Posts Tagged ‘obscurité’
Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023

Illustration: Ron Mueck
LES BARRIÈRES CÉLESTES
Quelques secondes avant de mourir
la mère tourna son visage vers nous
et d’une voix rauque s’écria :
Il n’y a rien !
Puis la voûte du silence s’éleva sur sa bouche.
Dans quel abîme se sont répandus
les grains de son chapelet
cent fois embrassés,
où sont tombés les mots de toutes ses prières
et le bruissement des chansons
qu’elle chantait depuis l’enfance ?
Que sont devenues la peur et l’angoisse
devant ses actes les plus menus ?
Ils portent les noms des péchés
sans être meilleurs ou pires
que les autres.
Quelle obscurité a-t-elle aperçue
dans cette cruelle seconde,
où, du talon, nous repoussons le sol
pour retomber aussitôt sur lui ?
e sortis sur le balcon
et de la chaise branlante de ma mère
je regardai quelque part,
dans les hauteurs célestes.
Durant toute notre longue vie
elles ne cessent de lorgner vers nos fenêtres,
elles n’ordonnent rien,
elles ne demandent rien
et, si vous voulez, elles
sont d’une beauté indicible.
Et nous, nous essayons de les acheter
par un grain d’encens par un grain du chapelet,
par des mots, par une larme !
Et à la fin
nous voulons soulever leurs barrières lumineuses
par notre dernier soupir,
celui qui, de tous nos gémissements,
est le plus vain.
(Jaroslav Seifert)
Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud
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Posted by arbrealettres sur 16 février 2023

Illustration: Man Ray
CHÂTEAU ABANDONNÉ
La langue partit la première
Puis ce fut au tour des fenêtres
Il n’y eut plus que mort fondée
Sur le silence et sur l’obscurité.
(Paul Éluard)
Recueil: Les mains libres
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023

OCCUPATION
J’ai regardé la nuit,
J’ai écouté la pluie.
Scène de tempête :
Tonnerre, éclairs,
Une multitude de spectres parmi les arbres,
L’obscurité, le froid et l’agitation,
Un hibou hurlait, des chauves-souris,
Beaucoup de voix étranges.
Quelqu’un pleurait, un enfant peut-être,
Une femme sur la route glissante,
Des cloches, au loin,
Deux hommes, plusieurs hommes,
Un long trait de lumière volant vers moi,
Puis une corde de silence autour de ma gorge
Quand je me suis réveillé il faisait déjà jour.
J’ai refait la même chose :
Regarder et écouter la nuit.
(Nissim Ezekiel) (1924-2004)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023
Illustration: Dai Dunbang
SUR UN AIR LENT
Quêter, quérir, fouiller, fureter,
Froidure vide, froid dur limpide,
Morne monotonie, amère mélancolie, lamentable ennui…
Douceur subite, retour du froid,
Cette saison où je souffre le plus de respirer ;
Avec trois gobelets et deux coupes de vin clair,
Comment y résister, quand le soir vient, quand le vent s’énerve ?
Voici les oies sauvages parties,
Le plus cruel à mon coeur,
Pourtant nous étions bien complices aux temps passés.
Partout au sol les chrysanthèmes s’amoncellent,
Défraîchis et déchus
à présent, qui viendrait prendre la peine de les ramasser ?
Veillant près de la fenêtre,
Solitaire, par moi-même comment parviendrai-je à rejoindre l’obscurité ?
Au sterculier vient s’adjoindre la bruine,
Qui jusqu’au crépuscule dégoutte et dégouline ;
Et toute cette composition,
Comment le seul mot de « souci » pourrait-il en donner le sens ?
***

(Li Qing Zhào) (1084 — après 1149)
Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise
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Posted in poésie | Tagué: (Li Qing Zhào), adjoindre, air, amer, bruine, chrysanthème, clair, coeur, comment, complice, composition, coupe, crépuscule, cruel, déchu, défraîchi, dégouliner, dégoutter, donner, douceur, dur, ennui, fenêtre, fouiller, froid, froidure, fureter, gobelet, lamentable, lent, limpide, mélancolie, monotonie, morne, mot, obscurité, oie, partir, partout, parvenir, passé, peine, quérir, quêter, ramasser, résister, rejoindre, respirer, retour, s'amonceler, s'énerver, saison, sauvage, sens, soir, sol, solitaire, souci, souffrir, subite, veiller, venir, vent, vide, vin | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023

Pleine lune
J’aurais dû
murmurer ton nom
une soirée durant
pour que ce ciel
s’élargisse un peu
regarder ta voix souffler
de loin pour que
l’obscurité ne revienne
plus remplir mon sommeil
maintenant
ton parfum apparaît
dans un autre jardin
je ne fais rien
j’écoute seulement
la lune de mon remords
entrer dans sa plénitude
***

(Salih Diyab)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2023

Faire contrepoids à la terreur
Depuis de longues années
nous vivons une vie stable
dans cette grande bergerie
nous chantons en silence
nous dansons dans l’obscurité
***

(Bandar Abd al-Hamid)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023

Parcourons la nouvelle maison américaine
Il y a des portes
qui veulent être libres
de leurs gonds pour
voler avec de parfaits nuages.
Il y a des fenêtres
qui veulent être
détachées de leur
chambranle pour courir avec
les daims à travers les prés
de l’arrière-pays.
Il y a des murs
qui veulent rôder
avec les montagnes
à travers les premières
lueurs de l’aube.
Il y a des sols
qui veulent digérer
leurs meubles pour en faire
des fleurs et des arbres.
Il y a des toits
qui veulent voyager
gracieusement avec
les étoiles à travers
des cercles d’obscurité.
***
Let’s Voyage into the New American House
There are doors
that want to be free
from their hinges to
fly with perfect clouds.
There are windows
that want to be
released from their
frames to run with
the deer through
back country meadows.
There are walls
that want to prowl
with the mountains
through the early
morning dusk.
There are floors
that want to digest
their furniture into
flowers and trees.
There are roofs
that want to travel
gracefully with
the stars through
circles of darkness.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2022

Danse du ciel à la mi-février
Danse vers moi, je t’en prie, comme
si tu étais une étoile
avec des années-lumière empilées
sur tes cheveux,
en souriant,
et je danserai vers toi
comme si j’étais l’obscurité
avec des chauves-souris empilées comme un chapeau
sur ma tête.
***
A Mid-February Sky Dance
Dance toward me, please, as
if you were a star
with light-years piled
on top of your hair,
smiling,
and I will dance toward you
as if I were darkness
with bats piled like a hat
on top of my head.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
Une nuit dans la montagne
Posé à même la montagne inclinée,
Je suis l’errance d’une barque fragile,
Dont l’écho rappelle ma destinée.
Elle flotte, légère, sur les flots lourds,
Et fuit mon regard dans l’ampleur du ciel.
Le soleil s’épuise alors dans l’horizon
Et ma vue entre soudain dans le demi-jour d’une lumière indécise.
Un dernier rayon considère encore la cime des arbres
Et la pointe des roches chenues.
Tandis que le lac se teinte d’encre noire,
Des nuages rouges témoignent encore de l’astre défunt.
L’ombre des îles, plus noire encore
Se détache des eaux assoupies
Qui reflètent un instant le souvenir du jour ;
Mais déjà l’obscurité pèse sur les bois et les collines,
Et le trait confus du rivage
Se trouble dans mon regard impuissant.
La nuit vient, l’air est vif ;
Le souffle du nord crie implacable
Et pousse les cormorans vers la rive.
Ils attendront l’aurore entre les roseaux.
La lune coquette se montre sur les eaux lisses.
Je prends mon luth
Et accompagne ma solitude.
Mes doigts caressent les cordes en sanglots ;
Le chant disperse au loin ses accords.
Le temps s’envole ;
Un frisson de rosée me rappelle à l’heure tardive.
(Chang Jian)
(VIIIe siècle)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2022

L’art est, comme la prière,
une main tendue dans l’obscurité,
qui veut saisir une part de grâce
pour se muer en une main qui donne
(Franz Kafka)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Franz Kafka), art, donner, grâce, main, obscurité, part, prière, saisir, se muer, tendre, vouloir | Leave a Comment »
SUR UN AIR LENT (Li Qing Zhào)
Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023
SUR UN AIR LENT
Quêter, quérir, fouiller, fureter,
Froidure vide, froid dur limpide,
Morne monotonie, amère mélancolie, lamentable ennui…
Douceur subite, retour du froid,
Cette saison où je souffre le plus de respirer ;
Avec trois gobelets et deux coupes de vin clair,
Comment y résister, quand le soir vient, quand le vent s’énerve ?
Voici les oies sauvages parties,
Le plus cruel à mon coeur,
Pourtant nous étions bien complices aux temps passés.
Partout au sol les chrysanthèmes s’amoncellent,
Défraîchis et déchus
à présent, qui viendrait prendre la peine de les ramasser ?
Veillant près de la fenêtre,
Solitaire, par moi-même comment parviendrai-je à rejoindre l’obscurité ?
Au sterculier vient s’adjoindre la bruine,
Qui jusqu’au crépuscule dégoutte et dégouline ;
Et toute cette composition,
Comment le seul mot de « souci » pourrait-il en donner le sens ?
***
(Li Qing Zhào) (1084 — après 1149)
Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise
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