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Poésie

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L’âme la plus parfaite (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024




Illustration: Odilon Redon
    
L’âme la plus parfaite est celle qui n’apparaît jamais –
L’âme qui est faite avec le corps,
Le corps abssolu des choses,
L’existence tout à fait réelle, sans ombres, sans moi,
La coïncidence entière et absolue
D’une chose avec elle-même.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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À MA FILLE (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2024




    
À MA FILLE

Ô mon enfant, tu vois, je me soumets.
Fais comme moi : vis du monde éloignée ;
Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.
— Résignée ! —

Sois bonne et douce, et lève un front pieux.
Comme le jour dans les cieux met sa flamme,
Toi, mon enfant, dans l’azur de tes yeux
Mets ton âme !

Nul n’est heureux et nul n’est triomphant.
L’heure est pour tous une chose incomplète ;
L’heure est une ombre, et notre vie, enfant,
En est faite.

Oui, de leur sort tous les hommes sont las.
Pour être heureux, à tous, — destin morose ! —
Tout a manqué. Tout, c’est-à-dire, hélas !
Peu de chose.

Ce peu de chose est ce que, pour sa part,
Dans l’univers chacun cherche et désire :
Un mot, un nom, un peu d’or, un regard,
Un sourire !

La gaîté manque au grand roi sans amours ;
La goutte d’eau manque au désert immense.
L’homme est un puits où le vide toujours
Recommence.

Vois ces penseurs que nous divinisons,
Vois ces héros dont les fronts nous dominent,
Noms dont toujours nos sombres horizons
S’illuminent !

Après avoir, comme fait un flambeau,
Ébloui tout de leurs rayons sans nombre,
Ils sont allés chercher dans le tombeau
Un peu d’ombre.

Le ciel, qui sait nos maux et nos douleurs,
Prend en pitié nos jours vains et sonores.
Chaque matin, il baigne de ses pleurs
Nos aurores.

Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,
Sur ce qu’il est et sur ce que nous sommes ;
Une loi sort des choses d’ici-bas,
Et des hommes.

Cette loi sainte, il faut s’y conformer,
Et la voici, toute âme y peut atteindre :
Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer,
Ou tout plaindre !

(Victor Hugo)

Recueil: Les Contemplations
Editions:

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C’est fini (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 22 avril 2024



Illustration: Odilon Redon
    
C’est fini. PLus de joie. Où sont ceux que j’aimais ?
J’aspire au départ sombre.
Me voilà seul. Ma vie ici-bas désormais
Est faite avec de l’ombre.

(Victor Hugo)

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La vie est faite pour celui qui s’y plie (Elvira Sastre)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2024




    
La vie est faite pour celui qui s’y plie.
La poésie,
pour celui qui rêve et désire

… et n’a pas peur de le dire.

(Elvira Sastre)

Recueil: Tu es la plus belle chose que j’ai faite pour moi
Traduction: de l’espagnol par Isabelle Gugnon
Editions: NIL

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Le matériau dont les mots sont faits (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024



Illustration: Wordart Nuages de Mots
    
Le matériau dont les mots sont faits et le mortier qui les unit
m’ont peu à peu enseigné un rythme secret et solitaire.

J’ai appris que toute construction est une musique
et que toute musique est faite de regards.
Le regard d’un mot est son sens,
entre les paupières tremblantes d’une perte.

Car ce n’est pas nous qui regardons les mots :
ce sont eux qui nous regardent
et peut-être aussi au-delà de nous,
en battant des paupières d’un rythme secret et solitaire.

Peut-être que demain je trouverai un mot
qui ne regarde plus vers nulle part
et ne batte pas non plus des paupières.
Un mot qui se laisse regarder.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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La chambre (Kate Chopin)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2024




    
La chambre

Merveilleuse histoire à conter, ma foi:
Belle et frêle, ardente, une femme choit.
C’était peut-être faux, peut-être vrai:
Les faits à tous deux nous indifféraient.
Mais le vin, la fumée de ton cigare
Transformaient le tout en plaisante histoire
Plus qu’en sujet d’opprobre ou de péché:
À la femme déchue que reprocher?
Rien, tant qu’il n’y avait à découvrir
Que sa beauté, sa fougue et son plaisir.
Mais tu partis, on baissa les lumières,
La brise entra, et la pâleur lunaire:
Et je perçus une voix féminine,
Impuissante plainte au mutisme incline.
Montée du tréfonds d’infinies ténèbres
Elle emplit la pièce d’une angoisse funèbre.
Morte, cette femme ne pouvait nier:
Les femmes aux plaintes sont destinées.
Aussi me fallut-il la nuit durant,
Moi l’étrangère, écouter ce tourment…
Les femmes aux plaintes sont destinées,
Les hommes à écouter… et soupirer…

***

The Haunted Chamber

Of course ’twas an excellent story to tell
Of a fair, frail, passionate woman who fell.
It may have been false, it may have been true.
That was nothing to me—it was less to you.
But with bottle between us, and clouds of smoke
From your last cigar, ’twas more of a joke
Than a matter of sin or a matter of shame
That a woman had fallen, and nothing to blame
So far as you or I could discover,
But her beauty, her blood and an ardent lover.
But when you were gone and the lights were low
And the breeze came in with the moon’s pale glow
The far, faint voice of a woman, I heard,
‘Twas but a wail, and it spoke no word.
It rose from the depths of some infinite gloom
And its tremulous anguish filled the room.
Yet the woman was dead and could not deny,
But women forever will whine and cry.
So now I must listen the whole night through
To the torment with which I had nothing to do—
But women forever will whine and cry
And men forever must listen—and sigh—

(Kate Chopin)

Recueil: Sous le ciel de l’été
Traduction: Gérard Gâcon
Editions: Université de Saint-Étienne

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Ce monde, tel qu’il est fait (Albert Camus)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2024



Illustration: Andrew Murray
    
Ce monde, tel qu’il est fait, n’est pas supportable.
J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité,
de quelque chose qui soit dément peut-être,
mais qui ne soit pas de ce monde.

(Albert Camus)

 

Recueil: Caligula
Editions: Gallimard

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Poli et nacré (Anick Baulard)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024




    
poli et nacré
tout juste fait pour sa paume
mon genou tout rond

(Anick Baulard)

 

Recueil: L’effet Haïku Lire et écrire des poèmes courts agrandit notre vie
Traduction:
Editions: Leduc. S

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Je voudrais parvenir au coeur des choses (Boris Pasternak)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2024




    
Je voudrais parvenir au coeur
Des choses, en toutes :
Dans l’oeuvre, les remous du coeur,
Cherchant ma route.

A l’essence des jours passés,
Leur origine,
Jusqu’à la moelle, jusqu’au pied,
A la racine.

Des faits, des êtres sans arrêt
Saisir le fil,
Vivre, penser, sentir, aimer
Et découvrir.

Ô, le pourrais-je, je ferais,
Fût-ce en fraction,
Huit vers pour peindre les grands traits
De la passion :

Ses injustices, ses péchés,
Fugues, poursuites,
Coudes et paumes, imprévus
A la va-vite.

Et je déduirais ses raisons
Et sa formule,
Je répéterais de son nom
Les majuscules

En vers tracés comme un jardin
Vibrant des veines
Des tilleuls fleuris un à un
En file indienne.

J’y mettrais la senteur des roses
Et de la menthe,
Les prés, la fenaison, l’orage
Au loin qui gronde.

Tel des fermes, bois et jardins
Et sépultures
Le miracle enclos par Chopin
Dans ses études.

Le jeu du triomphe accompli
Et son tourment,
C’est la corde qui se raidit
Quand l’arc se tend.

(Boris Pasternak)

 

Recueil: Ma soeur la vie et autres poèmes
Traduction: sous la direction d’Hélène Henry
Editions: Gallimard

    

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APRÈS (Jean-Pierre Duprey)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2024



Illustration:  Irina Kotova
    
APRÈS

Après la trace, vient la distance.
Ce que rêve l’autre, ce que rêve l’un,
L’un dans l’autre se sont compris.
Il n’est pas de lumière
Sans feu pour finir.
Commencée de fumée,
Ainsi se fait la forme,
Sans fait d’avenir.

(Jean-Pierre Duprey)

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