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Poésie

Posts Tagged ‘tonner’

Orage d’hiver (Hans Magnus Enzensberger)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2024




    

Orage d’hiver

Quand l’air devient blanc,
que la vision perd la vue,
que le ciel tonne et fulmine,
que dans les bureaux s’éteint la lumière,
et que seule la sirène des pompiers
traverse le voile de neige
qui s’amoncelle en congères lumineuses,

les soucis, les affaires, les urgences
disparaissent pour un quart d’heure,
et sans penser à rien, enfin,
tu laisses ton regard se perdre
dans ce monde d’une aveuglante obscurité.

***

Wintergewitter

Wenn die Luft weiß wird,
die Sicht erblindet,
der Himmel knallt und blitzt,
das Licht in den Büros erlischt,
und nur die Sirene der Feuerwehr
durch den stiebenden Vorhang dringt,
der helle Wächten vor sich her treibt,

verschwinden für eine Viertelstunde Sorgen,
Geschäfte, Dringlichkeiten,
und du schaust hinaus,
endlich gedankenlos,
in die blendend verdunkelte Welt.

(Hans Magnus Enzensberger)

Recueil: L’HISTOIRE DES NUAGES 99 méditations
Traduction: de l’allemand par Frédéric Joly et Patrick Charbonneau
Editions: Vagabonde

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CANZONE DE L’ÉTREINTE OU LA VRAIE CANZONE DES CANZONES (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2024




    
CANZONE DE L’ÉTREINTE OU LA VRAIE CANZONE DES CANZONES
A ma Tourangelle bien-aimée.

partageons, lèvres jointes, et à cils rapprochés,
le soleil recherché des lianes en étreinte,

des fleurs sous la rosée, des prairies sous l’autan
échangeant leurs pensées, échangeant tout autant

violettes embaumées, oiseaux cherchant ramées, fils de la Vierge…
attends!… Et Dieu s’il a le temps;

tièdes ou chauds rayons, mais dont le coeur frissonne,
soyez nous en personnes, lorsque nous partageons

le soleil du Printemps ou (qui peu nous étonne,
amant, amante, amants!) le soleil de l’Automne,

lorsque l’orage tonne. — Partageons, lèvres jointes,
et à coeurs se touchant, un soleil recherchant

deux lianes en étreinte.
Aimons-nous en aimant le soleil d’un Moment

vif éternellement !

(Paul Fort)

Recueil: Ballades du beau hasard
Editions: Flammarion

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L’union amoureuse (Yang Fang)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
L’union amoureuse

L’aimant détourne à lui la pointe de l’aiguille de fer
Le verre en fusion rassemble le feu et la fumée
L’aigu et le grave tonnent à l’unisson des accords parfaits
Et les coeurs voisins s’attirent toujours à l’intime
Mon amour me lie à toi comme l’ombre au corps
Nous dormons côte à côte sous des draps de trame fine
Dont la soie généreuse provient de cocons jumeaux
Aux heures chaudes, nos éventails sont deux ailes qui se touche
Aux heures froides, nos épaules s’embrassent sur la natte feutrée
Tu ris soudain et me voilà hilare
Tu t’affliges alors et ma joie s’évanouit
Allant, je joins mes pas aux tiens
Partant, nous partageons la poussière du chemin
Inséparables, comme les lions des portes célestes
Je ne recherche que ta présence
Et je ne crains que ta distance
Unissons nos corps en une seule forme
Partageons nos vies dans une chambre commune
Et dans la mort, scellons nos os sous un seul tombeau.
Le poète Qu sut dire l’amour au plus vrai ;
Le nôtre surpasse encore les mots.

(Yang Fang)

(IVe siècle)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Les livres et l’Amour (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



 

Les livres dont s’emplit la chambre
comme des harpes éoliennes s’émeuvent
quand passe le vent venu des orangers
et la lettre sans la page incrustée
se retient
au blanc papier de lin
et la guerre au loin tonne
dans cet automne flamboyant
tuant la maîtresse avec l’amant
au bord d’un vieux rivage.

(Jean Follain)

 

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Non la faute n’est pas tienne (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2022



Non la faute n’est pas tienne fille aux ors blessés
Ni mienne: que pouvons-nous d’autre que pencher
Notre nuit et le bruissement de nos lèvres
Vers ce lieu sans lueur où douleur et joie
N’ont plus de nom ni d’univers fidèles.
C’est l’écho de nos coeurs qui tonne dans l’attente
Et nos corps sont dans l’air l’éclat des premiers jours.

(Georges-Emmanuel Clancier)

Illustration

 

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Terre (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2022



Terre, ton visage
ce sont brouillards et neiges qui le font.
Après les déluges qui tonnent
sur l’étang lisse un peu de pluie
juste assez pour que l’eau frissonne
me dit une amante endormie
dont la chair doucement résonne
des fureurs en elle assouvies.

(Robert Mallet)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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La poésie (Fiodor Tiouttchev)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2021




    
La poésie

Parmi les tempêtes tonnantes,
Parmi les passions bouillonnantes,
Et les disputes enflammées,
Céleste, elle descend du ciel,
Sur nous les enfants de la terre,
Les yeux débordants de clarté,
Et verse sur la mer démontée,
Le baume de sa voix apaisante.

(Fiodor Tiouttchev)

Recueil: POÈMES
Traduction: traduit du russe par Sophie Benech
Editions: Interférences

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ORAGE (Michel Leiris)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2021



Illustration: Philip Mckay
    
ORAGE

En quelle ouïe tonnes-tu,
coup de couteau
de la foudre qui me traverse
blanche à faire peur ?

(Michel Leiris)

 

Recueil: Ondes
Traduction:
Editions: Le Temps qu’il fait

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L’INTERNATIONALE (Eugène Pottier)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020




    
L’INTERNATIONALE

Couplet 1 :
Debout ! les damnés de la terre !
Debout ! les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère,
C’est l’éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !

Refrain : (2 fois sur deux airs différents)
C’est la lutte finale
Groupons-nous, et demain,
L’Internationale,
Sera le genre humain.

Couplet 2 :
Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !

Refrain

Couplet 3 :
L’État opprime et la loi triche,
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois :
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits ! »

Refrain

Couplet 4 :
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail,
Ont-ils jamais fait autre chose,
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande,
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende,
Le peuple ne veut que son dû.

Refrain

Couplet 5 :
Les Rois nous saoûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Refrain

Couplet 6 :
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L’oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !

Refrain

(Eugène Pottier)

 

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LA CORNE DU HÉRAUT (Alfred Jarry)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2020



 

Michael Page 1979 - American Pop Surrealism painter -   (15) [1280x768]

LA CORNE DU HÉRAUT

Pouls dans le vent, pouls dans la mer, pouls sur la nuit qui fuit !
La toux du pouls clans mes artères bruit.
Les cornes des piliers forent leurs graminées
Comme les cors vrillés d’Ammon d’en haut sonnés.
Cloisonnant ton coeur de son marteau doux
Bergère d’Ammon, d’en haut tonne et bruit
Sur le vent, la mer et la nuit.
Le
Pouls.

Les oursins ronds ont hérissé leurs crins.
Les chevaux de mer de leur crinière de fer se creusent les reins
Et la rafale tonne et tord les cors et les cornes.
Voici le vol griffu des hippocampes au lieu des cornes d’Ammon.
Lourd sur le vent, lourd sur la mer, lourd sur la crête
Des bruits
Tapi clans les feuilles comme grimpe un menteur loup garou
Le
Pouls.

Pouls dans la vie et sur la mer hors de la nuit,
Hors du sommeil et par le bruit.
Mort pointillée en repos qui survit
Où soupçonne et bout et tonne partout
Le
Pouls.

(Alfred Jarry)

Illustration: Michael Page

 

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