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Poésie

Posts Tagged ‘temple’

Du tréfonds de tout (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2024




    
Du tréfonds de tout
s’élève la voix d’une cloche.
Ce n’est pas pour appeler au temple,
ni pour annoncer le printemps,
ni pour accompagner un mort.

C’est seulement pour sonner
comme ferait un homme
aux yeux ouverts
s’il était une cloche.

C’est seulement
pour entourer les oiseaux perdus
d’un air plus sonore.

C’est seulement
pour que dure le chant
qui ne s’adresse à rien.

Une simple cloche
qui sonne d’en bas
comme un mouvement naturel,
sans que personne l’agite,
sans que personne l’entende,

comme si le fond de tout
n’était rien d’autre
que le clair tintement d’une cloche.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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LE PETIT VAGABOND (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Illustration: William Blake
    
LE PETIT VAGABOND

Maman chérie, maman chérie, l’église est froide,
Mais l’Auberge est saine, agréable et chaude ;
Du reste, je peux dire où je suis bien traité,
Une telle hospitalité au ciel ne conviendrait pas.

Mais si on nous donnait à l’église de la bière
Et un bon feu pour réjouir nos âmes,
Nous chanterions et nous prierions tout le long du jour
Et ne voudrions plus jamais quitter l’église.

Alors le Pasteur pourrait prêcher et boire et chanter
Et nous serions aussi heureux que les oiseaux au printemps,
Et l’humble dame Hypocrisie qui est toujours au temple
N’aurait pas d’enfants cagneux, ni jeûnes, ni verges.

Et Dieu, comme un père se réjouissant de voir
Ses enfants aussi gais et heureux que lui
N’aurait plus de querelles avec le Diable ou avec le baril,
Mais l’embrasserait en lui donnant le boire aussi bien que le vêtement.

***

The Little Vagabond

Dear Mother, dear Mother, the Church is cold,
But the Ale-house is healthy & pleasant & warm;
Besides I can tell where I am use’d well,
Such usage in heaven will never do well.

But if at the Church they would give us some Ale.
And a pleasant fire, our souls to regale;
We’d sing and we’d pray, all the live-long day;
Nor ever once wish from the Church to stray,

Then the Parson might preach & drink & sing.
And we’d be as happy as birds in the spring:
And modest dame Lurch, who is always at Church,
Would not have bandy children nor fasting nor birch.

And God like a father rejoicing to see,
His children as pleasant and happy as he:
Would have no more quarrel with the Devil or the Barrel
But kiss him & give him both drink and apparel.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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La cloche du temple s’est tue (Bashô)

Posted by arbrealettres sur 9 mars 2024




    
La cloche du temple s’est tue.
Dans le soir, le parfum des fleurs
En prolonge le tintement.

(Bashô)

 

Recueil: Haïku
Traduction: Philippe Jaccottet
Editions: Fata Morga

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À la pleine lune (Hubert Haddad)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2024




    
À la pleine lune
l’érable du temple rouge
plus rouge encore

(Hubert Haddad)

Recueil: Les Haïkus du peintre d’éventail
Editions: Zulma

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Balayeur du temple (Hubert Haddad)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2024




    
Balayeur du temple
il le tient en dévotion
son balai à manche

(Hubert Haddad)

Recueil: Les Haïkus du peintre d’éventail
Editions: Zulma

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ROSACES SOUS L’ANGLE D’OR (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2024




    

ROSACES SOUS L’ANGLE D’OR

Lorsque nous nous regardons
Des nappes de neige étincellent
Sous le soleil qui se rapproche

Des fenêtres ouvrent leurs bras
Tout le long de la voie du bien
S’ouvrent des mains et des oiseaux
S’ouvrent les jours s’ouvrent les nuits
Et les étoiles de l’enfance
Aux quatre coins du ciel immense
Par grand besoin chantent menu

Lorsque nous nous regardons
La peur disparaît le poison
Se perd dans l’herbe fine fraîche

Les ronces dans les temples morts
Tirent de l’ombre enracinée
Leurs fruits ardents rouges et noirs
Le vin de la terre écumante
Noie les abeilles en plein vol
Et les paysans se souviennent
Des années les mieux enfournées

Lorsque nous nous regardons
La distance s’ouvre les veines
Le flot touche à toutes les plages

Les lions les biches les colombes
Tremblants d’air pur regardent naître
Leur semblable comme un printemps
Et l’abondante femme mère
Accorde vie à la luxure
Le monde change de couleur
Naissance contrarie absence

Lorsque nous nous regardons
Les murs brûlent de vie ancienne
Les murs brûlent de vie nouvelle
Dehors le lit de la nature
Est en innocence dressé
Crépusculaire le ciel baigne
Ta sanglotante et souriante
Figure de musicienne
Toujours plus nue esclave et reine
D’un feuillage perpétuel

Lorsque nous nous regardons
Toi la limpide moi l’obscur
Voir est partout souffle et désir

Créent le premier le dernier songe.

(Paul Eluard)

Recueil: Le livre ouvert 1938-1944
Editions: Gallimard

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Je vis l’oiseau qui le soleil contemple (Joachim du Bellay)

Posted by arbrealettres sur 13 février 2024



    
Je vis l’oiseau qui le soleil contemple

Je vis l’oiseau qui le soleil contemple
D’un faible vol au ciel s’aventurer,
Et peu à peu ses ailes assurer,
Suivant encor le maternel exemple.

Je le vis croître, et d’un voler plus ample
Des plus hauts monts la hauteur mesurer,
Percer la nue, et ses ailes tirer
Jusqu’au lieu où des dieux est le temple.

Là se perdit : puis soudain je l’ai vu
Rouant par l’air en tourbillon de feu,
Tout enflammé sur la plaine descendre.

Je vis son corps en poudre tout réduit,
Et vis l’oiseau, qui la lumière fuit,
Comme un vermet renaître de sa cendre.

(Joachim du Bellay)

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Chers arbres (Mélanie Leblanc)

Posted by arbrealettres sur 9 février 2024




    
Chers arbres,

élevés vers le ciel
ancrés dans la terre
temples
dont la lumière rayonne

est-ce vous le chemin
vers les profondeurs de la terre
ou vers le ciel

j’aime suivre vos veines
aller
par vous
vers l’ailleurs

vous êtes l’air et la terre
le haut comme le bas
le solide léger
l’horizonverticale

mes grands enseignants

(Mélanie Leblanc)

Recueil: Soleils vivaces vibrent dans nos mains
Editions: Le Castor Astral

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L’Esprit des nuées (Le Recueil des chants du Sud)(Chuci)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2024



Illustration: Hashiguchi Goyō
    
L’Esprit des nuées

Je baigne mon corps dans l’eau d’orchidée
Et mille parfums se mêlent à mes cheveux.
Je passe des robes colorées à la trame fleurie.
L’esprit des nuées tourne et virevolte.
Il s’équilibre enfin.
Radieux et souverain dans sa gloire éternelle,
Il vient se délasser dans le temple de Longue Vie.
Le soleil et la lune ornent son éclat.
Son char est attelé d’un dragon.
Sa main divine est ferme sur les rênes.
Il vagabonde dans l’ampleur du ciel.
À peine descendu, le voilà déjà qui s’envole jusqu’aux nuages.
Ses yeux limpides embrassent le Nord et les régions des
Quatre Mers.
Quelle contrée n’a-t-il pas encore visitée ?
Je pense à vous beau seigneur en soupirant.
Grave est ce coeur que vous seul savez affliger.

(Le Recueil des chants du Sud)(Chuci)

(IVè-IIIè siècles av. J.-C. : période des Royaumes Combattants)

Recueil: Classiques de la poésie chinoise
Traduction: Alexis Lavis
Editions: Presses du Châtelet

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Le vent se tait dans le ciel vide (Boris Pasternak)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2024



Illustration 
    
Le vent se tait dans le ciel vide,
Le sol s’inonde de soleil,
Et le feuillage est translucide
Comme l’ouvrage d’un vitrail.

On dirait des vitraux d’un temple,
Vers l’éternité, le regard
Auréolé de vigilances
Des ermites, des saints, des tsars.

Et l’espace entier de la terre
M’est une nef d’où me parvient
Comme à travers une verrière
Parfois l’écho d’un choeur lointain.

Nature, monde, sanctuaire
De l’univers, accorde-moi
D’assister à ton long office
Avec des larmes de délices
Et saisi d’un frisson sacré.

(Boris Pasternak)

 

Recueil: Ma soeur la vie et autres poèmes
Traduction: sous la direction d’Hélène Henry
Editions: Gallimard

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