Posts Tagged ‘figure’
Posted by arbrealettres sur 19 avril 2023

Illustration: Josephine Wall
Pour toute la beauté
Glose divinisée
Pour toute la beauté
jamais ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui s’obtient d’aventure.
1.
Saveur d’un bien qui est fini
à rien ne peut arriver d’autre
que de fatiguer l’appétit
et de ravager le palais ;
et ainsi pour toute douceur
moi jamais je ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
2.
Le coeur généreux jamais
n’a cure de s’arrêter
là où l’on peut passer
sinon dans le plus difficile ;
rien ne lui cause satiété,
et sa foi monte tellement
qu’il goûte d’un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
3.
Celui qui d’amour est dolent,
par le divin Être touché,
a le goût si transformé
qu’il défaille à tous les goûts ;
comme celui qui a la fièvre,
le manger qu’il voit le dégoûte ;
il désire un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
4.
Ne soyez de cela surpris
que le goût demeure tel,
parce que la cause du mal
est étrangère à tout le reste ;
et ainsi toute créature
se voit devenue étrangère,
et goûte d’un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
5.
Car la volonté étant
touchée par la Divinité,
elle ne peut être payée
sinon par la Divinité ;
mais sa beauté étant telle
que par foi seule elle se voit,
la goûte en un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
6.
Or d’un tel amoureux,
dites-moi si aurez douleur
qu’il n’y ait pareille saveur
parmi tout le créé ;
seul, sans forme ni figure,
sans trouver appui ni pied,
goûtant là un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
7.
Ne pensez pas que l’intérieur,
qui est de bien autre valeur,
trouve jouissance et allégresse
en ce qui donne ici saveur ;
mais par delà toute beauté,
et ce qui est, sera et fut,
là il goûte un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure
8.
Plus emploie son souci
qui veut s’avantager,
en ce qui est à gagner
qu’en ce qu’il a déjà gagné ;
ainsi, pour plus grande hauteur,
moi toujours je m’inclinerai
surtout à un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
9.
Pour cela qui par le sens
peut ici se comprendre,
et tout ce qui peut s’entendre,
fût-il très élevé,
ni pour grâce ni beauté
jamais je ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
***
Por toda la hermosura
Glosa a lo divino
Por toda la hermosura
nunca yo me perderé,
sino por un no sé qué
que se alcanza por ventura.
1.
Sabor de bien que es finito,
lo más que puede llegar
es cansar el apetito
y estragar el paladar ;
y así, por toda dulzura
nunca yo me perderé,
sino por un no sé qué,
que se halla por ventura.
2.
El corazón generoso
nunca cura de parar
donde se puede pasar,
sino en más dificultoso ;
nada le causa hartura,
y sube tanto su fe,
que gusta de un no sé qué
que se halla por ventura.
3.
El que de amor adolece,
de el divino ser tocado,
tiene el gusto tan trocado
que a los gustos desfallece ;
como el que con calentura
fastidia el manjar que ve,
y apetece un no sé qué
que se halla por ventura.
4.
No os maravilléis de aquesto,
que el gusto se quede tal,
porque es la causa del mal
ajena de todo el resto ;
y así, toda criatura
enajenada se ve,
y gusta de un no sé qué
que se halla por ventura.
5.
Que, estando la voluntad
de Divinidad tocada,
no puede quedar pagada
sino con Divinidad ;
mas, por ser tal su hermosura
que sólo se ve por fe,
gústala en un no sé qué
que se halla por ventura.
6.
Pues, de tal enamorado,
decidme si habréis dolor,
pues que no tiene sabor
entre todo lo criado ;
solo, sin forma y figura,
sin hallar arrimo y pie,
gustando allá un no sé qué
que se halla por ventura.
7.
No penséis que el interior,
que es de mucha mas valía,
halla gozo y alegría
en lo que acá da sabor ;
mas sobre toda hermosura,
y lo que es y será y fue,
gusta de allá un no sé qué
que se halla por ventura.
8.
Más emplea su cuidado
y así, para más altura,
quien se quiere aventajar
en lo que está por ganar
que en lo que tiene ganado ;
yo siempre me inclinaré
sobre todo a un no sé qué
que se halla por ventura.
9.
Por lo que por el sentido
puede acá comprehenderse
y todo lo que entenderse,
aunque sea muy subido
ni por gracia y hermosura
yo nunca me perderé,
sino por un no sé qué
que se halla por ventura.
(Saint Jean de la Croix)
Recueil: Jean de la Croix L’oeuvre poétique
Traduction: de l’espagnol par Bernard Sesé
Editions: Arfuyen
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Posted in poésie | Tagué: (Saint Jean de la Croix), allégresse, amour, amoureux, appétit, appui, arriver, aventure, élève, étranger, être, beauté, bien, cause, causer, coeur, comprendre, créature, créé, curé, défaillir, dégoûter, désirer, devenir, difficile, divin, dolent, douceur, douleur, employer, fatiguer, fièvre, figure, finir, foi, forme, gagner, généreux, goût, goûter, grâce, hauteur, intérieur, jamais, jouissance, mal, manger, monter, palais, payer, penser, perdre, pied, ravager, reste, rien, s'arrêter, s'avantager, s'entendre, s'incliner, satiété, saveur, savoir;obtenir, se perdre, sens, seul, souci, surpris, tellement, toucher, transformer, trouver, valeur, volonté | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 février 2023

Illustration: Robert Auer
Tu as beau déceler le mensonge
bousculer les idées incassables
qu’on jette à la figure
saigne l’inaccompli
on est bien plus que ce qu’on vit
nos cris des chuchotements inaudibles
paroles de l’infans qu’on n’entend pas
pieds nus
une défaite lourde aux tempes
l’avenir ceinturé
quel éveil à attendre
encore toujours obstinément
sans l’« illusion de la fin»?
faute de preuves quelles boutures çà et là égarées
à replanter sans cesse?
en nous le pouvoir illimité d’imaginer
donner du souffle à la beauté qu’on frôle
en faisant vivre ainsi ce qui n’existe pas
rien n’efface l’élégance d’une robe qui tombe
le tremblement d’une main sur un corps
et que l’insolence du sang nous emporte!
(Mireille Fargier-Caruso)
Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Mireille Fargier-Caruso), attendre, avenir, égarer, élégance, éveil, beauté, bousculer, bouture, ceinturer, chuchoter, corps, cri, déceler, défaite, donner, effacer, emporter, encore, entendre, exister, faute, figure, fin, frôler, idée, illimité, illusion, imaginer, inaccompli, inaudible, incassable, infans, insolence, jeter, lourd, main, mensonge, nu, obstiné, parole, pied, plus, pouvoir, preuve, replanter, robe, saigner, sang, sans cesse, souffle, tempe, tomber, toujours, trembler, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 février 2023

SI L’AMOUR FUT
Mon amour, était-ce toi ou mon seul élan,
le nom que ma parole a donné à son désir.
As-tu existé, toi l’autre? Était-il véritable,
sous de larges pommiers entre les pignons,
ce long corps étendu tant d’années?
L’azur a-t-il été un vrai morceau du temps?
N’ai-je pas imaginé une vacance dans l’opaque?
Étais-tu venue, toi qui t’en es allée?
Ai-je été ce feu qui s’aviva, disparut?
Tout est si loin. L’absence brûle comme la glace.
Les ramures de mémoire ont charbonné.
Je suis arrêté pour jusqu’à la fin ici,
avec un souvenir arrêté qui n’a plus de figure.
Si c’est un rêve qu’éternel amour,
qu’importe j’y tiens.
J’y suis tenu ou je m’y trouve abandonné.
Désert irrémédiable et la creuse fierté.
Quand tu reviendras avec un autre visage,
je ne te reconnais pas, je ne sais plus voir, tout n’est rien.
Hier fut. Il était mêlé de bleu et frémissait,
ordonnancé par un regard qui change.
Une chevelure brillait, violemment dénouée,
recomposée autour de moi, je le croyais.
Le temps remuait parmi l’herbe souterraine.
Éclairés de colère et de rire, les jours battaient.
Hier fut.
Avant que tout ne s’ébranlât un amour a duré,
verbe qui fut vivant, humain amour mortel.
Mon amour qui tremblait par la nuit incertaine.
Mon amour cautionné dans l’oeil de la tempête
et qui s’est renversé.
(André Frénaud)
Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (André Frénaud), abandonner, absence, amour, année, arrêter, autour, autre, azur, éclairer, élan, étendu, éternel, battre, bleu, brûler, briller, cautionner, changer, charbonner, chevelure, colère, corps, creux, croire, dénouer, désert, disparaître, durer, feu, fierté, figure, fin, frémir, glace, herbe, humain, ici, imaginer, incertain, irrémédiable, jour, large, loin, long, mémoire, mêler, morceau, mortel, nom, nuit, oeil, opaque, ordonnancer, parole, pignon, pommier, ramure, rêve, recomposer, reconnaître, regard, remuer, renverser, revenir, rien, rire, s'aviver, s'ébranler, s'en aller, se trouver, souterrain, souvenir, tempête, temps, toi, tout, trembler, vacance, véritable, venir, verbe, violent, visage, vivant, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022

La nuit est un ange dont le visage s’enflamme quand on le regarde dans les yeux.
C’est vers deux heures du matin que j’entends s’avancer le grand bateau des âmes
dont ton visage est la radieuse figure de proue.
(Christian Bobin)
Illustration: Danièle Cottereau
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Posted in poésie | Tagué: (Christian Bobin), ange, âme, bateau, figure, nuit, proue, radieuse, regarder, s'enflammer, visage, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2022

Illustration
Lointaine, la beauté fine
Lointaine, la beauté fine est ascension,
Roseraie de neige
Formant une maison claire
Sur la fumée du bleu.
Le monde ainsi donné
Rejoint l’enfant de son visage
En un matin,
Et ton regard ouvre les passes
Au plus léger de la lumière.
Le jour alors te reconnaît.
La buée rouge des fleurs,
Un chant, qui tout le jour
Accompagne mes yeux,
Tandis que je traverse,
Avec la brise et l’alouette,
Ce monde abandonné.
Où vont les herbes et les nuages,
Les écheveaux de la lumière,
Le papillon d’après-midi devant la lune,
Et ma figure, baignée de tant de paysages
Versant leurs heures,
De proche en proche vers le plus seul?
Ni moi, ni mon cheval ne le savons.
Dormir d’un seul éclat,
Les yeux ouverts
Au seuil des grands parfums d’étoiles.
Se souvenir de la fascination
De la pivoine
Follement donnée
Aux mains de transparence qui peuplent l’air,
En ce jardin de mai où traverser était un geste d’aube,
Puis s’éveiller
Dans le sourire de la lenteur
Sans fin recommencée
Par les allées d’automne
Où les pétales jamais défaits
Rassemblent un avenir
Ganté d’abeilles et de pollen.
Les yeux, cherchant cet or,
Suivent à distance
La mince nuée de la beauté,
Statue mouvante insaisissable,
Épousant l’air de son absence
Sans fin recommencée.
Traversant les reflets,
Tu marches entre les marbres
Hantés d’amour,
Un bouquet nu à tes paupières,
La bouche fardée de nuit,
Pour mieux offrir Le grain de l’aube
A la pulpe du vent.
(Marc-Henri Arfeux)
Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Marc-Henri Arfeux), abandonner, abeille, absence, accompagner, air, allée, aller, alouette, amour, après-midi, ascension, aube, automne, avenir, à distance, écheveau, éclat, épouser, étoile, baigner, beauté, bleu, bouche, bouquet, brise, buée, chant, chercher, cheval, clair, défaire, donner, dormir, enfant, farder, fascination, figure, fin, fleur, follement, former, fumée, ganter, geste, grain, hanter, herbe, heure, insaisisssable, jardin, jour, léger, lenteur, lointain, lumière, lune, mai, main, maison, marbre, marcher, matin, mince, monde, mouvant, neige, nu, nuage, nuée, nuit, offrir, or, ouvrir, papillon, parfum, passé, paupière, paysage, pétale, peupler, pivoine, pollen, proche, pulpe, rassembler, recommencer, reconnaître, reflet, regard, rejoindre, roseraie, rouge, s'éveiller, sans fin, savoir, se souvenir, seuil, seul, sourire, statue, suivre, transparence, traverser, vent, verser, visage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 août 2022

Ce balbutiement blanc
cette bulle
la figure
encore criblée de pierres
à côté de chaque roue
dans la paille
qui craque
près de la lumière.
(André Du Bouchet)
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Posted in poésie | Tagué: (André du Bouchet), balbutiement, blanc, bulle, craquer, criblé, figure, lumière, pierre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 mai 2022
![femme mouette [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/10/femme-mouette-1280x768.jpg?w=872&h=434)
Adieu
Fille détachée
Mouette de ma pensée
Ailes de mon désir
Frisson d’une âme qui s’oublie
Rase un moment la mer
Que j’aperçoive encore ce qui reste
De mon souffle et de ma figure
Deux ailes et cet oeil toujours ouvert
Jusqu’à cet horizon dont la ligne terrestre
Marque les bornes de la vie
Comme au soir le soleil d’un sursaut se replie
Disparais de ma vie
Adieu fille de ma chair âme de mon esprit
Le temps a fait de ma journée un crépuscule
La nuit va me couvrir de sa marée d’étoiles
Tu seras le matin dont je ne me souviens plus.
(Franz Hellens)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Franz Hellens), adieu, aile, apercevoir, âme, étoile, borne, chair, couvrir, crépuscule, désir, esprit, figure, fille, frisson, horizon, marée, matin, mer, mouette, nuit, oeil, pensée, s'oublier, se souvenir, souffle, temps, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 avril 2022

Illustration: Pablo Picasso
LA JEUNE FEMME
Que voulez-vous que j’y fasse
Comment cela se fait-il
La jeune femme est de face
Alors qu’elle est de profil
Comment cela se fait-il
Elle n’a qu’un oeil de face
Elle en a deux de profil
Que voulez-vous que j’y fasse
Que voulez-vous que j’y fasse
Comment cela se fait-il
Sa figure est une glace
Qui reflète son profil.
(Jean Cocteau)
Recueil: Poèmes Appogiatures Clair-obscur Paraprosodies
Editions: Du Rocher
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Cocteau), face, faire, figure, glace, jeune femme, oeil, profil, refléter | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2021

LOINTAINS
Les yeux dans les yeux, dans la fraîcheur,
commençons aussi cela par exemple :
respirons ensemble le voile
qui nous cache l’un à l’autre,
quand le soir se dispose à mesurer
tout ce qui sépare encore chacune
de ses propres figures
de chacune de celles
qu’il nous a à tous deux prêtées.
(Paul Celan)
Recueil: Choix de poèmes
Traduction: Jean-Pierre Lefebvre
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Celan), cacher, chaque, commencer, ensemble, figure, fraîcheur, lointain, mesurer, prêter, respirer, séparer, se disposer, soir, voile, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 juin 2021

LA RESSEMBLANCE
Comme un sourire et un nuage,
deux figures dansent et s’effacent
réunissant le sommeil et le mouvement
dans le bref éclat presque animal de l’air.
Et riant, peut-être riant, s’agenouillant
et en étreintes disparaissant dans l’enfance
qui ne connaît qu’un seul jeu, la ressemblance,
elles soufflent une flamme dorée sur les champs
et dessinent sur eux des ombres transparentes
(António Ramos Rosa)
Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Antonio Ramos Rosa), air, animal, éclat, étreinte, bref, champ, connaître, danser, dessiner, disparaître, dorer, enfance, figure, flamme, jeu, mouvement, nuage, ombre, réunir, ressemblance, rire, s'agenouiller, s'effacer, sommeil, souffler, sourire, transparent | Leave a Comment »