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Posts Tagged ‘(Pierre de Ronsard)’

Rafraïchis-moi le vin (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023




    
Rafraïchis-moi le vin de sorte
qu’il soit aussi froid qu’un glaçon;
fais venir Jeanne, qu’elle apporte
son luth pour dire une chanson;
nous ballerons tous trois au son,
et dis à Barbe qu’elle vienne,
les cheveux tors à la façon
d’une folâtre Italienne.

Ne vois-tu que le jour se passe?
Je ne vis point au lendemain;
Page, reverse dans ma tasse,
Remplis-moi ce verre tout plein.
Maudit soit qui languit en vain!
Les Philosophes je n’appreuve;
Le cerveau n’est jamais bien sain
Que l’Amour et le vin n’abreuve.

(Pierre de Ronsard)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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Comme on voit sur la branche (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023




    
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose;

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur;
Mais battue, ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendres tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort, ton corps ne soit que roses.

(Pierre de Ronsard)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023



Illustration: Serge Marshennikov
    
Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse

Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse :
Jà la gaie alouette au ciel a fredonné,
Et jà le rossignol doucement jargonné,
Dessus l’épine assis, sa complainte amoureuse.

Sus ! debout ! allons voir l’herbelette perleuse,
Et votre beau rosier de boutons couronné,
Et vos oeillets mignons auxquels aviez donné,
Hier au soir de l’eau, d’une main si soigneuse.

Harsoir en vous couchant vous jurâtes vos yeux
D’être plus tôt que moi ce matin éveillée :
Mais le dormir de l’Aube, aux filles gracieux,

Vous tient d’un doux sommeil encor les yeux sillée.
Çà ! çà ! que je les baise et votre beau tétin,
Cent fois, pour vous apprendre à vous lever matin.

(Pierre de Ronsard)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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Les Amours de Marie (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023




    
Les Amours de Marie
(II)
Marie, vous avez la joue aussi vermeille
Qu’une rose de mai, vous avez les cheveux
De couleur de châtaigne, entrefrisés de noeuds,
Gentement tortillés tout autour de l’oreille.

Quand vous étiez petite, une mignarde abeille
Dans vos lèvres forma son doux miel savoureux,
Amour laissa ses traits dans vos yeux rigoureux,
Pithon vous fit la voix à nulle autre pareille.

Vous avez les tétins comme deux monts de lait,
Qui pommellent ainsi qu’au printemps nouvelet
Pommellent deux boutons que leur châsse environne.

De Junon sont vos bras, des Grâces votre sein,
Vous avez de l’Aurore et le front, et la main,
Mais vous avez le coeur d’une fière lionne.

(Pierre de Ronsard)

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Les Amours de Marie (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023




    
Les Amours de Marie
(VI)
Vous méprisez nature, êtes-vous si cruelle
De ne vouloir aimer ? voyez les Passereaux,
Qui démènent l’Amour, voyez les Colombeaux,
Regardez le Ramier, voyez la Tourterelle :

Voyez, deçà, delà, d’une frétillante aile
Voleter par les bois les amoureux oiseaux,
Voyez la jeune vigne embrasser les ormeaux,
Et toute chose rire en la saison nouvelle.

Ici la bergerette, en tournant son fuseau,
Desgoise ses amours, et là le pastoureau
Répond à sa chanson : ici toute chose aime,

Tout parle de l’amour, tout s’en veut enflammer :
Seulement votre cœur, froid d’une glace extrême,
Demeure opiniâtre et ne veut point aimer.

(Pierre de Ronsard)

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Quand hors de tes lèvres décloses (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2022



Konstantin Razumov  _ [800x600]

Quand hors de tes lèvres décloses
Comme entre deux fleuris sentiers,
Je sens ton haleine de roses,
Les miennes les avant-portiers
Du baiser se rougissent d’aise,
Et de mes souhaits tous entiers
Me font jouir, quand je te baise.
Car l’humeur du baiser apaise,
S’écoulant au cœur peu à peu,
Cette chaude amoureuse braise,
Dont tes yeux allumaient le feu.

(Pierre de Ronsard)

Illustration: Konstantin Razumov

 

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Prends cette rose (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2021



Prends cette rose aimable comme toi,
Qui sert de rose aux roses les plus belles,
Qui sert de fleur aux fleurs les plus nouvelles,
Dont la senteur me ravit tout de moi.

Prends cette rose et ensemble reçois
Dedans ton sein mon coeur qui n’a point d’ailes
Il est constant et cent plaies cruelles
N’ont empêché qu’il ne gardât sa foi.

La rose et moi différons d’une chose
Un Soleil voit naître et mourir la rose,
Mille Soleils ont vu naître m’amour,

Dont l’action jamais ne se repose.
Que plût à Dieu que telle amour, enclose,
Comme une fleur, ne m’eut duré qu’un jour.

(Pierre de Ronsard)


Illustration: Henri Matisse

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Je vous envoie un bouquet (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020



 

Je vous envoie un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies;
Qui ne les eût à ce vêpre cueillies
Chutes à terre elles fussent demain.

Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés bien qu’elles soient fleuries
En peu de temps cherront toutes flétries
Et comme fleurs périront tout soudain.

Le temps s’en va, le temps s’en va, ma Dame,
Las ! le temps non, mais nous, nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame ;

Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle;
Pour ce, aimez-moi cependant qu’êtes belle.

(Pierre de Ronsard)

 

 

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Je vous envoie un bouquet (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2019




Je vous envoie un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanouies;
Qui ne les eût à ce vêpre cueillies
Chutes à terre elles fussent demain.

Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés bien qu’elles soient fleuries
En peu de temps cherront toutes flétries
Et comme fleurs périront tout soudain.

Le temps s’en va, le temps s’en va, ma Dame,
Las ! le temps non, mais nous, nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame ;

Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle;
Pour ce, aimez-moi cependant qu’êtes belle.

(Pierre de Ronsard)

Illustration

 

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Rossignol, mon mignon… (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 24 Mai 2018



Rossignol, mon mignon…

Rossignol, mon mignon, qui dans cette saulaie
Vas seul de branche en branche à ton gré voletant,
Et chantes à l’envi de moi qui vais chantant
Celle qu’il faut toujours que dans la bouche j’aie,

Nous soupirons tous deux : ta douce voix s’essaie
De sonner l’amitié d’une qui t’aime tant,
Et moi, triste, je vais la beauté regrettant
Qui m’a fait dans le cœur une si aigre plaie.

Toutefois, Rossignol, nous différons d’un point:
C’est que tu es aimé, et je ne le suis point,
Bien que tous deux ayons les musiques pareilles,

Car tu fléchis t’amie au doux bruit de tes sons,
Mais la mienne, qui prend à dépit mes chansons,
Pour ne les écouter se bouche les oreilles.

***

Nightingale, my Sweet

Nightingale my sweet who in this willow grove
Alone flutter from branch to branch as you will
And sing to make me envious, I singing
Of her whom I must always have in my mouth,

We both sigh: your soft voice tries
To sound the friendship of a lady who loves you so much,
And I, sad, I long for the beauty
That has made in my heart such a nasty wound.

All the same Nightingale, we differ on one point:
It is that you are loved, and I am not at all,
Even though both of us have similar music,

For you move your darling with the gentle sounds you utter,
But mine, who resents my songs,
Covers her ears so as not to hear them.

(Pierre de Ronsard)

 

 

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