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Poésie

Posts Tagged ‘travailleur’

L’INTERNATIONALE (Eugène Pottier)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020




    
L’INTERNATIONALE

Couplet 1 :
Debout ! les damnés de la terre !
Debout ! les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère,
C’est l’éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !

Refrain : (2 fois sur deux airs différents)
C’est la lutte finale
Groupons-nous, et demain,
L’Internationale,
Sera le genre humain.

Couplet 2 :
Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !

Refrain

Couplet 3 :
L’État opprime et la loi triche,
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois :
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits ! »

Refrain

Couplet 4 :
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail,
Ont-ils jamais fait autre chose,
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande,
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende,
Le peuple ne veut que son dû.

Refrain

Couplet 5 :
Les Rois nous saoûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Refrain

Couplet 6 :
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L’oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !

Refrain

(Eugène Pottier)

 

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Le temps perdu (Jacques Prévert)

Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2019




Illustration: Tarsila do Amaral
    
Le temps perdu

Devant la porte de l’usine
le travailleur soudain s’arrête
le beau temps l’a tiré par la veste
et comme il se retourne
et regarde le soleil
tout rouge tout rond
souriant dans son ciel de plomb
il cligne de l’oeil
familièrement
Dis donc camarade Soleil
tu ne trouves pas
que c’est plutôt con
de donner une journée pareille
à un patron?

(Jacques Prévert)

 

Recueil: Bris de vers Les émeutiers du XXè siècle
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Dans la nuit qui finit (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2018



Dans la nuit qui finit l’usine est une étoile
Mitez-vous ô mes moucherons !
Courons, ô ma raideur, sur les pavés bossus
avec la main sur la musette
pour empêcher la vinaigrette
de corrompre en flic-floc mon repas suspendu

Gueule du métro chaude où l’on plonge enfiévrés
Bus et tramways que l’on submerge
— Accours et cours ! l’usine héberge ! —
Camions de brume où l’on s’entasse en étrangers.
Cadrans de pointage au giron
l’usine vous attend au centre de sa toile.

La sirène en serpent furieux se raidissant
s’élance ! Hâtez-vous travailleurs !
elle sera sur les rumeurs
tête coupée bientôt jet de sang s’affaissant.

Au déboulé, garçon, pointe ton numéro
pour gagner ainsi le salaire
d’un morne jour utilitaire
métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro.

(Pierre Béarn)

Illustration

 

 

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CACHE-CACHE (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2018



 

CACHE-CACHE

Voulez-vous jouer les amis
au jeu du petit lapin gris
ou bien au serpent à sonnette
dépêchez-vous la mort vous guette

Voleurs mendiants combinards
vous les tricheurs en série
tricheurs à la petite semaine
dépêchez-vous la mort vous guette

Vendus valets autres voyous
beaux travailleurs du chapeau
vous n’l’emporterez pas avec vous
dépêchez-vous la mort vous guette

(Philippe Soupault)

Illustration

 

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Front commun! (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2018




    
Front commun!

1
Front commun! (bis)
Nous triompherons demain
Courage! (bis)

2
Front commun! (bis)
Aujourd’hui et pas demain
Bataille! (bis)

3
Front commun! (bis)
Nous nous tenons tous la main
Victoire! (bis)

4
Front commun! (bis)
Ouvrier fais ton chemin
Vengeance! (bis)

5
Front commun! (bis)
Paysan Bonn’ nous la main
En frère! (bis)

6
Front commun! (bis)
Les soldats sont nos copains
Nos frères! (bis)

***

Front commun

1
Si le pain est cher pour l’ouvrier
Si le travail est dur dans les champs
Camarade as-tu pas oublié
Pour qui le blé rapporte l’argent?
Tant de soucis et tant de peines
Et puis la famine en plaine
Pourquoi vivre, amis, si tristement
Quand nous pouvons cesser nos tourments
Et supprimer nos misères
Aujourd’hui! Pas demain! Aujourd’hui

Refrain
Pour combattre avec nos frères,
Aujourd’hui! Pas demain!
Aujourd’hui!
Contre l’exploiteur, Front Commun!

2
À chacun sa part et son labeur
Et à chacun aussi son repos
La machine enfin aux travailleurs
N’imposera plus de lourds fardeaux
Que moins longue soit la semaine,
Plus de travail à la chaîne,
Les barons de l’or et de l’acier
Seront forcés, amis, de plier
Dressons l’ordre populaire
Aujourd’hui! Pas demain! Aujourd’hui!

(Robert Desnos)

 

Recueil: Les Voix intérieures
Traduction:
Editions: L’Arganier

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Et maison neuve on bâtira (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2018




    
Et maison neuve on bâtira

Refrain
On va construire une maison
Pour abriter les camarades
On va construire une maison
Du rez-d’-chaussée jusqu’aux mansardes
On va construire une maison
Le toit les murs les fondations
On va construire une maison.

1
Il faut d’abord abattre la masure
Les vieux taudis les nids à rats
Il faut d’abord abattre la masure
Et maison neuve on bâtira.

2
Il faut aussi creuser profond la terre
Le terrassier a de bons bras
Il faut aussi creuser profond la terre
Et maison neuve on bâtira.

3
Maçon construis de solides murailles.
C’est le gros oeuvre et il tiendra
Par le ciment la pierre et la pierraille
Et maison neuve on bâtira.

4
Le fer, le bois soutiendront la charpente
Couvreur, plombiers, faites le toit
Qu’il nous abrite à l’instant des tourmentes
Et maison neuve on bâtira.

5
Pour la lumière et les fortes serrures
Bons compagnons fait’s c’ qu’il faudra
Comme un voilier inclinant sa mâture
La maison neuv’ naviguera.

6
Le menuisier fait les planchers solides
Pour le repos des travailleurs
Et la maison malgré les vents perfides
Verra briller les jours meilleurs.

7
Pour la construire éblouie de lumière
Soyons unis dans la cité
Et que ces buts guident nos coeurs sincères:
La justice et la liberté.

(Robert Desnos)

 

Recueil: Les Voix intérieures
Traduction:
Editions: L’Arganier

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UNE HISTOIRE FABULEUSE (Raymond Queneau)

Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2017



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UNE HISTOIRE FABULEUSE

La moissonneuse-batteuse-lieuse
s’en va par monts et par vaux
elle n’est point paresseuse
c’est une bonne travailleuse

et vaut bien le prix qu’elle vaut
le taureau roulant ses gros yeux
se dit : oh la belle bête
Pasiphaë pesait bien peu
à côté de cette conquête

il la séduit aussitôt
elle en tombe amoureuse
il me fera un petit veau
songe-t-elle toute rêveuse

elle devint mère effectivement
d’une égraineuse-écosseuse-dénoyauteuse
et le taureau fut bien content
car il approuvait les mutants
et les histoires fabuleuses

(Raymond Queneau)

 

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Il y aura toujours dans mon œil (Philippe Jaccottet)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2017



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Arbres, travailleurs tenaces ajourant peu à peu la terre
Ainsi le cœur endurant peut-être, purifie

Je garderai dans mon regard
comme une rougeur plutôt de couchant que d’aube
qui est appel non pas au jour mais à la nuit
flamme qui se voudrait cachée par la nuit
J’aurai cette marque sur moi de la nostalgie de la nuit
quand même la traverserais-je avec une serpe de lait

Il y aura toujours dans mon œil cependant une invisible rose de regret
comme quand au-dessus d’un lac a passé l’ombre d’un oiseau

Et des nuages très haut dans l’air bleu
qui sont des boucles de glace la buée de la voix
que l’on écoute à jamais tue

(Philippe Jaccottet)

 

 

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Intarissablement (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 12 décembre 2016



Intarissablement

Dire qu’on fond des cieux n’habite nul Songeur,
Dire que par l’espace où sans fin l’or ruisselle,
De chaque atome monte une voix solennelle
Cherchant dans l’azur noir à réveiller un coeur!

Dire qu’on ne sait rien! et que tout hurle en choeur.
Et que pourtant, malgré l’angoisse universelle,
Le Temps qui va roulant les siècles pêle-mêle,
Sans mémoire, éternel et grave travailleur,

Charriant sans retour engloutis dans ses ondes
Les cendres des martyrs, les cités et les mondes,
Le Temps, universel et calme écoulement,

Le Temps qui ne connaît ni son but, ni sa source,
Mais rencontre toujours des soleils dans sa course,
Tombe de l’urne bleue intarissablement!

(Jules Laforgue)

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Droit au soleil, à la musique, au vague à l’âme (Alain Bosquet)

Posted by arbrealettres sur 5 novembre 2016



« Je suis le Président-Directeur Général
de l’univers », dit Dieu,
« une entreprise
que je souhaite plus rentable.
Le moindre travailleur, coccinelle ou taureau,
y a droit au soleil,
à la musique, au vague à l’âme.
Je n’exclus pas les apprentis,
comme la source du ruisseau
ou le bourgeon de la pivoine.
Même les retraités,
l’étoile veuve et la très vieille lune
doivent connaître le bonheur.
Je leur rendrai visite, un de ces jours:
ensemble, soyons productifs. »

(Alain Bosquet)

 

 

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