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Poésie

Posts Tagged ‘en pleurs’

Echo (Christina Rossetti)

Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2023



    

Echo

Viens à moi dans le silence de la nuit ;
Viens dans le silence éloquent d’un rêve ;
Viens, les joues rondes et douces, les yeux étincelants
Comme un ruisseau ensoleillé ;
Reviens en pleurs,
O souvenir, espoir, amour d’années révolues.

O rêve si doux, trop doux, trop doux-amer,
Dont le réveil aurait dû se produire au Paradis
Où des âmes comblées d’amour vivent et se rencontrent,
Où des yeux assoiffés de désir
Observent la porte qui, doucement,
Laisse entrer pour ne plus laisser sortir.

Pourtant, reviens-moi en rêve, que je revive
Ma vie bien que mortellement transie :
Reviens-moi en rêve, que je rende
Pulsation pour pulsation, souffle pour souffle :
Baisse la voix, penche-toi bien,
Comme il y a longtemps, mon amour, bien longtemps.

(Goblin Market and Other Poems, 1862.)

(Christina Rossetti)

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Puisqu’ici-bas toute âme (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2021



    

Puisqu’ici-bas toute âme

Puisqu’ici-bas toute âme
Donne à quelqu’un
Sa musique, sa flamme,
Ou son parfum ;

Puisqu’ici toute chose
Donne toujours
Son épine ou sa rose
A ses amours ;

Puisqu’avril donne aux chênes
Un bruit charmant ;
Que la nuit donne aux peines
L’oubli dormant ;

Puisque l’air à la branche
Donne l’oiseau ;
Que l’aube à la pervenche
Donne un peu d’eau ;

Puisque, lorsqu’elle arrive
S’y reposer,
L’onde amère à la rive
Donne un baiser ;

Je te donne, à cette heure,
Penché sur toi,
La chose la meilleure
Que j’aie en moi !

Reçois donc ma pensée,
Triste d’ailleurs,
Qui, comme une rosée,
T’arrive en pleurs !

Reçois mes voeux sans nombre,
Ô mes amours !
Reçois la flamme ou l’ombre
De tous mes jours !

Mes transports pleins d’ivresses,
Purs de soupçons,
Et toutes les caresses
De mes chansons !

Mon esprit qui sans voile
Vogue au hasard,
Et qui n’a pour étoile
Que ton regard !

Ma muse, que les heures
Bercent rêvant,
Qui, pleurant quand tu pleures,
Pleure souvent !

Reçois, mon bien céleste,
Ô ma beauté,
Mon coeur, dont rien ne reste,
L’amour ôté !

(Victor Hugo)

 

Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus

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LA SAISON DES ANGES (Hwang Ji-u)

Posted by arbrealettres sur 2 juin 2018



Illustration: Arnaud Martin
    
LA SAISON DES ANGES

…, Quelque chose, ce quelque chose vient, vient à moi, à ma
femme, aux enfants, à ma mère, à mon frère aîné, à ma
soeur aînéе, à mon frère cadet, vient. Quelque chose
d’omis : la déclaration d’un absent, une place vide.

Quelque chose, quelque chose vient, vient plus tôt vers le ciel,
vient vers cette terre, vient vers cette fleur, vient vers
cette mer en pleurs, vient la situation en crise, notre coeur,
notre coeur, sous le givre.

Ah, ce quelque chose, ce quelque chose, je ne peux plus
parler. Le ciel, je ne peux plus le regarder. La terre, je ne
peux plus marcher. La fleur, n’éclora plus ! Respirer, je ne
peux plus ! Je devrais éclater !

Père, retombez vite en poussière. Pourquoi nous regardez
vous fixement, nous les vivants, avec les yeux que vous
aviez en vie?

(Hwang Ji-u)

 

Recueil: DE L’HIVER-DE-L’ARBRE AU PRINTEMPS-DE-L’ARBRE Cent poèmes __..
Traduction: Kim Bona
Editions: William Blake & co

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Dans le domaine lointain de l’Empereur (Yamanoue no Okura)

Posted by arbrealettres sur 13 Mai 2018



 

Jaya Suberg annagitt4-yeswkl

Dans le domaine lointain
De l’Empereur,
Au pays de Tsukushi
Où courent les feux follets
Son amour l’avait conduit
Comme une enfant en pleurs,
Sans s’arrêter
Pour reprendre son souffle.
Des mois et des années
N’avaient pas encore passé
Et mon coeur
Ne se doutait de rien.
Or te voilà gisante,
Étendue sous mes yeux.
Je ne sais que dire,
Je ne sais que faire.
Ni aux rochers ni aux arbres
Je ne saurais m’adresser.
Si nous étions à la maison
Ta silhouette serait présente.
Quelle cruauté est la tienne
Mon auguste femme chérie !
Et maintenant
Que puis-je faire ?
Côte à côte
Comme deux grèbes (fidèles)
Nous avions juré de vivre.
Tu restes maintenant loin de chez nous.

(Yamanoue no Okura)

Illustration: Jaya Suberg

 

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Il y a un vers à soi (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2018




    
Il y a un vers à soi
que l’on ne dit à personne
Je crois l’avoir entendu
un jour de tristesse
éphémère il se cache de moi

Cet air insaisissable flottant libellule
me manque
Je le respirais avant
fleur cueillie sur le chemin de l’école
parfum des Amadeus en pleurs

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

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Que j’aime au fond des bois… (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2017




    
Que j’aime au fond des bois…

Que j’aime au fond des bois la plainte souterraine,
Fuyant sous le gravier, d’une source captive!
L’anneau de fer verdit au pavé qui le rive
Parmi l’amas des glands, des cornes et des faînes.

Partout la mousse étend autour de la fontaine
Son velours moite; à peine, amoureuse et pensive,
Murmure obscurément, à travers la bourdaine
Et le houx, l’eau suintant aux glèbes de la rive.

Mon coeur est cette source en pleurs au fond des bois,
Qu’entoure le silence et voile le mystère,
Que nul rayon ne frôle, où nul oiseau ne boit;

Mais vers la sombre dalle approche et penche-toi,
Ecoute pour toi seul du flot crépusculaire
La chanson s’égrener comme un divin rosaire!

(Marie Dauguet)

 

 

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CHANSON (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2015



CHANSON

Voici venir la nuit.

Sur l’enclume du soir
frappent les rayons de lune.

Voici venir la nuit.

Un grand arbre s’est vêtu
de paroles mélodieuses.

Voici venir la nuit.

Si tu venais me voir
par les sentiers de l’air,

Voici venir la nuit

tu me verrais en pleurs
sous les grands peupliers,
ô fille brune!
sous les grands peupliers.

(Federico Garcia Lorca)

Illustration

 

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