Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘savant’

Être berger (Vénus Khoury-Ghata)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024



Illustration: Castanheira Amilcar
    
Être berger nécessite une parenté de sang avec un loup
des liens avec un brin d’orge ou de luzerne
on échange un fromage contre un bâton
un ballot de laine contre un calendrier
une brebis pleine contre une fille vierge
on apprend l’ignorance aux plantes savantes
l’addition au chien
et au feu de ne pas ronfler en présence des visiteurs

(Vénus Khoury-Ghata)

Recueil: Les mots étaient des loups Poèmes choisis
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’EAU ET LE VENT (Omar Khayyam)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



omar_khayyam [800x600]

L’EAU ET LE VENT

De grands maîtres je fus le disciple fervent.
Quand je songe aujourd’hui que je me crus savant
J’étais comme l’eau qui prend la forme du vase
Et le peu que j’appris s’en est allé au vent…

(Omar Khayyam)

Illustration

 

Posted in méditations, photos | Tagué: , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LE VIEILLARD PHILOSOPHE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
LE VIEILLARD PHILOSOPHE

1

L’on compte quatre vingt deux ans !
Je crois qu’à cet âge
Il est temps d’abandonner le monde.
Je le quitterai sans regret,
Et gaîment je fais mon paquet ;
Bonsoir la compagnie.

2

Quand du monde je sortirai,
Je ne sais pas là où j’irai.
Mais en Dieu je me fie.
Il ne peut que de me mener bien ;
Ainsi je n’appréhende rien ;
Bonsoir la compagnie.

3

J’ai goûté de tous les plaisirs ;
J’en ai gardé le souvenir ;
A présent je m’ennuie.
Mais à force de venir vieux,
Peut-on se flatter d’être heureux ?
Bonsoir la compagnie.

4

Nul mortel n’est ressuscité
Pour nous dire la vérité
Du bien de l’autre monde.
Une profonde obscurité,
C’est le sort de l’humanité.
Bonsoir la compagnie.

5

Quand l’on prétend tout savoir
Depuis le matin jusqu’au soir,
L’on lit, l’on étudie
Mais par ma foi les plus savants
Sont comme moi des ignorants.
Bonsoir la compagnie.

6

Dieu fait tout sans nous consulter.
Rien ne lui peut résister.
Ma carrière est remplie,
Mais quand l’on n’est plus propre à rien
L’on se retire et l’on fait bien.
Bonsoir la compagnie.

7

Rien ne périt entièrement
Et la mort n’est qu’un changement,
Dit ma philosophie.
Que ce système est consolant,
Je chante en adoptant ce plan
Bonsoir la compagnie.

(Chansons du XVIIIè)
http://f.duchene.free.fr/berssous/index.htm

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LES VENDANGES DE L’AMOUR (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2023



Illustration: Noël Hallé
    
LES VENDANGES DE L’AMOUR

1

Me voilà revenue de vendanges.
Que j’ai du malheur
J’ai perdu mon panier sans anse.
Me voilà revenue des vendanges.
C’est une saison favorable pour les garçons
Dans les vignes on badine on s’amuse
Et à la maison il faut avoir bien des excuses.
Si maman savait toutes ces ruses
Elle me gronderait, jamais je n’y retournerai.
Me voilà revenue (bis).

2

Un beau jour dans la vigne à ma tante
Colin s’y trouva. Non je n’en puis me défendre.
Un beau jour dans la vigne à ma tante
Le fripon soudain m’a mené dans un petit coin.
Quand nous fûmes enfoncés dans la vigne
Me prit un baiser, hélas c’était à la sourdine
Quand nous fûmes enfoncés dans la vigne
Mon cœur soupira, jugez de mon embarras.
Un beau jour (bis).

3

Je suis à présent bien plus savante.
Si maman le sait elle ne serait pas trop contente.
Je suis à présent bien plus savante.
C’est le travail d’amour qui m’a joué un pareil tour.
Hélas quand on a le cœur tendre
D’un perfide amant on a grand peur à s’en défendre.
Hélas quand on a le cœur tendre
On peut sans tarder dire adieu à sa liberté
Je suis à présent (bis).

4

Depuis le temps mon malheur s’augmente
Un grand mal de cœur tous les matins me tourmente
Je vois tous les jours que mon jupon devient trop court.
Filles qui allez en vendange
Prenez garde à vous, car ils sont pleins de tours
Depuis ce temps (bis).

(Chansons du XVIIIè)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Pourquoi ton amour (Rûmi)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2023




    
Pourquoi ton amour est-il si sage et si savant?
Pourquoi ta tendresse est-elle si aimable?
Pour l’amour, pourquoi trembler, s’il n’est pas agréable?
Et si l’amour est agréable, pourquoi tant de cris?

(Rûmi)

Recueil: Rubâi’yât
Traduction: du Persan par Eva de Vitray-Meyerovitch et Djamchid Mortazavi
Editions: Albin-Michel

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LE BESTIAIRE INCERTAIN (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2023




Illustration: Pascal Dugourd
    
LE BESTIAIRE INCERTAIN

Licorne chien de feu dragon oiseau-menteur
et vous serpent de mer
je sais vos longs soucis mes doux amis trompeurs
l’incertitude amère

Il n’est pas très aisé d’exister chaque jour
On oublie quelquefois
Un peu d’inattention et l’on meurt pour toujours
malgré sa bonne foi

Personne ne sait plus que vous êtes vivants
Les hommes sont sceptiques
On oublie votre nom dans les livres savants
qui nomment les moustiques

Malheureux exilés de la zoologie
je serai bon pour vous
Je construirai pour vous un fragile logis
Un zoo du dessous

Promettez seulement de mettre tous vos soins
à exister très fort
Appliquez-vous toujours même si je suis loin
à n’être jamais morts.

(Claude Roy)

Recueil: Poésies
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

J’AI PEUR LA NUIT (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2023



     
    
J’AI PEUR LA NUIT

Mon corps qui suit son cours, son chemin de fourmi,
aveugle dans son jeu compliqué et savant,
que puis-je à son destin, à sa longue patience?
Il est si loin de moi dans ses ténèbres chaudes
avec son souffle lent, les longs détours du sang,
le coeur, le très sérieux qui jamais ne s’arrête,
et qui pourtant un jour saura bien me trahir…
Comment donc expliquer à ce coeur si pressé
qu’il est bien inutile de tant se hâter,
d’être si attentif aux visages changeants,
de se presser ou de ralentir pour un rien,
puisqu’un jour tout cela n’aura plus d’importance,
puisque mon cœur et moi nous oublierons ensemble
de bouger, de parler, de respirer, de vivre ?

Je pense à tout, cela dans le creux de la nuit
et pour être moins seul j’imagine un poème,
poème que voici :

Mon corps qui suit son cours, son chemin de fourmi,
aveugle dans son jeu compliqué et savant,
que puis-je à son destin, à sa longue patience?
Il est si loin de moi dans ses ténèbres chaudes
avec mon souffle lent…

(Claude Roy)

Recueil: Poésies
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LES DEUX SAVANTS (Khalil Gibran)

Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2023




    
LES DEUX SAVANTS

Dans l’ancienne ville de Afkar vivaient jadis deux savants;
chacun d’eux méprisait et dépréciait le savoir de l’autre.
L’un d’eux, en effet, niait l’existence des dieux
alors que l’autre était croyant.

Un jour, les deux hommes se rencontrèrent sur la place du marché;
et là, devant leurs adeptes respectifs,
ils se mirent à discuter et à argumenter
sur l’existence ou la non-existence des dieux.
Après un démêlé de quelques heures,
ils se séparèrent.

Ce soir-là, l’incroyant s’en alla au temple
et se prosterna devant l’autel
et pria les dieux
de lui pardonner ses caprices d’antan.

Et à la même heure, l’autre savant,
qui avait soutenu l’existence des dieux,
brûlait ses livres sacrés.
Car, il était devenu incroyant.

(Khalil Gibran)

Recueil: Le Fou ses paraboles et ses poèmes
Traduction: Anis Chahine
Editions:ASFAR

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Ainsi qu’une pomme aux chairs d’or se balance (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023




    
Ainsi qu’une pomme aux chairs d’or se balance,
Parmi la verdure et les eaux du verger,
À l’extrémité de l’arbre où se cadence
Un frisson léger,

Ainsi qu’une pomme, au gré changeant des brises,
Se balance et rit dans les soirs frémissants,
Tu t’épanouis, raillant les convoitises
Vaines des passants.

La savante ardeur de l’automne recèle
Dans ta nudité les ambres et les ors.
Tu gardes, ô vierge inaccessible et belle,
Le fruit de ton corps.

(Sappho)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Odeur d’iris (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2023




    
Odeur d’iris
près de la fontaine
près du mur chauffé au soleil

moiteur de la peau lèvres humides
robe froissée légère
debout contre le mur aux pierres encore chaudes

musique voluptueuse de l’eau
coulant de la nuque aux chevilles
une main savante

odeur d’iris
violente et douce comme
l’extrême pointe du plaisir
le bleu là-haut immaculé

le corps tous les secrets du corps
là près de la fontaine
en cette fin d’après-midi d’été

debout contre le mur
ouverte

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »