Posts Tagged ‘ronfler’
Posted by arbrealettres sur 21 avril 2024
À L’HÔPITAL
Dans un couloir de l’hôpital civil
Une fillette pousse du bout du pied
Vers le ciel un caillou de marelle
Sur le damier blanc et noir du linoleum
Devant la porte des urgences
Une vieille femme ronfle dans son lit
Ses yeux gris-blanc grands ouverts
Deux infirmières roses
À demi nues sous leur blouse de nylon
Roulent le fauteuil d’un unijambiste
La ruche blanche bourdonne
Étrange messe étranges prêtresses
Enfants de choeur étranges
Des brancardiers transportent
On ne sait où
Des Christs de toutes sortes.
(Jean-Michel Maulpoix)
Recueil: Rue des fleurs
Editions: Mercure de France
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Michel Maulpoix), étrange, blanc, blouse, bourdonner, bout, brancardier, caillou, Christ, ciel, civil, couloir, damier, enfant de choeur, fauteuil, femme, fillette, grand, gris, hôpital, infirmiers, linoleum, lit, marelle, messe, noir, nu, nylon, ouvert, pied, porte, pousser, prêtre, ronfler, rose, rouler, ruche, transporter, unijambiste, urgences, vieux, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024
Illustration: Castanheira Amilcar
Être berger nécessite une parenté de sang avec un loup
des liens avec un brin d’orge ou de luzerne
on échange un fromage contre un bâton
un ballot de laine contre un calendrier
une brebis pleine contre une fille vierge
on apprend l’ignorance aux plantes savantes
l’addition au chien
et au feu de ne pas ronfler en présence des visiteurs
(Vénus Khoury-Ghata)
Recueil: Les mots étaient des loups Poèmes choisis
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Venus Khoury Ghata), addition, apprendre, échanger, ballot, bâton, berger, brebis, brin, calendrier, chien, feu, fille, fromage, ignorance, laine, lien, loup, luzerne, nécessiter, orge, parenté, plante, plein, présence, ronfler, sang, savant, vierge, visiteur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2023
Complainte d’une bergère de dix ans
Les vaches ont fines
Cornes de dentelle
Où frémit l’oiseau.
La lune entre les cornes
Le soleil sur le taureau.
A la rondeur du pré
La ronde terre est close.
Mais une bête mais une fleur
Rameau étoilé rêve écouté
Rayon qui saute
Grenouille sotte
Et tête de linotte
En un clin d’oeil
Vident mon tablier.
La nuit j’ai peur
Un monstre ronfle
Au lit des maîtres.
Leur méchant coeur
Jamais ne dort.
Un soir se lèveront
Et me dévoreront.
(Georges-Emmanuel Clancier)
Illustration: Georges Paul François Laurent Laugée
Posted in poésie | Tagué: (Georges-Emmanuel Clancier), bête, bergère, clin d'oeil, clos, coeur, complainte, corne, dévorer, dentelle, fleur, frémir, grenouille, linotte, lune, méchant, monstre, nuit, oiseau, peur, pré, ronfler, sauter, se lever, soleil, tablier, taureau, vache, vider | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 août 2023
bergerie
Le berger plein de coccinelles
A fait deux pas dans sa chaumine ;
L’horloge qui le suit de près
Commence à ronfler doucement.
Le feu reprend mais tourne au bleu.
L’horloge hésite à regarder
Les mains calleuses de cet homme
Qui coupe un pain dans la marmite,
Qui fait la soupe de minuit,
Qui plante son vieux coutelas
Dans le bois de la table rêche.
L’horloge a peur de se tromper.
C’est pour cela que bat plus vite
Son balancier de vert de gris.
La flamme parvient à glisser
Sa langue au fond de la marmite.
Le berger prend son écuelle
Et parmi ses moustaches mauves
Il boit lentement son passé
Qui sent le mouton enragé.
(Norge)
Recueil: la belle saison
Editions: Flammarion
Posted in poésie | Tagué: (Norge), écuelle, balancier, battre, berger, bergerie, bleu, boire, bois, calleux, chaumine, coccinelle, commencer, couper, coutelas, doucement, enragé, feu, flamme, fond, glisser, gris, hésiter, homme, horloge, langue, lent, main, marmite, mauve, minuit, moustache, mouton, pain, parvenir, pas, passé, peur, planter, près, prendre, rêche, regarder, reprendre, ronfler, se tromper, sentir, soupe, suivre, table, tourner, vert, vieux, vite | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022
Illustration: ArbreaPhotos
LE CHAT
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue
Où livres et cahiers gisent ouverts ou clos,
Il passe comme un souffle, effleurant de sa queue
La feuille où ma pensée allume ses falots,
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue.
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose
Pour lustrer son poitrail et son minois si doux,
Il me cligne de l’œil en faisant une pause,
Et je voudrais toujours l’avoir sur mes genoux
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose.
Accroupi chaudement aux temps noirs de décembre
Devant le feu qui flambe, ardent comme un enfer,
Pense-t-il aux souris dont il purge ma chambre
Avec ses crocs de nacre et ses ongles de fer ?
Non ! assis devant l’âtre aux temps noirs de décembre
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes
À la face bizarre, aux tétons monstrueux,
Il songe à l’angora, mignonne des mignonnes,
Qu’il voudrait bien avoir, le beau voluptueux,
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes.
Il se dit que l’été, par les bons clairs de lune,
Il possédait sa chatte aux membres si velus ;
Et qu’aujourd’hui, pendant la saison froide et brune,
Il doit pleurer l’amour qui ne renaîtra plus
Que le prochain été, par les bons clairs de lune.
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve,
Et quand nous en sortons encor pleins de désir,
Il nous jette un regard jaloux et presque fauve
Car tandis que nos corps s’enivrent de plaisir,
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve.
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte,
Comme pour y cueillir un brin de volupté,
La passion reluit dans sa prunelle verte :
Il est beau de mollesse et de lubricité
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte.
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante,
Dans le creux où son corps a frémi dans mes bras,
Il se roule en pelote, et sa tête charmante
Tourne de droite à gauche en flairant les deux draps,
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante.
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule,
Et quand il s’est grisé de la senteur d’amour,
Il s’étire en bâillant avec un air si drôle,
Que l’on dirait qu’il va se pâmer à son tour ;
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule.
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières
Où, matou lovelace et toujours triomphant,
Il s’amuse à courir pendant des nuits entières
Les chattes qu’il enjôle avec ses cris d’enfant :
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières.
Panthère du foyer, tigre en miniature,
Tu me plais par ton vague et ton aménité,
Et je suis ton ami, car nulle créature
N’a compris mieux que toi ma sombre étrangeté,
Panthère du foyer, tigre en miniature.
(Maurice Rollinat)
Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus
Posted in poésie | Tagué: (Maurice Rollinat), abriter, accroupi, aiguiser, alcôve, amante, aménité, ami, amour, angora, apporter, ardent, armoire, austère, âme, âtre, été, étrangeté, être, baume, beauté, bizarre, bleu, bondir, bras, brin, bureau, câlin, chair, chambre, charmant, charmé, chat, chaud, clair, clair de lune, clé, cligner, colombe, compagnie, comprendre, consoler, corps, couché, courir, couvrir, créature, creux, cri, croc, cueillir, décembre, désir, doigt, doux, enchanté, encre, enfant, enfer, enjôler, ennui, face, fauteuil, fauve, femme, fer, feu, flamber, fomâtre, fourrure, foyer, frapper, frémir, frôler, gai, gîte, genêt, genoux, gouttière, gras, grâce, homme, humer, jet, jeter, laisser, langue, lourd, lovelace, lubricité, lueur, lustrer, luxure, lynx, magique, matou, membre, miauler, mignon, miniature, minois, mollesse, monstrueux, mouiller, mysticité, nacre, noir, nonne, nuit, objet, oeil, onduler, ongle, panthère, parfum, passé, passion, patte, pause, pénombre, pelote, plaire, plaisir, plastique, pleurer, poêle, poitrail, prunelle, purger, râle, regard, regimber, renaître, ressusciter, revoir, robe, ronfler, ronronner, rose, rouler, s'amuser, s'échapper, s'enivrer, s'incarner, salir, se cambrer, se pourlécher, serpent, silence, singe, solitaire, sombre, somnolent, souris, Sphinx, table, tache, téton, tête, temps, tigre, tour à tour, triomphant, triste, vague, velours, velu, vivre, volupté, voluptueux, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 1 mars 2022
Le Vieux Jean-Louis
Le vieux Jean-Louis, il n’a rien qu’un oeil,
on le dirait pas,
le vieux Jean-Louis sait marquer le pas
comme personne dans les danses.
Son accordéon est comme pas un,
avec un soufflet d’un mètre de long
et tout nickelé
et un souffle à faire danser
à la fois deux ou trois villages.
Çа fait des accords, ça siffle, ça ronfle,
avec des sonnettes et des trémolos,
qu’on entend de loin sur le pont de danse.
Il faut voir les doigts du vieux Jean-Louis,
quand il est parti,
courir sur les touches
et les yeux qu’il fait, sa tête qui penche, et
qui se balance
en mesure, tant il a plaisir.
(Charles-Ferdinand Ramuz)
Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite
Posted in poésie | Tagué: (Charles-Ferdinand Ramuz), accord, accordéon, courir, danse, doigt, entendre, loin, marquer, mesure, nickemé, oeil, partir, pas, pencher, personne, plaisir, pont, ronfler, se balancer, siffler, sonnette, souffle, soufflet, tête, touché, trémolo, vieux, village, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 mars 2021
Je vois d’ici votre moue…
Je vois d’ici votre moue.
Qu’il craque, qu’il crève le vieux bonhomme !
Qu’importe ses lampées, ses mâchées,
Ses dimanches calmes comme des parasols,
Les cigarettes qu’on ressasse, le vin qui ronfle !
Vous vous foutez de ses souvenirs.
Vous avez tort, il a vécu une bien belle aventure.
Ce jour-là il pleuvait. Les gosses chahutaient de tout leur long.
Il avait filé une jeune femme. Il avait été intarissable.
Il lui avait même donné rendez-vous – sans aucune précision de lieu – pour le lendemain.
Il vous aurait raconté comment il retrouva l’altière
Aux yeux carapattant comme un bouquet de grillons.
Vous préférez qu’il se taise, crache, qu’il parte avec ses symboles.
Vous ne ferez jamais de merveilleuses rencontres sous la pluie.
(Yves Martin)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil: Je fais bouillir mon vin
Traduction:
Editions: Chambelland
Posted in poésie | Tagué: (Yves Martin), altier, aventure, beau, bonhomme, bouquet, calme, carapatter, chahuter, cigarette, cracher, craquer, crever, dimanche, donner, femme, filer, gosse, grillon, intarissable, jeune, lampée, lendemain, lieu, mâchée, mérveilleux, moue, parasol, parler, pleuvoir, pluie, précision, préférer, qu'imorte, raconter, rencontre, rendez-vous, ressasser, retrouver, ronfler, se foutre, se taire, souvenir, symbole, tort, vieux, vin, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020
Le vacher et le garde-chasse
Colin gardait un jour les vaches de son père ;
Colin n’avait pas de bergère,
Et s’ennuyait tout seul. Le garde sort du bois :
Depuis l’aube, dit-il, je cours dans cette plaine
Après un vieux chevreuil que j’ai manqué deux fois
Et qui m’a mis tout hors d’haleine.
Il vient de passer par là bas,
Lui répondit Colin : mais, si vous êtes las,
Reposez-vous, gardez mes vaches à ma place,
Et j’irai faire votre chasse ;
Je réponds du chevreuil. – ma foi, je le veux bien.
Tiens, voilà mon fusil, prends avec toi mon chien,
Va le tuer. Colin s’apprête,
S’arme, appelle Sultan. Sultan, quoiqu’à regret,
Court avec lui vers la forêt.
Le chien bat les buissons ; il va, vient, sent, arrête,
Et voilà le chevreuil… Colin impatient
Tire aussitôt, manque la bête,
Et blesse le pauvre Sultan.
À la suite du chien qui crie,
Colin revient à la prairie.
Il trouve le garde ronflant ;
De vaches, point ; elles étaient volées.
Le malheureux Colin, s’arrachant les cheveux,
Parcourt en gémissant les monts et les vallées ;
Il ne voit rien. Le soir, sans vaches, tout honteux,
Colin retourne chez son père,
Et lui conte en tremblant l’affaire.
Celui-ci, saisissant un bâton de cormier,
Corrige son cher fils de ses folles idées,
Puis lui dit : chacun son métier,
Les vaches seront bien gardées.
(Jean-Pierre Claris de Florian)
Recueil: Fables
Traduction:
Editions:
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Claris de Florian), aller, arrêter, aube, battre, bâton, bête, berger, blesser, bois, buisson, chevreuil, chien, conter, corriger, courir, forêt, fou, fusil, garde, garde-chasse, garder, gémir, haleine, idée, impatient, las, malheureux, manquer, métier, mont, père, plaine, prairie, revenir, ronfler, s'ennuyer, se reposer, sentir, sortir, tirer, trembler, vache, vacher, vallée, venir, voler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020
Ta chaumière
Couvert de chaume et d’iris
Le toit touche le sol
Chaumière des amours juvéniles
Dont les fenêtres reflètent la mer
Le soir la lampe éclaire à peine la pièce unique
Et plonge nos caresses dans l’ombre
Tandis que ta vieille tante ronfle
Derrière les rideaux de son lit
Dans une bouteille un trois mâts navigue sur la cheminée
Sous le crucifix orné d’un rameau sec
Qu’on ne renouvelle qu’une fois par an
Dans des cadres vermoulus
Des personnages bibliques ont le cœur hors de la poitrine
Tandis que dans l’âtre brûle un feu d’enfer.
(Jean-Baptiste Besnard)
Illustration
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Baptiste Besnard), amour, âtre, biblique, cadre, chaume, chaumière, cheminée, coeur, crucifix, enfer, fenêtre, feu, iris, juvénile, mer, rameau, ronfler, tante, toit, vermoulu | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 mars 2020
Illustration: Agnieszka Szuba
BONSOIR
Que la lune est belle à midi
c’est l’été au coin du feu
quand le vent ronfle dans le désert
et qu’il fait nuit dans vos cheveux
Arbres plantés comme l’espoir
au bord des routes en rang d’oignons
pluie qui protège la pensée
petites sources infatigables dormez-vous
Au matin gris suivi de tous les escargots
de la veille et du lendemain
j’avance au son des trompettes
Dormez-vous dormons-nous
dormirons-nous encore comme les sacristains
Les rêves ne finissent jamais vous dormez
les yeux ouverts et les membres en désordre
On a frappé à votre porte
C’est déjà le matin
c’est toujours le matin
(Philippe Soupault)
Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset
Posted in poésie | Tagué: (Philippe Soupault), arbre, avancer, été, beau, bonsoir, cheveux, coin, désert, désordre, dormir, escargot, espoir, feu, finir, frapper, gris, infatigable, lendemain, lune, matin, membre, midi, nuit, oignon, ouvrir, pensée, planter, pluie, porte, protéger, rang, rêve, ronfler, route, sacristain, son, source, suivre, trompette, veille, vent, yeux | Leave a Comment »