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Poésie

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Toutes les théories, tous les poèmes (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2024




    
Toutes les théories, tous les poèmes
Durent plus longtemps que cette fleur
Mais ça, c’est comme le brouillard qui est désagréable et humide,
Et bien plus que cette fleur…
La taille ou la durée n’ont aucune importance…
Ce ne sont que la taille et la durée…
Ce qui importe, c’est ce qui a une durée et une taille…
(Si la vraie dimension est la réalité)
Etre réel est la seule chose noble au monde…

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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RETOUR (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2024




    
RETOUR

Nous rentrons à la maison qui garde nos cheveux blancs
Là où le ciel s’engouffre dans les fenêtres en flots bleus
Où on a planté un arbre et élevé un fils
où on a construit la maison devenue humide sans nous

Notre chemin fleurit de mines
Le stipa et le brouillard recouvrent les cratères
Nous rentrons amers, taiseux, coupables
Il nous faudrait juste une maison et un peu de paix

Il nous faudrait juste être là, respirer l’humidité
Extraire les photos des albums familiaux
Nous rentrons à la maison où nous avons grandi
Attendus par les parents, les tombes et les murs

Nous marcherons, même les pieds nus
Si nous ne retrouvons pas notre maison
Nous en construirons une autre au-dessus des abricots
Du ciel bleu, des nuages généreux

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin
Editions: des femmes

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SONNET DU MASCARET (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2024




    
SONNET DU MASCARET

Comme au bord de Garonne en mon sommeil distrait
J’allais du long sentier suivant l’herbeuse ligne,
De loin, poussant la vase avec son eau maligne,
J’entendis dans mon dos mugir le mascaret.

Au fracas, vers l’amont, je partis comme un trait
Et je ne savais plus, dans ma terreur insigne,
Si c’était sur la digue, entre matrasse et vigne,
Moi qui portais ma jambe, ou mon pied qui courait.

Mais sur la piste, au fur, plus basse et plus étroite,
En vain je galopais plus soufflant et plus moite;
La vague indistançable allait me dépasser.

Et, bien que je dormisse au plus chaud de la plume,
Je sentis d’un seul coup tout mon dos se glacer
Quand d’un humide fouet me frappa son écume.

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard

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Au maître du chant (José Ángel Valente)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2023



Illustration: Georges Braque
    

Au maître du chant

MAÎTRE, vous avez dit que dans la sphère du poétique
une brusque saisie suspend les mots, les détruit,
c’est-à-dire les immerge dans un matin
où ils ne se reconnaissent pas eux-mêmes.

Il y a, en effet, un filet
que survole l’impossible oiseau,
mais l’ombre de ce dernier,
oiseau-poisson, humide et palpitante, reste,
enfin, prise au filet.

Et le mot est méconnaissable.
Mot qui a vécu parmi nous.
Mot d’une nature telle
qu’il contient, plus que le sens,
la totalité de l’éveil.

(José Ángel Valente)

Recueil: Trois leçons de ténèbres suivi de Mandorle et de L’éclat
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Gallimard

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Comme l’obscur poisson du fond (José Ángel Valente)

Posted by arbrealettres sur 30 décembre 2023



    

Comme l’obscur poisson du fond
tourne dans le limon humide et sans forme,
descends
vers ce qui jamais ne dort immergé
comme l’obscur poisson du fond.
Viens au souffle.

(José Ángel Valente)

Recueil: Trois leçons de ténèbres suivi de Mandorle et de L’éclat
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Gallimard

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Paroles de terre (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2023


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Paroles de terre

Hantée par nos soifs
Taillée par nos rêves
Provoquée par d’autres voix

La Parole

Jaillie des bouches humides
Soulève les sédiments du songe
Remue les herbes de la mémoire
Laboure les champs d’avenir

Mêlée d’ancêtres et de présence
Gorgée de chants et de peurs

La Parole

Brûle à travers âges
S’aventure
Ensemence

S’accroît
et retentit !

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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L’heure dernière (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2023



Illustration: Gao-Xingjian
    
L’heure dernière

Nous nous reconnaîtrons dans l’heure dernière
Où fermente et rassemble l’hallucinant secret

La sonnaille des mondes
S’éteindra

Tu inverseras l’humide différence
Tu quitteras le temps éclaboussé

Nous n’entraînerons que parole muette
Que parole muette
et ses vastes promontoires.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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LE MUR (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2023




LE MUR

En pierres rougeâtres serties par le ciment
le mur sur quoi le corps s’étend
humide pour mourir
prend son calque
de sang
près se pose vibrant l’insecte roux
maisons graves et blanches sur le paysage
se composent.

(Jean Follain)

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Corps mémorable (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 8 novembre 2023



Illustration: Bruno Di Maio
    
Corps mémorable

I

Tes mains pourraient cacher ton corps
Car tes mains sont d’abord pour toi
Cacher ton corps tu fermerais les yeux
Et si tu les ouvrais on n’y verrait plus rien

Et sur ton corps tes mains font un très court chemin
De ton rêve à toi-même elles sont tes maîtresses
Au double de la paume est un miroir profond
Qui sait ce que les doigts composent et défont.

II

Si tes mains sont pour toi tes seins sont pour les autres
Comme ta bouche où tout revient prendre du goût
La voile de tes seins se gonfle avec la vague
De ta bouche qui s’ouvre et joint tous les rivages

Bonté d’être ivre de fatigue quand rougit
Ton visage rigide et que tes mains se vident
Ô mon agile et la plus lente et la plus vive
Tes jambes et tes bras passent la chair compacte

D’aplomb et renversée tu partages tes forces
A tous tu donnes de la joie comme une aurore
Qui se répand au fond du cœur d’un jour d’été
Tu oublies ta naissance et brûles d’exister.

III

Et tu te fends comme un fruit mûr ô savoureuse
Mouvement bien en vue spectacle humide et lisse
Gouffre franchi très bas en volant lourdement
Je suis partout en toi partout où bat ton sang

Limite de tous les voyages tu résonnes
Comme un voyage sans nuages tu frissonnes
Comme une pierre dénudée aux feux d’eau folle
Et ta soif d’être nue éteint toutes les nuits.

(Paul Eluard)

Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey

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Père du doux repos (Pontus de Tyard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023



Illustration: Odilon Redon
    
Père du doux repos, Sommeil, père du Songe,
Maintenant que la nuit, d’une grande ombre obscure,
Fait à cet air serein humide couverture,
Viens, Sommeil désiré et dans mes yeux te plonges.

Ton absence, Sommeil, languissamment allonge
Et me fait plus sentir la peine que j’endure.
Viens, Sommeil, l’assoupir et la rendre moins dure,
Viens abuser mon mal de quelque doux mensonge.

Ja le muet silence un escadron conduit
De fantômes ballants dessous l’aveugle nuit :
Tu me dédaignes seul qui te suis tant dévot.

Viens, Sommeil désiré, m’environner la tête,
Car, d’un voeu non menteur, un bouquet je t’apprête
De ta chère morelle et de ton cher pavot.

(Pontus de Tyard)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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