt nahrung, sie ist leben.
Und die frauen schmücken sich mit ihr.
Sie hat die farbe der sonne.
Als kinder haben wir im frühling ihre zarten,
Gelben blätter gegessen und im herbst ihre kerne.
Sie war wichtig für den rom.
Wichtiger als die rose,
Weil die rose uns zum weinen bringt.
Aber die Sonnenblume bringt uns zum lachen.

(Ceija Stojka)

Recueil: Auschwitz est mon manteau
Traduction: de l’allemand (Autriche) François Mathieu
Editions: Bruno Doucey

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Rien qu’un cri différé qui perce sous le coeur (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2023




    

Illustration: Olivier Suire-Verley

Rien qu’un cri différé qui perce sous le coeur

Et je réveille en moi des êtres endormis.
Un à un, comme dans un dortoir sans limites,
Tous, dans leurs sentiments d’âges antérieurs,
Frêles, mais décidés à me prêter main forte

Je vais, je viens, je les appelle et les exhorte,
Les hommes, les enfants, les vieillards et les femmes,
La foule entière et sans bigarrures de l’âme
Qui tire sa couleur de l’iris de nos yeux
Et n’a droit de regard qu’à travers nos pupilles.

Oh! population de gens qui vont et viennent,
Habitants délicats des forêts de nous-mêmes,
Toujours à la merci du moindre coup de vent
Et toujours quand il est passé, se redressant.

Voilà que lentement nous nous mettons en marche,
Une arche d’hommes remontant aux patriarches
Et lorsque l’on nous voit on distingue un seul homme
Qui s’avance et fait face et répond pour les autres.

Se peut-il qu’il périsse alors que l’équipage
A survécu à tant de vents et de mirages.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

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LE CORPS (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 3 octobre 2023



Illustration: Gunther von Hagens
    
LE CORPS

Ici l’univers est à l’abri dans la profonde température de l’homme
Et les étoiles délicates avancent de leurs pas célestes
Dans l’obscurité qui fait loi dès que la peau est franchie,
Ici tout s’accompagne des pas silencieux de notre sang
Et de secrètes avalanches qui ne font aucun bruit dans nos parages,
Ici le contenu est tellement plus grand
Que le corps à l’étroit, le triste contenant…

Mais cela n’empêche pas nos humbles mains de tous les jours
De toucher les différents points de notre corps qui loge les astres,
Avec les distances interstellaires en nous fidèlement respectées.
Comme des géants infinis réduits à la petitesse par le corps humain,
où il nous faut tenir tant bien que mal,
Nous passons les uns près des autres, cachant mal nos étoiles, nos vertiges,
Qui se reflètent dans nos yeux, seules fêlures de notre peau.

Et nous sommes toujours sous le coup de cette immensité intérieure
Même quand notre monde, frappé de doute,
Recule en nous rapidement jusqu’à devenir minuscule et s’effacer,
Notre coeur ne battant plus que pour sa pelure de chair,
Réduits que nous sommes alors à l’extrême nudité de nos organes,
Ces bêtes à l’abandon dans leur sanglante écurie.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

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Esther et Mika (Francis Blanche)

Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2023




Esther et Mika

Ils ont une affaire de plastiques
gérée avec calme et raison:
Esther fait la vente en boutique
et Mika fait les livraisons.
Lui très costaud… Elle pas fière
font dire aux esprits délicats:
Mon Dieu qu’elle est polie Esther!
Mon Dieu comme il est fort Mika!

(Francis Blanche)

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Science (André Dhôtel)

Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2023




    
Science

Au-delà des chardons sont les arbres.
Au-delà des arbres sont les nuages,
les étoiles et puis rien.
C’est tout près qu’est le visiteur,
l’ange aux bleuets, aux sanguisorbes,
dans l’herbe entrecroisée
où se tissent la vérité
et les feux invisibles.

Non, je ne l’ai pas vu
je n’ai rien deviné.
Mais je sais qu’il se peut
que des rayons soient renversés
que des miroirs soient traversés
par un geste délicat
qui entr’ouvre la lumière.

Ainsi fait une enfant
qui passe dans les roseaux
et ne laisse d’autre trace
que la fidélité d’un corps
à jamais inconnu.

(André Dhôtel)

Recueil: Poèmes
Traduction:
Editions: Phébus

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