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Posts Tagged ‘militaire’

La boulangère a des écus qui ne lui coûtent guère (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2023




    
La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère.
La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère.
Elle en a, je les ai vus,
J’ai vu la boulangère aux écus
J’ai vu la boulangère.

Et d’où viennent tous ces écus,
Charmante boulangère?
Et d’où viennent tous ces écus,
Charmante boulangère?
Ils me viennent d’un gros Crésus
Dont je fais bien l’affaire, vois-tu,
Dont je fais bien l’affaire.

À mon four aussi sont venus
De galants militaires.
À mon four aussi sont venus
De galants militaires.
Moi je préfère les Crésus
À tous les gens de guerre, vois-tu,
À tous les gens de guerre.

Des petits maîtres sont venus
En me disant: Ma chère,
Des petits maîtres sont venus
En me disant: Ma chère
Vous êtes plus belle que Vénus.
Je n’les écoutai guère, vois-tu,
Je n’les écoutai guère.

Des abbés coquets sont venus
Ils m’offraient pour me plaire
Des abbés coquets sont venus
Ils m’offraient pour me plaire
Des fleurettes au lieu d’écus.
Je les envoyai faire, vois-tu
Je les envoyai faire.

Moi, je ne suis pas un Crésus,
Abbé ou militaire.
Moi, je ne suis pas un Crésus,
Abbé ou militaire.
Mais mes talents sont bien connus
Boulanger de Cythère, vois-tu
Boulanger de Cythère.

Je pétrirai le jour venu
Notre pâte légère.
Je pétrirai le jour venu
Notre pâte légère.
Et la nuit, au four, assidu
J’enfournerai, ma chère, vois-tu
J’enfournerai, ma chère

Eh bien! épouse ma vertu,
Travaille de bonne manière.
Eh bien! épouse ma vertu,
Travaille de bonne manière.
Et tu ne seras pas déçu
Avec moi boulangère, aux écus!
Avec moi boulangère.
La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère.

(Anonyme)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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LE VOYAGEUR (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 8 avril 2022



Illustration: Gao Xingjian
    
LE VOYAGEUR

Plus vite il marchait,
plus il approchait de sa maison,
plus elle rapetissait,
devenait inhabitable.

La distance se solidifiait derrière sa marche
et le poussait avec le rythme
d’une troupe militaire que rien ne presse.

Il lui fallait entrer dans cette maison minuscule,
ce qui était impossible et devint possible
lorsque la muraille militaire s’arrêta.

Le voyageur, alors, rapetissa très vite
cependant que sa maison grandissait à vue d’oeil
et qu’une belle jeune fille apparaissait à une fenêtre
et riait de son aventure.

(Jean Cocteau)

Recueil: Poèmes Appogiatures Clair-obscur Paraprosodies
Editions: Du Rocher

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LA COMPLAINTE D’AUTEUIL (Paul Gilson)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2021



 

Camille Pissarro   La-Marchande-de-Marrons-Fiore-de-la-St-Martin-Pontoise [1280x768]

LA COMPLAINTE D’AUTEUIL

LA joueuse de violon
qui jouait avec ses mouflons
et la marchande de marrons
tournant son cornet de chansons
me rappellent ce dimanche
mort de mille et un chagrins
où je retenais par la main
l’enfant voleur de pervenches

Au pavillon des trépassés
las de s’être tant délassés
tous les échos du temps passé
à manger des parfaits glacés
renvoyaient leurs mots de passe
que brouillait dans le faux jour
une amazone de velours
sur fond de trompe de chasse

Mémoire promeneuse en deuil
L’enfant plus fourré qu’écureuil
s’était fait un chapeau de feuilles
de saules du bosquet d’Auteuil
et les ombres de la mare
mêlaient dans un air d’adieu
les deux paillettes de ses yeux
au vol plané des fanfares

Sur le chemin des écoliers
en aurais-je tant oublié
entre un rond point de canotier
et le gant rouge d’un mercier
Ohé folle hop militaire
et toi chantre du mourron
qui pour un sou de carillon
sortais d’un globe de verre

Ici haut comme ici bas
en passant de vie à trépas
se peut-il qu’il ne reste pas
la moindre trace de mes pas
Cet enfant c’était moi-même
emporté dans un tour de vent
Mais qu’importent les absents
si je me souviens que je t’aime

(Paul Gilson)

Illustration: Camille Pissarro

 

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ZINDIEN (Hervé Le Tellier)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2021




    
ZINDIEN

Je ne sais pas ce que je veux
Paraît kiya des pères qui savent
Qui disent Tu seras militaire
ou architecte ou musicien
plombiézingueur ou bien zindien
Moi je ne veux rien, rien de rien,
ou alors, si, je sais,
tout de suite, tenir ta main.

(Hervé Le Tellier)

 

Recueil: Zindien
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Jean Ruet aussi est mort (Charles Vildrac)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020



Illustration
    
… Jean Ruet aussi est mort ;
Il avait vingt-quatre ans ;
C’était un gars de Saint-Ay
Dans les vignes, sur la Loire.
Jean Ruet a été tué !
Qui donc aurait pu croire
Que celui-là mourrait ?
Il était si vivant
Que c’était grand plaisir
De voir ce garçon-là,
Son nez humant l’espace,
Ses fins sourcils farceurs
Ses gestes de danseur,
Et d’entendre son rire !
Son œil, quand il lisait
La guerre dans les journaux,
Était l’œil de Panurge
Écoutant Dindenault.
Et la belle santé
Excluant la rancune,
Nos grands chefs militaires
Excitaient sa gaîté.
Il est mort un matin
Qu’il pliait son grand corps
Pour saisir aux épaules
Un mort dans un boyau.
Un obus est tombé
Au bord du parapet
Et sa gerbe a criblé
Notre gentil Jean Ruet.
Sur le brancard j’ai vu
Son corps blanc et splendide :
La mort n’avait pas pu
Abîmer sa poitrine.
Hélas ! j’ai vu ses traits
S’amincir et se fondre
Pendant qu’il répétait
L’adresse de sa mère.
Nous l’avons enterré
Dans un bas-fond d’Argonne ;
J’ai vu trois jours après
L’eau qui couvrait la place.
[…]

(Charles Vildrac)

 

Recueil: Chants du désespéré (1914-1920) –
Traduction:
Editions: Gallimard

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UN HOMME ATTEND L’AUBE (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020



 

Illustration: Christophe Saccard
    
UN HOMME ATTEND L’AUBE

Le livret militaire, le diplôme de docteur
Et quelques lyriques tourmentes.
Sur la colline,
Tranquille,
Le moulin à vent.
Le miroir du lac
S’assombrit dans le soir.
Sur une maison abandonnée
La chouette chuinte.
Les étoiles sont loin.
De la fraîcheur.
Il fait bon maintenant
Etre avec les siens
Autour de la table
Sous la lampe à pétrole.
Un chien aboie
Sur l’étranger qui passe.
Seul.
Les chemins vont dans les ténèbres.
Silence.
Des diamants — les étoiles —
Ecorchent le verre bleu de la nuit.
Déserte, la plaine.
Un mur inachevé.

Ruines. Odeur de ciguë.
Ici, dans les fondations,
Le maître-maçon
N’a pas emmuré son amour.
Demain
Sur les pierres chaudes, au soleil,
Sortiront les lézards.
Demain !
Soleil !
Ici il y a du feu dans l’âtre.
Sous les cendres, la braise.
Des vieilles ramures
Jaillit la flamme.
Le passé est une souche
Sur laquelle est assis un homme,
Le visage éclairé
Par la flambée.
Le visage éclairé,
Un homme
Attend l’aube.

(Mihai Beniuc)

 

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Au crépuscule (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2020




    
Au crépuscule

Bonsoir doux amour
comme disait Shakespeare
Bonsoir mon petit pote
comme disait Jules
Bonsoir bonsoir mon père
comme disait l’enfant de choeur
Bonsoir bonsoir mon fils
comme disait le curé
Bonsoir vieille noix
comme disait l’enfant de choeur
Bonsoir mon chou
comme dit le jardinier
Bonsoir les enfants
comme disent les enfants
Ariane bonsoir ma soeur
comme aurait dit Racine
Bonsoir mon trésor
Comme disent les banquiers
Bonsoir ma cocotte
comme dit la fermière
Bonsoir mon loup
comme dit la bergère
Bonsoir les amoureux
comme disent les eunuques
Bonsoir bonsoir bonsoir
comme disent les inconnus
Mille bonsoirs de bonsoirs
comme disent les militaires
les nourrices et les chaisières
Bonsoir tout le monde
comme tout le monde le dit
Vos gueules là-dedans
disent enfin les poètes
Et comme ils ont raison

(Philippe Soupault)

Recueil: Les poèmes ont des oreilles
Traduction:
Editions: Rue du Monde

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SOUPIRS (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2018



 

SOUPIRS

A quelle heure mourrez-vous Monsieur
monsieur Durand monsieur Soupault
peut-être tout à l’heure à la bonne heure
les anges ne répondent jamais
quand on leur demande l’heure
les songes n’indiquent ni le jour ni l’heure
les singes et les juges préfèrent se taire
Demandons donc l’heure qu’il est
aux bactéries aux cancers aux militaires
aux coups de feu aux mauvais coups
à la lune et aux malfaiteurs
dites-moi quelle heure est-il
et l’heure exacte qu’il était
quelle heure sera-t-il exactement
Soupirons pour apprendre à mourir
à l’heure convenue
à l’heure dite
toujours trop tôt toujours trop tard
soupirons comme un feu de bois
comme un feu de paille et de joie
soupirons puisqu’il faut mourir
et soupirer une dernière fois

(Philippe Soupault)

Illustration: Agim Sulaj

 

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Je suis un homme maintenant (Georges Perros)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2016



Je suis un homme maintenant
et pourrais être militaire
et quand on me dit de parler
je sais pourquoi je dois me taire
Quoique me sentant peu au monde
je dis bonjour ça va bonsoir
à mes semblables que je croise
et qui me le rendent parfois
Certes je sais que mon royaume
est bien de ce monde Voilà
ce qui m’embarrasse plutôt
je récupère mal le temps
que j’ai passé à faire l’âne
en laissant ma pauvre maman
s’occuper à torcher mon cul
à me donner le sein si tant
il est vrai qu’elle fit ce geste
de laiteuse et pâle tendresse.

(Georges Perros)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

 

 

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Le laveur de carreaux (Jacques Charpentreau)

Posted by arbrealettres sur 29 mai 2016


 

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Le laveur de carreaux

Suspendu comme une araignée
Au bout de son fil argenté
Le laveur de carreaux descend
Du haut de la tour. En passant,
Il dit bonjour aux habitants :

30 Le monsieur du trentième étage
Qui ne mange que du fromage.

29 Celui de l’étage au-dessous
Qui n’aime que la soupe aux choux.

28 Les gens qui viennent de Pluton
Et marchent les pieds au plafond

27 Le baryton de l’opéra
Qui se fait des oeufs sur le plat.

26 Ceux qui ont semé du gazon
Pour rendre plus gai leur béton.

25 Ceux qui élèvent des lapins
Sur l’herbe d’un salon de jardin.

24 Ceux qui ont mis dans leur baignoire
Un bébé phoque blanc et noir.

23 Le chat qui vit seul, noir et blanc,
(Il a dû louer l’appartement).

22 Le vieil Auvergnat à moustaches
Qui che regarde dans la glache.

21 Le militaire en permission
Qui compte ses décorations.

20 La foule du vingtième étage
C’est la réception d’un mariage.

19 La receveuse de la poste
Qui ne grignote que des toasts.

18 L’académicien nostalgique
Qui s’amuse au train électrique.

17 L’élève de Napoléon
Qui range ses soldats de plomb.

16 Le collectionneur de timbales
Qui joue du violon à pédales.

15 Un abbé qui fait du trapèze
Sur un bâton entre deux chaises.

14 L’amateur de scie musicale
Qui coupe l’Internationale

13 Le passionné d’exploration
Qui chasse le tigre au salon

12 Deux bustes de marbre au nez grec
Qui contemplent un jeu d’échecs.

11Un athlète en maillot de corps
Qui s’est allongé et qui dort .

10 La dame du dixième étage
Qui garde un sapajou en cage.

9 Plus bas une belle famille
Les parents et quatorze filles.

8 Des campeurs chantant à mi-voix
En rond autour d’un feu de bois

7 Un grand polytechnicien morne
Qui ne porte que son bicorne.

6 Un peu plus bas un éléphant
Prisonnier dans l’appartement.

5 Un couple se bat au cinquième
À coup de tartes à la crème.

4 La petite fille aux yeux bleus
Qui a les yeux verts quand il pleut.

3 La jeune fille du piano,
Qui se tricote un allegro.

2 La dentiste qui vient d’extraire
Une redoutable molaire.

1 Le petit garçon du premier
Qui fourre ses doigts dans son nez.

0 Tout est vide au rez-de-chaussée
La concierge est dans l’escalier.

On voit les secrets de la ville
Quand on descend au bout d’un fil.

(Jacques Charpentreau)

Illustration

 

 

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