Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘lecteur’

Tant de forêts arrachées à la terre (Jacques Prévert)

Posted by arbrealettres sur 20 Mai 2024



Illustration
    
Tant de forêts arrachées à la terre
et massacrées
achevées
rotativées

Tant de forêts sacrifiées pour la pâte à papier
des milliards de journaux attirant annuellement l’attention des lecteurs
sur les dangers du déboisement des bois et des forêts.

(Jacques Prévert)

Recueil: La pluie et le beau temps
Editions: Folio

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le silence (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024




    
Le silence qui subsiste entre deux mots
n’est pas le silence qui entoure une tête qui tombe,
ni celui qui nimbe la présence de l’arbre
quand s’éteint l’incendie vespéral du vent.

De même que chaque voix a un timbre et une hauteur,
chaque silence a un registre et une profondeur.
Le silence d’un homme est différent de celui d’un autre
et ce n’est pas la même chose
de taire un nom et de taire un autre nom.

Il existe un alphabet du silence,
mais on ne nous a pas appris à l’épeler.
La lecture du silence est néanmoins la seule durable,
plus peut-être que le lecteur.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

PORTAIT DE L’AUTEUR (José Ángel Valente)

Posted by arbrealettres sur 30 décembre 2023




    
PORTAIT DE L’AUTEUR

Je dis à mon chien :
Je suis poète.
J’ai quarante ans
et je suis content.
Mon chien me contemple
avec la fixité de l’incompréhension.

Il est, il existe, il s’est manifesté
le miracle du public lecteur,
mon semblable mon frère.
Hourra !

(José Ángel Valente)

Recueil: Trois leçons de ténèbres suivi de Mandorle et de L’éclat
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le visage du lecteur (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



lire-7-800x600

Le visage du lecteur est plus nu que l’air
et son corps est souple,
délivré de l’étroitesse d’agir.

Allongé, bras et jambes négligemment appuyés sur plusieurs continents,
il compte les étoiles dans le blanc orageux de la page.

Plus il s’approche de son rêve,
plus le silence gagne sur lui.

Cérémonie du simple,
exercice de la patience.
Lire est un chemin, parmi tant d’autres.
Croître en clarté, voilà le but.

(Christian Bobin)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Illustration

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Lire (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Les mots traversent l’éther de la page.
A peine veut-on les saisir, entre deux doigts de fée,
qu’ils meurent et renaissent plus loin :
comme à ce jeu, vous en souvenez-vous,
où il est question d’un bois,
et où demande est faite au loup de signaler sa présence.
Semblablement, le lecteur y est lorsque l’auteur n’y est plus,
tous deux se cherchant en vain dans la forêt de Langue d’Or.

Lire.
Déplier l’échelle qui est dans l’âme,
dont les degrés se perdent de vue,
vers le haut comme vers le bas.

(Christian Bobin)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Illustration

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Il y a toujours dans un livre (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2022



Il y a toujours dans un livre, même mauvais,
une phrase qui bondit au visage du lecteur
comme si elle n’attendait que lui.

(Christian Bobin)

 

 

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , , | Leave a Comment »

Dans un poème, il n’y a qu’un instant de poésie… (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 12 décembre 2021



 

Didier Delamonica - French Mystical Fantasy painter -   (34) [1280x768]

Dans un poème, il n’y a qu’un instant de poésie…

Il faut savoir le discerner.
Un poème n’est vivant qu’improvisé.
J’entends ainsi ce qui s’accomplit hors du temps et de la commune mesure.
Les images poétiques doivent s’admettre ou se rejeter.
Elles ne se discutent pas plus que les images du rêve.
Le miracle de l’univers est qu’il tourne et se développe.
Il faut qu’on puisse dire d’un poème qu’il tourne
et continue à se développer dans l’âme du lecteur.

(Franz Hellens)

Illustration: Didier Delamonica

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Toute poésie est suspension (Gérard Bocholer)

Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2021




Illustration: ArbreaPhotos
    
Toute poésie
est suspension
(Henri Brémond)

Au-dessus de l’abîme de l’indicible, le poème va s’avancer,
se risquer au-dessus du vide.
S’il parle vrai,
ses lecteurs seront eux aussi suspendus durant un instant,
sur un seuil d’éternité.

Instant arraché à la durée, gagné sur l’inéluctable usure,
la perte, la destruction définitive.

(Gérard Bocholer)

 

Recueil: Le poème Exercice spirituel
Traduction:
Editions: Ad Solem

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Qui es-tu, lecteur (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2021



Rabindranath Tagore

    

Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers?
Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière,
ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.

Ouvre tes portes et regarde au loin.
Dans ton jardin en fleurs,
cueille les souvenirs parfumés
des fleurs fanées d’il y a cent ans.

Puisses-tu sentir, dans la joie de ton coeur,
la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta,
lançant sa voix joyeuse par delà cent années.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil:Le jardinier d’amour La jeune Lune
Traduction: Mme Sturge Moore
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LE LECTEUR PRESSÉ (Abdellatif Laâbi)

Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2021



    

LE LECTEUR PRESSÉ

Que viens-tu faire ici
lecteur ?
Tu as ouvert sans ménagement
ce livre
et tu remues fébrilement le sable des pages
à la recherche
de je ne sais quel trésor enfoui
Es-tu là pour pleurer
ou pour rire
N’as-tu personne d’autre
à qui parler
Ta vie
est-elle à ce point vide ?
Alors referme vite ce livre
Pose-le loin du réveille-matin
et de la boîte à médicaments
Laisse-le mûrir
au soleil du désir
sur la branche du beau silence

(Abdellatif Laâbi)

 

Recueil: L’arbre à poèmes Anthologie personnelle 1992-2021
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »