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Les enfants de la liberté (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2023




    
Les enfants de la liberté
ne s’habillent pas en Petit Bateau.
Leur peau s’habitue vite à une étoffe rêche.
Les enfants de la liberté
ont des vêtements usés
et des chaussures trop grandes pour leurs pieds.
Souvent ils enfilent l’air nu ou la terre.

Les enfants de la liberté
ne connaissent pas le goût de la banane
ni de la fraise.
Ils mangent du pain sec
trempé dans l’eau de la patience.

Le soir,
les enfants de la liberté
ne prennent pas de bain,
ils ne soufflent pas dans des bulles de savon.
Ils jouent avec des pneus, des cailloux
et les débris
des bombes.

Avant de dormir,
les enfants de la liberté ne se brossent pas les dents.
Ils n’attendent pas les histoires magiques
de prince et de princesse.

Ils écoutent le bruit de la peur et du froid.
Sur les trottoirs de la rue,
devant les portes de leur maison détruite,
dans les camps des pays voisins ou
dans les tombes.

Les enfants de la liberté
attendent comme
tous les enfants du monde
le retour de leur mère.

(Maram al-Masri)

Recueil: Elle va nue la liberté
Editions: Bruno Doucey

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L’AU-DEDANS DE L’EN-DECA (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022



 

Emilia Castaneda  (16) [1280x768]

L’AU-DEDANS DE L’EN-DECA

Belle d’aube et de caresses
Bulles de fard et de fleurs
Tout ce qui fut notre ivresse
Remonte des profondeurs

Des bruyères me reviennent
Au rythme des baisers las
Est-ce ta lèvre ou la mienne
Qui brûlait cette nuit-là

Est-ce plaie ou plainte Sont-ce
Des ecchymoses de ciel
Ou les lisières de ronces
D’un météore charnel

Sais-je quand surgit le doute
Entre la sève et le sang
Ou quand s’effeuillèrent toutes
Les fleurs du buisson ardent

Etait-ce un soir de dimanche
Que la lézarde s’ouvrit
Quand je touchai sur ta hanche
Un pressentiment d’oubli

Ce qui fut à jamais passe
Au gré de l’ombre et des jours
Tes mots n’ont sur la terrasse
Qu’un lointain reflet d’amour

Etait-ce un soupçon d’abîme
Est-ce toi serait-ce moi
Qui retombait de la cime
Qu’on n’atteint jamais deux fois

Est-ce pour la trop cruelle
Loi vaine d’un vain destin
Que notre flamme éternelle
N’eut qu’un instant de matin

Je cherche et toi sais-tu qu’est-ce
Qui lie et qui délia
Au tréfonds de notre ivresse
L’en-dedans de l’au-delà

(Robert Goffin)

Illustration: Emilia Castaneda

 

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Ce balbutiement blanc (André Du Bouchet)

Posted by arbrealettres sur 27 août 2022



Ce balbutiement blanc
cette bulle
la figure
encore criblée de pierres
à côté de chaque roue
dans la paille
qui craque
près de la lumière.

(André Du Bouchet)

 

 

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Je voyais des arcs-en-ciel de mots ineffables (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2022



Jeanie Tomanek 2t

Je voyais des arcs-en-ciel de mots ineffables
Très loin rien qu’en mon coeur pourtant plaisir amer
De souffler à tâtons ces bulles de la chair
Dont quelqu’un d’autre en moi choisissait les syllabes…

(Robert Goffin)

Illustration: Jeanie Tomanek

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EN UN ÉCLAIR (Jules Tordjman)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2022



EN UN ÉCLAIR

En un éclair ils se connurent. L’un et l’autre venaient
d’un pays de fontaines taries, d’astres éboulés. La nuit
eut pour eux des bras en harpe de lune, des genoux
de velours. Parlant sans mots, écoutant le silence tinter
dans leurs verres, lorsque l’étoile de la séparation eut
tracé au-dessus d’eux son signe, ils burent une gorgée
de jour et s’en furent.

Que la route, pluie ou canicule, fonde sous leurs pas
disjoints, il n’importe !

Une flamme atrocement belle pèse sur leurs yeux, ligote
leurs corps.

Amour où fermentent des bulles, à sa douleur s’abreuve
un cyclone.

(Jules Tordjman)

 

 

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Avril vitrail (Christiane Barrillon)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022



Avril vitrail
Azur, élytres et écailles
Vert des nervures, des veinules
Ronde irisée des libellules
Bulles, roseaux
Buissons, ruisseaux
Rivières
Avril verrière
Serre et volière
Prismes et ruches
Perruches, pervenches
et sur les branches
chansons boules
de plumes blanches

(Christiane Barrillon)

Illustration

 

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A TELLE ENSEIGNE (Paul Gilson)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2021



 

Roland H. Heyder   (16) [1280x768]

A TELLE ENSEIGNE

D’UN pied de nez vers la rue
Pastourelle
l’enseigne de Polichinelle
changeant le décor à vue
fait neiger le jour de l’An
blanchisseur pour chaperons rouges
et s’empourprer les manteaux blancs
au carreau des spectres d’un bouge
en procession du Saint Sang

Roi des fous croquant la fève
du dimanche
quand l’ombre tombe des manches
de mon rempailleur de rêves
je cherche le mille pertuis
qui fleurit au Pas de la Mule
sous l’auvent où Dieu fut bouilli
par le sorcier gobeur de bulles
chez un échaudeur de la nuit

O brocante des années
sans mémoire
la cire coule dans l’armoire
désolante des poupées
qui n’auront plus droit de regard
Voici le temps mort de l’éclipse
bureaucratique et les buvards
sécheront pour l’Apocalypse
les pleurs des enfants nés trop tard

(Paul Gilson)

Illustration: Roland H. Heyder

 

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La vue (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2021


la vue plie dehors sur dedans

île de nuage et de bulle
à l’intérieur ce pli de rien

le toi s’y replie sur l’autre
même toi que toi tout en rien

le corps s’apprend par le désir
les yeux le perdent là fixé

toujours l’âme s’empaille
de quelque regard d’ange

(Bernard Noël)

Illustration: Fabienne Contat

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Les ovales de deux citrons sur une table (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2021


 


Vincent Van Gogh   3 [1280x768]

Les ovales de deux citrons sur une table,
notes jaunes soutenues autour de quoi gravitent les gammes bleues des raisins.
D’un vase rouge aminci par le haut, inquiétant et profond montent les bulles sonores des anémones,
accords de mauve et de carmin, avec des soupirs noirs et, çà et là, des dissonances de verts froids.
Une nappe blanche par-dessous reçoit les harmonies
et les propage comme une eau lisse, tandis qu’un livre ouvert, à côté, les raconte.

(Franz Hellens)

Illustration: Vincent Van Gogh

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Maintenant je suis une plante, une herbe sauvage (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2021




    
Maintenant je suis une plante, une herbe sauvage

Maintenant je suis une plante, une herbe sauvage
Suspendue, vacillante
Sur un rebord escarpé;
Maintenant une longue herbe brune
Qui tremble comme la flamme;
Je suis un roseau;
Une vieille coquille qui toujours chante
La même chanson;
Un débris de jonc;
Une pierre blanche, toute blanche;
Un os;
Avant qu’à nouveau
En sable je m’en aille
Et tourne et vole
Deci, delà,
Au bord de la mer
Dans la lumière évanescente.
Car la lumière s’évanouit.
Mais si tu venais, tu ne pourrais dire :
Elle ne m’attend plus ici. Elle a oublié.»
Dans nos jeux n’étions-nous pas
Plantes, pierres et herbes sauvages,
Tandis que les navires étranges passaient
Gravement, laissant derrière eux un panache d’écume
Qui doucement se déroulait autour de notre île…
Bulles d’écume qui sur la pierre brillaient
Comme des arcs-en-ciel. Regarde, mon amour !
Non, ils sont partis,
Et leurs voiles blanches se sont fondues dans le sillage du ciel…

***

Now I am a plant, a weed

Now I am a plant, a weed,
Bending and swinging
On a rocky ledge;
And now I am a long brown grass
Fluttering like flame;
I am a reed;
An old shell singing
For ever the same song;
A drift of sedge;
A white, white stone;
A bone;
Until I pass
Into sand again,
And spin and blow
To and fro, to and fro,
On the edge of the sea
In the fading light —
For the light fades.
But if you were to come you would not say:
« She is not waiting here for me;
She has forgotten ». Have we not in play
Disguised ourselves as weed and stone and grass
While the strange ships did pass
Gently, gravely, leaving a curl of foam
That uncurled softly about our island home…
Bubbles of foam that glittered on the stone
Like rainbows? Look, darling! No, they are gone.
And the white sails have melted into the sailing sky…

(Katherine Mansfield)

 

Recueil: Poèmes
Traduction: Anne Wade Minkowski
Editions: Arfuyen

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