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Je suis allé me promener (Younous Emré)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2023




    
Je suis allé me promener
Au matin j’ai vu les tombeaux
A la terre noire mêlés

J’ai vu les corps délicats
Certains tristes, d’autres souriants
Couchés mystérieusement dans les tombes
Les veines vidées, le sang tari

j’ai vu les linceuls engloutis.
Des tombes pleines, démolies
Leurs maisons à tous sont en ruines

Je les ai vus libres de tout souci
j’en ai vu tant en piètre état.
Plus de pâture au pâturage
Et plus d’hiver à l’hivernage
Toutes rouillées, rendues muettes

J’ai vu les langues dans les bouches.
Les uns dans les plaisirs et la boisson
Certains dans la musique et dans la fête
Certains dans le malheur et la souffrance

J’ai vu les jours devenus hier.
Ces yeux noirs sont ternis
Ces visages de lune effacés
Dessous la terre noire

J’ai vu les mains qui ont cueilli des roses.
Les uns tête inclinée
Ont à la terre abandonné leur corps
Partis fâchés avec leur mère

Je les ai vus tourner la tête.
Certains pleurent en gémissant
Les démons marquent leur âme au fer
Leur tombeau est en flammes

J’ai vu s’élever la fumée.
Lorsque Younous a vu cela
Il est venu nous l’annoncer
Mon esprit s’émut, ma raison s’étonna
Lorsque j’ai vu tout cela.

(Younous Emré)

Recueil: Poèmes des derviches anatoliens
Traduction: Guzine Dino,Michèle Aquien,Pierre Chuvin
Editions: Fata Morgana

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Allô Maman bobo (Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Allô Maman bobo

Je marche tout seul le long de la ligne de chemin de fer
Dans ma tête y a pas d’affaires
Je donne des coups de pied dans une petite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
Je suis mal en campagne et mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Je traîne fumée, je me retrouve avec mal au cœur
J’ai vomi tout mon quatre heures
Fêtes, nuits folles, avec les gens qu’ont du bol
Maintenant que je fais du music-hall
Je suis mal à la scène et mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman comment, tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Moi je voulais les sorties du port à la voile
La nuit, barrer les étoiles
Moi les chevaux, le revolver et le chapeau de clown
La belle Peggy du saloon
Je suis mal en homme dur
Et mal en petit cœur
Peut-être un petit peu trop rêveur
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Je marche tout seul le long de la ligne de chemin de fer
Dans ma tête y a pas d’affaires
Je donne des coups de pied dans une petite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
Je suis mal en campagne, j’suis mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau

(Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

 

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En travaillant la terre (Grégory Rateau)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2023



Illustration: Erich Heckel
    
En travaillant la terre

Le vieux est là
Muet comme une souche
Il attend que le nuage passe
Ses outils sont comme des promesses
Un supplément de force
Malgré les années
Chaque muscle est à sa place
Pour faucher
Bêcher
Ratisser

Je regarde ma main
Pas un pli
La finesse des doigts qui ne trompe pas
Elle n’a donc servi à rien
Le vieux ne me le dit pas
Trop brave
Sa poigne montre l’exemple
Mes pas deviennent les siens

Je suis vite à la traîne
Sans un mot
Le voilà qui porte deux fois plus que moi
J’ai vu la ville de près ses fulgurances
Ses éclats mystiques
Ses passions au rabais
Rastignac du pauvre
J’ai croisé le fer avec elle
Ne blessant que moi-même

Le vieux n’a rien vu lui
Aucune lutte
Une simple ligne d’horizon
Des remparts de forêts sous un ciel vide
Il ne goûtera jamais à l’ennui qui élève
Aux délices de la foule
Son champ sera sa seule ivresse
Et pourtant lui en a palpé de la terre
Sué pour la rendre fertile
Son nom restera une empreinte

Que laisserai-je dans le bitume ?
Des projets froissés
Des rêves léthargiques…
Au loin je vois des tours
Les murs se rapprochent
Que restera-t-il du vieux
Quand même les arbres alentour seront maigres comme mes dix doigts ?

(Grégory Rateau)

 

Recueil: Conspiration du réel
Traduction:
Editions: Unicité

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L’ÉTÉ (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



L’ÉTÉ

Joie nouvelle d’une fièvre
D’une saison secrète
Moins friables par surcroît de ténèbres
Ou avis de grand frais
Et cette marque au fer
Qui charme le destin
Sous un bracelet de cuir

Un écart volontaire a tout désarçonné
L’horizon s’est retrouvé avec un peu plus de ciel
Un peu plus de latitude inconnue
Et un projet de coupe claire

Au point du jour
C’est déjà le beau midi de la lumière
L’ardeur dans les coursives qui ouvrent sur le désert
Comme on étreint cet impossible été
Au goût de soufre et de miracle
En se regardant dans les yeux

(André Velter)

Illustration

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Chant du départ (Yang Jiong)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Chant du départ

Les feux de guerre ont illuminé la capitale de l’ouest,
Il n’est personne aujourd’hui dont le coeur soit tranquille ;
La tablette d’ivoire a fait ses adieux à la porte du phénix,
Des cavaliers bardés de fer entourent la ville impériale.
La neige alourdit de ses flocons les étendards glacés ;
La voix furieuse du vent se mêle au bruit des tambours.
Voici donc revenu ce temps, où le chef de cent soldats
Est tenu en plus haute estime qu’un lettré de science et de talent !

(Yang Jiong)

(622-690)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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L’union amoureuse (Yang Fang)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
L’union amoureuse

L’aimant détourne à lui la pointe de l’aiguille de fer
Le verre en fusion rassemble le feu et la fumée
L’aigu et le grave tonnent à l’unisson des accords parfaits
Et les coeurs voisins s’attirent toujours à l’intime
Mon amour me lie à toi comme l’ombre au corps
Nous dormons côte à côte sous des draps de trame fine
Dont la soie généreuse provient de cocons jumeaux
Aux heures chaudes, nos éventails sont deux ailes qui se touche
Aux heures froides, nos épaules s’embrassent sur la natte feutrée
Tu ris soudain et me voilà hilare
Tu t’affliges alors et ma joie s’évanouit
Allant, je joins mes pas aux tiens
Partant, nous partageons la poussière du chemin
Inséparables, comme les lions des portes célestes
Je ne recherche que ta présence
Et je ne crains que ta distance
Unissons nos corps en une seule forme
Partageons nos vies dans une chambre commune
Et dans la mort, scellons nos os sous un seul tombeau.
Le poète Qu sut dire l’amour au plus vrai ;
Le nôtre surpasse encore les mots.

(Yang Fang)

(IVe siècle)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Vieux mineur (Johannes Kühn)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022




    
Vieux mineur

Es-tu allé dans la nuit —
je connais
la nuit, c’est de la roche.
De mes mains j’ai frappé,
des battoirs mes mains à force.
Il sont partis en fumée
les charbons que j’ai abattus,
et dans les airs
se sont dissipées les fumées,
et dans les poêles des blancs hivers
elle est morte
la chaleur.

À la place des mains des battoirs.

Mais ils ne sont pas morts
les gens dans le froid
des blancs hivers.
À l’usine, qui fumait de toutes ses cheminées,
ce que j’ai abattu
est devenu fer
il sert pour les voitures
et étayent les maisons

Habite ! vis ! tout va bien,
mes mains sont des battoirs :
pas pour rien.

***

Alter Bergmann

Bist du in der Nacht gegangen —
ich kenn
die Nacht, die Gestein ist.
Ich schlug mir die Hände zu Brettern.
Es sind verraucht
die Kohlen, die ich gebrochen,
es sind die Rauchschwaden
vergangen in Luft,
es ist in Öfen
der weißen Winter
die Wärme
gestorben.

Mir sind die Hände zu Brettern geworden.

Gestorben sind nicht die Menschen
in Kälte
der weiBen Winter.
In Fabriken, wo durch Schornsteine rauchte,
was ich gebrochen,
ist Eisen geworden,
das dient an Wagen,
als Träger in Häusern.

Wohnt! Lebt! Wie gut,
mir sind die Hände zu Brettern geworden
nicht umsonst.

(Johannes Kühn)
Traduction de Claude Vercey

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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L’enfant qui a la tête en l’air (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 24 août 2022




Illustration: Frédéric Rébéna
    

L’enfant qui a la tête en l’air

L’enfant qui a la tête en l’air
si on se détourne, il s’envole.
Il faudrait une main de fer
pour le retenir à l’école.

L’enfant qui a la tête en l’air
ne le quittez jamais des yeux :
car dès qu’il n’a plus rien à faire
il caracole dans les cieux.

Il donne beaucoup de soucis
à ses parents et à ses maîtres :
on le croit là, il est ici,
n’apparaît que pour disparaître.

Comme on a des presse-papiers
il nous faudrait un presse-enfant
pour retenir par les deux pieds
l’enfant si léger que volant.

(Claude Roy)

 

Recueil: Poèmes de Claude Roy
Traduction:
Editions : Bayard Jeunesse

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ILS ÉTAIENT DEUX (Hugo von Hofmannsthal)

Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2022


 


Frank Cadogan Cowper  _33 

ILS ÉTAIENT DEUX

Une coupe au bord de la bouche,
elle allait d’un si ferme pas
et la main si sûre que pas
une goutte ne se versa.
Il montait un cheval farouche.
Si sûre et ferme était sa main
que, frémissant au coup de frein,
le cheval s’arrêta soudain.
Et pourtant, quand la main légère
à l’autre main gantée de fer
cette simple coupe tendit,
ils tremblaient si fort, elle et lui,
que les mains ne se rencontrèrent,
et le vin noir se répandit.

(Hugo von Hofmannsthal)

Illustration: Frank Cadogan Cowper

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Écoute (Max-Pol Fouchet)

Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2022



(c) Paintings Collection; Supplied by The Public Catalogue Foundation

Écoute
Écoute au loin
Le bruit d’une roue
La rouille du bois
Le jeu du fer
L’essieu.

(Max-Pol Fouchet)

Illustration: John Constable

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