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Poésie

Posts Tagged ‘profondeur’

Plonger dans le regard (Jean Paul Guibbert)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023




    
Plonger dans le regard
(toujours la profondeur des yeux m’étonne)
Déjà tu sais cette petite lèvre qui me brûle.

Une infante posée dans sa forme parfaite, nue, droite
Jouant, blessant les oiseaux et les fleurs;
Une buée de rose est sa parole.

Je vieillirai sans vous connaître dans mon silence dévasté.

(Jean Paul Guibbert)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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PRIÈRE (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



Illustration: Nadav Kander
    
PRIÈRE

Qu’on me laisse partir à présent
Je pèserais si peu sur les eaux
J’emporterais si peu de chose
Quelques visages le ciel d’été
Une rose ouverte

La rivière est si fraîche
La plaie si brûlante
Qu’on me laisse partir à l’heure incandescente
Quand les bêtes furtives
Gagnent l’ombre des granges
Quand la quenouille
Du jour se fait lente

Je m’étendrais doucement sur les eaux
J’écouterais tomber au fond
Ma tristesse comme une pierre
Tandis que le vent dans les saules
Suspendrait mon chant

Passants ne me retenez pas
plaignez-moi
Car la terre n’a plus de place
pour l’étrange Ophélie
On a scellé sa voix on a brisé le vase
De sa raison

Le monde m’assassine et cependant
Pourquoi faut-il que le jour soit si pur
L’oiseau si transparent
Et que les fleurs
S’ouvrent à chaque aurore plus candides
Ô beauté
Faisons l’adieu rapide

Par la rivière par le fleuve
Qu’on me laisse à présent partir
La mer est proche je respire
Déjà le sel ardent
Des grandes profondeurs
Les yeux ouverts je descendrais au cœur
De la nuit tranquille
Je glisserais entre les arbres de corail
Écartant les amphores bleues
Frôlant la joue
Enfantine des fusaïoles
Car c’est là qu’ils demeurent
Les morts bien-aimés
Leur nourriture c’est le silence la paix
Ils sont amis
Des poissons lumineux des étoiles
Marines ils passent
Doucement d’un siècle à l’autre ils parlent
De Dieu sans fin
Ils sont heureux

Ô ma mémoire brise-toi
Avant d’aller troubler le fond
De l’éternité
Ainsi parle Ophélie
Dans le jardin désert
Et puis se tait toute douleur
La rivière scintille et fuit
Sous les feuilles
Le vent seul
Porte sa plainte vers la mer

(Anne Perrier)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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NOUS VIVIONS (Joyce Mansour)

Posted by arbrealettres sur 10 avril 2023




    
NOUS VIVIONS…

Nous vivions englués au plafond
Suffoqués par les vapeurs rances exhalées de la vie quotidienne
Nous vivions rivés aux plus basses profondeurs de la nuit
Nos peaux séchées par la fumée des passions
Nous tournions autour du pôle lucide de l’insomnie
Jumelés par l’angoisse séparés par l’extase
Vivant notre mort dans le goulot de la tombe

(Joyce Mansour)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Editions: Marabout

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Je trébuche (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2023



Illustration: Edvard Munch

Je trébuche
parmi la vie vivante —
Mais je dois retourner
sur le chemin
au bord du précipice —
C’est là mon chemin,
celui que je dois prendre —
Je chancelle je veux chuter —
Plonger de nouveau
vers la vie et les hommes —
Mais je dois retourner
sur le chemin
au bord du précipice —
Car c’est mon chemin —
jusqu’à ce que je chute
dans les profondeurs

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

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MATIÈRE (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
MATIÈRE

Ce n’est pas en fuyant la matière,
c’est en s’enfonçant dans ses profondeurs
qu’on distingue enfin
les approches de la spiritualité.

(Charles-Ferdinand Ramuz)

 

Recueil: La poésie française de Suisse
Editions: Revue Poésie

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L’un bouge et voyage (Bernard Perroy)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2023



Illustration: Rachid Koraïchi
    
L’un bouge et voyage
en évitant
les profondeurs de son coeur…

L’autre, tenu par les ravages
de la maladie,
va où l’événement le désinstalle,
l’immobilise…

Un autre encore
parcourt le monde entier
tout en sachant demeurer
dans le silence azuré de son coeur…

L’enfant, lui,
d’une bille,
accède à tous les rivages…

(Bernard Perroy)

 

Recueil: Une gorgée d’azur
Traduction:
Editions: Al Manar

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PLONGÉE (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2023




    
PLONGÉE

Aux portes de moi-même
Je m’enfuis
Dans les labyrinthes

Je plonge
Et j’évolue sous l’eau

Ivre des profondeurs
Je recherche
Cet univers
Aux éléments impondérables
Que j’atteins par moments.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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Si les grandes Eaux dorment (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2023



Illustration: Helene Fuhs
    
Si les grandes Eaux dorment,
De leur Profondeur même,
Nous ne pouvons douter.
Nul Dieu vacillant
N’a allumé cette Demeure
Pour l’éteindre.

***

Though the great Waters sleep,
That they are still the Deep,
We cannot doubt.
No vacillating God
Ignited this Abode
To put it out.

(Emily Dickinson)

 

Recueil: Ses oiseaux perdus
Traduction: de l’américain par François Heusbourg
Editions: Unes

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Écoute bien, ma sœur d’ici (Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



Écoute bien, ma sœur d’ici.
C’était la vieille chambre bleue
De la maison de mon enfance.
J’étais né là.
C’est là aussi
Que m’apparut jadis, dans le recueillement de la vigile,
Mon premier arbre de Noël, cet arbre mort devenu ange
Qui sort de la profonde et amère forêt,
Qui sort tout allumé des vieilles profondeurs
De la forêt glacée et chemine tout seul,
Roi des marais neigeux, avec ses feux follets
Repentis et sanctifiés, dans la belle campagne silencieuse et blanche :
Et voici les fenêtres d’or de la maison de l’enfant sage.

Vieux, très vieux jours ! si beaux, si purs ! c’était la même chambre
Mais froide pour toujours, mais muette, mais grise.
Elle semblait avoir à jamais oublié
Le feu et le grillon des anciennes veillées.

Il n’y avait plus de parents, plus d’amis, plus de serviteurs !
Il n’y avait que la vieillesse, le silence et la lampe.

(Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz)

 

 

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De chaque heure même la plus fragile (Jean-Pierre Siméon)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2022




Illustration: ArbreaPhotos     

De chaque heure
même la plus fragile
nous exigerons sa flamme
sa crête de lumière
un silence qui renoue
une parole ouverte par sa soif
le refus d’être accoutré de soi

de chaque heure sa rivière
mais il n’est de chant
que si l’oreille le veut
mais il n’est de profondeur
que si l’oeil résiste

de chaque heure nous visiterons l’envers
où l’âme peau sensible
à la lente respiration des arbres
enfin respire

longue joie rare et dense
dans l’instant
entre les mains

dont nous revenons vivants

(Jean-Pierre Siméon)

 

Recueil: Là où dansent les Éphémères 108 poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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