Dans le monde d’ici-bas
– je regarde les cerisiers –
en marchant sur l enfer
(Issa)
Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS
Posted by arbrealettres sur 28 février 2023
Dans le monde d’ici-bas
– je regarde les cerisiers –
en marchant sur l enfer
(Issa)
Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS
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Posted by arbrealettres sur 31 mai 2022
DEPUIS QUE JE VOUS AI QUITTÉ…
(sonnet CXIII)
Depuis que je vous ai quitté, mon oeil sans cesse
Est dedans mon esprit et guide mal mes pas.
Il semble regarder les choses d’ici-bas
Mais, aveugle à demi, les ignore et délaisse.
Au coeur, aucun aspect n’est transmis par ses soins
De ce qu’il peut saisir : l’oiseau, la fleur, l’image.
De ce vif, à l’esprit rien n’échoit en partage
Lui-même ne retient rien de ce qu’il étreint.
Le rude et le charmant, la mer et le sommet,
L’être comblé de dons, ou bien déshérité,
Le corbeau, la colombe, et le jour et la nuit,
S’il les perçoit, ce n’est que de vos traits formés.
Incapable de plus, et de vous tout empli,
Trop vrai, mon esprit fait mon oeil sans vérité.
***
Since I left you, mine eye is in my mind,
And that which governs me to go about
Doth part his function, and is partly blind,
Seems seeing, but effectively is out;
For it no form delivers to the heart
Of bird, of flow’r, or shape which it doth latch.
Of his quick objects hath the mind no part,
Nor his own vision holds what it doth catch;
For if it see the rud’st or gentlest sight,
The most sweet favour or deformed’st creature,
The mountain, or the sea, the day, or night,
The crow, or dove, it shapes them to your feature.
Incapable of more, replete with you,
My most true mind thus makes mine untrue.
(William Shakespeare)
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Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2021
Puisqu’ici-bas toute âme
Puisqu’ici-bas toute âme
Donne à quelqu’un
Sa musique, sa flamme,
Ou son parfum ;
Puisqu’ici toute chose
Donne toujours
Son épine ou sa rose
A ses amours ;
Puisqu’avril donne aux chênes
Un bruit charmant ;
Que la nuit donne aux peines
L’oubli dormant ;
Puisque l’air à la branche
Donne l’oiseau ;
Que l’aube à la pervenche
Donne un peu d’eau ;
Puisque, lorsqu’elle arrive
S’y reposer,
L’onde amère à la rive
Donne un baiser ;
Je te donne, à cette heure,
Penché sur toi,
La chose la meilleure
Que j’aie en moi !
Reçois donc ma pensée,
Triste d’ailleurs,
Qui, comme une rosée,
T’arrive en pleurs !
Reçois mes voeux sans nombre,
Ô mes amours !
Reçois la flamme ou l’ombre
De tous mes jours !
Mes transports pleins d’ivresses,
Purs de soupçons,
Et toutes les caresses
De mes chansons !
Mon esprit qui sans voile
Vogue au hasard,
Et qui n’a pour étoile
Que ton regard !
Ma muse, que les heures
Bercent rêvant,
Qui, pleurant quand tu pleures,
Pleure souvent !
Reçois, mon bien céleste,
Ô ma beauté,
Mon coeur, dont rien ne reste,
L’amour ôté !
(Victor Hugo)
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Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2021
[…]
il ne manque à l’amour que la durée
pour être à la fois l’Éden avant la chute
et l’Hosanna sans fin.
Faites que la beauté reste,
que la jeunesse demeure,
que le cœur ne se puisse lasser,
et vous reproduirez le ciel.
L’amour est si bien la félicité souveraine
qu’il est poursuivi de la chimère d’être toujours ;
il ne veut prononcer que des serments irrévocables ;
au défaut de ses joies, il cherche à éterniser ses douleurs;
ange tombé, il parle encore le langage
qu’il parlait au séjour incorruptible;
son espérance est de ne cesser jamais;
dans sa double nature et dans sa double illusion ici-bas,
il prétend se perpétuer par d’immortelles pensées
et par des générations intarissables.
[…]
(René de Chateaubriand)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (René de Chateaubriand), amour, ange, éterniser, beauté, cesser, chimère, chute, ciel, coeur, demeurer, double, douleur, durée, eden, espérance, félicité, fin, génération, Hosanna, ici-bas, illusion, immortel, incorruptible, intarissable, irrévocable, jamais, jeunesse, joie, langage, lasser, manquer, nature, parler, pensée, perpétuer, poursuivre, prétendre, prononcer, reproduire, rester, séjour, serment, souverain, tomber, toujours | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 mars 2020
Dieu
Toi qui emplis tous les mondes ici-bas
sans quitter tes hauteurs suprêmes,
Maître de tous ceux qui oeuvrent, règnent et savent,
Serviteur de l’Amour !
Toi qui ne dédaignes pas d’être le ver
ou la motte de terre,
nous reconnaissons à cette humilité
que tu es Dieu.
(Sri Aurobindo)
Posted in poésie | Tagué: (Sri Aurobindo), amour, dédaigner, Dieu, emplir, hauteur, humilité, ici-bas, maître, monde, motte, oeuvrer, quitter, règner, reconnaître, savoir, serviteur, suprême, terre, ver | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 mars 2020
Mère Durga ! Chevalière au lion, donneuse de tous les pouvoirs, Mère,
bien-aimée de Shiva! Nous, la jeunesse du Bengale, nés de ta Puissance,
sommes réunis dans ton temple pour t’adresser notre prière.
Écoute, ô Mère ! Descends sur notre terre du Bengale ! Manifeste-toi !
Mère Durga! D’âge en âge, naissance après naissance, nous venons ici-bas
dans un corps humain, accomplissons ton oeuvre et regagnons le foyer de Ta Félicité.
Cette fois encore, en cette naissance, nous voici, consacrés à ton oeuvre.
Écoute, ô Mère ! Descends sur notre terre du Bengale ! Sois avec nous, notre Sauveuse !
Mère Durga! Chevalière au lion, trident en main, ton corps de beauté
couvert d’une armure, Mère, donneuse de victoire ! L’Inde attend ta venue,
impatiente de te voir sous ta forme de Grâce et de Bonté. Écoute, ô Mère !
Descends sur notre terre du Bengale ! Manifeste-toi !
Mère Durga! Donneuse de force, d’amour, de connaissance !
Toi qui dans l’essence de ta nature es la Shakti-de-Puissance ! Ô Redoutable,
au double visage de Douceur et de Violence ! Dans la bataille de la vie,
dans la bataille de l’Inde, c’est toi qui nous as envoyés comme tes guerriers.
Ô Mère, accorde à nos coeurs et nos esprits l’énergie du Titan,
l’audace et la hardiesse du Titan dans toutes nos actions. Accorde, ô Mère,
à notre coeur et notre intelligence la force de caractère et la connaissance d’un dieu !
Mère Durga ! Le peuple de l’Inde, noble entre tous, était englouti dans d’épaisses
ténèbres. Mais voici que peu à peu, ô Mère, tu te lèves à l’extrême horizon
et l’Aurore resplendit dans le rougeoiement de ton corps-de-ciel qui dissipe l’obscurité.
Que l’immense lumière se répande, ô Mère, et disperse les ténèbres !
Mère Durga ! Parée de profonde verdure, ornée de la Toute-Beauté, toi qui maintiens,
toi en qui reposent la connaissance, l’amour et la force, c’est sur la terre du Bengale
que tu t’incarnes aujourd’hui; cachée jusqu’ à présent, repliée sur elle-même,
elle concentrait ses énergies. Mais l’âge est venu, le jour est venu et déjà
elle se redresse, notre Mère du Bengale, portant l’Inde entière sur ses épaules.
Viens, ô Mère ! Manifeste-toi !
Mère Durga! Nous, tes enfants, que par ta grâce, sous ton empire,
nous puissions accomplir la grande oeuvre, le grand idéal. Anéantis en nous
la petitesse, anéantis l’égoïsme, anéantis la peur !
Mère Durga! Toi qui revêts le visage de Kâlî, portant à ton cou une guirlande de crânes,
vêtue d’espace, brandissant l’épée, ô Déesse, triomphatrice de l’Asura!
De ton rugissement féroce et impitoyable, fais périr les passions-ennemies de l’âme,
qu’il n’en reste plus une seule vivante au fond de nous.
Que nous devenions purs et sans souillure. Telle est notre prière, ô Mère !
Manifeste-toi!
Mère Durga! L’Inde moribonde est abîmée dans l’égoïsme, la peur, la petitesse.
Rends-nous grands et dignes des plus hautes tentatives, rends-nous magnanimes
et sincères dans notre volonté inflexible d’atteindre la Vérité.
Chasse tout misérable désir, toute impuissance, toute paresse,
que plus jamais nous ne soyons paralysés par la peur !
Mère Durga! Shakti-du-Yoga! Que ton pouvoir immense s’étende partout !
Nous sommes tes enfants bien-aimés. Fais largement briller parmi nous
l’enseignement perdu, la fermeté, la puissance de la pensée,
la dévotion et la foi, l’austérité et la chasteté, la connaissance de la Vérité,
et à travers nous répands-les sur le monde. Pour aider et secourir l’humanité,
toi, Durga, annihilatrice de toute adversité,
ô Mère-du-monde ! Manifeste-toi !
Durga Mère ! Extermine en nous les vices-ennemis, puis extirpe au-dehors
tous les dangers, tous les obstacles ! Que plein de force, valeureux et noble,
le peuple de l’Inde vive à jamais dans ses forêts sacrées et dans ses champs fertiles,
au pied de ses montagnes amies du ciel, le long des rives de ses fleuves
aux eaux saintes et purifiantes. Peuple suprême par son amour et son unité,
sa vigueur et sa droiture, son art et sa littérature, son héroïsme et sa connaissance !
Telle est notre prière aux pieds de la Mère ! Manifeste-toi !
Mère Durga ! Que ta Force, la Force du Yoga, inonde et emplisse notre corps !
Nous deviendrons tes instruments, ton épée qui abat le mal, ta lampe qui dissipe
l’ignorance. Exauce cette aspiration de la jeunesse du Bengale. Toi, notre Souveraine,
guide-nous ; toi qui détruis le mal et brandis ferme l’épée ;
toi, lumière resplendissante de la connaissance, tiens haut la lampe !
Manifeste-toi !
Mère Durga! Quand nous te posséderons, nous ne déferons plus tes liens :
nous t’attacherons à nous avec la triple corde de la foi, de la dévotion et de l’amour.
Viens, Mère ! Manifeste-toi dans notre esprit, notre vie, notre corps !
Viens, révélatrice de la Voie des Héros ! Plus jamais nous ne te rejetterons !
Que notre vie entière devienne une adoration sans fin de Durga!
Que toutes nos actions soient pour toujours sacrées, pleines d’amour et d’énergie,
vouées au service de la Mère ! Telle est notre prière, ô Mère !
Descends sur notre terre du Bengale ! Manifeste-toi !
(Sri Aurobindo)
Posted in poésie | Tagué: (Sri Aurobindo), accomplir, accorder, action, adoration, adresser, adversité, aider, amour, anéantir, armure, atteindre, attendre, audace, aujourd'hui, aurore, austérité, âge, âme, écouter, égoïsme, énergie, épais, épaule, épée, bataille, beauté, bien-aimé, bonté, cacher, caractère, chasteté, chevalier, ciel, coeur, concentrer, connaissance, consacrer, corde, corps, couvrir, crâne, défaire, désir, détruire, dévotion, descendre, Dieu, disperser, dissiper, donneur, douceur, Durga, empire, engloutir, ennemi, envoyer, esprit, essence, exaucer, extrême, félicité, foi, force, forme, foyer, grâce, guerrier, guirlande, hardiesse, héroïsme, horizon, humain, humanité, ici-bas, idéal, ignorance, immense, impatient, impitoyable, impuissance, incarner, Inde, inonder, instrument, intelligence, jeunesse, lampe, lion, lumière, main, mal, mère, misérable, naître, naissance, nature, noble, obscurité, oeuvre, orné, paralyser, parer, paresse, passion, petitesse, peuple, peur, posséder, pouvoir, prière, profond, puissance, réunir, révélateur, redoutable, regagner, replier, reposer, resplendir, rougeoiement, rugissement, sacré, sauveur, se lever, se manifester, se répandre, se redresser, secourir, service, ténèbres, temple, terre, trident, triomphateur, vérité, venir, venue, verdure, victoire, vie, violence, visage, vouer, yoga | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 août 2019
Illustration: Ben Madeska
LE NOM TERRESTRE
Un verre d’eau ! Lors d’une soif torride
« Donne-moi à boire, sinon je meurs. »
Insistant, faible, comme un chant,
Telle une plainte dans la chaleur…
Et je redis, et je répète, plus fort,
Et à nouveau, encore, encore,
Comme la nuit, quand on veut tant dormir
Et que sans cesse le sommeil fuit.
Comme si on manquait d’herbes dans les prés,
D’herbes qui soignent de tous les maux !
J’insiste, je perds les mots, je dis encore,
Telle la syllabe d’un mot d’enfant,
À chaque instant, toujours unique,
Le plus serré, la corde au cou,
Car ici-bas le nom terrestre
Ce n’est pas ça, ce n’est pas tout.
(Marina Tsetaeva)
Posted in poésie | Tagué: (Marina Tsetaeva), boire, chaleur, chant, corde, dormir, eau, encore, enfant, faible, fort, herbe, ici-bas, insister, instant, mal, manquer, mot, mourir, nom, nuit, perdre, plainte, pré, répéter, redire, sans cesse, serrer, soif, soigner, sommeil, syllabe, terrestre, torride, unique, verre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2019
on voudrait croire ici-bas
que nous parle une voix d’en haut
quelquefois la jeune servante
occupée à cirer le plateau
d’une table ancienne
suspend son geste écoute
naître au loin la chanson secrète
et s’approche de la fenêtre
alors qu’apparaît le marchand d’oublies
(Jean-Claude Pirotte)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Claude Pirotte), apparaître, chanson, cirer, croire, en haut, fenêtre, ici-bas, marchand, oublies, secrète, servante, suspendre, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2019
L’homme et le chien
Il ne voyait rien, il ne cherchait rien,
Il se contentait d’avoir un grand chien
A qui il parlait, à qui il riait
Comme à un ami qui lui ressemblait.
A deux, ils formaient sûrement quelqu’un,
Quelqu’un de très bon, quelqu’un de très bien
Traversant la vie sans souci aucun,
Simplement content d’être très content,
De ne désirer rien d’autre vraiment
Que d’être ici-bas un homme et un chien.
(Maurice Carême)
Posted in poésie | Tagué: (Maurice Carême), ami, chercher, chien, content, désirer, homme, ici-bas, ressembler, se contenter, traverser, voir | 5 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2018
Pétrarque
De vous qui entendez, en mes rimes éparses,
Tous ces gémissements dont j’abreuvais mon coeur
Dans les égarements de ma prime jeunesse,
Quand j’étais autre qu’à présent, au moins un peu.
Pour ces écrits, plaintes, ressassements
Ballottés entre vains espoirs, vaine douleur,
J’espère compassion si ce n’est excuse :
N’avez-vous pas souffert l’épreuve de l’amour?
Mais maintenant je vois bien que je fus
De tous la longue fable, et souvent j’ai honte
De moi, quand je médite sur moi-même:
Et de ma frénésie c’est le fruit, cette honte,
Avec le repentir, et savoir, clairement,
Qu’ici-bas ce qui plaît, c’est bref, ce n’est qu’un songe.
***
Voi ch’ascoltate in rime sparse il suono
di quei sospiri ond’io nudriva ‘l core
in sul mio primo giovenile errore
quand’era in parte altr’uom da quel ch’i’ sono,
del vario stile in ch’io piango et ragiono
fra le vane speranze e ‘l van dolore,
ove sia chi per prova intenda amore,
spero trovar pietà, non che perdono.
Ma ben veggio or si corne al popol tutto
favola fui gran tempo, onde sovente
di me medesmo meco mi vergogno;
et del mio vaneggiar vergogna è ‘l frutto,
e ‘l pentersi, e ‘l conoscer chiaramente
che quanto piace al mondo è breve sogno.
(Pétrarque)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Pétrarque), abreuver, amour, écrit, égarement, épars, épreuve, ballotter, bref, clairement, coeur, compassion, douleur, entendre, espérer, espoir, excuse, fable, frénésie, fruit, gémissement, honte, ici-bas, jeunesse, méditer, plainte, plaire, repentir, ressassement, rime, songe, souffrir, vain | Leave a Comment »