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Poésie

Posts Tagged ‘(Fernando Pessoa)’

Toi le mystique (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024



Illustration: Remedios Varo Uranga
    
Toi le mystique, tu vois un sens en toute chose.
Pour toi tout a un sens voilé,
Il y a quelque chose d’occulte en chaque chose que tu vois.
Ce que tu vois, tu le vois toujours pour voir autre chose.

Quant à moi, qui ai la chance de n’avoir des yeux que pour voir,
Je vois le manque de sens en toute chose ;
Je le vois et je l’adore, parce qu’être une chose c’est ne rien signifier.
Etre une chose, c’est n’être pas susceptible d’interprétation.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Berger dans la montagne (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024



Illustration: Rosa Bonheur
    
Berger dans la montagne, si loin de moi avec tes brebis :
Quel bonheur est celui qui paraît être le tien — le tien ou le mien ?
La paix que je ressens quand je te vois, est-ce la mienne ou la tienne ?

Non, berger, ce n’est ni la tienne ni la mienne.
Tout ça n’appartient qu’au bonheur et à la paix.
Même toi tu ne la possèdes pas, parce que tu ne sais pas que tu l’as.
Même moi je ne la possède pas, parce que je sais que je l’ai.

Elle est seulement elle et tombe sur nous comme le soleil,
Qui te frappe dans le dos, te réchauffe, et tu penses à tout autre chose,
Et qui me frappe le visage, m’éblouit, moi qui ne pense même pas à lui.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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L’âme la plus parfaite (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024




Illustration: Odilon Redon
    
L’âme la plus parfaite est celle qui n’apparaît jamais –
L’âme qui est faite avec le corps,
Le corps abssolu des choses,
L’existence tout à fait réelle, sans ombres, sans moi,
La coïncidence entière et absolue
D’une chose avec elle-même.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Dernière étoile (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024




    
Dernière étoile qui disparais avant le jour,
Je pose sur ton scintillement bleu pâle mes yeux tranquilles,
mon regard calme,
Et je te vois en dehors,
Heureux de ma victoire à pouvoir te regarder
Sans aucun « état d’âme », sauf te regarder.
Ta beauté pour moi est dans ton existence.
Ta grandeur tient à ce que tu existes entièrement en dehors de moi.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Peu à peu la campagne s’étend (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024




    
Peu à peu la campagne s’étend et se couvre d’or.
Le matin s’égare sur les reliefs de la plaine.
Je suis étranger au spectacle que je vois : je le vois.
Il est en dehors de moi. Aucun sentiment ne me rattache à lui,
Et c’est bien ce sentiment qui me relie à la naissance du jour.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Navire qui pars pour le lointain (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024




    
Navire qui pars pour le lointain,
Pourquoi est-ce que, contrairement aux autres,
Je ne ressens pas, une fois disparu, des saudades de toi ?
Parce que quand je ne te vois plus, tu cesses d’exister.
Et si on a la nostalgie de ce qui n’existe pas,
On n’est plus alors en relation avec rien,
Ce n’est pas du navire, mais de nous, que l’on ressent le manque.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Toutes les opinions sur la Nature … (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024



Illustration: ArbreaPhotos
    
Toutes les opinions sur la Nature
N’ont jamais fait pousser une herbe ou naître une fleur.
Tout le savoir à propos des choses
N’a jamais été ce à quoi on puisse s’accrocher comme aux choses.
Si la science prétend être vraie,
Quelle science plus vraie que celle des choses sans science ?
Je ferme les yeux et la dureté de la terre sur laquelle je me couche
Prend une réalité si réelle que même mes côtes la ressentent.
Je n’ai pas besoin de raisonnement là où j’ai des épaules.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Qu’ai-je à voir moi, avec ce qui devrait être ? (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024




    
Qu’ai-je à voir moi, avec ce qui devrait être ?
Ce qui doit être est ce qui n’existe pas.
Si les choses étaient différentes, elles seraient différentes, voilà tout.
Si les choses étaient comme tu le souhaites, elles seraient comme
tu le souhaites.
Pauvre de toi et de tous ceux qui passent leur vie
A vouloir inventer la machine à bonheur.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Je crois que je mourrai un jour (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024



Illustration: Ron Mueck
    

Je crois que je mourrai un jour.
Mais cette sensation de mourir ne me vient pas à l’esprit,
Elle me rappelle que mourir ne doit pas avoir de sens.
Ces histoires de vivre et de mourir sont des classifications
comme celles des plantes.
Mais quelles feuilles ou quelles fleurs ont une classification ?
Quelle vie a la vie, quelle mort a la mort ?
Tout cela ce sont des termes qui définissent.
L’unique définition est un contour,
Un arrêt, une couleur qui déteint, une […] *.

(Fernando Pessoa)
* La fin du vers manque.

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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L’enfant qui pense aux fées (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024




    

L’enfant qui pense aux fées et croit aux fées
Agit comme un dieu malade, mais comme un dieu.
Car bien qu’il affirme qu’existe ce qui n’existe pas
Il sait comment les choses existent — en existant —
Il sait qu’exister existe et ne s’explique pas,
Il sait qu’il n’y a aucune raison pour que rien n’existe,
Il sait qu’être c’est se situer en un point.
Sauf qu’il ne sait pas que la pensée n’est pas un point quelconque

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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