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Poésie

Posts Tagged ‘combler’

Je creuse un trou (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2024




    
Je creuse un trou
pour chercher une parole enfouie. Si je la trouve

la parole comblera le trou. Si je ne la trouve pas,
le trou restera pour toujours ouvert dans ma voix.

La recherche de l’enfouir
suppose qu’on adopte les vides sans résultat.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Être cette terre (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2024



Illustration: Vincent Van Gogh
    
être cette terre
où travaillent
ses racines

ce tronc massif
noueux à l’écorce
éclatée

ce jaillissement
des branches

ces milliers de feuilles qui
frémissent dans le vent

la sève
son extrême lenteur
son travail invisible
et obstiné sa silencieuse
circulation au long
des fibres
qui dresse et déploie
une telle puissance
une si comblante
harmonie

pour apprendre
à ne plus douter

ne plus céder
à l’impatience

(Charles Juliet)

Recueil: Ce pays de silence précédé de Trop ardente et L’Inexorable
Editions: P.O.L.

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Près de l’aigrette du grand pont (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2024




    
Près de l’aigrette du grand pont
L’orgueil au large
J’attends tout ce que j’ai connu
Comblée d’espace scintillant
Ma mémoire est immense.

La bonté danse sur mes lèvres
Des haillons tièdes m’illuminent
Une route part de mon front
Proche et lointaine
La mer bondit et me salue
Elle a la forme d’une grappe
D’un plaisir mûr

J’aimais hier et j’aime encore
Je ne me dérobe à rien
Mon passé m’est fidèle
Le temps court dans mes veines

(Paul Eluard)

Recueil: Le livre ouvert 1938-1944
Editions: Gallimard

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Vitalité (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2023



Illustration: Ira Mitchell-Kirk
    
Vitalité

Ce jour-là
Tout ravivait l’espérance

Était-ce cette musique intime
Venue on ne sait d’où ?
Ou cette bouffonnerie joyeuse
Qui s’empare parfois de nos coeurs
Transformant chaque ride en rire
Chaque broussaille en horizon ?

Était-ce un écho
Qui comble soudain l’appel ?
Un rayon qui transperce les mailles ?
Une présence qui écarte les barreaux ?
Était-ce l’oiseau tenace
Balayant de ses ailes nos laborieux chagrins ?

Ce jour-là la vie
Fendit ses écorces
Pour s’ébattre sans entraves
Dans tout l’espace du corps.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Echo (Christina Rossetti)

Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2023



    

Echo

Viens à moi dans le silence de la nuit ;
Viens dans le silence éloquent d’un rêve ;
Viens, les joues rondes et douces, les yeux étincelants
Comme un ruisseau ensoleillé ;
Reviens en pleurs,
O souvenir, espoir, amour d’années révolues.

O rêve si doux, trop doux, trop doux-amer,
Dont le réveil aurait dû se produire au Paradis
Où des âmes comblées d’amour vivent et se rencontrent,
Où des yeux assoiffés de désir
Observent la porte qui, doucement,
Laisse entrer pour ne plus laisser sortir.

Pourtant, reviens-moi en rêve, que je revive
Ma vie bien que mortellement transie :
Reviens-moi en rêve, que je rende
Pulsation pour pulsation, souffle pour souffle :
Baisse la voix, penche-toi bien,
Comme il y a longtemps, mon amour, bien longtemps.

(Goblin Market and Other Poems, 1862.)

(Christina Rossetti)

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LE CHARME DU PLAISIR (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
LE CHARME DU PLAISIR

1

Jeune beauté faite pour nos désirs
A la gaité joignez la volupté.
C’est la divinité
Qui soutient votre empire
Dans les bras d’un amant.
Que son cœur est charmant.
Qu’en pensez-vous ?
Bon je vous vois sourire.

2

Pour vos appas Lucie mon cœur soupire.
Laissez moi voir
Par dessous ce mouchoir
Ah le beau reposoir.
Souffrez que l’on admire.
Je voudrais que ma main
Y commette un larcin.
Qu’en pensez-vous ? (bis)

3

Quoi, vous boudez !
Lucie je me retire
J’irai plus bas chercher d’autres appas.
Si je fais du fracas
Vous n’aurez rien à dire ;
Si je donne du désir
Et aussi du plaisir
Qu’en pensez-vous ? (bis)

4

Il ne faut pas
Mourir vierge martyre.
Faisons un tour au palais de l’amour.
Des secrets de sa cour
Je vais vous instruire.
Son trône est un sofa,
Son sceptre le voilà
Qu’en pensez-vous ? (bis)

5

Suivez mes pas
Je suis un vaillant sire :
Cinq à six fois
C’est le moins de mes exploits
Cet ouvrage je crois,
C’est vous qui me l’inspirez.
Demain je reviendrai, je recommencerai
Qu’en pensez-vous ? (bis)

6

Fanchette, hé bien
Ne voulez-vous rien dire ?
Répondez donc si cela est ou non.
Vous savez qu’un garçon
Demande à se produire.
Son plus cher agrément
Est celui d’être amant
Qu’en pensez-vous (bis).

7

Qu’en pensez-vous
Plus belle que l’aurore ?
Vos yeux riant me rendront-ils content ?
Ne tardez pas longtemps
Tendre objet que j’adore.
Rendez-moi mon cœur joyeux.
Faites un amant heureux
Qu’en pensez vous ? (bis)

8

Qu’en pensez-vous ?
Ah daignez donc m’instruire.
Vos sentiments me semblent surprenants.
Un silence aussi grand !
Faites que mon cœur soupire.
Apprenez moi enfin
Quel sera mon destin.
Qu’en pensez-vous ? (bis)

9

Laissez charmer votre cœur Zémire
Pourquoi tarder
Puisqu’il faut s’engager.
Le temps est précieux
Quand le cœur le désire.
Comblerez-vous mes vœux ?
Oui, je lis dans vos yeux.
Qu’en pensez-vous ? (bis)

10

Oui cher Tircis votre amour j’accepte
Mais un amant doit agir prudemment.
Si je fus si longtemps
A demeurer muette,
C’est pour mieux sentir
Le charme du plaisir
Qu’en pensez-vous ?
Bon je vous vois sourire.

(Chansons du XVIIIè)

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NON, ET PUIS OUI, MAIS DANS LES FORMES (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2023



Illustration: Louis Marin Bonnet 
    
NON, ET PUIS OUI, MAIS DANS LES FORMES

1

Il est passé minuit
Je n’entends plus de bruit.
Mignonne mes amours,
Dormirez vous toujours ?
Ouvrez-moi la fenêtre
Je vous ferai connaître
Le tendre sentiment
D’un véritable amant.

2

Quel est cet étourdi
Qui se rend si hardi
De troubler mon repos
La nuit mal à propos ?
J’appellerai mon père
J’éveillerai ma mère.
Monsieur retirez-vous
Evitez leur courroux.

3

Calmez pour un moment
Votre ressentiment.
Mignonne écoutez-moi.
Je vous promets ma foi
Vous voyez mon martyre :
Je n’ose vous le dire.
Surtout pendant le jour
Je cache mon amour.

4

N’avez-vous point de peur
D’exposer mon honneur ?
Si quelqu’un nous voyait
Qu’est-ce qu’on dirait ?
Evitez le scandale,
Crainte que l’on étale
Tous vos doux entretiens
Aussi bien que les miens.

5

Je saisis cet instant
Mon petit cœur charmant,
Pour vous entretenir
Un moment à loisir.
Plus on a de tendresse
Plus on a de sagesse.
Ouvrez mon petit cœur
Faites-moi cet honneur.

6

Mon cher ami bonsoir.
Juste ciel, qu’il fait noir !
Je ne puis seulement
Vous voir mon cher amant.
Mais ce qui me console
J’entends votre parole.
Mon bonheur le plus doux
C’est d’être auprès de vous.

7

Le ciel comble mes vœux
Ah que je suis heureux.
Ma belle voulez-vous
Que je sois votre époux ?
Vous m’aimez, je vous aime.
Mon bonheur est extrême
Remplissez, s’il vous plaît
Mignonne mes souhaits.

8

Parlez à mes parents
D’un bon cœur j’y consens.
Que ce soit dès demain,
Touchez moi dans la main.
Parlez à mon cher père
Je gagnerai ma mère
Amant soyez discret
Gardez bien le secret.

9

Adieu, séparons-nous
Je prends congé de vous.
Ma poulette bonsoir
Adieu jusqu’au revoir.
Au lever de l’aurore
Je reviendrai encore
Te souhaiter le bon jour
De la part de l’amour.

(Chansons du XVIIIè)

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Épreuves du langage (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2023



Andrée Chedid
    
Épreuves du langage
I

D’où vient le son
Qui nous ébranle
Où va le sens
Qui se dérobe
D’où vient le mot
Qui libère
Où va le chant
Qui nous entraîne
D’où surgit la parole
Qui comble le vide
Qui fauche le temps ?

II

Quel alphabet
Prend en compte
Nos clartés comme nos ombres
Quel langage
Raboté par nos riens
Ameute le souffle
Quel désir
Devient cadences
Images … métamorphoses
Quel cri
Se ramifie
Pour reverdir ailleurs
Quel poème
Fructifie
Pour se dire autrement ?

III

Issu de notre chair
Tissé de siècles
Et d’océans
Quel verbe
Criblera nos murs
Sondera nos puits
Modèlera nos saisons ?

Avec quels mots
Saisir les miettes
Du mystère
Qui nous enchâsse
Ou de l’énigme
Qui nous surprend ?

IV

Que veut la Poésie
Qui dit
Sans vraiment dire
Qui dévoie la parole
Et multiplie l’horizon

Que cherche-t-elle
Devant les grilles
De l’indicible
Dont nous sommes
Fleur et racine
Mais jamais ne posséderons ?

V

Ainsi chemine
Le langage
De terre en terre
De voix en voix

Ainsi nous devance
Le poème
Plus tenace que la soif
Plus affranchi que le vent !

(Andrée Chedid)

Recueil: Poèmes & Poèmes Les plus belles poésies de la langue française
Editions: Castor Poche

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Les hommes s’agitent confusément (Laoshu)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2023



Illustration: Laoshu
    
Les hommes s’agitent confusément,
Qu’ont-ils à gagner ou à perdre ?
Fleuves et mers sont immenses,
Et pourtant, une seule louchée peut nous combler.
Le Temps est si long,
L’existence n’est qu’une promenade solitaire.
Regarde ! Regarde !
Il tombe une pluie d’étoiles filantes.

(Laoshu)

Recueil: Un monde simple et tranquille
Traduction: du chinois par Jean-Claude Pastor
Editions: Philippe Picquier

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NUL BONHEUR (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 13 Mai 2023




Illustration: Jean-Jacques Henner
    
NUL BONHEUR

Nul bonheur ne peut me toucher
Tout a fui par ton absence
Une fleur vient m’effaroucher
L’oiseau chante ma réticence.
Nul bonheur ne m’aide à revivre
Ton silence est un poids cruel
Si lourd à mon âme en duel…
Car sur la terre il me faut vivre…

Nul bonheur ne m’a plus comblée
Le jardin me parait désert
Dans sa blessure, l’exilée
N’entend que son morne concert.
Nul bonheur ne franchit ma porte
Le silence frappe mon coeur
Seule ma peine n’est point morte
Heureux qui ne sent sa rigueur.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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