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Poésie

Posts Tagged ‘pétrifié’

Je ne comprends pas la distance (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024




    
Je ne comprends pas la distance.

Comment comprendre l’espace qui me sépare de l’arbre,
si son écorce dessine les lignes qui manquent à ma pensée ?

Comment comprendre la parenthèse
qui va du nuage à mes yeux,
si les figures du vent
délient le temps serré de ma petite histoire ?

Comment comprendre le cri pétrifié
qui gèle toutes les paroles du monde,

si de même qu’il n’est qu’un seul silence
il n’est au fond qu’une seule parole?

Je ne comprends pas la distance.
L’ultime preuve en est l’espace absurde
qui sépare en deux vies ton existence et la mienne.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Les hommes dans la rue (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2021



 

James Zwadlo  Pedestrians 5-  [1280x768]

Les hommes dans la rue, vue d’en haut par une fenêtre fermée,
tels qu’à l’écran d’un cinéma, marchant, gesticulant, aphones.
non pas silencieux, noirs, clairs ou gris; deux longs courants d’agitation humaine,
flanquant de chaque côté l’asphalte où se poursuit le croisement plus rapide des transports,
se frôlent, s’en roulent et se pénètrent sans se toucher, l’un à l’autre inutile,
comme si, chaque maison étant une planète, un astre obscur, pétrifié,
les habitants débarquaient dans la rue et poursuivaient
sans se connaître des buts distants et singuliers.

(Franz Hellens)

Illustration: James Zwadlo 

 

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Viens dans mon lit (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2021



 

Emilia Castañeda pt_13_B

Viens dans mon lit couver la cendre froide
Nous vêlerons à l’aube de la mort
Quand la potence des sexes s’est abattue
en oiseaux pétrifiés
l’être glorieux qui nous avait anéantis
n’est plus que nous deux cadavres hostiles.

(André Frénaud)

Illustration: Emilia Castañeda

 

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Trait par trait pli sur pli (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2020




Trait
Par trait
Pli sur pli
Espace éclos
Vide médian
Souffles primordiaux
Au creux de la main
Alors que se déplie
L’éventail des désirs
Tendre nuit qu’un lys déchire
Jailli de la mousse un cerf !
Ô jet de lait ô flux de sang
Quel aigle au feu diurne arraché
Chute d’une plume à flanc d’abîme…
S’ouvre la vallée d’onde en onde
Défaits refaits les plis du cœur
Du tréfonds monte l’écho
Né de l’ombre d’un cyprès
Aux purs gestes d’amour
Signant l’unique été
Non point pétrifié
Non plus putréfié
Mais périclite
A l’infini
Pli sur pli
Trait par
Trait

(François Cheng)

Poème découvert chez Lara: ici

 

 

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Lamentation nocturne (Georg Trakl)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2020



Lamentation nocturne

La nuit s’est levée sur le désastre du front
Avec de beaux astres,
Sur la colline où tu gisais pétrifié de douleur,

Un fauve au jardin ton cœur dévorait.
Ange incandescent,
Tu gis poitrine en lambeaux sur le champ pierreux

À moins qu’oiseau de nuit dans la forêt,
Interminable plainte
Répétée sans relâche en roncier de ramure nocturne.

(Georg Trakl)

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TRAIN DE NUIT (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2020




    
Illustration   

(Recueil Le professeur Frceppel)
TRAIN DE NUIT
Le train fonçait dans la nuit.
Mon coeur et mes pensées
battaient sur le même rythme
que les roues aux éclairs cachés.

Les voyageurs se touchaient sans se voir,
replongés dans la joie des racines.
Les rêves s’échappaient avec lourdeur
ils coulaient le long des jambes,
ne laissant que des formes vides
poreuses et pétrifiées.

(Jean Tardieu)

 

Recueil: Jean Tardieu Un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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Le combat pétrifié (Robert Guiette)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2020



Le combat pétrifié
sous la foudre
les yeux d’émail
les ongles de cuivre
les traits de sang

(Robert Guiette)

 Illustration

 

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LE SILENCE (Henri De Régnier)

Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2019



 

Xue Jiye  (20)

LE SILENCE

Le silence est peut-être une voix qui s’est tue
Comme le dieu se tait debout en sa statue,
Et par elle n’a plus de vivant aujourd’hui
Que son ombre, au soleil, qui tourne autour de lui.
Le silence est peut-être une voix qui sait tout
Comme un dieu taciturne en son marbre debout,
Dont le geste éternel fait signe qu’on écoute
Ce que dira son ombre aux passants de la route,
Qui regardent, d’en bas et le genou plié,
L’ordre silencieux du dieu pétrifié.

(Henri De Régnier)

Illustration

 

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LES VOIX (Georges Themelis)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2019



 

Odd Nerdrum_sleeping_couple

LES VOIX

Les voix qu’on avait entendues reviennent
Des lamentations et des bruissements remplissent l’air.

Le printemps vient et revient
Des arbres comme pétrifiés dans une lumière dure.

La lumière est rude et nous change,
Brûle le visage, dévore la peau.

La pluie arrive et tombe dans la mémoire,
Murs mouillés et moisis.
La chair se mouille en dedans, l’âme se mouille.

La fontaine où nous buvions ne coule pas.
Tu distingues le bruit, tu vois l’eau
Suspendue se penche vers la terre,
Comme d’un arbre une branche sèche.

Tu écoutes les rossignols que tu écoutais, ils ne s’arrêtent point
Dans l’ouïe attentive, dans les forêts attardées dans l’obscurité.
Tu dégustes les paroles de la nuit.
Mains que j’ai gardées dans les miennes,
Mains, doigts dans les doigts,
Vous êtes restées au toucher comme les taches
Qui ne disparaissent pas, comme du sang sur les habits.
Lèvres sur mes lèvres,
Ame sur mon âme.

Mer résonnant dans le sommeil. Vaste mer.

(Georges Themelis)

Illustration: Odd Nerdrum

 

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Printemps des lisières (Jean Lavoué)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2019



Illustration: Jean-louis Jabalé   
    
Printemps des lisières,
Les bourgeons du soleil

Percent la coque
De nos insomnies,
Font voler en éclat

Nous arrachent
Au socle pétrifié de l’hiver,

Creusent nos vases mortes
De sillons de lumière,

La dure écorce de nos peurs,
Nous invitent à être là simplement
Dans la joie ample de marcher,

Libèrent en nous
Mille chants d’oiseaux.

(Jean Lavoué)

 

Recueil: Levain de ma joie
Traduction:
Editions: L’enfance des arbres

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