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Poésie

Posts Tagged ‘languissant’

Comme on voit sur la branche (Pierre de Ronsard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023




    
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose;

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur;
Mais battue, ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendres tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort, ton corps ne soit que roses.

(Pierre de Ronsard)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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Les Amours de Psyché – Éloge de l’Amour (Jean de La Fontaine)

Posted by arbrealettres sur 15 août 2023



Illustration: Guillaume Seignac
    
Les Amours de Psyché – Éloge de l’Amour

Tout l’Univers obéit à l’Amour ;
Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.
Les autres dieux à ce dieu font la cour,
Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme.
Des jeunes coeurs c’est le suprême bien
Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien.

Sans cet Amour, tant d’objets ravissants,
Lambris dorés, bois, jardins, et fontaines,
N’ont point d’appâts qui ne soient languissants,
Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines.
Des jeunes coeurs c’est le suprême bien
Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien.

(Jean de La Fontaine)

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AUTRE LENDEMAIN (Evariste Parny)

Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2018



 

Charles Frederic Ulrich brodeuse

AUTRE LENDEMAIN

D’un air languissant et rêveur
Justine a repris son ouvrage ;
Elle brode ; mais le bonheur
Laissa sur son joli visage
L’étonnement et la pâleur.
Ses yeux qui se couvrent d’un voile
Au sommeil résistent en vain ;
Sa main s’arrête sur la toile,
Et son front tombe sur sa main.
Dors et fuis un monde malin :
Ta voix plus douce et moins sonore,
Ta bouche qui s’entrouvre encore,
Tes regards honteux ou distraits,
Ta démarche faible et gênée,
De cette nuit trop fortunée
Révéleraient tous les secrets.

(Evariste Parny)

Illustration: Charles Frederic Ulrich

 

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Le lac (Jeong Ji-Yong)

Posted by arbrealettres sur 19 juillet 2018



Le lac

mon visage entier,
au creux de mes mains,
je le puis cacher.

mon coeur languissant de toi
est aussi vaste qu’un lac :
je ne puis que fermer les yeux.

(Jeong Ji-Yong)

Illustration

 

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VOLUPTÉ (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2018



Illustration: Philippe Zacharie
    
VOLUPTÉ

Sur une terrasse blanche, la nuit, ils nous laissèrent évanouies dans les roses.
La sueur chaude coulait comme des larmes, de nos aisselles sur nos seins.
Une volupté accablante empourprait nos têtes renversées.

Quatre colombes captives, baignées dans quatre parfums, voletèrent au-dessus de nous en silence.
De leurs ailes, sur les femmes nues, ruisselaient des gouttes de senteur. Je fus inondée d’essence d’iris.

Ô lassitude! je reposai ma joue sur le ventre d’une jeune fille qui s’enveloppa de fraîcheur avec ma chevelure humide.
L’odeur de sa peau safranée enivrait ma bouche ouverte. Elle ferma sa cuisse sur ma nuque.

Je dormis, mais un rêve épuisant m’éveilla : l’iynx, oiseau des désirs nocturnes, chantait éperdument au loin.
Je toussai avec un frisson. Un bras languissant comme une fleur s’élevait peu à peu vers la lune, dans l’air.

(Pierre Louÿs)

 

Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard

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LAMENTATION DU CHEVALIER (Robert Burns)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2018




    
LAMENTATION DU CHEVALIER

Les petits oiseaux se réjouissent du retour des feuilles vertes,
Le ruisseau murmurant serpente limpide à travers la vallée.

Les aubépines fleurissent dans la rosée du matin ,
Et les primevères éparses çà et là ornent le pré vert.

Mais quelle chose peut faire plaisir ou peut paraître belle,
Quand les heures languissantes sont comptées par le souci ?

Pas de fleur poussant gaiement , pas d’oiseau chantant mélodieusement
Qui puissent soulager le triste cœur du lugubre désespoir.

(Robert Burns)

 

 

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Vois-tu, dans ces silences (Eugenio Montale)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2018



Vois-tu, dans ces silences en lesquels les choses
s’abandonnent et semblent tout près
de trahir leur ultime secret,
parfois on s’attend
découvrir un défaut de la Nature,
le point mort du monde, le chaînon qui ne tient,
le fil à débrouiller qui enfin nous conduise
au centre d’une vérité.
Le regard fouille à l’entour,
l’esprit enquête, accorde, sépare
dans le parfum qui sans cesse gagne
lorsque le jour se fait plus languissant.
Ce sont les silences où l’on voit
dans chaque ombre humaine qui s’éloigne
quelque Divinité surprise.

Mais l’illusion cède, et nous ramène le temps
dans les cités bruyantes où l’azur se montre
par morceaux seulement, tout en haut, entre les cimaises.
La pluie fatigue la terre, ensuite; et s’accumule
la tristesse de l’hiver sur les maisons;
la lumière se fait avare — amère l’âme.
Quand, un jour, d’un porche mal clos,
entre les arbres d’une cour,
nous apparaît le jaune des citrons;
et voici fondre le gel du coeur
et faire en nous ruisseler
leurs chants
les trompes d’or de la solarité.

***

Vedi, in questi silenzi in cui le cose
s’abbandonano e sembrano vicine
a tradire il loro ultimo segreto,
talora ci si aspetta
di scoprire uno sbaglio di Natura,
il punto morto del rondo, l’anello ehe non tiene,
il filo da disbrogliare che finalmente ci metta
nel mezzo di una verità.
Lo sguardo fruga d’intorno,
la mente indaga accorda disunisce
nel profumo che dilaga
quando i1 giorno più languisce.
Sono i silenzi in cui si vede
in ogni ombra umana che si allontana
qualche disturbata Divinità.

Ma l’illusione manca e ci riporta il tempo
nelle città rumorose dove l’azzurro si rostra
soltanto a pezzi, in alto, tra le cimase.
La pioggia stanca la terra, di poi; s’affolta
il tedio dell’inverno sulle case,
la luce si fa avara – amara l’anima.
Quando un giorno da un malchiuso portone
tra gli alberi di una corte
ci si mostrano i gialli dei limon;
e il gelo del cuore si sfa,
e in petto ci scrosciano
le loro canzoni
le trombe d’oro della solarità.

(Eugenio Montale)

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BIEN QU’UN CRUEL MARTIRE (Pierre Guédron)

Posted by arbrealettres sur 18 septembre 2017



Illustration: Annette Poupard
    
BIEN QU’UN CRUEL MARTIRE

Bien qu’un cruel martire me rende languissant
Et que plus je soupire, plus mon mal va croissant.
La cause en est si belle, que soufrant le trespas
Cent fois pour elle, Je ne m’en plaindrois pas.

Tout les maux dont se trouve mon esprit agité
Ne servent que de preuve à ma fdélité
Dont la cause en est si belle, que soufrant le trespas
Cent fois pour elle, Je ne m’en plaindrois pas.

J’ai cela d’avantage sur les autres amants
Que jamais mon courage ne s’étonne aux tourments
Car la cause est si belle, que soufrant le trespas
Cent fois pour elle, Je ne m’en plaindrois pas.

Je ne crains leurs supplices Plustot je les chéris
Et les tiens pour délices les souffrant pour Cloris,
Cloris qu’on voit si belle, que soufrant le trespas
Cent fois pour elle, Je ne m’en plaindrois pas.

***

Even though a cruel martyrdom makes me listless
And the more I breathe, the greater my ill.
The cause of it is so lovely that were I to suffer death
A hundred times for her, I should not complain.

All the ills by which my mind is perturbed
Serve only as proof of my faithfulness.
The cause of it is so lovely that suffering death
A hundred times for her, I should not complain.

I have this advantage over other lovers:
My courage is never astonished by torments.
The cause of it is so lovely that suffering death
A hundred times for her, I should not complain.

I fear not their torture; rather, I cherish it
And view it as a delight, suffering it for Cloris,
Cloris, seen so beautiful that suffering death
A hundred times for her, I should not complain.

***

Auch wenn ein grausam‘ Marter mich gar sehr sehnen lässt,
Und je mehr ich seufze, desto stärker noch mein Elend,
Doch ist der Grund dafür so schön,
Dass, sollt ich hundertmal verscheiden
Für sie, ich gar nicht klagen tät’.

All‘ Übel, die meinen Geist aufwühl‘n,
Sind nichts als Probe meiner Treu‘,
Für die der Grund so schön,
Dass, sollt ich hundertmal verscheiden
Für sie, ich gar nicht klagen würd’.

Mein Vorzug ist‘s, vor andren Liebsten,
Dass niemals nicht mein Mut vor einer Qual erbebt,
Denn’s ist der Grund dafür so schön,
Dass, sollt ich hundertmal verscheiden
Für sie, ich gar nicht klagen tät’.

Ich fürcht‘ nicht ihre Qualen, vielmehr ich hoch sie schätz‘,
Und sind sie gar für Chloris, so sind mir sind sie Ergetz‘!
Chloris, die Allerschönste,
Dass, sollt ich hundertmal verscheiden
Für sie, ich gar nicht klagen tät’.

(Pierre Guédron)

 

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Blonde au froid coloris (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2017



Illustration: Alexey Steele
    
Blonde au froid coloris

Blonde au froid coloris, perverse et virginale,
Toi qui, dans la moiteur des nuits de bacchanale,
Mêles des lys meurtris à tes cheveux défaits,
Tu n’aimes que les lits de paresse et de paix,

La musique des mots et des murmures mièvres.
Ton baiser se détourne et glisse sur les lèvres.
Et j’ignore pourquoi, dans un silence amer,
Tu me livres l’ennui languissant de ta chair.

Compagne au front distrait de ma lugubre couche,
Tu me livres l’ennui languissant de ta bouche,
Tes yeux sont des hivers pâlement étoilés…

La neige qui fleurit les monts immaculés
Est moins froide à frôler que ta pâle luxure.
Oh ! Le charme et l’horreur de ta blancheur impure !

(Renée Vivien)

 

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Divinité (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2017



Illustration: Lauri Blank
    
Divinité

Déesse aux yeux d’or brun, clos ta paupière rose,
Fais des songes d’amour ; que ton sommeil soit doux ;
Que le rêve lointain comme un rayon se pose
Sur ton front languissant et sur tes cheveux flous.

Je voudrais être la nuit, afin de t’étreindre,
Je voudrais te presser sur mon coeur frémissant,
Entendre ton sanglot voluptueux se plaindre
Et retenir l’amour qui sourit en passant.

(Renée Vivien)

 

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