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Poésie

Posts Tagged ‘bouger’

LE FIGUIER (Yanlan Yu)

Posted by arbrealettres sur 15 Mai 2024




    
LE FIGUIER

Le figuier se trouve à quelques mètres de ma table de travail.
Je peux le voir chaque fois que je lève les yeux,
et il semble ne pas bouger.

Chaque feuille est comme un violon miniature.
Tant de mélodies sont accrochées là,
qui ne jouent ensemble
que dans mon sommeil.

Quand je me réveille le matin,
le sol est recouvert de toutes ces notes,
et un vers nouveau apparaît sur les branches.

Elles répètent et se produisent régulièrement,
s’en réjouissent et ne se lassent jamais.

Mais perdrais-je mon temps ?
Ou, de façon identique, de splendides transformations
ont-elles toujours lieu, mais seulement intérieures.
L’extérieur paraît inchangé.

(Yanlan Yu)

, Chine-Canada

Traduction Germain Droogenbroodt Eliabeth Gerlache

Recueil: ITHACA 784
Editions: POINT
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Paysage antique (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2024




Paysage antique

Haut soleil. La plaine dort.
Rien ne bouge.
Entre les rochers, Echo épie.

(Octavio Paz)

Illustration: Dali-Disney

 

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EN ÉTÉ LE SOIR (Jean-Michel Maulpoix)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2024




    
EN ÉTÉ LE SOIR
I

Les soieries d’été sont douces au toucher
C’est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles

Sous la laine noire des arbres des voix tricotent
Peaux brunes la promenade est encore belle.
Poudre à vos yeux bleu de vos cernes
La lune en son halo de juillet.

II

Terrasse en surplomb d’où considérer les passants
Nappe en papier blanc serviette de papier rouge
Pizza Margarita des bulles de Valpolicella
Un soir comme celui-ci les voix sont faciles et lointaines

Le rire des convives applaudit
On grignote des morceaux de ciel
Du soleil couchant jusque dans l’assiette
Léger d’épaules et de visage

Cette vie grésille entre les doigts puis s’envole en fumée
Ce goût d’alcool et de tabac on voudrait que ça dure
Surtout ne pas bouger ne plus rien déranger.
Une mouche sur une brindille se tient en équilibre.

(Jean-Michel Maulpoix)

Recueil: Rue des fleurs
Editions: Mercure de France

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La cloche est pleine de vent (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024




    
La cloche est pleine de vent,
bien qu’elle ne sonne.
L’oiseau est plein de vol,
bien qu’il ne bouge.
Le ciel est plein de nuages,
bien qu’il soit seul.
La parole est pleine de voix,
bien que nul ne la dise.

Toute chose est pleine de fuites,

bien qu’il n’y ait pas de chemins.
Toutes choses fuient
vers leur présence.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Entre s’en aller et rester (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024




Entre s’en aller et rester

Entre s’en aller et rester hésite le jour,
amoureux de sa transparence.

Le soir circulaire est déjà une baie :
dans son calme va-et-vient se berce le monde.

Tout est visible et tout est élusif,
tout est proche et tout est intouchable.

Les papiers, le livre, le verre, le crayon
reposent à l’ombre de leurs noms.

Battement du sang qui dans ma tempe répète
la même syllabe têtue de sang.

La lumière fait du mur indifférent
un théâtre spectral de reflets.

Dans le centre d’un oeil je me découvre;
il ne me regarde pas, je me regarde dans son regard.

L’instant se dissipe. Sans bouger
je reste et je m’en vais : je suis une pause.

(Octavio Paz)

 

 

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LE CERF (Jean Joubert)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024



 

Yuta Onoda restoring_what_is_lost-580x580 [1280x768]

LE CERF

Laissez venir le cerf le haut seigneur des branches,
et dans l’hiver il portera parmi les blanches
veines le feu sévère de sa robe.

Tendez la main qu’il y flaire l’amour,
et, pénétrés de si vaste lumière,
penchez vers lui des lèvres sans haleine.
Que rien ne bouge, hors votre coeur.

Sans doute ailleurs s’élaborent des chasses;
sur la lisière où passe la mort
le veneur rouge mène vacarme.

Oui, ce sont de telles mains cruelles qui règnent,
et les armes d’orgueil,
mais sur des songes de poussière.

Soyez patients comme le blé des tombes;
que votre main levée sépare l’ombre.

Laissez venir le cerf le haut seigneur des branches.

(Jean Joubert)

Illustration: Yuta Onoda

 

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Quand la terre bouge (Hubert Haddad)

Posted by arbrealettres sur 1 mars 2024




    
Quand la terre bouge
les oiseaux cessent leur chant
les gens se regardent

(Hubert Haddad)

Recueil: Les Haïkus du peintre d’éventail
Editions: Zulma

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Dialogue entre moi et moi (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024




    
Dialogue entre moi et moi

Je t’ai dit:
– J’ai fléchi
Et tu as dit:
– Ne t’en fais pas.
Déçois-toi tranquillement.
Accepte sereinement
la pendule arrêtée.
Désespère-toi raisonnablement
de ce qu’elle soit pourtant remontée
de ce que ton temps à toi fonctionne ainsi.
Et si soudain
l’un des aiguilles vient à bouger,
ne te risque pas à te réjouir.
Ce mouvement ne sera pas du temps.
Mais de certains esprits le faux témoignage.
Descends sérieusement,
détrône-toi sobrement
passant par tes mille fenêtres.
Pour un peut-être tu les as ouvertes.
Et puis oublie-toi joyeusement.
Ce que tu avais à dire,
sur l’automne, les chants du cygne,
les souvenirs, canaux des amours,
les heures qui s’entretuent,
la fiabilité des statues,
ce que tu avais à dire
sur ceux qui peu à peu fléchissent,
tu l’as dit.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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La lumière creuse les masques sans un cri (Frankétienne)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2024




    
La lumière creuse les masques sans un cri.
Douleur plus durable que le feu,
ma discordante déchirante.

La nuit s’infléchit vers les blessures
qui saignent entre la muraille à effacer
et le regard à supprimer.

Des chrysalides bougent lentement sur un chemin boiteux
raturant les nourritures archaïques
sous les chuchotements imperceptibles d’une aube lointaine.

Gardons l’oeil en éveil
à travers le balbutiement des lucioles de solitude.
Vivre/survivre dans la jungle à la terreur des chimères.

Faute de lumière, apprenons à mûrir
en suçant le miel occulte des ténèbres.
Les feux du désir peu à peu mangent la nuit.

(Frankétienne)

Recueil: Anthologie secrète
Editions: Mémoire d’encrier

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Hymne au soleil (Edmond Rostand)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2024




    
Hymne au soleil

Je t’adore, Soleil ! ô toi dont la lumière,
Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel,
Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière,
Se divise et demeure entière
Ainsi que l’amour maternel !

Je te chante, et tu peux m’accepter pour ton prêtre,
Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu
Et qui choisis, souvent, quand tu veux disparaître,
L’humble vitre d’une fenêtre
Pour lancer ton dernier adieu !

Tu fais tourner les tournesols du presbytère,
Luire le frère d’or que j’ai sur le clocher,
Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère,
Tu fais bouger des ronds par terre
Si beaux qu’on n’ose plus marcher !

Gloire à toi sur les prés! Gloire à toi dans les vignes !
Sois béni parmi l’herbe et contre les portails !
Dans les yeux des lézards et sur l’aile des cygnes !
Ô toi qui fais les grandes lignes
Et qui fais les petits détails!

C’est toi qui, découpant la Sœur jumelle et sombre
Qui se couche et s’allonge au pied de ce qui luit,
De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre,
A chaque objet donnant une ombre
Souvent plus charmante que lui !

Je t’adore, Soleil ! Tu mets dans l’air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l’apothéoses !
Ô Soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu’elles sont !

(Edmond Rostand)

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