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Posts Tagged ‘pavé’

THE CATS WILL KNOW (Cesare Pavese)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024



Illustration: Vladimir Dunjic

    

THE CATS WILL KNOW

La pluie tombera encore
sur tes doux pavés,
une pluie légère
comme un souffle ou un pas.

La brise et l’aube légères
fleuriront encore
comme sous ton pas,
quand tu rentreras.

Entre fleurs et balcons
les chats le sauront.

Il y aura d’autres jours,
il y aura d’autres voix.
Tu souriras toute seule.
Les chats le sauront.

Et tu entendras des mots très anciens,
des mots las et vains
comme les vieux habits
des fêtes d’hier.

Toi aussi,
tu auras des gestes.
Tu diras des mots
— visage de printemps,

(Cesare Pavese)

Recueil: Travailler fatigue La mort viendra et aura tes yeux
Traduction: Gilles de Van
Editions: Gallimard

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Le ciel transparent m’envoie un signe léger (Pier Paolo Pasolini)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2024




    
Le ciel transparent m’envoie un signe
léger… Ce n’est qu’une ombre blanche
un nuage. (Je reconnais cette ombre
la parole indicible… la blessure…
Ah, ma conscience, seule comme le ciel).
La grange et les pavés reflètent dans les yeux
la lumière bleutée de la lune.
Qui me confronte ainsi à ma vie ?
Et déjà une brise céleste a balayé
les nuages au-dessus de moi : plus une ombre
dans le ciel nu.

***

Il cielo trasparente ha un lieve segno
sopra il mio capo… È solo un’ombra candida,
una nube. (Riconosco quell’ombra,
la parola inespressa… la ferita…
Ah, mia coscienza sola corne il cielo).
Il fienile e il selciato mi rimandano
l’azzurro chiaro della luna agli occhi.
Chi mi pone di fronte alla mia vita?
e già un’aria celeste sul mio capo
ha spazzato le nubi: non un’ombra
nel cielo nudo.

(Pier Paolo Pasolini)

 

Recueil: Je suis vivant
Traduction: Olivier Apert et Ivan Messac
Editions: NOUS

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LE VOYAGE (Boris Pasternak)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2024




Illustration: Claude Monet
    
LE VOYAGE

Lancé derrière sa machine,
A pleins sifflets, le train rugit,
Et la forêt sent la résine,
Et sur les bords croît l’aubépine,
Et le lointain soudain surgit.

Et la voie file à toute allure,
Et se défont les chevelures,
Et l’air devient amer et sur
Quand la suie vole des bogies.

Les bielles, les cylindres hurlent,
Des rails s’échappent des éclairs.
Et l’aigle à la belle envergure
Escorte le chemin de fer.

Le train s’enfuit toujours plus vite,
Emmitouflé dans sa vapeur,
Mais la forêt du temps des mythes,
Qui vit jadis passer les Scythes,
Sans voir qu’alentour on s’agite,
Poursuit sa sieste de bon coeur.

Et loin, très, très loin, des cités
Dansent en lueurs clignotantes,
Et la machine haletante
Amène aux gares somnolentes
Des passagers tout hébétés.

La vieille gare enfin libère
Des flots pressés de voyageurs,
Des cheminots, des wagonnières,
Des contrôleurs, des conducteurs.

Et la voici, secrète, altière,
Qui se dérobe sous les yeux,
En arborant pavés de pierre
Dans un désordre cahoteux,
Affiches, niches, toits, gouttières,
Théâtres, clubs, hôtels, auberges,
Parcs, boulevards, épais tilleuls,

Portes cochères, cours, maisons,
Plaques, paliers, halls en rotonde,
Appartements où les passions
Exaspérées refont le monde.

(Boris Pasternak)

 

Recueil: Ma soeur la vie et autres poèmes
Traduction: sous la direction d’Hélène Henry
Editions: Gallimard

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L’ÎLE AU LAC D’INNISFREE (William Butler Yeats)

Posted by arbrealettres sur 17 octobre 2023




    
L’ÎLE AU LAC D’INNISFREE

Allons, je vais partir, partir pour Innisfree,
Et y bâtir une petite hutte d’argile et de rameaux tressés :
J’aurai là-bas neuf rangs de fèves, une ruche pour l’abeille à miel,
Je vivrai seul dans la clairière embourdonnée d’abeilles.

Là-bas j’aurai un peu de paix, car la paix tombe doucement
Des voiles du matin sur le chant du grillon ;
Là-bas minuit n’est que miroitement et midi y rougeoie d’une pourpre lueur,
Là-bas le soir est plein des ailes de linottes.

Allons je vais partir, car nuit et jour j’entends
L’eau du lac clapoter en murmures légers sur la rive ;
Arrêté sur la route ou sur les pavés gris,
Je l’entends dans le tréfonds du coeur.

***

THE LAKE ISLE OF INNISFREE

I will arise and go now, and go to Innisfree,
And a small cabin build there, of clay and wattles made:
Nine bean-rows will have there, a hive for the honey-bee,
And live alone in the bee-loud glade.

And I shall have some peace there, for peace comes dropping slow,
Dropping from the veils of the morning to where the cricket sings;
There midnight’s all a glimmer, and noon a purple glow,
And evening full of the linnet’s wings.

I will arise and go now, for always night and day
I hear lake water lapping with low sounds by the shore,
While I stand on the roadway, or on the pavements grey,
I hear it in the deep heart’s core.

(William Butler Yeats)

Recueil: La Rose et autres poèmes
Traduction; de l’anglais (Irlande) par Jean Briat
Editions: POINTS

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J’ai émietté un peu de vent (Adolescents)

Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2023




    
J’ai émietté un peu de vent
un peu de temps
un peu de l’or de l’abeille
et je te l’ai donné
et tu l’as rejeté
et mes yeux ont saigné
et mon coeur a pleuré

j’ai émietté un peu de cuirasse
un peu de carapace
un peu de sang de mes veines
un peu de haine
et toi, vorace,
tu as tout gobé,
tu as mugi, rugi,
bêlé, hululé, hurlé,

mais tu as ri
et tu es parti
les mains dans les poches
me laissant sur les pavés
étendue avec ce que j’avais émietté
du vent, du temps,
l’or de l’abeille,
le soleil

et tu as ri, tu es parti.

(Adolescents)(Brigitte)
Classe de 4ème

Recueil: Poèmes d’adolescents Avec ces quelques mots qui enfantent le jour
Editions: Casterman

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LÀ OU LÀ (Pierre Reverdy)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2023




    
LÀ OU LÀ

Les ailes sont restées prises, entre les volets clos.
C’est un énorme oiseau qui se débat pour fuir
ou la nuit qui tire sur les gonds.
Le vent pousse plus fort.
On ne tient plus debout entre les murs,
le plancher remuant et les lustres qui dansent.
La poussière revient.
On dit une prière.
Les mains sur le pavé.
La clarté en arrière.
Et, pour calmer l’esprit qui partait au hasard,
l’air plus pur redescend.
L’éclair se pose à toutes les surfaces,
les meubles aux angles durs.
Et les fleurs ranimées, qui flottent dans la glace,
sortent des coins obscurs.

(Pierre Reverdy)

Recueil: Main d’oeuvre 1913-1949
Editions: Gallimard

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JE TENAIS A TOUT (Pierre Reverdy)

Posted by arbrealettres sur 30 août 2023




    
JE TENAIS A TOUT

Dans les cloisons de l’air écoute un bruit de pas
Les oiseaux tournent sur ma tête
Leurs cercles ne resteront pas
Mais au fond de l’allée la porte s’est ouverte
On chante bas
Les gens qui passent
n’écoutent pas

Si vos yeux regardaient en l’air

On n’ira pas plus haut que les marches
du grenier ou du paradis
Le temps s’écaille
Dans la chambre où mon ombre a peu à peu grandi
La cloche appelle les passants
Ceux qui s’en vont et ceux qui rentrent
On voudrait ne pas entendre
Mais il faut bientôt repartir
On ne peut pas toujours dormir
Oublier l’heure qui passe
Connaître ce qui va venir
Un nom crié à toutes forces
Regarde sous tes fenêtres
Une figure inconnue qui n’a pas de corps
La rue déserte
La porte ouverte
Tous les trésors rêvés
Ma liberté aussi
Derrière moi sur le pavé
Une chaîne traîne sans bruit

(Pierre Reverdy)

Recueil: Main d’oeuvre 1913-1949
Editions: Gallimard

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JOUR TRANSPARENT (Pierre Reverdy)

Posted by arbrealettres sur 29 août 2023




    
JOUR TRANSPARENT

La voile c’est le ciel plus bas
L’oiseau qui s’étale
Une voix qui passe
Des marches
La chasse
Tout ce qui s’en va

Immense
Intermittent
L’air bat et se rappelle
L’aile qui va tomber
Les cris qui s’amoncellent
Et le bruit sourd des pas courant sur le pavé
Plus haute que l’arbre
que la croix dépasse
l’ombre échevelée
Et sur le chemin le jour qui se casse
n’est pas achevé

(Pierre Reverdy)

Recueil: Main d’oeuvre 1913-1949
Editions: Gallimard

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O ciel que vois-je ? (Jean Tortel)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2023




    
O ciel que vois-je ?
Une rose Perdue.
Je passe mon chemin,
Car j’ai à faire.

La rose me suit comme un chien,
Son odeur est derrière moi ;
Elle laisse sur les pavés
Sa rouge trace indélébile.

Et d’autres passants connaîtront
Le prix d’une telle rencontre.

(Jean Tortel)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Editions: Marabout

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HOMME MORT (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022




    
HOMME MORT

Moi qui n’en suis pour rien dans ma venue sur terre
Qui n’ai jamais appris les mots que pour me taire
Et marche lentement de peur de tout briser
Croyez-vous que je puisse encor vous satisfaire

Tant de mains attendues n’en valent plus la peine
Une heure d’amitié ne fait pas la semaine
Est-ce mon sang déjà qui teinte le pavé
Mon coeur découragé qui tire sur sa chaîne

A quoi bon ces matins sans hâte de l’enfance
Ces fausses libertés mes désobéissances
Les grains d’or du soleil au fond du sablier
Puisque toute ma vie est faite de silence

C’est là dans mon grenier derrière la fenêtre
Avec le ciel qui bouge au fond pour me remettre
Un instant dans le cycle effarant du passé
Que je serai tenté un soir de disparaître

Alors que vous importe un cri dans le naufrage
Le fardeau de ma joie est un maigre bagage
De la douleur, mon Dieu, j’en eus toujours assez
Mon ombre fut mon seul compagnon de voyage

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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