cette ruine visitée
par les rayons de lune
fut un jour une auberge
où buvaient les rouliers
l’univers de ces temps
d’avant semblait immense
et les nuits si profondes
que le passé durait
(Jean-Claude Pirotte)
Editions: Le Castor Astral
Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024
cette ruine visitée
par les rayons de lune
fut un jour une auberge
où buvaient les rouliers
l’univers de ces temps
d’avant semblait immense
et les nuits si profondes
que le passé durait
(Jean-Claude Pirotte)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Claude Pirotte), auberge, avant, boire, durer, immense, jour, lune, nuit, passé, profond, rayon, roulier, ruine, sembler, temps, univers, visiter | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2024
À MA FILLE
Ô mon enfant, tu vois, je me soumets.
Fais comme moi : vis du monde éloignée ;
Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.
— Résignée ! —
Sois bonne et douce, et lève un front pieux.
Comme le jour dans les cieux met sa flamme,
Toi, mon enfant, dans l’azur de tes yeux
Mets ton âme !
Nul n’est heureux et nul n’est triomphant.
L’heure est pour tous une chose incomplète ;
L’heure est une ombre, et notre vie, enfant,
En est faite.
Oui, de leur sort tous les hommes sont las.
Pour être heureux, à tous, — destin morose ! —
Tout a manqué. Tout, c’est-à-dire, hélas !
Peu de chose.
Ce peu de chose est ce que, pour sa part,
Dans l’univers chacun cherche et désire :
Un mot, un nom, un peu d’or, un regard,
Un sourire !
La gaîté manque au grand roi sans amours ;
La goutte d’eau manque au désert immense.
L’homme est un puits où le vide toujours
Recommence.
Vois ces penseurs que nous divinisons,
Vois ces héros dont les fronts nous dominent,
Noms dont toujours nos sombres horizons
S’illuminent !
Après avoir, comme fait un flambeau,
Ébloui tout de leurs rayons sans nombre,
Ils sont allés chercher dans le tombeau
Un peu d’ombre.
Le ciel, qui sait nos maux et nos douleurs,
Prend en pitié nos jours vains et sonores.
Chaque matin, il baigne de ses pleurs
Nos aurores.
Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,
Sur ce qu’il est et sur ce que nous sommes ;
Une loi sort des choses d’ici-bas,
Et des hommes.
Cette loi sainte, il faut s’y conformer,
Et la voici, toute âme y peut atteindre :
Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer,
Ou tout plaindre !
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aimer, aller, amour, atteindre, aurore, azur, âme, éblouir, éclairer, éloigne, baigner, bon, chacun, chercher, chose, ciel, cieux, désert, désirer, destin, Dieu, diviniser, dominer, douleur, doux, eau, enfant, faire, fait, fille, flambeau, flamme, front, gaîté, goutte, haïr, hélas, héros, heure, heureux, homme, horizon, ici-bas, immense, incomplet, jamais, jomme, jour, las, lever, Loi, mal, manquer, matin, mettre, monde, morose, mot, nom, ombre, or, part, penseur, peu, pieux, pitié, plaindre, pleur, prendre, puits, rayon, résigné, recommencer, regard, roi, s'illuminer, saint, se conformer, se soumettre, sombre, sonore, sort, sortir, sourire, tombeau, toujours, triomphant, univers, vain, vide, vie, vivre, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024
Contrainte
Court et s’attarde sur mon front
lente et s’abîme en mon sang
l’heure passe sans passer
en moi se sculpte et se dissipe
Je suis le pain pour sa faim
moi le coeur qu’elle déserte
l’heure passe sans passer
effaçant ce que j’écris
Amour qui passe et peine fixe
en moi combat repose en moi
l’heure passe sans passer
corps de mercure et de cendre
Creuse ma poitrine et ne me touche
pierre perpétuelle qui ne pèse
l’heure passe sans passer
et c’est une blessure qui s’enflamme
Le jour est court l’heure immense
heure sans moi moi et sa peine
l’heure passe sans passer
en moi s’enfuit en moi s’enchaîne
***
Apremio
Carre y se demora en mi frente
lenta y se despeña en mi sangre
la hora pasa sin pasar
y en mí se esculpe y desvanece
Yo soy el pan para su hambre
yo el corazón que deshabita
la hora pasa sin pasar
y esto que escribo lo deshace
Amor que pasa y pena fija
en mi combate en mi reposa
la hora pasa sin pasar
cuerpo de azogue y de ceniza
Cava mi pecho y no me toca
piedra perpetua que no pesa
la hora pasa sin pasar
y es una herida que se encona
El día es breve la hora inmensa
hora sin mí yo con su pena
la hora pasa sin pasar
y en mí se fuga y se encadena
(Octavio Paz)
Posted in poésie | Tagué: (Octavio Paz), amour, écrire, blessure, cendre, coeur, combat, contrainte, corps, courir, creuser, déserter, effacer, faim, fixe, front, immense, mercure, pain, passer, peser, pierre, poitrine, s'abîmer, s'attarder, s'enchaîner, sang, sculpter | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 mars 2024
LE MOT LAC
Rien qu’à prononcer le mot lac
le ciel touche à votre figure
un vent clair vous prend aux cheveux
la fraîcheur vient au bord de l’oeil
Ce frôlement va devenir
un vol d’oiseau qui fend la soif
cette calme respiration
est l’eau qui baigne la pensée
Au fond du noir instant sans bruit
l’immense puits s’ouvre aux poumons
oubliée la frappe du sang
on est aussi léger que l’air
(Ludovic Janvier)
Posted in poésie | Tagué: (Ludovic Janvier), air, baigner, bord, bruit, calmer, cheveux, ciel, clair, devenir, eau, fendre, figure, fond, fraîcheur, frappé, frômenemt, immense, instant, lac, léger, mot, noir, oeil, oiseau, oublier, pensée, poumon, prendre, prononcer, puits, respiration, s'ouvrir, sang, soif, toucher, venir, vent, vol | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 février 2024
Pomme ronde…
Pomme ronde, poire, banane
et groseille… Tout cela parle
de vie, de mort dans la bouche. Je sens…
Lisez plutôt sur le visage de l’enfant
lorsqu’il mord dans ces fruits. Oui, ceci vient de loin.
Sentez-vous l’ineffable dans votre bouche ?
Là où étaient des mots coulent des découvertes,
comme affranchies soudain de la pulpe du fruit.
Osez dire ce que vous nommez pomme.
Cette douceur qui d’abord se concentre,
puis, tandis qu’on l’éprouve, doucement érigée,
se fait clarté, lumière, transparence.
Son sens est double : terre et soleil.
Expérience, toucher : ô joie immense !
(Rainer Maria Rilke)
Posted in poésie | Tagué: (Rainer Maria Rilke), affranchir, éprouver, ériger, banane, bouche, clarté, couler, d'abord, découverte, double, doucement, douceur, enfant, expérience, fruit, groseille, immense, ineffable, joie, lire, loin, lumière, mordre, mort, mot, nommer, oser, parler, plutôt, poire, pomme, pulpe, rond, se concentrer, sens, sentir, soleil, soudain, terre, toucher, transparence, venir, vie, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 février 2024
Près de l’aigrette du grand pont
L’orgueil au large
J’attends tout ce que j’ai connu
Comblée d’espace scintillant
Ma mémoire est immense.
La bonté danse sur mes lèvres
Des haillons tièdes m’illuminent
Une route part de mon front
Proche et lointaine
La mer bondit et me salue
Elle a la forme d’une grappe
D’un plaisir mûr
J’aimais hier et j’aime encore
Je ne me dérobe à rien
Mon passé m’est fidèle
Le temps court dans mes veines
(Paul Eluard)
Posted in poésie | Tagué: (Paul Eluard), aigrette, aimer, attendre, bondir, bonté, combler, connu, courir, danser, encore, espace, fidèle, forme, front, grappe, haillon, hier, illuminer, immense, large, lèvre, lointain, mémoire, mer, mur, orgueil, partir, passé, plaisir, pont, proche, rien, route, saluer, scintiller, se dérober, temps, tiède, veine | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 février 2024
Terre sèche,
terre sage
des nuits
immenses.
(Vent sur l’oliveraie,
vent sur la montagne.)
Terre
vieille
de la lampe
et de la peine.
Terre
des citernes profondes.
Terre
de la mort sans yeux,
terre des flèches.
(Vent sur les routes.
Brise dans les peupliers.)
***
POEMA DE LA SOLEA
EVOCACIÓN
Tierra seca,
tierra quieta
de noches
inmensas.
(Viento en el olivar,
viento en la sierra.)
Tierra
vieja
del candil
y la pena.
Tierra
de las hondas cisternas.
Tierra
de la muerte sin ojos
y las flechas.
(Viento por los caminos.
Brisa en las alamedas.)
(Federico Garcia Lorca)
Posted in poésie | Tagué: (Federico Garcia Lorca), évocation, brise, citerne, flèche, immense, lampe, montagne, mort, nuit, oliveraie, peine, peuplier, poème, profond, route, sage, sec, terre, vent, vieux, yeux | Leave a Comment »