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Poésie

Posts Tagged ‘foudre’

La langue (Christophe Manon)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024




Illustration: Pascal Renoux
    
La langue
est un puissant stupéfiant
dont la charge électrique a pour effet majeur
d’accélérer les infrapulsations du poème
toutefois
ses combinaisons insolites
ne peuvent témoigner avec justesse
de l’intensité des événements
ni rendre grâce
aux épiphanies quotidiennes
et cependant lorsque nos épidermes
dans l’odeur de l’excès
en frémissant se frôlent
comme tonnerre et foudre
nous sommes alors tout prêts
de croire en la beauté des choses.

(Christophe Manon)

Recueil: Provisoires
Editions: NOUS

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Tremble mon âme (Frankétienne)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2024



Illustration: Jean-Marie Holterbach
    
Tremble mon âme sous la douleur de l’éveil,
la lourde immobilité d’un corps
indocile aux injonctions du soleil,
imperméable aux invectives de la foudre.

Toute écorchure mon oreille si sensible
aux respirations du temps présent
que j’écoute mourir doucement
les langoureux glissements d’un long soupir
qui plus tard en souvenir
sera devenu plaisir morbide.

(Frankétienne)

Recueil: Anthologie secrète
Editions: Mémoire d’encrier

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CANZONE DU COUP DE FOUDRE (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2024




    
CANZONE DU COUP DE FOUDRE

La source, un petit bois, un coude de la route,
et voir — là — son clair visage dans le soleil,
il vient à travers blés, il m’approche,
il m’éveille, il m’émerveille coeur et âme,
il les envoûte après avoir doré
les longs pleurs de mes yeux,
et je tombe à genoux et je suis amoureux.

Est-ce ma Béatrice ou, dieu! ma Léonor?
Je ne subirai plus son charme qu’en la mort.
O clair visage, yeux pers, sur moi chevelure d’or!…
linceul, est-ce un linceul, ou, mort, vivé-je encor?
Ne sentirai-je plus ces charmes après mort?…

(Paul Fort)

Recueil: Ballades du beau hasard
Editions: Flammarion

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Nos deux corps sont en toi (Marguerite de Valois)

Posted by arbrealettres sur 13 février 2024



Illustration: John Everett Millais
    
Nos deux corps sont en toi

Nos deux corps sont en toi,
Je le sais plus que d’ombre.
Nos amis sont à toi,
Je ne sais que de nombre.
Et puisque tu es tout
Et que je ne suis rien,
Je n’ai rien ne t’ayant
Ou j’ai tout, au contraire,
Avoir et tout et tien,
Comment se peut-il faire ?…
C’est que j’ai tous les maux
Et je n’ai point de biens.

Je vis par et pour toi
Ainsi que pour moi-même.
Tu vis par et pour moi
Ainsi que pour toi-même.

Le soleil de mes yeux,
Si je n’ai ta lumière,
Une aveugle nuée
Ennuie ma paupière.
Comme une pluie de pleurs
Découle de mes yeux,

Les éclairs de l’amour,
Les éclats de la foudre
Entrefendent mes nuits
Et m’écrasent en poudre.
Quand j’entonne les cris,
Lors, j’étonne les cieux.

Je vis par et pour toi
Ainsi que pour moi-même.
Tu vis par et pour moi
Ainsi que pour toi-même.

Nous n’aurons qu’une vie
Et n’aurons qu’un trépas.
Je ne veux pas ta mort,
Je désire la mienne.
Mais ma mort est ta mort
Et ma vie est la tienne.
Ainsi, je veux mourir
Et je ne le veux pas.

(Marguerite de Valois)

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Plus lucide en se regardant (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2024



Illustration: Marc Chagall
    
Plus lucide en se regardant
et mieux éclairé par l’autre,
est-ce ainsi qu’on recommence à aimer ?
Ici et là.

Quand le miroir s’étonne au versant d’un visage
quand le visage épelle un alphabet d’images
quand la source s’épure au flux de ses secrets
quand le bateau s’émeut du poids de ses reflets
quand le fleuve protège un regret de torrent
quand l’éclair précipite un paysage lent
vers la terre où s’érige un désir prompt d’orage
quand la foudre éblouit les murailles de l’âge
quand aux limons du temps germent de jeunes rêves
quand les risques du fruit s’échangent sur des lèvres
quand les champs par les vents d’été s’océanisent..

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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Les feux se taisent (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024




    
Les feux se taisent
pour éclairer l’aveu
des regards échangés.
Le silence donne clarté
aux yeux aimants
pour mieux entendre.

Amour, ô ma lumière
éclair de chaleur
sans tonnerre
foudre muette
dans un ciel partagé

(Robert Mallet)

 

Recueil: Cette plume qui tournoie
Editions: Gallimard

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PRÊTE AUX BAISERS RÉSURRECTEURS (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 8 novembre 2023



Illustration: Henri Eisenberg
    
PRÊTE AUX BAISERS RÉSURRECTEURS

Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignorance
Il me faut voir entendre et abuser
T’entendre nue et te voir nue
Pour abuser de tes caresses

Par bonheur ou par malheur
Je connais ton secret par cœur
Toutes les portes de ton empire
Celle des yeux celle des mains
Des seins et de ta bouche où chaque langue fond

Et la porte du temps ouverte entre tes jambes
La fleur des nuits d’été aux lèvres de la foudre
Au seuil du paysage où la fleur rit et pleure
Tout en gardant cette pâleur de perle morte
Tout en donnant ton cœur tout en ouvrant tes jambes

Tu es comme la mer tu berces les étoiles
Tu es le champ d’amour tu lies et tu sépares
Les amants et les fous
Tu es la faim le pain la soif l’ivresse haute

Et le dernier mariage entre rêve et vertu.

(Paul Eluard)

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LE TERME ÉPARS (René Char)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2023



Illustration: Ana Cruz
    
LE TERME ÉPARS

Si tu cries, le monde se tait :
il s’éloigne avec ton Propre monde.

Donne toujours plus que tu ne peux reprendre.
Et oublie. Telle est la voie sacrée.

Qui convertit l’aiguillon en fleur
arrondit l’éclair

La foudre n’a qu’une maison, elle a plusieurs sentiers.
Maison qui s’exhausse, sentiers sans miettes.

Petite pluie réjouit le feuillage
et passe sans se nommer.

Nous pourrions être des chiens commandés par des serpents,
ou taire ce que nous sommes.

Le soir se libère du marteau,
l’homme reste enchaîné à son coeur.

L’oiseau sous terre
chante le deuil sur la terre.

Vous seules, folles feuilles,
remplissez votre vie.

Un brin d’allumette suffit à enflammer la plage
où vient mourir un livre.

L’arbre de plein vent est solitaire.
L’étreinte du vent l’est plus encore.

Comme l’incurieuse vérité serait exsangue
s’il n’y avait pas ce brisant de rougeur au loin
où ne sont point gravés le doute
et le dit du présent.

Nous avançons,
abandonnant toute parole en nous le promettant.

(René Char)

Recueil: le Nu perdu et autres poèmes 1964-1975
Editions: Gallimard

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EFFACEMENT DU PEUPLIER (René Char)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2023




    
EFFACEMENT DU PEUPLIER

L’ouragan dégarnit les bois.
J’endors, moi, la foudre aux yeux tendres.
Laissez le grand vent où je tremble
S’unir à la terre où je croîs.

Son souffle affile ma vigie.
Qu’il est trouble le creux du leurre
De la source aux couches salies!

Une clé sera ma demeure,
Feinte d’un feu que le coeur certifie;
Et l’air qui la tint dans ses serres.

(René Char)

Recueil: le Nu perdu et autres poèmes 1964-1975
Editions: Gallimard

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Ce n’est pas au moment de mourir (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 10 août 2023




    
Ce n’est pas
Au moment de mourir tous les cris
Déchirants de la terre que j’emporterai
Toutes les larmes non
Mais ce rire d’enfant comme un chevreuil
Qui traverse la foudre

(Anne Perrier)

 

Recueil: Anne Perrier
Editions: Seghers

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