Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘phénomène’

LE OU EXCLUSIF (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024




    
LE OU EXCLUSIF

La pluie m’a enfermée
je me retrouve dépendante des gouttes.

Mais comment savoir si c’est de la pluie
ou des larmes du ciel intérieur d’un souvenir?
On ne peut plus nommer à mon âge
les phénomènes sans réserves,
ici la pluie, ici les larmes.

Je reste sèche entre
deux éventualités : pluie ou larmes,
et deux ambiguïtés :
pluie ou larmes,
amour ou effet de l’âge,
toi-même ou petit balancement d’adieu de l’ombre
de la dernière feuille.
Chaque dernier,
je le nomme dernier sans réserves.

Et puis j’ai trop avancé en âge
pour que cela mène aux larmes.
Larmes ou pluie, comment savoir?
Et je reste dépendante des gouttes.
À mon âge

on ne s’attend plus à deux poids deux mesures
selon qu’il pleut ou non.
Des gouttes pour tout.
Gouttes de pluie ou larmes.
Tombées des yeux d’un souvenir, ou des miens.
Moi ou le souvenir, comment savoir?
À mon âge on ne sépare plus les temps.
Pluie ou larmes.
Toi-même ou petit balancement d’adieu de l’ombre
de la dernière feuille.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Marée Basse (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2024



    

Marée Basse

Je songe à tous les vents
Simoun sirocco et mousson
à vous phénomènes et typhons
tandis qu’ici tout craque
et que la chaleur épaisse comme la neige
se répand dans le silence
O Lune simplicité oracle
qu’un vent de crépuscule
réduit en lucioles
O lune tout t’abandonne
toi l’amie du silence ennemie des vents
plus est-ce toi qui mène les nuages
paitre
au-delà de la nuit
tout t’abandonne tout te fuit
obéissante moins aimée
mes yeux se ferme grâce à toi
et ta douceur se répand dans les veines de la terre
je songe à vous absents ivres ou dormeurs
vents de terre et de mer
vous qui apprenez qu’il faut vivre
avec des ailes
ou dormir sans scrupules
quand les oiseaux vos enfants
cueillent les étoiles de la vie et du sommeil
vents des continents
roses vous tremblez
vous qui préférez le supplice du crépuscule

(Philippe Soupault)

Recueil: Georgia – Épitaphes – Chansons
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

ÉCRIRE (José Ángel Valente)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2023




    
ÉCRIRE est comme la sécrétion des résines,
non pas acte, mais lente formation naturelle.
Mousse, humidité, argiles, limon, phénomènes du fond,
et non pas du sommeil ou des songes,
mais des boues obscures où fermentent les figures des songes.

Écrire, ce n’est pas faire,
mais se loger, être là.

(José Ángel Valente)

Recueil: Trois leçons de ténèbres suivi de Mandorle et de L’éclat
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA SOLITUDE… (Sandrine Faivre)

Posted by arbrealettres sur 16 Mai 2023




    
LA SOLITUDE…

La solitude ,
Cet état étrange ,
Ce phénomène réel ,
Irréel à la fois ,
Lucide et …
Quelquefois translucide ,
Epanouie je suis le jour ,
Transit je demeure à la nuit ,
Telle une métamorphose ,
Tout comme le papillon ,
Le papillon de nuit …
La solitude ,
Cet état qui a fait de moi ,
Un être étrange ,
Froid, glacial ,
Un personnage introverti ,
Démuni d’expression, de sensation .
La solitude ,
Celle-ci me ronge ,
Celle qui tue le monde .
Souriante je suis le jour ,
Vulnérable à la nuit je suis …
La solitude ,
Cet état naturel ,
Dans lequel j’ai fondé ma vie ,
Ce tunnel infini ,
Dans lequel, je l’espère ,
Je verrai la lumière ,
La lueur du jour ,
Tel un soleil ,
Synonyme de bonheur ,
D’utopie, de désir ,
Ce désir fugace ,
Qui illuminera mon coeur ,
Ce jour ou je me dirai ,
A quand un moment de solitude ?
La solitude …

(Sandrine Faivre)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Phénomène (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2019



 

Une fille à pelage de bête
était montrée aux badauds
et ceux-ci repartaient
dans le couchant forain
cependant qu’elle
ayant fait sa journée
cassait l’oeuf du dîner
avec un couteau sombre
pour après s’endormir
dans l’odeur du ravin
que dominait la fête.

(Jean Follain)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le Réveil (Paul Valéry)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2019


 


 

Sergio Lopez Gray-Pearl-2010-Sergio-Lopez

Il n’est pas de phénomène plus excitant pour moi que le réveil.
S’éveiller, c’est — Re-trouver, reprendre pied, revenir.
Retrouver / se re-connaître / Ce re est capital.
Il ne faut pas dire — Je m’éveille, mais — il y a éveil — car le Je
est le résultat [de l’éveil], la fin.

(Paul Valéry)

Illustration: Sergio Lopez

 

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LES PHÉNOMÈNES D’AMOUR (Jacqueline Risset)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2019



    

LES PHÉNOMÈNES D’AMOUR

depuis que je t’ai vu
les phénomènes décrits
comme phénomènes d’amour
connus classés ou non
arrivent
l’un après l’autre
demandant à venir
dans l’ordre exact

je les reconnais tous
même les nouveaux les inconnus

à leur arrivée je les compte
avec rire
et docilité

docilité extrême
prête à tout

à toute blessure extrême

(Jacqueline Risset)

 

Recueil: L’Amour de loin
Traduction:
Editions: Flammarion

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’étonnement (Goethe)

Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2018



 

L’étonnement

Le plus que l’homme puisse atteindre
est l’étonnement,
et si le premier phénomène l’étonne,
qu’il soit satisfait.
Pas davantage ne pourra lui être donné,
et rien de plus il n’aura à chercher.
Là est la limite.

(Goethe)

Illustration

 

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , | Leave a Comment »

L’apparition et la disparition (Henri Thomas)

Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2018




    
(…) mais c’est un des charmes de l’existence : « on apparaît »…
Je suis sûr que la vie est fondée sur l’apparition;
il n’ y a que ça, deux phénomènes, l’apparition et la disparition.

– Mais il y a quelque chose entre ?

– Entre ? il y a ce qui est apparu et ce qui a disparu…
mais la vie est une vraie sorcellerie une fois qu’on a vu ça.

(Henri Thomas)

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Hypothèse de Sapir-Whorf (Edward Sapir)(Benjamin Lee Whorf)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2018



premier-contact

Hypothèse de Sapir-Whorf:
Les représentations mentales dépendent des catégories linguistiques,
autrement dit que la façon dont on perçoit le monde dépend du langage

***

Nous disséquons la nature
en suivant les lignes dessinées par notre langue native.

Les catégories et les types que nous dégageons du monde des phénomènes,
nous ne les trouvons pas pour la raison qu’ils frappent quiconque les observe.
Au contraire, le monde est présenté comme un flux kaléidoscopique d’impressions
qui doivent être organisées par notre esprit
– ce qui signifie, en large part, qui doivent être organisées
par les systèmes linguistiques de nos esprits.

Nous découpons la nature, nous l’organisons en concepts,
et nous lui donnons la signification que nous lui donnons
car nous sommes largement partie prenante d’un accord
qui organise les choses de cette façon
– un accord que toute notre communauté linguistique partage,
et qui est fondu dans les codes de notre langue.

Cet accord est bien évidemment implicite et non-dit,
mais ses termes sont obligatoires;
la seule façon que nous ayons de parler est en souscrivant à l’organisation
et à la classification des données telles que décrétées dans cet accord.

(Benjamin Lee Whorf)

***

Les humains ne vivent pas uniquement dans le monde objectif.
Ils ne vivent pas non plus seuls dans le monde de l’activité sociale
telle que comprise ordinairement.

Au contraire, ils sont à la merci de la langue particulière
qui est devenue le moyen d’expression dans leur société.

Il est assez illusoire d’imaginer qu’on s’ajuste à la réalité
essentiellement en dehors de l’usage de la langue,
et que la langue est juste un moyen quelconque
de résoudre des problèmes de communication ou de réflexion spécifiques.

Le fait est que le ‘monde réel’ est, dans une large mesure,
construit inconsciemment sur les habitudes linguistiques du groupe.
Il n’existe pas deux langues qui soient suffisamment similaires entre elles
pour être considérées comme représentant la même réalité sociale.

Les mondes dans lesquels vivent différentes sociétés sont des mondes distincts,
et non pas le même monde avec juste des étiquettes différentes attachées aux choses…

Nous voyons, entendons et faisons autrement l’expérience des choses
de la manière dont nous le faisons
car les habitudes langagières de notre communauté
nous prédispose à certains choix d’interprétation.

(Edward Sapir)

Illustration: Film « Premier Contact » http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=226509.html

 

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »