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Poésie

Posts Tagged ‘réduit’

Un baobab (Jean Orizet)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2023




    
Un baobab

Un paisible et géant baobab.

C’était la dernière vision humaine
qu’emportaient les esclaves noirs de Gorée
avant d’entrer, presque à quatre pattes, dans
les réduits ouvrant directement sur la mer,
d’où ils partaient pour les Amériques.

Chaque fois que l’un d’eux mourait, dans
ses fers, à fond de cale, il poussait,
quelque part sur une savane d’Afrique,
un baobab.

(Jean Orizet)

Recueil: La peau bleue des rêves
Editions: Le Cherche Midi

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SIX JOURS EREINTANTS A SERVIR CELLE QUE J’AIME Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023




    
SIX JOURS EREINTANTS A SERVIR CELLE QUE J’AIME

1

Ecoutez l’aventure,
D’un pauvre villageois ;
Moi qui de ma nature,
Suis honnête et courtois,
Un beau jour j’ai promis
A ma chère Climène.
De la servir gratis,
Le long de la semaine.

2

Le lundi pour lui plaire
J’ai pris la bêche en main ;
La matinée entière
J’ai bêché son jardin.
Puis je fus droitement
M’asseoir auprès d’un chêne
Et d’un baiser charmant
Elle me paya ma peine.

3

Mardi nous nous joignîmes
Dès le soleil levé.
A la grange nous allîmes
Pour y battre du blé :
Nous battions tour à tour
Avec le même zèle.
Cependant au retour
J’étais bien plus las qu’elle.

4

Le mercredi d’ensuite
Au bois elle me mena.
Ma tâche fut réduite
A lui tracer un nœud.
Voilà dit-il un moineau
D’un très rare plumage,
Si vous le trouvez beau
Mettez le vite en cage.

5

Jeudi j’ai l’ordonnance
De garder mon troupeau,
J’ai eu la complaisance
De venir sous l’ormeau :
Là me sentant pressé
D’une ardeur sans pareille,
Je lui donna le baiser
Qu’elle me bailla la veille.

6

Vendredi la futée
Me présenta le bec,
Me dit toute attristée :
Mon moulin est à sec.
A ce travail nouveau
Il fallut s’y résoudre.
Elle fit venir tant d’eau
Qu’il fut aisé d’y moudre.

7

Samedi quel ouvrage !
Du matin jusqu’au soir.
Nous fûmes d’un grand courage
Travailler au pressoir :
Quoique le mouvement
Me mit presque hors d’haleine
Il fallut constamment
Arroser le système.

8

Dimanche ma bergère
Me dit : « Mon cher ami
N’avons-nous rien à faire ».
« Nenni pour aujourd’hui »
Six jours sans me lasser
A servir ce que j’aime
Je veux me reposer
Tout au moins le septième.

(Chansons du XVIIIè)

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BOIRE, LA FARIDONDAINE, LA FARIDONDON (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



Illustration: Le Caravage
    
BOIRE, LA FARIDONDAINE, LA FARIDONDON

1

L’aimable boisson
Que le jus de la treille
C’est avec raison
Qu’on en dit merveille, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

2

De cette liqueur
Vantons l’excellence
Faisons tous honneur
A sa bienfaisance, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

3

De ce jus divin
Remplissons nos tasses
Et dans ce festin
Buvons avec grâce, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

4

Le doux passe temps
Que celui de boire
En rogne bon temps
Imitons Grégoire, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

5

Le jour et la nuit
Il aimait à boire
Du moindre réduit
Il faisait sa foire, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

6

Un vaste tonneau
Rempli de quoi boire
Sera le tombeau
Qu’on doit à sa gloire, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

(Chansons du XVIIIè)

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DÉJÀ LA FLEUR MAIGRE S’ENVOLE (Salvatore Quasimodo)

Posted by arbrealettres sur 22 août 2023




    
DÉJÀ LA FLEUR MAIGRE S’ENVOLE

Je ne saurai rien de ma vie,
sang monotone obscur.

Je ne saurai qui j’aimais, qui j’aime,
maintenant que reclus et réduit à mes membres,
au vent pourri de mars
j’énumère les maux des jours déchiffrés.

Déjà la fleur maigre s’envole
des branches. Et j’attends
la patience de son vol irrévocable.

(Salvatore Quasimodo)

Recueil: Poèmes
Editions: Rombaldi

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DES AMBITIONS RÉDUITES (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2018



Illustration: Frédérique Manley
    
DES AMBITIONS RÉDUITES

Quand j’aspirais à l’amour, à la gloire,
A la fortune, au savoir, au salut,
Je soupirais après force et mémoire
Et chance, et grâce : et soupir ne valut.

Quand j’aspirais… Maintenant je n’aspire
A rien de plus qu’à ne plus aspirer.
La seule chose après quoi je soupire,
C’est de n’avoir après, quoi soupirer.

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard

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J’ai tant de fois, hélas (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2018



J’ai tant de fois, hélas, changé de ciel,
Changé d’horreur et changé de visage,
Que je ne comprends plus mon propre coeur
Toujours réduit à son même carnage.

(Jules Supervielle)

Illustration

 

 

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Des hommes (Sylvie Saliceti)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2018




    
Des hommes
réduits en poussière
ont porté une à une
ces pierres sèches
blanchies au grand soleil
des siècles,
pour monter ces murets
gardiens de la mémoire.

(Sylvie Saliceti)

 

Recueil:
Traduction:
Editions:

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Mourant d’amour (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2018



 

Mourant d’amour,
Mon corps à une ombre
Est réduit,
Et pourtant, aux pas de l’aimée
Cette ombre ne peut s’attacher.

(Anonyme)

Illustration

 

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Le corps (Abdellatif Laâbi)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2018



Le corps
un réduit
Le supplicié compte les jours
De ce réduit
on ne s’échappe pas
Les coups
sont portés de l’intérieur
L’aveu ne sert à rien
Quel aveu d’ailleurs?
S’accuser d’être homme?

(Abdellatif Laâbi)

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Elle n’est plus que du silence (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2018



Illustration: Cécile Mendousse
    
Elle n’est plus que du silence
Tremblant à la pointe d’un cil,
Son être tient dans une larme
Et voudrait que cela suffit.

Comprenez-vous qui je désigne
Et je redoute de nommer?

Je pense à la pauvre Marie
Sans corps maintenant et sans yeux
Réduite à ce point lumineux
Derrière quelles jalousies

De bois peint ni de fer non plus,
Mais de ciel pur, de modestie.

(Jules Supervielle)

 

Recueil: Le forçat innocent suivi de Les amis inconnus
Traduction:
Editions: Gallimard

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