Posts Tagged ‘fer’
Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024
Illustration: William Blake
IMAGE DIVINE
Cruauté porte un coeur humain,
Et Jalousie un visage humain,
Terreur a la divine forme humaine,
Hypocrisie le vêtement humain.
Le vêtement humain est de fer forgé ;
La forme humaine une forge de feu,
Le visage humain une fournaise close,
Le coeur humain est sa gorge affamée.
***
A Divine Image
Cruelty has a Human Heart
And Jealousy a Human Face
Terror the Human Form Divine
And Secrecy, the Human Dress
The Human Dress, is forged Iron
The Human Form, a fiery Forge.
The Human Face, a Furnace seal’d
The Human Heart, its hungry Gorge.
(William Blake)
Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres
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Posted by arbrealettres sur 22 février 2024
Missak Manouchian
LE MIROIR ET MOI
Dans tes yeux de la fatigue et sur ton front tant de rides,
Parmi tes cheveux les blancs, vois, tant de blancs camarade…
Ainsi me parle souvent l’investigateur miroir
Toutes les fois que, muet, je me découvre seul en lui.
Tous les jours de mon enfance et les jours de ma jeunesse
Je – cœur parfois tout disjoint – les brimais pour l’holocauste
Sur l’autel des vanités tyranniques de ce temps,
Naïf – tenant pour abri l’espoir tant de fois promis.
Comme un forçat supplicié, comme un esclave qu’on brime
J’ai grandi nu sous le fouet de la gêne et de l’insulte,
Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème…
Quel guetteur têtu je fus des lueurs et des mirages !
Mais l’amertume que j’ai bue aux coupes du besoin
S’est faite – fer devenue – que révolte, qu’énergie :
Se propageant avec fureur mon attente depuis
Enfouie jusqu’au profond du chant m’est cri élémentaire.
Et qu’importe, peu m’importe :
Que le temps aille semant sa neige sur mes cheveux !
Cours fertile qui s’élargit et qui s’approfondit
Au cœur de toute humanité très maternellement.
Et nous discutons dans un face-à-face, à « contre-temps »,
Moi naïvement songeur, lui ironique et lucide;
Le temps ? Qu’importe ce blanc qu’il pose sur les cheveux :
Mon âme comme un fleuve est riche de nouveaux courants.
(Missak Manouchian)
Recueil: LA POESIE ARMENIENNE Anthologie des origines à nos jours
Traduction: Gérard HEKIMIAN
Editions: Les Editeurs Français Réunis
Posted in poésie | Tagué: (Missak Manouchian), abri, amertume, attente, autel, âme, élémentaire, énergie, battre, besoin, blanc, boire, brimer, camarade, chant, cheveux, coeur, contre temps, coupe, courant, cours, cri, devenir, discuter, disjoindre, enfance, enfouir, esclave, espoir, face-à-face, fatigue, fer, fertile, fleuve, forçat, fouet, front, fureur, gandir, gêne, guetteur, holocauste, humanité, importer, insulte, investigateur, ironique, jeunesse, jour, lucide, lueur, maternel, mirage, miroir, mort, naïf, neige, nouveau, nu, parler, poser, problème, profond, promettre, révolte, riche, ride, s'approfondir, s'élargir, se propager, semer, seul, songeur, supplicier, têtu, temps, tyran, vanité, vivre, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 février 2024
APPEL CHAMPÊTRE
Un morceau de pain
couvert de raisiné sombre
est le goûter du garçon assis
sur un mur d’éclatante argile
et ses pieds pendants sont chaussés
de brodequins cloutés de fer;
lorsqu’on l’appelle de loin
il ne répond pas aussitôt
la même voix
clamant alors plus fort son nom
à l’unique syllabe brève
trouble à peine le calme des îles.
(Jean Follain)
Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 16 février 2024
LA MATIÈRE
Sur la matière
plane un rêve
mais esclave
chez un maître infâme
le vase de verre
porte une rose sombre l’or rutile
et le fer rouge
fait hurler la beauté
fragile et nue
dans la nuit de l’être.
Réduites aux choses
des fourrures mortes
pendent au mur blême.
(Jean Follain)
Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2024
Le Pot de Fer et le Pot de Terre.
Le pot de fer nageait auprès du pot de terre ;
L’un en vaisseau marchand, l’autre en vaisseau de guerre.
L’un n’appréhendait rien, l’autre avait de l’effroi,
Et tous deux savaient bien pourquoi.
Ainsi mal-à-propos petit prince se brise
Aux côtés d’un grand roi.
Ceci vous dit : malheur à qui s’avise
D’approcher de trop près d’un plus puissant que soi.
(Isaac de Benserade)
Recueil: Fables
Editions:
Posted in poésie | Tagué: (Isaac de Benserade), appréhender, côte, effroi, fer, grand, guerre, mal à propos, malheur, marchand, nager, petit, pot, pourquoi, près, prince, puissant, rien, roi, s'approcher, s'aviser, savoir, se briser, terre, vaisseau | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2023
Un baobab
Un paisible et géant baobab.
C’était la dernière vision humaine
qu’emportaient les esclaves noirs de Gorée
avant d’entrer, presque à quatre pattes, dans
les réduits ouvrant directement sur la mer,
d’où ils partaient pour les Amériques.
Chaque fois que l’un d’eux mourait, dans
ses fers, à fond de cale, il poussait,
quelque part sur une savane d’Afrique,
un baobab.
(Jean Orizet)
Recueil: La peau bleue des rêves
Editions: Le Cherche Midi
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Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2023
Le glaive
Les bras de soie de mon enfance
Ne peuvent rien,
Contre le glaive qui inquiète nos villes
Contre le plomb répandu dans l’eau
Contre les paroles de fer
Les bras de soie de mon enfance
Se sont ouverts
L’oiseau est pris
Aux filets des hommes.
(Andrée Chedid)
Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion
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Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2023
Illustration: Achille Devéria
Ma maîtresse a des yeux qui n’ont rien du soleil
Et ses lèvres n’ont point la rougeur coralline ;
A de noirs fils de fer ses cheveux sont pareils
Et, si la neige est blanche, est brune sa poitrine ;
Rouge et blanche, j’ai vu la rose de Damas,
Mais sur sa joue en vain je cherche rose telle,
Et je sais des parfums plus doux à l’odorat
Que l’haleine qui sort des lèvres de ma belle.
Je sais bien, quoique j’aime à l’entendre parler,
Que musique a des sons beaucoup mieux faits pour plaire ;
J’accorde n’avoir vu de déesse marcher,
Mais quand va ma maîtresse, elle a les pieds sur terre :
Et pourtant, par le ciel, je la prise aussi haut
Que femmes qu’on déguise en parallèles faux.
Traduit de l’anglais par Jean Fuzier,
Editions Gallimard, 1959
(William Shakespeare)
Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior
Posted in poésie | Tagué: (William Shakespeare), accorder, aimer, belle, blanc, brun, chercher, cheveux, ciel, coralline, déesse, déguiser, doux, en vain, entendre, faux, femme, fer, fil, haleine, joue, lèvres, maîtresse, marcher, musique, neige, noir, odorat, parallèle, pareil, parfum, parler, pied, plaire, poitrine, priser, rose, rouge, rougeur, savoir, soleil, son, sortir, terre, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2023
Paul Eluard
ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (III)
III
J’ai rêvé du printemps le printemps a noirci
L’été le fer aussi dans le fruit a noirci
J’aurais pu perdre les couleurs
Qui m’imposaient d’être moi-même et ce que j’aime
J’aurais pu perdre le pouvoir
De savoir le poids du blanc et du noir
Une fleur étincelle au milieu du printemps
Rouille la pluie la ronge et je passe à l’été
Les moissons sont brûlées à nous le renouveau
Fleur et fruit de mémoire ont force d’avenir
J’ai su passer trois ans et des milliers d’années
À vivre comme vivent les soleils couchés.
Maintenant je me lève car tu t’es levée
Rose du feu sur les cendres du feu
Et mon amour est bien plus grand que mon passé.
(Paul Eluard)
Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey
Posted in poésie | Tagué: (Paul Eluard), aimer, amour, année, avenir, été, étinceler, blanc, brûler, cendre, couché, couleur, fer, feu, fleur, force, fruit, grand, imposer, maintenant, mémoire, milieu, moisson, noir, noircir, passé, passer, perdre, pluie, poids, pouvoir, printemps, rêver, renouveau, ronger, rose, rouiller, savoir, se lever, soleil, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2023
Heurte
Heurte à jamais.
Dans le leurre du seuil.
À la porte, scellée,
À la phrase, vide.
Dans le fer, n’éveillant
Que ces mots, le fer.
Dans le langage, noir.
Dans celui qui est là.
Immobile, à veiller
À sa table, chargée
De signes, de lueurs. Et qui est appelé
Trois fois, mais ne se lève.
(Yves Bonnefoy)
Recueil: Dans le leurre du seuil
Editions: Mercure de France
Posted in poésie | Tagué: (Yves Bonnefoy), appeler, à jamais, charger, fer, fois, heurter, immobile, langage, leurre, lueur, mot, noir, phrase, porte, s'éveiller, sceller, se lever, seuil, signe, table, trois, veiller, vide | Leave a Comment »