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Posts Tagged ‘crépuscule’

Près du pont (Frédéric Nietzsche)

Posted by arbrealettres sur 8 Mai 2024



 

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Près du pont je me tenais
Récemment dans la nuit brune.
Du lointain venait un chant :
Gouttes d’or ruisselant
Sur la surface frémissante évanouies.
Gondoles, lumières et musique –
Ivres elles se perdaient dans le crépuscule…

Mon âme, un pincement sur les cordes,
Chantait pour elle, touchée invisiblement,
Une chanson de gondolier secrètement
Tremblante de félicité mêlée.
– Qui y prenait garde?…

(Frédéric Nietzsche)

Illustration: Paul Signac

 

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EN ÉTÉ LE SOIR (Jean-Michel Maulpoix)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2024




    
EN ÉTÉ LE SOIR
I

Les soieries d’été sont douces au toucher
C’est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles

Sous la laine noire des arbres des voix tricotent
Peaux brunes la promenade est encore belle.
Poudre à vos yeux bleu de vos cernes
La lune en son halo de juillet.

II

Terrasse en surplomb d’où considérer les passants
Nappe en papier blanc serviette de papier rouge
Pizza Margarita des bulles de Valpolicella
Un soir comme celui-ci les voix sont faciles et lointaines

Le rire des convives applaudit
On grignote des morceaux de ciel
Du soleil couchant jusque dans l’assiette
Léger d’épaules et de visage

Cette vie grésille entre les doigts puis s’envole en fumée
Ce goût d’alcool et de tabac on voudrait que ça dure
Surtout ne pas bouger ne plus rien déranger.
Une mouche sur une brindille se tient en équilibre.

(Jean-Michel Maulpoix)

Recueil: Rue des fleurs
Editions: Mercure de France

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Discours d’ouverture du Congrès littéraire international – 7 juin 1878 (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2024




    
Discours d’ouverture du Congrès littéraire international – 7 juin 1878

[…]

Ah ! la lumière !
la lumière toujours !
la lumière partout !

Le besoin de tout c’est la lumière.
La lumière est dans le livre.
Ouvrez le livre tout grand.
Laissez-le rayonner, laissez-le faire.

Qui que vous soyez
qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser,
mettez des livres partout ;
enseignez, montrez, démontrez ;
multipliez les écoles ;
les écoles sont les points lumineux de la civilisation.

Vous avez soin de vos villes,
vous voulez être en sûreté dans vos demeures,
vous êtes préoccupés de ce péril, laisser la rue obscure ;
songez à ce péril plus grand encore, laisser obscur l’esprit humain.

Les intelligences sont des routes ouvertes ;
elles ont des allants et venants,
elles ont des visiteurs, bien ou mal intentionnés,
elles peuvent avoir des passants funestes ;
une mauvaise pensée est identique à un voleur de nuit,
l’âme a des malfaiteurs ; faites le jour partout ;

ne laissez pas dans l’intelligence humaine
de ces coins ténébreux où peut se blottir la superstition,
où peut se cacher l’erreur, où peut s’embusquer le mensonge.

L’ignorance est un crépuscule ; le mal y rôde.
Songez à l’éclairage des rues, soit ;
mais songez aussi, songez surtout,
à l’éclairage des esprits.

[…]

(Victor Hugo)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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QUEL RAPPORT (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024




    
QUEL RAPPORT

Quel rapport
Entre un croissant de lune
Un ciel de crépuscule
Le sillon, le sillage
D’un avion
La silhouette d’un pommier
Du Japon
Le chant d’un merle perché
Sur une antenne télé
Le grondement d’un camion
La rumeur du périph’
Et la mort de l’hiver dans les bras du printemps
La vision d’un sourire
Dans un souvenir amant
La trace d’une pensée
Sur la feuille vierge d’un carnet.

Quel rapport ?
Juste un instant d’éternité
Capté par le regard

D’un rêveur éveillé
Assis devant son verre de vin
Perdu dans la lumière du soir
Qui tombe dans son jardin
Fin du mois de mars
Rue Beaurepaire
Pantin.

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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Pops du Dharma (Jack Kerouac)

Posted by arbrealettres sur 9 mars 2024



Portrait Of Jack Kerouac

Pops du Dharma

Sur la chaise
j’ai décidé de donner au Haïku
Le nom de Pop

*
Fou j’ai écrit des rideaux
de
poésie en feu

*

Le ciel est toujours vide,
La rose est toujours
Sur les touches de la machine à écrire

*

Mon papillon est venu
se poser sur ma fleur
ça alors

*

Prenez une tasse d’eau
de l’océan
Et me voilà

*

Vous seriez surpris de voir
comme je savais peu de chose
Même jusqu’à hier

*

C’est fou d’être assis sur une botte de foin,
A écrire des haïku,
En buvant du vin

*

La mouette navigue
dans le ciel safran –
Ainsi l’a voulu le Saint-Esprit

*

Crépuscule dans les bois
sacrés –
Poussière sur ma fenêtre

(Jack Kerouac)

Découvert ici: http://revuedepoesie.blog.lemonde.fr/

 

 

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Amour est lumière (Micheline Sainte-Marie)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2024




Illustration: ArbreaPhotos
    
Amour est lumière qui traverse
l’écorce la vapeur l’angle et le masque
sa lueur nous atteint
ainsi le crépuscule dans sa plus forte promesse

(Micheline Sainte-Marie)

Recueil: Les Poèmes de la Sommeillante
Editions: Les herbes rouges

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INTERMÉDIAIRES (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024




    
INTERMÉDIAIRES

Le printemps me tourne autour,
mais pas question de me détourner encore
pour des beaux jours.
Le crépuscule peut ressembler à ce qu’il veut.
Mon sang n’arrosera pas des similitudes.
Les rêves que j’ai faits
se sont avérés indignes :
ils sont allés avec d’autres sommeils.

Non, je ne reçois plus d’ordres.
Quand les nuages me disaient voyage
je voyageais
quand les rêves me disaient attends
j’attendais.
Non, je ne reçois plus d’ordres.
J’ai fidèlement servi tout ce qui se dissout.

Depuis hier le printemps me tourne autour.
Un oranger amer m’a regardée
d’humeur aigre-douce,
tandis que me barrait la route
une odeur de retour.

Une mémoire usurière avec moi marchande :
pour me donner un vieux mois de mai,
en même temps que les orangers,
pour me donner surtout la forme,
qu’elle a transportée
de station en station de l’oubli
se faisant mal aux yeux et à la bouche
— c’est cela que tu paies —,
elle me prend un avenir.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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Au crépuscule (Maurice Rollinat)

Posted by arbrealettres sur 14 février 2024




    
Au crépuscule

Le soir, couleur cendre et corbeau,
Verse au ravin qui s’extasie
Sa solennelle poésie
Et son fantastique si beau.

Soudain sur l’eau morte et moisie
S’allume, comme un grand flambeau
Qui se lève sur un tombeau,
La lutte énorme et cramoisie.

Et, tandis que dans l’air sanglant,
Tout sort de l’ombre: moulin blanc,
Pont jauni, verte chènevière,

On voit entre les nénuphars
Moitié rouges, moitié blafards,
Flotter l’âme de la rivière.

(Maurice Rollinat)

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DANSE (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2024




    
DANSE

Dansons la Capucine…
Que le bonheur est doux !
J’en vois chez la voisine
Mais ce n’est pas pour nous.

Mes vers, dansons la ronde,
Mes vers jeunes et fous,
Je n’ai plus rien au monde
Que le plaisir de vous.

Ma peine solitaire
Crie à remplir le soir.
Chantons, faisons-la taire,
Dansons dans mon coeur noir.

Dansons, tonton, tontaine,
Chantons un air vermeil
Qui vous prend et vous mène
D’un saut en plein soleil.

Dans mon coeur, hors du monde,
Voici le mois de Mai !…
— Dansons une seconde
Comme si c’était vrai ! —

En moi l’azur se lève
Loin de mon sort obscur,
— Vite dansons en rêve
Comme si c’était sûr ! —

Dansons, chansons légères,
En rond. Donnez vos mains,
Cueillons les passagères
Musiques des chemins.

Entrez tous dans la danse,
Jours tendres, jeunes mois,
Enlacez en cadence
Vos souffles à ma voix.

Mars, entre ! Je t’attrape,
Espiègle ! Vert cabri
Qui de l’hiver t’échappes,
Trop las d’être à l’abri.

Entrez, Avril la folle
Qui rit entre ses pleurs,
Mai dont le coeur s’envole
Dans le pollen des fleurs ;

Entrez ! Sur la pelouse,
Dansez, mois gais, mois purs…
Mais le reste des douze
Est trop vieux ou trop mûr…

Entrez, les enfantines
Minutes du matin
Qui tournez argentines
Au fond d’un vieux jardin ;

Entrez, naïves heures,
Vos nattes dans le dos…
Mais va-t’en, toi qui pleures,
Jeunesse, le coeur gros.

Entrez, les téméraires
Espoirs, d’un saut trop prompt,
Comme des petits frères
Qui se cognent le front ;

Entre, timide joie,
Comme avec sa douceur,
Son col frêle qui ploie,
Une petite soeur ;

Entrez, cousins, cousines,
Jeux, cris, rires légers ;
Entrez, voisins, voisines,
Plaisirs, beaux étrangers.

Sautons dans l’herbe brune
Ou rose avec le vent,
Et sautons dans la lune
Si nous passons devant !

Si quelqu’un nous rencontre,
Giroflé, Girofla,
Dans la lune et nous montre
Qu’il faut sortir de là ;

Si ce garde champêtre
Interroge nos chants,
Gai ! Nous l’enverrons paître
Le trèfle de ses champs.

Si quelque effroi circule
Dans l’ombre tout à coup,
Menons au crépuscule
La ronde au nez du loup.

Dansons ! Si la fortune
Nous rejoint par ici,
Dansons ! De l’importune,
Qui de nous a souci ?

Si la gloire elle-même
Rit à côté de nous,
Dansons, mes vers, je n’aime
Que courir après vous.

Mais si l’amour qui passe
Nous surprend à baller…
Chut ! Laissez-le de grâce
À mi-voix me parler.

(Marie Noël)

 

Recueil: Les Chansons et les Heures / Le Rosaire des joies
Editions: Gallimard

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Marée Basse (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2024



    

Marée Basse

Je songe à tous les vents
Simoun sirocco et mousson
à vous phénomènes et typhons
tandis qu’ici tout craque
et que la chaleur épaisse comme la neige
se répand dans le silence
O Lune simplicité oracle
qu’un vent de crépuscule
réduit en lucioles
O lune tout t’abandonne
toi l’amie du silence ennemie des vents
plus est-ce toi qui mène les nuages
paitre
au-delà de la nuit
tout t’abandonne tout te fuit
obéissante moins aimée
mes yeux se ferme grâce à toi
et ta douceur se répand dans les veines de la terre
je songe à vous absents ivres ou dormeurs
vents de terre et de mer
vous qui apprenez qu’il faut vivre
avec des ailes
ou dormir sans scrupules
quand les oiseaux vos enfants
cueillent les étoiles de la vie et du sommeil
vents des continents
roses vous tremblez
vous qui préférez le supplice du crépuscule

(Philippe Soupault)

Recueil: Georgia – Épitaphes – Chansons
Editions: Gallimard

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