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Poésie

Posts Tagged ‘environner’

Les Murs (Constantin Cavafis)

Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2023




    
Les Murs

Sans égards, sans pudeur, sans pitié,
de hauts, de larges murs ils m’ont environné.

Et me voilà ici à me désespérer,
ne songeant qu’au destin qui dévore ma.pensée.

Moi qui avais tant à faire au-dehors.
Ah, ces murs qu’on dressait, comment n’y ai-je pas pris garde.

Mais aucun bruit de bâtisseurs ne me parvenait, pas un son:
tout doucement, ils m’ont emmuré hors du monde.

(Constantin Cavafis)

Recueil: Poèmes anciens ou retrouvés
Traduction: Gilles Ortlieb et Pierre Leyris
Editions: Seghers

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Père du doux repos (Pontus de Tyard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023



Illustration: Odilon Redon
    
Père du doux repos, Sommeil, père du Songe,
Maintenant que la nuit, d’une grande ombre obscure,
Fait à cet air serein humide couverture,
Viens, Sommeil désiré et dans mes yeux te plonges.

Ton absence, Sommeil, languissamment allonge
Et me fait plus sentir la peine que j’endure.
Viens, Sommeil, l’assoupir et la rendre moins dure,
Viens abuser mon mal de quelque doux mensonge.

Ja le muet silence un escadron conduit
De fantômes ballants dessous l’aveugle nuit :
Tu me dédaignes seul qui te suis tant dévot.

Viens, Sommeil désiré, m’environner la tête,
Car, d’un voeu non menteur, un bouquet je t’apprête
De ta chère morelle et de ton cher pavot.

(Pontus de Tyard)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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Les Amours de Marie (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023




    
Les Amours de Marie
(II)
Marie, vous avez la joue aussi vermeille
Qu’une rose de mai, vous avez les cheveux
De couleur de châtaigne, entrefrisés de noeuds,
Gentement tortillés tout autour de l’oreille.

Quand vous étiez petite, une mignarde abeille
Dans vos lèvres forma son doux miel savoureux,
Amour laissa ses traits dans vos yeux rigoureux,
Pithon vous fit la voix à nulle autre pareille.

Vous avez les tétins comme deux monts de lait,
Qui pommellent ainsi qu’au printemps nouvelet
Pommellent deux boutons que leur châsse environne.

De Junon sont vos bras, des Grâces votre sein,
Vous avez de l’Aurore et le front, et la main,
Mais vous avez le coeur d’une fière lionne.

(Pierre de Ronsard)

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Ô vallon (Cécile Sauvage)

Posted by arbrealettres sur 27 août 2023



Illustration: Michel Hamelin    
    
Ô vallon où je m’environne
De fraîcheur et d’humidité,
Mon âme tranquille te donne
Le silence de sa beauté.

Elle est faite de ton feuillage,
De ton ruisseau triste et mouvant,
Et c’est de ce léger passage
Que te vient ton apaisement.

(Cécile Sauvage)

Recueil: Oeuvres complètes
Editions: La Table Ronde

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Malgré le soir qui s’avance à pas lents (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2023




    
Malgré le soir qui s’avance à pas lents
et qui fait taire toutes les chansons ;
Malgré le départ de tes compagnes et ta fatigue ;
Malgré la peur qui court dans les ténèbres ;
malgré le ciel voilé ;

Oiseau, ô mon oiseau écoute-moi ;
ne ferme pas tes ailes.

L’obscurité qui t’environne
n’est pas celle des feuilles de la forêt ;
c’est la mer qui se gonfle
comme un immense serpent noir.
Les fleurs du jasmin ne dansent pas devant toi ;
c’est l’écume des vagues qui étincelle.
Ah ! où est la rive verte et ensoleillée ?
où est ton nid ?

Oiseau, ô mon oiseau écoute-moi ;
ne ferme pas tes ailes.

Étoiles muettes comptent les heures ;
la lune pâlie baigne dans la nuit profonde.

Oiseau, ô mon oiseau écoute-moi,
ne ferme pas tes ailes.

Pour toi il n’y a ni espoir ni crainte ;
il n’y a pas de paroles, pas de murmures, pas de cris.
Il n’y a ni abri, ni lit de repos…
Il n’y a que ta paire d’ailes et le ciel infini.

Oiseau, ô mon oiseau, écoute-moi :
ne ferme pas tes ailes.

(Rabindranath Tagore)

Recueil: Le Jardinier d’Amour
Editions: Gallimard

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Toutes les choses sont sereines (Leonardo Sinisgalli)

Posted by arbrealettres sur 24 juin 2021



 

Andrey Remnev  (43)

Toutes les choses sont sereines
Dans l’attente de Ta voix
Qui tient les astres, me voici.
Ta voix naît dans le vent
Et l’aube presse sur ma poitrine.
Elle retourne à la couleur,
La feuille, elle T’annonce
Et m’environne de bruit.

***

Tutte le cose sono quiete

In attesa della Tua voce
Che tiene gli astri sono io.
La Tua voce nasce nel vento
E l’alba preme sul petto.
Si rovescia al colore
La foglia, Ti annunzia
E passa a farmi rumore.

(Leonardo Sinisgalli)

Illustration: Andrey Remnev

 

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HORAIRE (Nuno Jùdice)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2021



 


    
HORAIRE

Le vent, dans les gares de province, fait un bruit semblable à celui que j’entendais enfant.

Ce vent ne ressemble à rien
de ce qui m’environne : la ville, des rues, des immeubles, images fugitives du vide.

Cependant, je m’arrête par instants pour mieux me souvenir de ce bruit qui a disparu.

Au loin, un bout de fleuve m’emmène de l’autre côté, où le vent souffle comme toujours.

Je sors de l’ombre pour marcher sur le quai que le soleil de l’après-midi rend insupportable, bien que je n’aille nulle part.

Le vent, parfois, se limite à dire que le terminus peut être une gare de passage.

(Nuno Jùdice)

 

Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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UNE FEE (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2020




    
UNE FEE

Que ce soit Urgèle ou Morgane,
J’aime, en un rêve sans effroi,
Qu’une fée, au corps diaphane,
Ainsi qu’une fleur qui se fane,
Vienne pencher son front sur moi.

C’est elle dont le luth d’ivoire
Me redit, sur un mâle accord,
Vos contes, qu’on n’oserait croire,
Bons paladins, si votre histoire
N’était plus merveilleuse encor.

C’est elle, aux choses qu’on révère
Qui m’ordonne de m’allier,
Et qui veut que ma main sévère
Joigne la harpe du trouvère
Au gantelet du chevalier.

Dans le désert qui me réclame,
Cachée en tout ce que je vois,
C’est elle qui fait, pour mon âme,
De chaque rayon une flamme,
Et de chaque bruit une voix ;

Elle, – qui dans l’onde agitée
Murmure en sortant du rocher,
Et, de me plaire tourmentée,
Suspend la cigogne argentée
Au faîte aigu du noir clocher ;

Quand, l’hiver, mon foyer pétille,
C’est elle qui vient s’y tapir,
Et me montre, au ciel qui scintille,
L’étoile qui s’éteint et brille,
Comme un œil prêt a s’assoupir ;

Qui, lorsqu’en des manoirs sauvages
J’erre, cherchant nos vieux berceaux,
M’environnant de mille images,
Comme un bruit du torrent des âges,
Fait mugir l’air sous les arceaux ;

Elle, – qui, la nuit, quand je veille,
M’apporte de confus abois,
Et, pour endormir mon oreille,
Dans le calme du soir, éveille
Un cor lointain au fond des bois.

Que ce soit Urgèle ou Morgane,
J’aime, en un rêve sans effroi,
Qu’une fée, au corps diaphane,
Ainsi qu’une fleur qui se fane,
Vienne pencher son front sur moi !

(Victor Hugo)

 

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La Douceur de la nuit (Suzanne François)

Posted by arbrealettres sur 29 avril 2020




Illustration: ArbreaPhotos
    
La Douceur de la nuit

La Douceur de la nuit pénètre
Au fond de nos coeurs
Et chacun en lui sent naître
Un calme bonheur
Et chacun en lui sent naître
Un calme bonheur

Sous le ciel plein de mille mondes
Nous sommes petits
Mais nos coeurs amis se fondent
Jusqu’à l’infini
Mais nos coeurs amis se fondent
Jusqu’à l’infini

Cette paix qui nous environne
Demain et toujours
Qu’elle soit tranquille et bonne
Jusqu’au dernier jour
Qu’elle soit tranquille et bonne
Jusqu’au dernier jour

(Suzanne François)

 

 

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Je reviens à la mer (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 9 mars 2020



Je reviens à la mer et le ciel m’environne:
le silence, entre la vague et celle qui suit
établit une dangereuse interruption:
la vie s’éteint, le sang se tranquillise
jusqu’à ce que le nouveau mouvement
se brise, libérant la voix de l’infini.

(Pablo Neruda)

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