Posts Tagged ‘filer’
Posted by arbrealettres sur 15 mars 2023

Au clair de lune, à travers la forêt,
J’ai vu tantôt les elfes chevaucher;
J’ai entendu aussi leurs cors résonner,
J’ai entendu aussi leurs clochettes tinter.
Leurs blanches montures portaient
Des bois de cerfs dorés et filaient,
Comme un vol de cygnes sauvages
Leur cortège traversait les airs.
Souriant, la reine me fit un signe,
Souriant, en passant près de moi.
Était-ce un signe pour mon nouvel amour,
Ou voulait-elle me parler de mort?
(Heinrich Heine)
Recueil: Nouveaux poèmes
Traduction: Anne-Sophie et Jean Guégan
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Heinrich Heine), air, amour, à travers, blanc, bois, cerf, chevaucher, clair, clochette, cor, cortège, cygne, doré, elfe, entendre, filer, lune, monture, mort, nouveau, parler, porter, résonner, reine, sauvage, signe, sourire, tantôt, tinter, traverser, voir, vol, vouloir | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 février 2023

Illustration: Mireille Gendron
Il y a longtemps ce me semble,
Le rossignol chantait aussi ;
Comme il était doux de l’entendre
Au temps où nous étions ensemble.
Je chante et ne puis pas pleurer,
Et file à mon rouet, si seule,
Mon fil limpide et pur
Tant que brillera la lune.
Quand ensemble nous étions,
Le rossignol chantait,
Aujourd’hui mon chant me rappelle
Que tu es parti loin de moi.
Chaque nuit que luit la lune,
Je pense à toi uniquement,
Mon cœur est limpide et pur,
Dieu veuille un jour nous réunir !
Depuis que tu es loin de moi,
Le rossignol chante sans cesse,
Et je pense en l’écoutant
Comme nous étions ensemble.
Dieu veuille un jour nous réunir,
Je suis à mon rouet si seule,
La lune luit limpide et pure,
Je chante et je voudrais pleurer !
***
Es sang vor langen Jahren
Wohl auch die Nachtigal,
Das war wohl süßer Schall,
Da wir zusammen waren.
Ich sing und kann nicht weinen
Und spinne so allein
Den Faden klar und rein,
So lang der Mond wird scheinen.
Als wir zusammen waren,
Da sang die Nachtigal
Nun mahnet mich ihr Schall,
Daß du von mir gefahren.
So oft der Mond mag scheinen,
Gedenk ich dein allein,
Mein Herz ist klar und rein,
Gott wolle uns vereinen.
Seit du von mir gefahren,
Singt stets die Nachtigal,
Ich denk bei ihrem Schall,
Wie wir zusammen waren.
Gott wolle uns vereinen
Hier spinn ich so allein,
Der Mond scheint klar und rein,
Ich sing und möchte weinen!
(Clemens Brentano)
Recueil:
Traduction: de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Clemens Brentano), aujourd'hui, briller, chant, chanter, coeur, doux, ensemble, entendre, fil, filer, limpide, loin, longtemps, luir, lune, nuit, partir, penser, pleurer, pur, rappeler, réunir, rossignol, rouet, sembler, seul, temps, uniquement | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2023

MOURIR IV
J’en ai assez de mourir
Jour après jour
Et de laisser les journées
Filer entre mes mains
J’en ai assez de périr
Jour après jour
Et de perdre dans l’oubli
Tous mes lendemains
La sève des souvenirs
Ne m’habite plus
Le silence s’installe
Nos mains unies
Se sont tues
Dans l’herbe
La mémoire m’a quittée
Et le jour s’enveloppe
De ficelles
Qui m’emmaillotent
Et me laissent sur la rive
Abandonnée
Je veux me redresser
Mais pourquoi ?
Et comment ?
J’abandonne
Et laisse la mort immense
Prendre ma place
Pour toujours ?
(Andrée Chedid)
Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion
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Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), abandonner, comment, emmaillotter, envelopper, ficelle, filer, habiter, herbe, immense, jour, journée, laisser, lendemain, main, mémoire, mort, mourir, oubli, périr, perdre, place, pourquoi, prendre, quitter, rive, s'installer, sève, se redresser, se taire, silence, souvenir, toujours, unir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022

Cent fois que je vais à la poste
Pour aller chercher ta lettre.
À présent la nuit je ne dors plus,
je ne vis plus le jour.
Je crois, je crois à tous les signes,
Aux songes comme aux araignées,
Je crois aux skis, je crois en été
Aux barques étroites qui filent.
Je crois au vrombissement des automobiles,
À leurs orageux diesels,
Aux colombes messagères,
Aux mâts des navires.
Je crois aux sifflets des vapeurs,
Je crois aux trains,
Même à l’été
Je crois parfois.
Je crois dans les traîneaux à rennes,
Dans la boussole du voyageur
Près de ses cartes engivrées
Et dans la désolation de l’heure.
Dans les vaillantes kibitkas
Et dans les chiens d’attelage,
Aux escargots et leur sang-froid,
À l’indolence des tortues.
Je crois comme par enchantement,
Au sang qui se glace,
Je crois aussi à la patience
Et à ton amour.
(Kibitka : traîneau couvert)
(Varlam Chalamov)
Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau
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Posted in poésie | Tagué: (Varlam Chalamov), aller, amour, araignée, attelage, automobile, à présent, été, étroit, barque, boussole, carte, chercher, chien, colombe, croire, désolation, diesel, dormir, enchantement, engivrer, escargot, filer, glacer, heure, indolence, jour, lettre, mât, messager, navire, nuit, orageux, parfois, patience, poste, renne, sang, sang-froid, sifflet, signe, ski, songe, tortue, traîneau, train, vaillant, vapeur, vivre, voyageur, vrombir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022

Illustration
que la lecture de poèmes
très vite me fatigue
Les mots cognent sous mes tempes
C’est que la poésie
est une vie trop dense
comme un alcool trop fort
qui brûle le crâne
Cela ne vient pas de la poésie
mais de moi
je ne peux vivre de vraie vie
qu’un instant pas plus
On dit que nul ne peut voir Dieu
sans aussitôt mourir
Moi je crois qu’une seconde
de vie pure
non tempérée non diluée
nous éclaterait le coeur
et que nous ne pourrions la supporter
C’est peut-être quelque chose comme cela
qui arrive
dans la beauté la poésie l’amour
Nous sommes pris soulevés
dans une main de feu
qui heureusement nous repose
sur nos chemins habituels
de salamandres
Ne reste plus qu’à filer
dans les fossés les sous-bois
où le danger est moins grand
et l’amour plus lointain
(Christian Bobin)
Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Christian Bobin), alcool, amour, éclater, beauté, chemin, coeur, cogner, danger, dense, Dieu, fatiguer, feu, filer, fort, fossé, habituel, instant, lecture, lointain, main, mot, mourir, poème, reposer, salamandre, soulevé, supporter, tempe, vie, voir, vrai | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2022

Illustration: Géraldine Alibeu
Le grand avenir
Tout n’est pas mort, te dit la nuit qui vient.
Il faut bien que la vie se repose.
Il faut que l’arrivée du jour soit encore une surprise,
que le mot aube demeure toujours un cadeau.
Rien n’est mort avec moi, dit la nuit.
Nuages filants ou étoiles ouvertes comme des huîtres,
soleil très couchant ou vraiment caché,
c’est à minuit pour nous le grand avenir.
Si tu ne me crois pas,
si tu penses que la mort arrive un peu le soir,
je te donne la pleine lune.
Même lointaine, elle ne brille que pour te dire :
— Attends, tu vois, le matin est presque là,
lumineux dans mon cercle.
(Carl Norac)
Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Carl Norac), arrivée, arriver, attendre, aube, avenir, étoile, briller, cacher, cadeau, cercle, couchant, croire, demeurer, dire, donner, filer, grand, huître, jour, lointain, lumineux, matin, minuit, mort, mot, nuage, nuit, ouvert, penser, pleine lune, se reposer, soir, soleil, surprise, venir, vie, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 août 2022

Illustration: Frédéric Rébéna
L’eau vive
L’eau des fontaines de la pluie, la gentille eau, la fraîche aux joues,
l’eau qui a peur quand vient la nuit, l’eau qui tout bas chante tout doux,
l’eau qui murmure, l’eau qui dort, l’eau qui joue avec les anguilles,
avec Inès ou Léonor, avec les longs cheveux des filles,
l’eau qui paresse, l’eau qui bout, l’eau qui bouillonne méchamment,
l’eau qui désaltère les loups, l’eau d’Ophélie lit des amants,
l’eau file et fuit comme ma mort, comme le temps de notre amour,
ainsi qu’Inès ou Léonor, l’eau glisse et fuit comme le jour.
Serre les mains, ferme les doigts — et déjà l’eau file au moulin
comme la joie qui, près de toi, quand tu l’embrasses, est déjà loin.
(Claude Roy)
Recueil: Poèmes de Claude Roy
Traduction:
Editions : Bayard Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), amant, amour, anguille, bas, bouillir, chanter, cheveux, désaltérer, doigt, dormir, doux, eau, embrasser, fermer, filer, fille, fontaine, frais, fuir, gentil, glisser, joie, joue, jouer, jour, lit, loin, loup, main, méchant, mort, moulin, murmurer, nuit, paresser, peur, pluie, serrer, temps, venir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022

Illustration
Rondeau de la guerre de Cent Ans
Vous partez, chevalier, pourquoi ?
« Mais, pour la guerre de Cent Ans ! »
Ça vous fera bien cent vingt mois
Sans retourner en Vendômois
Où votre épouse vous attend
Elle vous attend sans émoi
Écartant tous ses prétendants
Filant, jouant au jeu de l’oie
Vous partez, chevalier, pourquoi ?
Les années passent, il fait froid
Votre épouse a les cheveux blancs
Ses os brinquebalent, sa voix
Se casse, toujours elle attend
Mais pourquoi, chevalier, pourquoi ?
(Jacques Roubaud)
Recueil: Rondeaux poésies
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in humour, poésie | Tagué: (Jacques Roubaud), attendre, écarter, émoi, épouse, blanc, brinquebaler, chevalier, cheveux, filer, guerre, jeu, jouer, oie, os, partir, pourquoi, prétendant, retourner, se casser, toujours, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2021

Illustration: Charles de Groux
NOËL DE LA FEMME QUI VA AVOIR UN PETIOT ET QUI A FAIT UNE MAUVAISE ANNEE
Les cloches essèment au vent
La joi’ de leur carillonnée,
Qui vient me surprendre, rêvant,
Dans le coin de ma cheminée ;
Noël ! Noël ! c’est aujourd’hui
Que Jésus vint sur sa litière,
Noël ! mon ventre a tressailli
Sous les plis de ma devantière.
O toi qui vas, dans mon sabot,
Me descendre, avec un petiot,
De la misère et de la peine,
Noël ! Noël ! si ça se peut
Attends encore ! Attends un peu ! …
Attends jusqu’à l’année prochaine !
Noël ! Noël !cette anné’-ci
Le froid tua les blés en germe,
Tous nos ceps ont été roussis ;
Le « jeteux d’sorts », sur notre ferme,
A lancé son regard mauvais
Qui fait que sont « péri’s » mes bêtes,
Que mes pigeons se sont sauvés
Et que mon homme perd la tête.
Tous mes gros sous, à ce train-là,
Ont filé de mon bas de laine,
Quand reviendront ? Je ne sais pas !
Mais, à la récolte prochaine,
J’espère voir les blés meilleurs
Et meilleure aussi la vendange,
Pour mon bonheur et le bonheur
De l’enfant dont j’ourle les langes.
(Gaston Couté)
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Posted in poésie | Tagué: (Gaston Couté), année, bête, blé, bonheur, carillonner, cep, cloche, descendre, enfant, femme, filer, froid, homme, Jésus, joie, lange, mauvais, meilleur, misère, Noël, peine, perdre, petit, pigeon, récolte, regard, revenir, roussi, sabot, sou, tête, tressaillir, tuer, vendange, vent, ventre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2021

Illustration: Gilbert Garcin
Le Temps
On dit que le temps arrange tout, il suffit de l’attendre.
Mais qu’il est donc lent, le temps de l’attente.
L’attente de l’ami, qu’on a pas vu depuis longtemps.
L’attente des secours, quand survient l’accident.
L’attente de la guérison, quand s’éternise la souffrance.
L’attente du soleil, quand tarde le printemps.
L’attente de la compassion, quand dure l’indifférence.
L’attente du pardon, pour une lointaine offense.
Pourtant, il suffit qu’on l’oublie, le temps.
Quand arrive l’ami qu’on attendait depuis longtemps.
Que se réveillent les souvenirs d’antan.
Et qu’on déroule les histoires du bon vieux temps.
Il en profite pour nous échapper et galoper, le temps.
Et quand vient le temps d’aller voir où en est le temps,
On s’aperçoit qu’il a filé comme le vent, le temps.
Et qu’on ne peut le rattraper, le temps.
On a parfois envie de l’emprisonner dans les bons moments.
Mais lent ou rapide, on ne peut l’arrêter de passer, le temps.
Puis quand vient le temps de disposer de notre temps,
On voudrait arrêter, histoire de regarder passer le temps.
Mais on se lasse vite à ne faire que regarder passer le temps.
Alors on proposera à un ami, à qui il ne reste que peu de temps,
De l’accompagner jusqu’au bout de son temps.
On répondra à l’enfant qui nous demande un peu de temps,
Que pour lui, on a tout notre temps.
En espérant que, quand il ne nous restera que peu de temps,
Quelqu’un aura pour nous, un peu de temps.
(Martial Nouveau)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Martial Nouveau), accident, accompagner, aller, ami, antan, arranger, arrêter, attendre, attente, échapper, bon, compassion, dérouler, demander, disposer, emprisonner, enfant, envie, espérer, filer, galoper, guérison, histoire, indifférence, lent, lointain, longtemps, moment, offense, oublier, pardon, passer, printemps, profiter, rapide, rattraper, règner, répondre, regarder, s'apercevoir, s'éterniser, se lasser, se réveiller, secours, soleil, souffrance, souvenir, suffire, survenir, tarder, temps, voir | Leave a Comment »
MOURIR IV (Andrée Chedid)
Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2023
MOURIR IV
J’en ai assez de mourir
Jour après jour
Et de laisser les journées
Filer entre mes mains
J’en ai assez de périr
Jour après jour
Et de perdre dans l’oubli
Tous mes lendemains
La sève des souvenirs
Ne m’habite plus
Le silence s’installe
Nos mains unies
Se sont tues
Dans l’herbe
La mémoire m’a quittée
Et le jour s’enveloppe
De ficelles
Qui m’emmaillotent
Et me laissent sur la rive
Abandonnée
Je veux me redresser
Mais pourquoi ?
Et comment ?
J’abandonne
Et laisse la mort immense
Prendre ma place
Pour toujours ?
(Andrée Chedid)
Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion
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