Sous la sérénité d’une fenêtre ouverte
un matin avec le froid
le coeur bat
inquiet de ne pouvoir tout contenir
un ciel avec nuages
une rumeur de vie violente
le roulement des mondes dans le loin
et des mains vers soi qui viennent
pour donner corps à la beauté
la concrète beauté
où toute peur un instant s’absout
être dans le pli d’un instant
où se joignent
le plein et l’abîme
comme au seuil d’une clarté
qui donne sur sa nuit forestière
la sensation
exubérante
d’une espérance
d’un appui idéal
entre deux néants
sous la sérénité d’une fenêtre ouverte
(Jean-Pierre Siméon)
Recueil: Là où dansent les Éphémères 108 poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
Un jour, il y eut un enfant.
Il vint jouer dans mon jardin;
Il était tout à fait pâle et silencieux.
Seulement quand il sourit je sus tout de lui,
Je sus ce qu’il avait dans les poches,
Je connus la sensation de ses mains dans les miennes
Et les plus intimes accents de sa voix.
Je le menais vers chacun de mes sentiers secrets
Lui montrant la cachette de tous mes trésors.
Je le laissais jouer avec eux, chacun d’entre eux,
J’ai déposé mes pensées chantantes dans une petite cage d’argent
Et lui les donnais afîn qu’il les garde…
Il faisait très sombre dans le jardin
Mais jamais assez sombre pour nous. Sur la pointe des pieds
Nous marchions parmi les ombres les plus profondes;
Nous nous baignâmes dans les étangs d’ombres sous les arbres
Prétendant que nous étions sous la mer.
Une fois — près de la limite du jardin —
Nous entendîmes des pas passant le long de la route du Monde;
O combien nous fûmes effrayés!
Je murmurai: « As-tu déjà marché le long de cette route? »
Il hocha la tête et nous chassâmes les larmes de nos yeux…
Un jour, il y eut un enfant.
Il vint — tout à fait seul — pour jouer dans mon jardin;
Il était pâle et silencieux.
Quand nous nous rencontrâmes nous nous embrassâmes,
Mais quand il est parti, nous ne nous fîmes pas même un signe.
***
There was a child once
He came to play in my garden;
He was quite pale and silent.
Only when he smiled I knew everything about him,
I knew what he had in his pockets,
And I knew the feel of his hands in my hands
And the most intimate tones of his voice.
I led him down each secret path,
Showing him the hiding-place of all my treasures.
I let him play with them, every one,
I put my singing thoughts in a little silver cage
And gave them to him to keep…
It was very dark in the garden
But never dark enough for us. On tiptoe we walked
among the deepest shades;
We bathed in the shadow pools beneath the trees,
Pretending we were under the sea.
Once—near the boundary of the garden—
We heard steps passing along the World-road;
O how frightened we were!
I whispered `Haveyou ever walked along that road? »
He nodded, and we shook the tears from our eyes…
There was a child once.
He came—quite alone—to play in my garden;
He was pale and silent.
When we met we kissed each other,
But when he went away, we did not even wave
(Katherine Mansfield)
Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe
Des cils roides et longs, antennes hérissées,
Font sentinelle autour de son nez frémissant ;
Et le plus léger bruit qui le frôle en passant
Élargit sur son front ses oreilles dressées.
Quand la nuit a brouillé les formes effacées,
Il voit ; le monde noir à son regard perçant
Ouvre ses profondeurs ; il distingue, il pressent ;
Ses sens plus acérés aiguisent ses pensées.
Des craquements de feu courent sur son poil roux ;
Tout le long de sa moelle un tressaillement doux
Conduit l’émotion en son âme inquiète.
Les poils de son museau vibrent à l’unisson,
Et sa queue éloquente a le divin frisson,
Comme une lyre l’or aux mains d’un grand poète.
(Hippolyte Taine)
Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus
Mes yeux ne cessent de chercher ta présence
dans cette opaque nuée
ne parvenant à te révéler qu’à moitié
mêlant sa substance primordiale
à la vérité de ton souffle
le secret et le chuchotement de tes signes
au parfum de tes sphères
J’en prends plein les narines
au coeur de cette effusion divine
Je tourbillonne dans les dédales de mes pensées
sans savoir si elles m’appartiennent réellement
ou si je te les emprunte par allusion
du moins voudrais-je te les prêter
pour qu’ensemble nous les habitions
Quelles pensées!
Autant de couleurs incarnant l’arc-en-ciel
dont elles épousent la composition
plus subtiles encore
car exhalant une gamme de transparences
se déclinant comme une symphonie
comme une dévotion
une caresse
la céleste sensation…
(Touria Iqbal)
Recueil: Anthologie des femmes poètes du monde arabe
Traduction: Maram al-Masri
Editions: Le Temps des Cerises
Essayant d’écrire un poème alors qu’il fait encore noir dehors,
il a la sensation incontestable d’être observé.
Posant la plume il regarde autour de lui. Au bout d’une minute,
il se lève pour parcourir les pièces de sa maison.
Il vérifie les placards. Rien, bien sûr.
N’empêche, il ne veut courir aucun risque.
Il éteint les lampes et s’assied dans le noir.
Fumant sa pipe jusqu’à ce que la sensation se soit dissipée
et que dehors monte la lumière. Il regarde
la feuille blanche devant lui. Puis se lève
pour faire encore une fois le tour de la maison.
Le bruit de sa respiration l’accompagne.
Autrement rien. Évidemment.
Rien.
(Raymond Carver)
Recueil: Poésie
Traduction: Jacqueline H. jeem-Pierry Carasso et Emmanuel Moses
Editions: De l’olivier
Je veux vous parler de l’arme de demain
Enfantée du monde elle en sera la fin
Je veux vous parler de moi, de vous
Je vois a l’intérieur des images, des couleurs
Qui ne sont pas a moi qui parfois me font peur
Sensations qui peuvent me rendre fou
Nos sens sont nos fils nous pauvres marionnettes
Nos sens sont le chemin qui mène droit a nos têtes
La bombe humaine tu la tiens dans ta main
Tu as l’détonateur juste à côté du cœur
La bombe humaine c’est toi elle t’appartient
Si tu laisses quelqu’un prendre en main ton destin
C’est la fin, hum la fin, hum la fin, hum la fin
Mon père ne dort plus sans prendre ses calmants
Maman ne travaille plus sans ses excitants
Quelqu’un leur vend de quoi tenir le coup
Je suis un électron bombardé de protons
Le rythme de la ville c’est ça mon vrai patron
Je suis chargé d’électricité
Si par malheur au cœur de l’accélérateur
J’rencontre une particule qui m’mette de sale humeur
Oh non, faudrait pas que j’me laisse aller
Faudrait pas que j’me laisse aller
Faudrait pas que j’me laisse aller
Faudrait pas que j’me laisse aller
Faudrait pas que j’me laisse aller
Faudrait pas que j’me laisse aller
Faudrait pas que j’me laisse aller
Faudrait pas que j’me laisse aller
La bombe humaine c’est l’arme de demain
Enfantée du monde elle en sera la fin
La bombe humaine c’est toi elle t’appartient
Si tu laisses quelqu’un prendre en main ton destin
C’est la fin
La bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Tu as l’détonateur juste à côté du cœur
La bombe humaine, c’est toi elle t’appartient
Si tu laisses quelqu’un prendre ce qui te tient
C’est…
La bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Tu as l’détonateur juste a cote du cœur
La bombe humaine, c’est toi elle t’appartient
Si tu laisses quelqu’un prendre en main ton destin
C’est…
La bombe humaine c’est l’arme de demain
La bombe humaine c’est toi elle t’appartient
La bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Si tu laisses quelqu’un prendre ce qui te tient
C’est…
La bombe humaine c’est l’arme de demain
La bombe humaine c’est toi elle t’appartient
La bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Si tu laisses quelqu’un prendre ce qui te tient
C’est la…