Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘pulsation’

La langue (Christophe Manon)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024




Illustration: Pascal Renoux
    
La langue
est un puissant stupéfiant
dont la charge électrique a pour effet majeur
d’accélérer les infrapulsations du poème
toutefois
ses combinaisons insolites
ne peuvent témoigner avec justesse
de l’intensité des événements
ni rendre grâce
aux épiphanies quotidiennes
et cependant lorsque nos épidermes
dans l’odeur de l’excès
en frémissant se frôlent
comme tonnerre et foudre
nous sommes alors tout prêts
de croire en la beauté des choses.

(Christophe Manon)

Recueil: Provisoires
Editions: NOUS

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

EMBRACEABLE YOU (Ron Padgett)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2024




    
EMBRACEABLE YOU

Ça ne me dérange pas que Walt Whitman dise
« Je contiens des multitudes », en fait ça me plaît bien,
mais tout ce que je peux imaginer dire c’est
« Je contiens un sandwich, un café et une pulsation. »
Peut être que je devrais ouvrir mes bras et chanter,
« Oh, attrape tout et serre fort Ah!
Alors les nuages, les livres, le baromètre, les yeux de plus
en plus grands viennent se fracasser
et me laissent éparpillé sur le sol,
un joyeux méli-mélo de molécules! »

(Ron Padgett)

 

Recueil: On ne sait jamais
Traduction: Claire Guillot
Editions: Joca Seria

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA MONTRE (Théophile Gautier)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024




    
LA MONTRE

Deux fois je regarde ma montre,
Et deux fois à mes yeux distraits
L’aiguille au même endroit se montre ;
Il est une heure… une heure après.

La figure de la pendule
En rit dans le salon voisin,
Et le timbre d’argent module
Deux coups vibrant comme un tocsin.

Le cadran solaire me raille
En m’indiquant, de son long doigt,
Le chemin que sur la muraille
A fait son ombre qui s’accroît.

Le clocher avec ironie
Dit le vrai chiffre et le beffroi,
Reprenant la note finie,
A l’air de se moquer de moi.

Tiens ! la petite bête est morte.
Je n’ai pas mis hier encor,
Tant ma rêverie était forte,
Au trou de rubis la clef d’or !

Et je ne vois plus, dans sa boîte,
Le fin ressort du balancier
Aller, venir, à gauche, à droite,
Ainsi qu’un papillon d’acier.

C’est bien de moi ! Quand je chevauche
L’Hippogriffe, au pays du Bleu,
Mon corps sans âme se débauche,
Et s’en va comme il plaît à Dieu !

L’éternité poursuit son cercle
Autour de ce cadran muet,
Et le temps, l’oreille au couvercle,
Cherche ce coeur qui remuait ;

Ce coeur que l’enfant croit en vie,
Et dont chaque pulsation
Dans notre poitrine est suivie
D’une égale vibration,

Il ne bat plus, mais son grand frère
Toujours palpite à mon côté.
– Celui que rien ne peut distraire,
Quand je dormais, l’a remonté !

(Théophile Gautier)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

MATERIAL MEMORIA III (José Ángel Valente)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2023




    
MATERIAL MEMORIA III

La rencontre fugace des amants
dans les lits furtifs de l’après-midi.
Et déjà l’adieu comme précédant presque
le début de l’amour
et l’amour haletant
à tes aines buvant
le ventre bleu de ta première nudité,
tes paupières
et la brusque
pulsation brisée d’un temps immémorial
larguant les amarres vers l’intérieur du temps.
Tu disais ce sera la nuit, mon amour.
Et la lumière
tombait déjà,
mais c’était égal, comme était égal
égal à égal
jamais à toujours, jamais à encore
dans la seule saison
solaire
de ton regard.

(José Ángel Valente)

Recueil: Trois leçons de ténèbres suivi de Mandorle et de L’éclat
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Echo (Christina Rossetti)

Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2023



    

Echo

Viens à moi dans le silence de la nuit ;
Viens dans le silence éloquent d’un rêve ;
Viens, les joues rondes et douces, les yeux étincelants
Comme un ruisseau ensoleillé ;
Reviens en pleurs,
O souvenir, espoir, amour d’années révolues.

O rêve si doux, trop doux, trop doux-amer,
Dont le réveil aurait dû se produire au Paradis
Où des âmes comblées d’amour vivent et se rencontrent,
Où des yeux assoiffés de désir
Observent la porte qui, doucement,
Laisse entrer pour ne plus laisser sortir.

Pourtant, reviens-moi en rêve, que je revive
Ma vie bien que mortellement transie :
Reviens-moi en rêve, que je rende
Pulsation pour pulsation, souffle pour souffle :
Baisse la voix, penche-toi bien,
Comme il y a longtemps, mon amour, bien longtemps.

(Goblin Market and Other Poems, 1862.)

(Christina Rossetti)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le poème de l’arbre enfant (Jean Fanchette)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2023



Illustration: Chaude Diy
    
Le poème de l’arbre enfant
à Yvonne et Robert Ganzo

Les pulsations d’un paysage
Vibrant dans les veines de l’arbre,
Le rocher frère et ses présages
Furent appris en ce matin
Porté vers moi du fond des âges.

Le même oiseau de rive en rive,
Rythme la saison des éclairs.
La même barque à la dérive
Rêve aux vertiges des déserts
Aux silences d’eau et de pierre.

L’orage éclate et l’arbre enfant,
Lové dans la paume du vent,
Comprend notre fraternité
Scellée dans le sang des étés.
Fus-je mélèze ? après ? avant ?

Dans les forêts de la mémoire,
L’homme plante ses territoires
Et l’arbre enfant, né des orages,
Découvre l’âme du feuillage
Blottie au coeur serré des soirs.

L’arbre se souvient de l’amande,
De la nuit lente des racines,
Des forêts d’ombre et de résine,
Jusqu’au cri du premier oiseau
Par-delà des siècles d’attente.

Et moi l’enfant d’une seconde,
Parmi l’or mouvant des genêts,
Je veille cet instant que fonde
L’angoisse de millions d’années
Dans le désordre clair du monde.

Tous ces oiseaux dans ma mémoire
Et tous ces mauves dans mes yeux.
Pour transmuer en feux et moire
Les paysages jamais mieux
Définis qu’en dehors du lieu.

L’arbre que j’appelle mélèze,
Se transforme en jacarandas,
Flamboyants, pourpres floraisons
Éclatant dans mon sang qui pèse
Le poids de toutes ces saisons.

Le loriot dans le cerisier,
Le colibri dans le manguier,
Moi écartelé par vos cris,
Moi soudain découvrant le prix
De vivre et d’accomplir deux vies.

Montagnes de quelle mémoire ?
Je vendange votre prescience.
J’atteins enfin aux transparences
Du minéral.
Brève lumière
Où je découvre cette main,
Tendue entre l’arbre et la pierre.

Et le sable redevient algue
L’âme innombrable du corail
Palpite, prise dans les mailles
De l’eau. Le charbon se souvient
Des forêts, de l’enfance du feu…
Tout dans l’éclair d’une seconde!

(Jean Fanchette)

Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Guerrier de l’obscur (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2023




    
Guerrier de l’obscur,
Vous vous étoilez,
Prenez garde à vous,
Vos yeux vont brûler !
Vous ne pouvez rien
Sans obscurité.
Il faut une armure
Prise dans la nuit
Pour que se précise
Votre âme secrète,
Ombre militaire,
Toujours ennemie.
Que restera-t-il
Du meilleur de vous
Lorsque vous serez
Une étoile aveugle
Sans autorité,
Une étoile errante,
La tête et les pieds ?
Il faut revenir
À votre ténèbre,
Il faut retrouver
La pulsation
De vos grosses fièvres,
C’est votre façon
De vous étoiler.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

DANS L’ANTIQUE LUMIÈRE DES MARÉES (Salvatore Quasimodo)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2023



Illustration: Mette Ivers
    
DANS L’ANTIQUE LUMIÈRE DES MARÉES

Cité sur l’île
engloutie dans mon coeur,
voici je descends
dans l’antique lumière des marées
près de sépulcres au bord
d’une eau qui dégage sa joie
d’arbres rêvés.

Je m’appelle : un son se mire
en un écho d’amour et son secret est doux,
un frisson de larges écroulements d’air.

Quelle lassitude de renaissances précoces
s’écoule en dedans !
Toujours la même peine d’être à moi
au sein d’une heure au-delà du temps.

Et je sens dans la jalouse
pulsation de veines végétales
tes morts devenus
moins profonds :

une respiration assidue des narines.

(Salvatore Quasimodo)

Recueil: Poèmes
Editions: Rombaldi

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Tout (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 17 décembre 2022



Illustration
    
Tout

lentes pulsations
des galaxies
abandonnées

(Zéno Bianu)

 

Recueil: Là où dansent les Éphémères 108 poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

Posted in haïku, poésie | Tagué: , , , , , | Leave a Comment »

Naima (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 23 Mai 2021




    
Naima
c’est impossible
impossible de surgir de si loin
Naima
d’écouter si profond
d’entrer à ce point dans le cœur du monde
Naima
d’entrer dans le grain de la voix
le grain de
la Voie lactée
d’entrer dans tout ce qui me noie
Naima
c’est le sang de ta voix
Naima
ma pulsation précieuse

(Zéno Bianu)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: John Coltrane (Méditation)
Traduction:
Editions: le Castor Astral

 


« Naima » de John Coltrane sur l’album Giant Steps

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »