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FAIS CHANTER TA LYRE (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023



Illustration
    
FAIS CHANTER TA LYRE

Sais-tu qu’il faut aimer pour devenir heureux ?
C’est la loi de la vie on ne peut la trahir
Sans se blesser soi-même et parfois se haïr
Heureuse condition pour le coeur généreux.

Tu n’as jamais médit. Surtout n’y songe pas
Reste bien grand de paix et fais chanter ta lyre
Au-dessus du pardon comme l’amour délire
C’est la belle prière à faire encor tout bas.

Il te faut donc aimer au grand jeu du destin
Le soleil et les fleurs, le prix de la souffrance
Alors t’apparaîtra celui de l’espérance
Plus grand que la douleur lumineux et certain.

Puisque tu crois au ciel il faut lever les yeux
Ne fais jamais douter ton cœur de sa puissance
Prends ce chemin qui monte et console joyeux
Toutes choses, un jour perdent leur suffisance.

Il te faut donc aimer au fort de l’aquilon
Et même plus encor comme au jour le plus long
Dieu peut-il oublier et le roseau qui tremble
Et l’amour qui se donne à lui et marche d’amble.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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COMME UNE SIMPLE FLEUR (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023



Illustration: ArbreaPhotos
    
COMME UNE SIMPLE FLEUR

La vie est un mystère où les soucis abondent
Plus encor que les joies. Mais, du moindre bonheur
Ou d’un insigne espoir en faire le meilleur…
Vont apparaître alors les heures qui fécondent
«L’art de se rendre heureux comme une simple fleur»
Qui s’offre à tous les vents, de son nectar parsème
D’effluves l’alentour et met sur la douleur
D’un pauvre vagabond ou souriant bohème
Ce magnifique don ; faire de son chemin
Quelque trêve d’amour plus lumineuse encore
Que le scintillement s’élevant de l’aurore
«Réjouir aujourd’hui toujours plus que demain.»

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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OÙ LES FLEURS NE MEURENT JAMAIS (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 11 mai 2023



Illustration: Alexandra Cecconi
    
OÙ LES FLEURS NE MEURENT JAMAIS

Vaille que vaille aime surtout
Rien n’est plus doux que l’espérance
Rien n’est plus fort que la souffrance
Sauf l’amour qui surpasse tout.

Vaille que vaille appelle un rêve
Dans le mystère des chemins
Le chant qui monte de la sève
L’offrande pauvre de tes mains.

Vaille que vaille allume un feu
Flambant d’espoir, un feu de fée
Même ton coeur en fait l’aveu
Lumineux comme une trouée.

Vaille que vaille ainsi la paix
Bonheur semblable à la prière
T’ouvrira l’immense clairière
Où les fleurs ne meurent jamais.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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PRIÈRE (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



Illustration: Nadav Kander
    
PRIÈRE

Qu’on me laisse partir à présent
Je pèserais si peu sur les eaux
J’emporterais si peu de chose
Quelques visages le ciel d’été
Une rose ouverte

La rivière est si fraîche
La plaie si brûlante
Qu’on me laisse partir à l’heure incandescente
Quand les bêtes furtives
Gagnent l’ombre des granges
Quand la quenouille
Du jour se fait lente

Je m’étendrais doucement sur les eaux
J’écouterais tomber au fond
Ma tristesse comme une pierre
Tandis que le vent dans les saules
Suspendrait mon chant

Passants ne me retenez pas
plaignez-moi
Car la terre n’a plus de place
pour l’étrange Ophélie
On a scellé sa voix on a brisé le vase
De sa raison

Le monde m’assassine et cependant
Pourquoi faut-il que le jour soit si pur
L’oiseau si transparent
Et que les fleurs
S’ouvrent à chaque aurore plus candides
Ô beauté
Faisons l’adieu rapide

Par la rivière par le fleuve
Qu’on me laisse à présent partir
La mer est proche je respire
Déjà le sel ardent
Des grandes profondeurs
Les yeux ouverts je descendrais au cœur
De la nuit tranquille
Je glisserais entre les arbres de corail
Écartant les amphores bleues
Frôlant la joue
Enfantine des fusaïoles
Car c’est là qu’ils demeurent
Les morts bien-aimés
Leur nourriture c’est le silence la paix
Ils sont amis
Des poissons lumineux des étoiles
Marines ils passent
Doucement d’un siècle à l’autre ils parlent
De Dieu sans fin
Ils sont heureux

Ô ma mémoire brise-toi
Avant d’aller troubler le fond
De l’éternité
Ainsi parle Ophélie
Dans le jardin désert
Et puis se tait toute douleur
La rivière scintille et fuit
Sous les feuilles
Le vent seul
Porte sa plainte vers la mer

(Anne Perrier)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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FEMME DIURNE (Ulalume Gonzalez de Léon)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2023



Illustration: Maurice-Ambroise Ehlinger  
    
FEMME DIURNE

Toute la lumière est avec toi
ô reine des lampes
somme d’épisodes lumineux.
Tu t’es installée chez moi
et je suis née à nouveau dans la queue de la comète
Tu es ma première femme endormie
qui ne disparaît pas la nuit.
Tu es mon premier amour fulgurant.
Tu émets
une phosphorescence de vie qui veille.
Je m’éveille pour te regarder :
tu es pleine de fenêtres
toute meublée d’objets blancs
et ta confiance me fait honte.

(Ulalume Gonzalez de Léon)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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À l’époque où nous étions ensemble (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2023



Illustration: Edvard Munch
    
À l’époque où nous étions ensemble
à chaque moment — quand nous
étions blottis allongés l’un contre
l’autre — quand nous admirions
les merveilles de Florence —
quand nous marchions ensemble
sur un chemin ensoleillé — quand
nous étions assis ensemble —
et même dans les moments
où le bonheur aurait dû être le plus
intense — la lumière du bonheur
m’atteignait seulement comme
par une porte entrebâillée —
une porte qui séparait ma sombre
cellule de la grande et lumineuse
salle de bal de la vie

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

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PÊCHER EN FLEUR (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2023




    
PÊCHER EN FLEUR

Le pêcher sous les fleurs explose,
Toutes ne viendront pas à fruit,
Lumineuse écume de roses
Sur l’azur où la nue s’enfuit.

Fleurs aussi montent mes pensées,
Cent par jour… Laisse-les fleurir,
Laisse, le fruit de ces journées,
C’est le secret de l’avenir.

Il faut des fleurs en abondance.
Innocence et jeux ont leur droit,
Sinon pour nous, ce monde étroit
Serait vide de jouissance.

***

VOLL BLÜTEN

Voll Blüten steht der Pfirsischbaum,
Nicht jede wird zur Frucht,
Sie schimmern hell wie Rosenschaum
Durch Blau und Wolkenflucht.

Wie Blüten gehn Gedanken auf,
Hundert an jeden Tag —
Laß blühen ! laß dem Ding den Lauf !
Frag nicht nach dem Ertrag !

Es muß auch Spiel und Unschuld sein
Und Blütenüberfluß,
Sonst wär die Welt uns viel zu klein
Und Leben kein Genuß.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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PRÈS DE LA SPEZIA (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2023




    
PRÈS DE LA SPEZIA

La mer en mesures égales
Chante. Le vent d’ouest hurle et rit
Les nuées passent en rafales
Sans qu’on les voie : il fait trop nuit.

Et je songe qu’ainsi ma vie
Ténébreuse, sans réconfort,
Sauvage ouragan s’est enfuie
Dans l’âpre nuit, sans astres d’or.

Mais est-il nuit assez obscure
Ou voyage assez incertain
Pour n’être pas promesse sûre
D’un proche et lumineux matin ?

***

BEI SPEZIA

In großen Takten singt das Meer,
Der schwüle Westwind heult und lacht.
Sturmwolken jagen schwarz und schwer
Man sieht sie nicht, es ist zu nacht.

Mir aber scheint : so tot und bang,
So ohne Trost und Sternegold
Durch schwüle Nacht und Sturmgesang
Sei auch mein Leben hingerollt.

Und doch ist keine Nacht so schwer
Und so voll Dunkels keine Fahrt,
Der nicht vom nahen Morgen her
Des Lichtes süße Ahnung ward.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Les yeux des morts (Jany Cotteron)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2023




    
Les yeux des morts

Les yeux des morts ne s’éteignent jamais

Ils furent de chair et de sang
de colère et d’amour
Ils sont maintenant de cendres et de poussière

Dans les yeux des morts une lumière
éclaire nos versants sombres
l’espoir émietté des égarés du temps

Contre nos parts manquantes
nos pensées d’ombre
nos lèvres brûlées de mots retenus
ils sont nos doubles lumineux

Ils tracent des sentiers dans nos labyrinthes
y allument des feux

pour que nos vies se risquent
hors des frontières de la peur

(Jany Cotteron)

Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Editions: Bruno Doucey

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LES BARRIÈRES CÉLESTES (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023



Illustration: Ron Mueck
    
LES BARRIÈRES CÉLESTES

Quelques secondes avant de mourir
la mère tourna son visage vers nous
et d’une voix rauque s’écria :
Il n’y a rien !
Puis la voûte du silence s’éleva sur sa bouche.

Dans quel abîme se sont répandus
les grains de son chapelet
cent fois embrassés,
où sont tombés les mots de toutes ses prières
et le bruissement des chansons
qu’elle chantait depuis l’enfance ?
Que sont devenues la peur et l’angoisse
devant ses actes les plus menus ?
Ils portent les noms des péchés
sans être meilleurs ou pires
que les autres.

Quelle obscurité a-t-elle aperçue
dans cette cruelle seconde,
où, du talon, nous repoussons le sol
pour retomber aussitôt sur lui ?

e sortis sur le balcon
et de la chaise branlante de ma mère
je regardai quelque part,
dans les hauteurs célestes.
Durant toute notre longue vie
elles ne cessent de lorgner vers nos fenêtres,
elles n’ordonnent rien,
elles ne demandent rien
et, si vous voulez, elles
sont d’une beauté indicible.
Et nous, nous essayons de les acheter
par un grain d’encens par un grain du chapelet,
par des mots, par une larme !

Et à la fin
nous voulons soulever leurs barrières lumineuses
par notre dernier soupir,
celui qui, de tous nos gémissements,
est le plus vain.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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